
Bergman que les notions de Taldrmie che1?. 1rs
grecs ont été extraites. Mais tout ce qui tt rt
à la rhéorie 'générale^ de la fcience & aux arts
chimiques ayant été négligé dans cet article ,
nous allons y revenir dans celui ci.
Les grecs , plus occupés de contemplation
& de difputes que d’obfervations 8c a expériences
, ont long-temps négligé la phiiofophie
naturelle. Suivant tous les hiftoriens, ceux des
grecs qui ont cultivé cette phiiofophie en ont
été puifer les élémens en Egypte. C ’eft ainfi
que Pythagore, Platon, Thalès reçurent leurs
inftruéfions des Egyptiens. Ils ont iàit 'Taire
chez eux plus de progrès aux mathématiques.,
à l’aftronomie &. à la mufiqùe 3 qu’aux fciences
phylïques. Ils employèrent lesenigmes, lesparaho-
les, le langage cabaliftique pour déguifer quelques
notions de chimie. Les arts relatifs à cette fcience
y étoient moins connus & moins cultivés qu'en
Egypte ; ils eonnoiffoient les métaux principaux
quelques alliages utiles , & entr’autres ceux;
qu'on fabriquoit: à Corinthe. Pline- a beaucoup
vanté la cérufe de Rhodes ; Tfeéophrafte 'rapporte
la découverte du cinnabre qu'on nommoit
minium dans l’antiquité, à un certain Callias
athénien , qui vivoit y®o ans avant.Jéfùs Chrift.
Dédale pafibit pour avoir connu l'art d- extraire
. le mercure, 8c de l'employer pour faire mouvoir
une ftatue de bois; il eft vrai qu’on rapporte encore-
l'origine de cet art aux égyptiens. Les arts de
modeler avec des terres argiîe'ufes 3 de tailler
des pierres dures en ira tues. 8c- en vafes, de les
graver en creux, de les fculpter en re lie f, dë~
fondre , de couler3 de mouler, d’allier & de
fcuder les métaux, ont été pratiqués avec un1
grand fuccès en Grèce : les noms mêmes de
piufieurs inventeurs de. ces beaux arts font parvenus
jufqu’à nous. Tychius a découvert l'art
de préparer les cuirs, Platon a décrit la- filtration
à travers un tiflfu de laine ; Hyppocrate, a
connu les calcinations; Galien a fait; mention
de l'emploi du bain- marie, -de la fublimation ,
& de la diftillation per dcfcenfam-, Diofcoride a
parle de la diftillation 8c AeA*ambzc , mot auouel
on a enfùite ajouté -la particule al, \11' a
donné une idée de la réparation du mercure du
cinnabre; Galien a connu les alcalis, fix^s cauf-
tiques préparés ■‘avec les cendres; il y avoit à
Lesbos une verrerie indiquée par. Athénée. On
attribue là découverte du feu grégeois à un
nommé Ca-llinicas architecte , 8c on croit que
Conftantin Pogonote s'en eft fervi avec fuccès.
contre les farrafins. Nous avons dit ailleurs ce
qu’on, attribue à Démo-cri te d’Abdère par. rapport
aux travaux alchimiques ; mais il paroît que
les méditations de ce philofbphe fe font auifi
ïffeës fur les différentes branches.de la philo-
phie rmtfrclle 8c des propriétés comparées des
corps ; il faifoit tant dfe cas de l'étude de la nature,
qu’il aimoit mieux découvrir une de fes
caufes que d’occuper le trône de la Peife. • ; : -
Ariftote a écrit fur les foffiles 8c lés a divifée-s
en oryéfiques 8c métalliques ; fon difciple Thëo-
phrafte a hit un traité des pierres où il expofe'
leurs diverfes qualité? 8c la manière dont quel-
qiies unes fe comportent au feu. Diofcoride
dans le premier fièdé‘8c Galien dans le fécond
ont donné l'énumération dès minéraux employés
connue médicamens. Nous né parlerons pas ici des
ouvrages.de Porphyre dans le troisième fiècle , de
Jamblich 8c dTîéliodore dans le quatrième , de
I
8c de Diofcore dans le cinquième,, de
Zozime 8c de toutes les folies alchimiques qui
oi-rrégné en Grèce , c@pb.nie dans tous, les autres
pays policés , jufqu’à la Barbarie du féptièmè 8c
huitième fiècle, qui a couvert la; chimie comme
1 les autres fciences' d'epaifib? ténèbres. L'article
alchimie offre"ce qu'il eft nécefiaire de confeiver
pour l’hiftoire de la ckir.iic 'ubns ces temps d’tr-
! reurs 8c c|e preftigès.
