
S • Qu’il agiffoit fur quelques parties colo-i
rantes comme l’acide muriatique oxigéné, mais1
beaucoup plus foiblement , plus dans fon état
gazeux que fous forme liquide , qu‘il enlevoit
1 oxigene à quelques - unes au lieu de leur en
donner, comme au prufiîate de fer décoloré par
1 acide muriatique oxigéné î 6°. que la foie jaunie
par 1 acide nitrique, ou par l’acide muriatir
que oxigéné , ou même par l’air , blanchilfoit
Pari acide fulfureux. Depuis le mémoire de Berthollet
, lu en lévrier 1789 à l’académie d e s
lciences , les citoyens Fourcroy & Vauquelin
ont entrepris des recherches très-étendues fur
k s combinaifons falines de l’acide fulfureux ; ils
ont confirmé les premiers réfultats de leur collègue,
8c dans des mémoires dont la leClure à j’Infti-
,tut n’a été encore que commencée, ils ont communiqué
plufieurs faits nouveaux fur les propriétés
de cet acide.
- Les découvertes des chimiftes fur la nature
de l ’acide fulfuriquè & la nature de la théorie
pneumatique à laquelle elles ont prêté tant de
force , fe font répandues dans les laboratoires
& les ateliers des arts ou elles ont rendu de
grands fervices. J’avoue , m’écrivoit il y a quelques
m îis le citoyen Chaptal, que fi j’ai obtenu
quelques fuccès dans mes opérations de fabrique
, je les dois tous à l’application que j ’ai faite
des principes de la nouvelle do&rine. En effet,
c’eff d’après ces principes que ce chimifte a apporté
des perfe&ionnemens remarquables à la
fabrication de l’ acide fulfurique.
Quelques chimiftes d’Allemagne & de Turin i
avoient penfé que l’acide fulfurique pouvoit
être furchargé d’oxigène , & prendre un carac- I
tère analogue à celui de l’acide muriatique oxigéné
; les citoyens Vauquelin & Bouvier ont
prouvé, en 1790 , .que cet acide diftillé- fur
l’oxide de manganèfe, ne lui enlevoit pas un
arôme d’oxigène , & neprouyoit aucune altération.
Non-feulement la nature gazeufe bien connue
la diffolubilité bien appréciée de l ’acide muriatique,
ont été pour les manufactures un point
d’amélioration affez remarquable pour que le c itoyen
Chaptal ait pu fournir cet acide à Lyon,
à Paris, en Angleterre & en Efpagne , à un
prix beaucoup plus bas qu’il n’avoit été jufque-
là ; mais en a bientôt acquis de nouvelles con-
noiffances fur cet acide, & fpécialement fur fon
état de furoxigénation. Après le travail fi important
de Bérthollet fur cet acide oxigéné,
après la force que ce travail a donnée aux bâfes
de la doctrine pneumatique , il eft devenu entré
les mains des chimiftes un inftrument principal
d’anajyfes, une fource féconde de découvertes.
En 1788^ le citoyen Fourcroy a découvert que ,
le gaz acide muriatique^ oxigéné enflammoit le
phofphore , qu’il bruloit les bougies allumées
,qu on y plongeoir avec beaucoup plus d’aâivité
que l ’air atmofphérique, & que mis en contaét
avec le gaz ammoniac, il le décompofoit en
citant une flamme blanche & brillante 5 il a
trouvé dans cette dernière expérience un moyen
fimple & rapide de fa're dans fes leçons; une
recomposition très - remarquable d’e au, & en
mémo tems une analyfe exaCte de l’ammoniaque.
Deux ans après M, Veftrurob a fait connojtre l’in-
-flammabilité des métaux jetés en poudre ou enl
limaille dans ce gaz , & a confirmé ainfi par fis
propres expériences, quoiqu’expliquées par lui
d’une manière contradictoire , une des princi-1
pales données de la doctrine pneumatique.
