
jets d oppofition & de difficultés , 8c qui en ont
tait une objeâion à la doârine pneumatique.
” n reconnut bien dans ce noüyèau comba't'l'effet
S.“ " ancien & l’influence de l’habitude."
l ’éja 1 idée de l’air compofé S formé de plufieurs
fluides elaftiques, répugnoit à ceux « fl ne vou-
loieflt pas renoncer à la doârine des élémens ;
que ne dut pas faire l’annonce delà compoiition de
J eau, placée depuis les écoles grecques prefqu’à
la tere des principes primitifs. Audi la réfiitance
aux nouvelles idées, devint-elle beaucoup plus
oi te encore de la part de ceux qui vivoient fous
1 empire de ce préjugé ; il reluira cependant
des attaques plus direâes 8c plus violentes ,
qu ils portèrent alors contre la doârine de La-
voifier, qu’ejte‘ ffiéut plus que ce combat à
foutemr , 8c que mieux défendue par la réunion '
des favans qui féi rangèrent alors de fou côté
elle fprtit promptement viâorieufe de certê dernière
lutte j & n'eut bientôt plus rien à craindre
des atteintes de ries adverfaires, dont le nombre
diminua fuccèffivement depuis cette époque.
Ce qui pouvoir lui arriver de plus heureux
eut auffi lieu à la même époque j ce tut que
plufieurs de ceux qui avoient pris long-temps
parti ^’contre cette doârine pneumatique, &
qui l’avoient combattue avec le plus d’énergie j 1
reconnurent enfin fa fuperiorité , avouèrent
qu'ils étoient vaincus, qu’ils n’avoient plus rien
à lui oppofer, 8c fe rangèrent parmi fes parti-
lans les plus décidés. A la tête de ces hommes
refpeâables par leurs lumières 8c leur bonne
lo i , qui prouvèrent par çette démarche qu'ils
n’aVoient été .mus que par le feul' amour de la
vérité, l’hiftoiire comptera particuliérement M.
Kiçwan , célèbre chimifte anglois , qui, après
avoir préfenté dans toute leur force les ob;ec-
rions contre la doârine pneumatique, après en
avoir fait un ouvrage entier , auquel les chi-
miftes françois , en le faifant paraître traduit
dans leur langue , crurent devoir répondre article
par article , fe trouva fi fatisfait 8c fi convaincu
par cette réponfe , qu’il eut la généralité
de s’avouer vaincu, 8c d’adopter la théorie |
à laquelle il avoit oppofé pendant huit ans tous
les efforts du favoir le plus profond & de l’expérience
la plus sûrement dirigée contre fes
réfultats nouveaux. Auffi en fixant l’ouvrage de
cet'habile homme comme le dernier îc le plus
fort rempart dè la théorie du phlogiftique ,
l'époque où fon défenfeur céda aux anri - phlo-
gifticiens, nous paroît-elle devoir fixer le terme
de ce combat feientifique , puifqu’elle fut marquée
par la conquête des plus célèbres phyficiens
& chimiftes de l’Europe, qui devinrent bientôt
les partifaas 8c les foujiens de la doârine pneumatique.
Ce fera donc à l’examen de l’ouvrage
de Kinvna 8c de fa réfutation que nous terminerons
cette efquiffe polémique , 8c que nous
attacherons le dernier anneau de cette .chaîne de
faits' 8c d’explications contradiâoires , dont
nous allons parcourir rapidement la férié.