I - Les théories des grecs fur les principes des
; corps 8c fur la coimpgome , ont été .aulfi nom-
| breufes que diverfes 8c fîngulières. Thalès 6oo
ans avant Jéfus-Ghrift, régardoit l’eau comme
le principe général de tous les corps , & eroyoit.
- que tout pouvoir fe réfoudre en eau. Cent ans
après , Anaximènes attribuent cette prérogative
à l’airHeraclite' à l’eau &. Héfiode à la terre.
Pythagore de .Sam® s , voyagea en Égypte, en
Arabie, en Judée 8c en Iralie, vers, le milieu
du fixième fiècle avant Jéfus-CÎhVift'; il fondai
Crotone une école faméuiè d’ou font fortis
des géomètres , des médecins, des légifî'atèurs
célébrés. Initié dans les rnÿftères facres 8c'les
; connoifiancés des égyptiens 8c dés'chaldéens,
; il a fait le plus grand cas, il a même abufe des
fciences mathématique^; il attribuoit des propriétés
fingulières aux figures 8c aux nômbrés.
.Suivant lui, le feu étoit. d’une forme pyramidale,
Pair oéhëdrique , l’eau icofaédrique, la terre
cubique, & le -glèbe terreftre dodécaédrique :
: de là, la doélrine des èi-nq folides régiiideYs confidé-
rés par EucHde: Pythagorè n’a rien lait fur la chimie
-en particulier, mais il'a cu’tivé les fciences qui
ont fervi à la propager & à l’avancerdes aichimifies
ont beaucoup révandiqué fa. doôtriné. des nombres
pour l’appliquer àu grand- oeuvre.’ ,
La feéte ecledfique s'attacha en Grèce aux propriétés
des corps-, à leur figure, leur mouvement
, leur fituation , leur ténacité, & a leurs
qualités, palpables- en générai.. Les corps étoient
formés d’aromes indiviftbles Sc immuables , -fans
faveur-, fcns couleur : dans .leur doét-rine la mer
devcit diminuer fans-ceffe. Epicure adopta cette
doélrine , 8c expliqua l'origine des couleurs par
les modifications que la lumière éprouve à la
furfâce des. corps.
Platon à la fin du quatrième fiècle avant
JéfuS'Chriftadmettoictrois principes, la divinité ,
la matière 8c l’idée ; la matière étoit éternelle
ou infinie;formoit tous les corps par le mouvement;
elle étoit d'abord triangulaire; c’eft elle qui a
conftitué d'abord les élémens diftinèta, en. premier
lieu-le .feu 8c la terre , enfuite l'air 8c l’eau, qui
pouvoieat fe changer l’un dans l’autre ; il ajou-
toi-.t,;!e$ propriétés principales, qui étoient la
chaleur, la féchereffe , Je froid & l'humidité. La
fermentation 'étoit , .fuivant ce philofophé ,
un mouvement de la matière terreftre 8e un dégagement
de l’air emprifonné dans l'intérieur
des corps. On trouve un précis de cette doctrine
dans fon Timéé, 8c on eft étonné d'y rencontrer
des idées analogues au réfultat des expériences
2es plus modernes de la fin de notre
dix h uicième fiècle.
A riftote , difciple de Platon, a fuivi la même
doèïiine fur les élémens ; mais il l’a variée fur
plufieurs points. Il a admis trois principes, la
forme , la privation 8c la matière ; quatre genres
de caufes, la caufe matérielle , la. caufe formelle,
la caufe efficiente 8c la caufe finale. Il
a diilingué deux’ élémens contraires , le feu 8c
la terre, entre Icfquels exiftent , pour ainfi dire ,
deux moyens, l’air 8c l’eau ; il a nié l'exiftence
du vidé, a connu ou au moins entrevu la péfan-
teur de l'air ; il a cru àuffi que les animaux étoient
engendrés par la putréfa<&ion ; on fait que fa
dôéirine a été reçue dans les écoles comme les
énoncés des Oracles- pendant piufieurs fiècles.