Une des plus belles & des plus utiles applications
que la chimie moderne ait pu pré fente r
aux arts depuis les nouvelles découvertes , eft
ceHe jhifj clt°yen Berthollet a faite de la propriété
décolorante de l’acide muriatique oxigéné
| dans le blanchiment des toiles écrites. Après
des effais tentés en grand & un fuçcès flatteur
de fes premières propofitions obtenu dans plufieurs
manufactures de France, le citoyen Bei-
tholleè a décrit en a789 le nouvel art de 1 fon
blanchiment, & a donné foit les divers appa*
reils , foit les differentes opérations néceffaires [-
pour réuffir dans ce nouveau procédé. C ’eft d’après
cet ouvrage, inféré dans les annales <1*
chimie , que fe font élevés en France , en Angleterre
& en Allemagne une grande, quantité
d ateliers, où le mérite réel des découvertes
dues à la théorie pneumatique , devient , pour
ainfi dire, fenfible à tous les yeux, où les expériences
qui la fondent, offrent avec la preuv*
de l’avancement de l’efprit humain l’image frappante
de fon influence heureufë fur la profpé-
rite des nations. *Le citoyen Chaptal profitant
avec fon habileté connue des premières découvertes
de Berthollet , eu a fait de fon côté pour
les ateliers & les fabriques vers lefquelles il
porte tous les e fforts de fon efprit & de fon
favoir , une application non moins avantagéufe.
Dès 1787'il a décrit dans» les mémoires de l’académie
des fciences de Paris le blanchiment des
recoupes de toiles en écru par l’acide, muriatique
oxigéné, & il a propofé d’en former du
papier blanc d’un nerf plus fort que celui qui
provient des chiffons pourris. Il a donné en
même tems le moyen ae blanchir , par le gaz
acide muriatique oxigéné , les vieux papiers, les
vieilles eflampes jaunies par le- tems , & de ref-
taurer ainfi les chefs-d’oeuvre des premiers tems
de l’imprimerie & de la gravure. Son procédé
pour la fabrication du papier avec les recoupes
de toile en écru a été appliqué avec fuccès à
la fabrication des aflignatsde yoo liv. & de 200«?
iiv ., & tou t le monde a pu juger de la fupériotité
de ce papier fur ceux qui avoient été auparavant
employés à cet ufage.
C’eft encore; par les données & les principes ,
de la doCtrine pneumatique que le citoyen Berthollet
eft parvenu à obtenir cette combinaifon
fi remarquable de l’acide muriatique oxigéné avec
la potafie , dans laquelle , en condenfant cet
acide beaucoup plus furchargé d’oxigène que
lorfqu’il eft fimplement liquéfié dans l’eau ou fous
forme concrète & ctiftalline par une température
de quelques degrés au-delTous de o, il a, pour ainfi
dire, enfermé & folidifié l ’élément du feu &
de la foudre, comme le prouvent toutes les propriétés
nouvellement decouvertes dans le fel
dont i! fera*queftion dans le titre fuivant.
Là chimie , ■ encore incertaine fur plufieurs
acides dont elle ignore abfolument la nature ,
compte fur-tout parmi les inconnus dont il eft fi
defirable que- le ^nombre diminue , l’acide qui
no%s occupe, l ’acide muriatique. Ce n’eft encore
que d’après l’anàlogie, dont la lueur, quelque
faible qu’elle fo it, eft préférable à une
obfcu'ité parfaits, qu?on le regarde comme un
compofé d’un radical inconnu avec l oxigène $ &
comme les agens qui réuififtenf pour dëcompofer
tous les autres acides , n’ont aucune prife fur
celui-ci , on en infère que le radi. al muriatique
a tant d’affinité poiir l’oxigène, qu’auc-.ne fubf-
tance ne pouvant lui enlever ce principe , il n’eft
pas poflible d’obtenir à nud & de déermir.er
conféquemment fon radical. Cette hypothèlè eft
au moins fondée fur des raifonnemens bien pô-
fés, parfaitement conféquens , & d’accord avec
tous les faits connus ; elle explique très - bien
deux circonftances qui tiennent individuellement
à la nature de l’acide muriatique, & qui en
même tems le caraCterifent 5 l’une eft que les
corps combuftibles les plus avides d’ oxigène n’éprouvent
aucune altération de fa part , & né lui
en font éprouver aucune, tandis qu’ ris décom-
pofent plus ou moins complettemenè les acides
fulfurique, nitrique , phofphorique & même ckr:
bonique, ainfi qu’on le fera voir plus bas j l’ au-,
tre eft qu’au lieu de céder fon oxigène aux fubf-
tances qui l’enlèvent à tout autre corps brûlé
avec lé plus d’énergie , l’acidè muriatiqüe a au
contraire la propiiété de l’enlever à un grand
nombre de matières qui le contiennent , & de
paffer ainfi à l’état d’âcide muriatique oxigéné ,
dans lequel l’oxigène tient Cependant foiblement,
toujours avec beaucoup moins dé force: qu’il
n’adhéroit aux matières dans lefquelles cet acide
fa puifé. Les chimiftes fentent que la connoif-
fance de la nature & de la compofition de l’acide
niuriatique pourroit répandre un grand jour fur
plufieurs phénomènes importans qui nous font
encore cachés , & il n’eft point étonnant que
parmi ceux furtout qui ont adopté la ùo&nne
pneumatique, & qui en conçoivent bien l’enfem-
ble & le mérite, il s’en foit rencontré un qui
ait cru avoir trouvé la folution dé ce problème
difficile. M. Girtanner , chimifte très-ingénieux
de Gottingue, écrivoit en octobre 1791 à M.