Berthollet, qui n’avoiè encore publié en 1779
que fon travail fur l’acide tartareux 8c fes ob-
lervations fur 1 air donc nous avons rendu compte,
Berthollet qui devoit par la fuite adopter avec
le plus d’affuance défendre avec le plus de
force & compléter avec' le plus de fuccès par
Îea~.-?c0îlvertes ‘a doârine pneumatique, para
îftoit alors bien éloigné d’abandonner la t.héo-
rie du phlogiftique. De cinq mémoires qu’ii fit
inferer dans le volume de l'académie de Î780
les quatre premiers iur les favons terreux 8c
métalliques, fur la préfénee de l’acide pholbho-
rique libre dans 1 urine, fur l’anaiyfe des matières
animales par rapport à leur propriété de
former de 1 acide facchatin parle moyen de l’acide
nitreux, 8c fur la combinaifon <Je l’alcali
fixe avec l’acide crayeux par le moyen de l’alcali
volatil -concret, ne eontenoient aucun fait
ni aucune opinion qui euffent un rapport diréâ
avec la valeur compiree des dëux théories dont
Lavoifier vouloir établir l’une fur les débris de
1 autre ; mais le cinquième mémoire de cette
année, beaucoup plus long & plus important
<jue les premiers j par la . nature' des e.xpérien-
ces qu’il contenoit 8c par les réfultats qui en
fortoient, lui donna i’occafion de s’expliquer.
On y voit qu’il teiioit toujours à la théorie du
ahlogiftique , puifqu’après avoir étudié toutes
es circonftances de la caufticité des. fels métalliques
, il en concluoit qu'elle étoit due à l’af-
finite des chaux métalliques pour ce principe,
8c qu’elle étoit en raifon direâe de la force avec
laquelle éUev l’attiroient.
En 1781, dqns les trois mémoires qu’il donna
fur la décompofition du nitre par le feu, fur fa
détonation avec le charbon, le foufre , l’ar-
fén ic&le s métaux, Berthollet n'a point abandonné
la doârine du phlogiftique, quoiqu’il annonce
dans le premier qu’il a eu’ pour but d’examiner
fi fes expériences peuvent s’accorder avec
l’opinion ingénieufe ( ce font fes propres expref-
fions ) qui tend à fapper -la doârine du phlogiftique
: toutefois, ajoute-t-il , avant d’entrer en
difeuffion, je ferai quefqu’ufage de cette doctrine
, comme fi elle r,’avoit point éprouvé de
contradiéliori ; 8c il continue en effet à nommer
acide nitreux phlogiftique, avec Bergman 8e Schèele,
l’acide qui refte dans le nitre-après que le feu
en adégagéune partie de fon air vital. D’ après
les phénomènes & les produits, de la détonation
du nitre avec 1= charbon, le foufre & far*
fénre, Berthollet dans fon fécond mémoire va
jufqu’a indiquer la quantité de phlogiftique contenue
dans chacun d;- ces corps 5 une grande
partie du troifîèue eft employée à comparer la
dodrine propofée par Lavoifier avec là théorie
du phlogiftique, & à faire voir qu'en admettant
les faits prouvés par Lavoifier fur la fixation
de l’air dans les corps , il falloir aufli admettre
le dégagement du phlogiftique pour expliquer
convenablement les phénomènes! En inférant ici
une partie des détails'qui appartiehnent au troi-
fième mémoire de Berthollet fur la décompofition
de Uacide nitreux, ou connoîtra exade-;
ment la manière de penfer de cet habile chï-
mifte en 1781, & Ton aura en même temps'
une idée afiez exade de l'opinion la plus généralement
adoptée alors par ceux des phyficiens
qifi , fans vouloir créer des théories nouvelles,
& en fuivant la'marche de la fcience, fe contenaient
d'accorder , autant qu'il leur étoit pof- ;
fible , chaque découverte nouvelle avec la doctrine
du phlogiftique.
» Les explications que j'ai données jufqu'à pré-
fent, dit Berthollet, font confondes à la doctrine
de Stahl, qu'il faut cependant modifier par
les découvertes que l'on a faites fur la nature de
l'air & les autres fluides élaftiques. Quelques
chimiftes & quelques phyficiens avoient élevé
des doütes fui* le phlogiftique , mais aucun n'a-
voit entrepris de combattre fon exiftence par
des obfervations qui pufient balancer les faits
nombreux qui paroifloient la prouver , jufqu'à ce
qu'un de nos coafrères ait fa:t un fyftême ingénieux
dé tout ce qu'une amlyfe fine & nouvelle
pouvoir oppofer aux idées reçues fur cet objet.
