lailT« fortir qu'une partie de l'air fixe , elle n'efl
chaux qu'à la fur face. L'eau feule ne rend point
a la chaux fon état de ctaie , •& on peut i<
conferver fous l'eau privée du contad de l'air.
On obtient aulfi de la chaux pure en diftillant
l eau de chaux à ficcité dans un appareil bien
clos. La pellicule formée à la fur fa ce de l'eau
de chaux eft bien mauifeftement de la craie
elle perd au feu la même quantité & la même
nature de^ principes aquet’ftt & aériforme que
x PI,erre a chaux, & repaife par la calcination
a 1 état de chaux vive* Tout mélange d’acide
avec la craie & des alcalis ordinaires , produit
par Peifervefcence un air qui, reçu dans
I eau de chaux , la trouble & la précipite en
craie j 1 ah fourni par la pierre calcaire pendant
fa calcination eft de la meme nature" &
décompofe 1 eau de chaux de la même manière
que celui des effervefcences. Jacquin décrit en-
fuite toutes les autres expériences de Black &
de Macbriae qu'il a répétées & qui lui ont
fourni les réfuitats annoncés par leurs auteurs.
II les oppofe fans celle à celles de Meyer, &
il en tire contre la théorie de celui-ci clés objections
véritablement infolubles. Après avoir
înfifie Xiir l'affinité de l'air pour certains corps,
o c fur le point de faturation qui exifle entre
ce principe fixé 8c les corps qui l’abforbent ,
il fe fert de ces vérités pour expliquer la for!
rnation des alcalis cauftiques par la chaux, l'action
de ces alcalis fur les matières animales
qu’il^ attribue à la réparation & à l'enlèvement
de l'air de ces matières par les fels alcalins qui
en font extrêmement avides. 11 s'occupe auffi
de la formation de la chaux par la voie, humide
en précipitant un fel calcaire folubie,
ceit-à-dire , d elà craie qui , en fe difiblvant
dans l’acide du nitre , a- perdu tout fon air par
l'alcali fixe caufiiqué qui la fépare pure 8c en
état de chaux. Dans tout cela , on ne voit
comme on la déjà fait remarquer, qu'une ré!
pétition 'des expériences de Black & de Mac-
bride , quelques expériences ajoiite'es qui en
confirment la doétrine , mais c’eft p.r l'ordre
excellent où les faits font difpofés1, par leur
enchaînement & leur liai fon, par la précifion
tigoureufe du raifonnement que ce traité ,eft fur-
tout recommandablé. Jacquin eft devenu ainfî
un des plus précieux foutiens de là doétrine
de Black, & s’il ne la fit point triompher encore
complettement & généralement en Allemagne
, il la fit au moins plus connoîrre, &
il lui acquit plus de partifans & d’amis qu'elle
p'én avoit.
Cependant, la. mort tiè Meyer,arrivée'au moment
même qù paroifloit l'ouvrage de Jacquin,
vint l'arracher à la défenfe. .de"fa doétrine ;
pile avoit déjà fait des progrès rapides en Allemagne
; elle y etolt adoptée 8c enleignée publiqueuient
dans les écoles par des chimiftes de
grande réputation ; elle trouva un ardent détenteur
dans M. Crans, médecin pruffien, qui
des 1770 , publia une r é fu ta t io n d e C e x am e n c k i-
m iq iu d e la d o t t r in e d e M e y e r 3 &c, în-8° de 211
pages j voici les principales objedions que
M. Crans emploie contre la doétrine de Black.
La pierre à chaux ne perd , fuivant lui s que
de 1 eau en vapeurs pendant la calcination} la
chaux fait encore „effervefcence avec les acides;
expofee à 1 air , elle ne reprend point celui
dont elle eft privée & dont elle devroit être
il avide.