de la Metheric, qu’il verioit de trouver que la
bâfe de Tacide -muriatique étoic l’hydrogène ,
que ce principe , au premier degré d'oxiaation ,
rormoit l’eau, & au.fécond degré l’acide muriatique
5 qu’il exiftoit ainfi une ana’og e complexe
entre l’acide muriatique & l’acide nitrique,
puifque l’azote au premier degré d’oxidariôn
formol t l’air atmofph rique , & au fécond l’acide-
du nitre. Après cette lettre, M. Girtanner a
expofé en 179J, dans deux ouvrages alemands,
U s A n n o n c e s fc i-en t ifig u e s d e G o tù n g u e , & la
deuxième édition de fes P r in c ip e s d e c h im ie a n t i -
p h lo g if îiq u e , les faits fur lefquds il ap pu y oit fon
opinion. N’ayant point eu• ces ouvrages à ma
difpofîtion , & ne pofiedant pas d’ailleurs la
langue dans laquelle ils font écrits , je tirerai
ici de deux mémoires envoyés à Flnflitut national
par fon favant & laborieux alfocié, le
citoyen Van-Mons de Bruxelles , en germinal
de l'an 4 & vendémiaire de l’an 5 ( en mars &
octobre 1796 ) les détails des expériences de
M. Girtanner Sc de celles du chimifte de
Bruxelles qui leur font oppofées ; je le ferai
avec"'une certaine étendue , & j’ajouterai même
quelques réflexions à celles du citoyen Van-
IVlcns, parce que cet objet eft d’un grand intérêt
pour les progrès de la fcience.
P r em i e r f a i t . Lorfqu’on fait bouillir, dit M.
Girtanner , de l’acide muriatique pur & libre
d eau fur de l’étain, du cuivre , du bifmuth, &c.
dans une; cornus en communication avec l’appareil
pneumatique, ces métaux s’oxident aux
dépens de l'acide, il fe dégage de L’hydrogène.
On avoir attribué jufqu’ici la production
de ce gaz, dans la théorie pneumatique , à la
décompofition de l’eau iavorifée par l’acide muriatique
, & l’on favoit déjà qu’il étoit impof-
fible d’obtenir cet acide liquide fans eau , & de
le faire agir fur les métaux fous la forme de
fluide élaftique. Van-Mons a prouvé par les
expériences fuivantes que M Girtanner a eu tort
de chercher une autre explication que celle qui a
été donnée jufqu’ici. Après avoir faturé féparé-
ment d’oxide d’étain & d’étain métallique deux
demi-onées d’acide muriatique , le premier de
ces corps trayant point donné de gaz, il a fait
criftallifer les deux diftblutions, & il a obtenu
: de l’une & de l’autre , à très-peu de chofe près ,
le même poids de muriate d’étain ; en précipitant
chacune des deux diffolutions faites de
la même manière , il a eu le même poids de
précipité, & il lui a fallu la même quantité d’alcali.
Le zinc , traité de même par l’acide muriatique
, lui a donné les mêmes réfultats, & il en
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