Mon'défiein n'eft pas de rappeller tour, ce qui
paroit prouver l’exiftence du phlogiftique dans
les métaux:, le foufre & le phpfphore , ainfi que
dans le'charbon, mais feulëuïent d'examiner fi
les expériences que j'ai préfentées fur la' décompofition
du nitre, peuvent s'accorder avec l'opinion
ingénieufe de M. Lavoifier. «
» M. Lavoifier a prouvé le premier par des
expériences inconreftables^que l'augmentation de
poids des métaux par la calcination , dépen-
doit d’une partie de l'air atmofphérique qui fe
combinoit avec eux j M. Prieftley n'a porté fon
attention que fur les changémens opérés dans
1 air dans lequel fe fait la calcination des métaux
, pendant que M. Lavoifier a tout attribué
a l'abforption d’une partie de l’air > il a rejeté
le principe du feu comme inutile à l’explication
des propriétés métalliques , " &r même comme
incompatible avec la fixité & les autres propriétés
des corps folides.»
Principe commun entre les métaux & les charbons,
& cèlui-ci ne fert dans les rédu&ions
de chaux métalliques, que parce qu'il tend fortement
à fe combiner avec la bâfé de l'air pur
unie à ces chaux , & par cette combinaifon où il
orme l'acide crayeux : mais les métaux produis
fent avec le nitre. les mêmes phénomènes que
le charbon , ils font àvéc l’air . déphlogiftrqué ,
qui fans eux fe .dégageront du nitre , les mêmes
combinaifons que \ le charbon ; il faut donc admettre
dans les métaux & dans le charbon Un
principe identique , lequel, forme par fa com-
binaifon a v e c l ’air déphlogiftique. de l’acide
crayeux ou de l’air dëphlogiftiqué. ”
« Pui fque les métaux forment de l'acide crayeux,
avec l'air déphlogiftique , l’acide crayeux ,n'e|l
pas une combinaifon de charbon & d'une partie
de l'air dëphlogiftiqué, ou bien fl faudroitdire que
le charbon exifte dans les métaux : ainfi lorfque
par la 'refpiration , nous formons de l'acide
crayeux , nous ne dirons pas qu'il émane de nos
poumons du charbon qui vient fe combiner avec
une partie de l'air atmofphérique ».
« Si M. Lavoifier eut Amplement prétendu
que' les fluides élaftiques contiennent une plus
grande quantité du principe de la chaleur que ces
mêmes fubftances n'en contiennent lorfqu'elles
font dans l'état de liqueurs, & qu'alors elles
en contiennent plus que dans l’état de folidité , il
n'auroit rien dit qui ne fût avoué de tous les
phyficiens modernes j mais peut-on attribuer à
ce feul principe tous les phénomènes qu'on
croyoit dus à un principe qui entroit dans la
combinaifon des corps, qui ne varioit point
félon leur température, mais qui étoit, eflen-
tiel pour les conftituer ce qu’ils font: La fluidité,
la vaporifation , /'élajiieité font , felpn M. Lavoifier
, les propriétés. caraftériftiques de la pré-
fénçe du feu & d’une grande abondance de feu :
la folidité, la compacité font les preuves de fon
âbfence : autant donc il eft prouvé que les fubftances
aériformes , & l'air lui-même contiennent
du feu combiné , autant il eft probable que les
corps folides en contiennent peu ».
« Le charbon, le foufre & les métaux détonent
avec le nitre , & produifent au plus haut
degré les effets de l'inflammation, mas aucune
de. ces fubftances ne, fe trouve ni dans 1 état de
liquidité , ni dans celui de vapeurs, ni dans
celui de fluide élaftiquej donc la fluidité-, la vaporifation
> T élajiieité ne font point les propriétés
car a rijliques- ,de la préfencc du feu & dune grande
abondance du feu.
ce La flamme & les autres effets de la com-
buftion n'ont lieu , félon M. Lavoifier , qu'au tant
que l'air pèrd de fon volume & de fon élafticité >.
mais, bien Toi,n qu’il y ait une diminution de volume
dans la détonation du nitre & du charbon,
8e dans celle de la poudre , il fe dégage ait
contraire une certaine quantité de fluide elaf-
tique j il devroit donc fe produire alors du.
froid 3 au lieu de' la chaleur & de la flamme