Le gonflement , le mouvement, la chaleur,
la vapeur acre qui ont lieu dans l’extindion
s expliquent parfaitement dans le fyftême dè
Meyer , & nullement dans celui de Black } il
en elt^ de même de la difiolutien de la- chaux
^ ac*^e n^re qui : fe fait avec grande
chaleur ^ tandis que celle d.e la pierre calcaire
fe fait lans chaleur.
La crème de la chaux eft deda chaux qui a
perdu fon a c id um p in g u e ; elle fe forme au fond
comme à la furface de l'eau de chaux & fur
les parois d e s vafes & au-defïbus même de la
pellicule s d'ailleurs , toute la chaux n'eft pas
liifoluble dans l'eau & fufceptible de fe • convertir
en crème de chaux.
L eau de chaux préfente' des propriétés toutes
contraires , fuivant M. Crans , au fyftême de
M. Black} eft-ce en enlevant l'air des réfines,
du camphre, du foufre, que l’eau de chaux diftout
ces matières ?
. 9 c ^ Pe.rte de l’air qui donne la caufti-
até , pourquoi les Tels neutres formés après
J effervefcence & dont les matériaux ont tous
ete prives d’air ne font-ils pas cauftiques ?
On Fait à volonté parôître ou non reffervef-
cence , fuivant l'état de Tacide,que l'on emploie,
que devient l'air fixe dans le cas où il
ne paroît pas?
La 1 vfe d alcali caufiiqué , quoiqu'elle
ne contienne pas d'air, vèrfée lentement &
rauembiée au fond d'une cliiToiution nitrique de
pierre calcaire , puis, agitée tout-à-coup, produit
une effprvafcence, & occafionr.e fubitement
a précipitation ; la terre calcaire précipitée de
1 acide -nitreux ne préfente pas de différence
foit qu’elle ait été précipitée par l'aicali fixe
ordinaire, foit qu'elje l'ait été par l'alcali cauf-
tique ; la chaux ai (Toute elle-même dans l’acide
nitreux, & précipitée par l'aicali caufiiqué,
fait effervefcence.
La précipitation de l'eau de chaux par l’air
dégagé d’une effirvefcence ou d'une fermentation
n’eft point due à l'union de l'air avec la
chaux j fa propriété de rendre l’eau plus légère
pourroit feule occafionner cette précipitation j
d’ailleurs, comment le même principe diffout-
il le fer & rend-il la chaux inaiffoluole
En faifant diftoudre des pierres à chaux di-
verfes & de la chaux elle-même dans l ’acide
nitreux , M< Crans a obfervé prefque toujours
des pertes & des diminutions 3 quelquefois phis
fortes dans la chaux que dans la pierre calcaire
: quelquefois j celle-ci a paru acquérir plus -
de poids; ainfi, les pierres à chaux ne perdent
pas çonftamment dans leur 'diAblution ce qu’elles
perdent par i ’adion du feu.
Dans la déçompofition du fel ammoniac par
la chaux , celle- ci n'enlève pas l'air à l'alcali
volatil, car la grande chaleur s'y oppofe ouïe
chafferoit de la chaux , & de plus la terre calcaire
eft à l’état de chaux dans le réfidu ; d'ailleurs
•le fel ammoniac contient beaucoup d’air qui
doit faturer la chaux & l'empêcher d'agir fur
l'alcali volatil.
Si les1 cauftiques agiffent en abforbant l'air, ,
pourquoi la machine pneumatique ne cauté
rife-t-elle pas les animaux qü'on y expofe ?
Suivait M. C r a n s l ’air de la refpiration
trouble l ’ eau de chaux comine celui qui eft dé-
- gagé d’une effevvefcence ; la leffive cauftique
donne au Ai un précipité ; elle devient effer-
vefeente ; cela lui arrive auflfi par le contaél
de l’air, fur • tout à l’aide de la chaleur & à
l’époque où elle commence à fumer , ce qui
tient à ce que fon a c id um p in g u e eft alors évaporé.
