
de cet article , & fur-tout de le ranger parmi les
fels lecondaires. On avoit bien quelquefois ob-
tenu , comme par fiifard , le carbonate de.potaffe
en cryftaux ; Bohnius avoit dit dans fes differtations
phyfico-chimiques publiées en~ 1666, png. 381 ,
qu'en évaporant à un feu doux une diAblution
d’alcali fixe du tartre, il a obtenu de beaux cryftaux
qu’il a confervés plus de fix ans fans efflorefcence
ni déliquefcence. Monter a fait la même obfer-
vations mais ce n’eft que par les travaux de Bergman
, de Chaulnes, de Berthollet, de Pelletier
qu’on connoît bien les propriétés de ce fel.
Il a été fuceeffivement nommé fel fixe de tartre
, craie de potaffe , &c.
Le fel fixe de tartre des boutiques , qui eft
retiré de l’incinération du tartre, eft un mélange
de potaffe pure, ou cauftique , de carbonate de pp-
tafie & de plufieurs Tels neutres. _On parvient
à en féparer la potalfe pure par l’alcool qui le dif-
fout bien fans toucher au carbonate de potaffe ;
mais «elui-ci refte avec les fulfates de potaffe &
de chau'x qui l’accompagnent ordinairement ; il
contient de plus de la terre filicéè. Nous dirons
plus bas comment on le purifie.
Si \e carbonate de potaffe a. été regardécomme
un alcali , c’eft qu’ il a quelques-unes des propriéT
tés de ces fels. En effet , il verdit le fyrop de
violette 5 mais le borax & plufieurs autres fels
ont cette propriété , d’ailleurs il ne détruit
pas, &nsaffoiblitpasmêmela couleur dès violettes :
il a line faveur alcaline qu’on retrouve auffi dans
le borax.
Autrefois on diftinguoit feulement l’alcali du
tartre de l’alcali de la fcjude, par la propriété
qu’on attribuoit au premier d’attirer très- promptement
1 humidité dé l'air , & de ne pas pou-:
voir fe cryftallifer : ainfi hume<fté>par l’air, o'n
l’appelioit huile de tartre par défaillance ,>mais ces
deux propriétés dépendent de ce que le fel fïxe cle
tarin n’eft pas du carbdnatedepètzffehturé* Comme'
il contient encore une certaine,quantité de potaffe
non faturée d’acide carbonique , c’eft en raifon
de cet excès d’alcali qu’il eft déliquefcent. Aujourd’hui
on eft parvenu a avoir ce Fel en beaux cryftaux
qui n’attirent point du tout l’humidiie de
l ’air, &: qui s’effleuriffent plutôt: De. Chaulnes,
qui s'eft beaucoup occupé de cet objet, a préparé
ce fel en expofant une diffolution.de potaffe
cauftique, ou chargée.dè peu d’acidé carbonique,
dans un lieu rempli de cet acide gazeux , comme
dans le haut d’une .cuve de bière en fermentation.
L’alcali s’empare de tout l’ acide carbonique
qu’ il peut abforber , & il cryftallife très-régu
fièrement. On obtient fés cryftaux fous la forme
de prifmes quadrangulaires, terminés par des pyramides
à quatre faces très-courtes. Bergman dit que
ces cryftaux font des prifmes quadrangulaires
ayant des deux parties à leur fommet des triangîes
renverfés en forme de toit. Pelletier a donné
dans les annales de chimie , t. ïÿ octobre 1793
pag. 23, un bon procédé pour préparer ce fel &ç
en a très-exaétement déc,rit!la forme. Il met dans
une bouteille à deux tubulures dé la craie en
poudre. Il adapte à l’une de ces tubulures -un tube
d’un pouce de diamètre dont l’autre extrémité eft
reçue dans une fécondé bouteille contenant uri'e
diffolution de deux livres de fel' fixe de tartre
bien purdans trois livres d’eau 5 de cette fe-
cqnde bouteille, part un fécond tube pareil au
premier, qui plonge dans une troifième bouteille
.également chargée d’une diffolution de
deux livres d’alcali dans trois livres a’eau. Une
troifième bouteille contenant- la même proportion
de difïolution alcaline , eft réunie par un
même tube à la fécondé. Tous ces tubes étant
bien lûtes avec Tu marc de gra'ifoe de lin mêlé
à de la colle, on verfe par l’une des tubulures
de la première boute!'le contenant de la craie en
poudre, de l’acide fulfurique étendu de fix. parties
d’eau 5 en ferme enfuite cette tubulure avec
un bouchon dé liège. L’ effervefcence & le, dégagement
du gaz acide carbonique ont- lieu3 cet
acide paffe dans les bouteilles, & eft abforbé
par l'alcali. Il faut n’ajouter, .que peu - a - peu
l’acide fulfurique , afin de ne pas trop précipiter
r.effervefcence, & de donner le temps à
l’acide d’être abforbé. Pendant que cette absorption
a lieu, fur - tout à l’aide de la preffion ,
la fiqueur alcaline, quelque pure qu’elle foit,
fe trouble par la filiçe qui s’en.fépare, ce dont
Pelletier s’eft affuré par des expériences exa&es.