■ Ce court expofe .des principaux fyftêmes des
philofophes grecs fur la nature des corps, prouve
affez que des opinions plus ou moins eri:o.nnêes.:,
8c des fyftêmes plus Ou moins frivoles, ont tenu
chez cette nation la place des o.bfervations 8c
des expériences.'
y. Tracess delà chimie che^_ differentes ,nations.
\ les opérations métallurgiques,la dépuration de,i argent
Les ifraélites ont tranfporté les arts 8c les con-
tioiflances des égyptiens dans f’Afie. Moy fë leur
chef étoit inliruit de toutes leurs fciences. On lit
dans l'Ecriture fainte qu'il connoilïbit les pierres ,
ainfi que l’art deThxrr ù de. tailler le granit ; l’huile
ur les ondions la c té e s8 c les parfums pour
temples lui étoient. également connus. Il a fait
un ferpest d'airain , il a parlé de l'o r, de l'argent
, du cuivre, du fer , de l’étain & du
plomb ; la préparation 8c, la- diflblution du veau
d'or, foit qu'il fût en entier de ce métal, foit
qu’il ; fut de bois doré , 'attellent aulfi Tes con-
noilfances en chimie, comme la teinture du lin;,
la fermentation ; la corwerfion du vin en vinaigre,
dont il fait mention. Dans ; ces tems reculés ,
dans les âges des patriarcheson connoilToit
le beurre-., la fermentation, la dorure du verre,
, le favon , la poterie 8? fa couverte , la
difToiution du feî 'dans Veau , ainfi que beaucoup
d’autres arts chimiques utiles aux befoins de la
vie; mais on y çhereheroîi en vain des traces de
théorie feientifique.
Les phéniciens ont furpaffé les. autres peuples
anciens.par leur induftrié..Le verre leur fut connu
J avant Moyfe , 700 ans après le déluge.-, & ils
en ont fait un grand commerce. La teinture de la
pourpre de Tyr 8c des trois principales nuances
qu’on y diftinguoit, eft un des arts chimiques
qui a le plus illuftré cette nation. Hérodote rap-
| porte que des phéniciens alloient chercher l’étain
' & l’ambre dans des pays éloignés ; ils ont aulfi
' puifé l’or 8c l’argent dans des colonies, ils ont
trouvé des mines, 8c extrait des métaux dans la
Grècèj.-, Mofchus de Sidon , Tin de leurs piûlo-
fephes les plus diftingués, paftè pour avoir inu-
„gine la doéh'ine des atomes.
Les chaldéens font célèbres par leurs fciences ;
mais rien né;paroi> appartenir en particulier à: la
chimie,
G’eft chez les perfes qu’un ancien ufage a fait
■ défigner les métaux par les noms des planètes.
; Les ca-rr.^ères chimiques, encore employés de
| nos. jours tirent manilefieçient leur origine des.
; hiéroglyphes égyptiens, & les figures triango-
, laires adpptéësi:ppur les élémens, tiennent à la
J- dourine de Platon.
| On ne fait1 rien d’e^aél, ni fur les arts, ni,
fur les connoiffances chimiques des indiens.
- Les chinois ont exercé des arts chimiques iong-
S temps avant. Tere chrétienne , -8c jî n’y a rien de.
fi facite.i.à- expliquer que l’origine de. ces arts
i chez ce peuple, il on le regarde ave'e Guignes.
comme une colonie, égyptienne. En Chine on
: connoït- 8c on préparéi dépiyis _un./temps immé-..
morial,- feinitre:, le borax, on tinckaî, l’alun ,
| le .yerd-de-grils , le mercure, fublimé corrofif,
■ | le fublimé doux , l’éthiops 8c les onguens mer-
j curiels, le .fpufre, -la^poudee -à eanan.., On y
! fait cj.es feux d'artifices) dé toutes les couleurs
8c trè.s-r-enQmmés 3 les cquîeùrs à l’eau. y font
très-belle?-Sc srès-abondantés,. ainfi que ks teintures
"du lin Sc de la-'•foie ; on. y fabrique des
.porcejàinés très-variées dans leurs couvertes ;
on y connoît l’o r , l’argent , le mercure , le
plomb, le cuivre, le fer, le zinc , le nickel,
{’antimoine.. On y prépare piufieurs alliages mous
8c dudliles , durs Sc . fonores , pour en faire
des vafes , des uftenciles de toute forme , des
tambours, des cloches. L'encre; de .la chine eft
encore un témoin du progrès des arts chimiques'
chez cette nation , ainfi que le r*mollifîeroent