Il arrive la même chofe à l’alcali volatil,
foit qu’on l'expofe à l’air , ou au contaét de
l’air fixe dégagé dans l’appareil de Macbride ,
ou à une légère chaleur en même temps qu’à
l’air atmofphërique ; cet appareil produit donc
tes mêmes effets que le contaét de l’air atmof-
phérique.
En pefant avec foin les matières dans les
ex périences de' Macbride qu’il a répétées ,
M. Crans s’eft afiuré que les mélanges effer-
vefeens ou fermentans perdoient çonftamment
de leur poids , & que les fubftances qui étaient
dans l’autre bouteille aügméntoient çonftamment ;
mais ce réfultat n’embarrafte pas M. Crans ,
uoiqu’il paroiffe très-favorable à la dodrine
e Black ; il admet bien l’abforption de l’air
fixe par les leffives cauftiques S é leur augmentation
de poids par cette absorption , mais ce
n’eft pas là ,Suivant lui, la caillé de leur adouciffement
$ il n'y a pas, fuivant lui , une véritable
combinaiion; elles s’en imprègnent comme
feroit de l'eau ordinaire , & c’eft au dégagement
de Y acidum. p in g u e qui nèutralifoit l’alcali
qu’il faut attribuer les propriétés qu’il acquiert.
Les obje&ions de M. Crans fe réduifent à ce
qu’on vient de lire ; elles ont même été pré- -
ièntées ici dans toute leur force , & l’ on doit
voir très-facilement à quoi elles fe réduifent.
Par-tout, il faut en convenir, on trouve ou
des expériences faufles & mal faites , comme fur
la perte d’eau iimple par la pierre-à-chaux pendant
fa calcination, fur la prétendue effervefcence de
la chaux, fur la formation de la crème de chaux
au fond de la liqueur, fur la non- dififolubilité
complette de la chaux, &c. & c ., ou des raifon-
nemens peu conféquens, des réfuitats d’expériences
qui n’ont nul rapport aveç ce qu'elles
offrent réellement, ou même des expériences
extrêmement contraires au fyftême de Meyer ,
que Crans cherche cependant à Soutenir de toutes
fes forces , & lingulièremept favorables à la doc-
i trine de Black , Macbride & Jacquin. Lorfqu'on
lit , par exemple, avec attention les expériences
de Crans fur les mélanges de Macbride, & fur
l’augmentation de poids dés fubftances expofées
à l'air fixe dégagé des effervefeenees ou des fermentations
, on ne peut s’empêcher d'être frappé
d'étonnement de voir qu'avec des réfuitats fi
vidorieufement favorables à la théorie de l’air
fixe, Crans en faffe des objedions contre Black,
& des preuves pour le dégagement dè Y a c id um
p in g u e . il femble que , Tefprit préoccupé de ce
fyftême, Crans ait abfolument refufé tout accès
dans fon intelligence aux faits les -plus puiftans ,
aux ijiifonnemens les plus clairs, & que le préjugé
en faveur de l’opinion qu’il vouloir foutenir ,
l’ait empêché de reconnoître la route de la
vérité.
Aii rëfte , on fera la même remarque , on
trouvera lès m ê m e s préjugés dans tous ceux qui
ont combattu la théorie de Black, puifque les
expériences même qu’ils rapportent lui font extrêmement
favorables , & qu’ils en tirent cependant
des indudions contraires.-Tel eft, par exemple,
un mémoire très-détaillé lu par Machy à
l’académie des fciénces en 1766. On y trouve une
affez longue fuite d'expériences ; toutes font
favorables à la dodrine de l'air fixe, toutes l’appuient,
la confirment, & font même propres à
l'éclaircir , fi l'on en excepte quelques - unes
dont le fuçcès eft incertain, ou dont la réuftlte
eft plus ou moins incomplette , parce qu elles
n'ont point été faites avec les foins convenables,
dont l’emploi à la vérité étoit très-difficile à
l’époque de 1766. On eft fort étonné d’entendre
l’auteur en tirer des réfuitats oppofés à ceux d«
Black , forcer même fon imagination pour la