On ne fépare cette terre^par le filtre que lorfque
l’alcali eft parfaitement Taturé.- Quand cette fa-
turation eft faite dans "la première bouteille, il
fe forme autour du tube & à la fur face de la
liqueur des cryftaux réguliers de carbonate de potaffe.
qui ont jufqu’à un pouce de longueur.
Cette cryftallifation a lieu malgré l’agitation produite
dans la fiqueur par le paffage. des bulles
de gaz acide carbonique 5 il y a plufieurs fels
qui cryftallifent ainfi au milieu de liqueurs
agitées, fur-tout le fùlfate de chaux , le mûri
ate furoxigèné de potaffe , &c. Pelletier décrit
avec beaucoup de précifion, les cryftaux
de carbonate de potaffe ; ce font, fuivant lui ,
des prifmes tétraèdres rhomboidaux à fommets:
dièdres. Le rhombe du prifmé eft de 127 degrés
y 3 Les 2 faces de la 'pyramide font des rhombes
reunis aux fommets par des angles de *144 degrés.
Le 'cryftal complet offre deux hexagones &
deux rectangles pour les pyramides , en total
huit faces. L’angle aigu du prifme eft quelquefois
tronqué. Les rhombes' des pyramides fe
trouvent le plus fouvent inégaux ; fouvent auffi
l’un des deux eft linéaire, ce qui change beaucoup
l’apparence de la cryftallifation } mais en
l’éxaminantavec foin, l’on n’obferve d’autres changerons
que dans les dimenfions des rhombes.
Berthollet a propofé pour faturer .la potaffe
d’acide carbonique , de diftilkr te fel avec du
carbonate ammoniacal ; on y.parvient en effet,
par ce procédé j mais il eft fort difpendieux en
comparaifon de celui qui vient d’être décrit. On
peut même encore Amplifier celui-ci, lorfqu’on
eft voifin d’une btafferie; on expofe des bocaux
pleins ^de dïffolution de potaffe pure au contad
de 'l’acide carbonique qui fe dégage de la bierre
en fermentation, & en agitant la liqueur par des
mouftoirs.
La faveur dti carbonate de potaffe eft urineufe ,
mais beaucoup moins forte que celle de l’alcali
végétal cauitique, eu de la potaffe pure , puif-,
qu’on 1‘emplo.e en 'médecine, à la dofe de quelques
grains, comme fondant. Ce fel compofé
eft très-altérable au feu } il fe fond aifément,
&/ il s’alcalife vite. Si on le diftiile dans une
cornue , en adaptant à ce vaiffeau un récipient
& un appareil pneumato-chimique au mercure,
on en retire l’eau .de la cryftallifation, & fon
acide dans T ’état aér?forme 3 la potaffe eft en
mafia i.-régulière , après cette opération , & .elle
retient toujours une petite portion de fon acide
que le .fru né peut lui enlever qu’avec la plus
grande difficulté. D’après l’analyfé de Bergman ,
le carbonate de potaffe faturé d’acide , & bien
cryftailifé , qu’il nomme alcali végétal aéré, contient
par quintal 29 parties d’acide , 48 d’alcali
pur, & 31 d’éau j mais il faut obferver que les
carbonates paroiffent être en général plus fufeep-
tibles que-les autres de contenir des dofes très-
différentes & très-variées de leur acide. Malgré
cette propriété, ce fel ne fourniffant jamais de
cryftaux réguliers , que lorfqu’il eft parfaitement
faturé , on a regardé comme exaêt, & affez
conftant le calcul donné par Bergman. Cependant
Pelletier a obtenu d’autres réfultats dans
l’analyfe du carbonate de potaffe bien cryftailifé *
il a retiré Te 10b grains de ce fe l, 43 grains
d acide carbonique, & il dévalue à 16 ou 17 '
par iooTa quantité d’eau contenue dans ce fel,
enfortp que la potaffe y eft pour 40 ou 41 parties
au quintal;
Le carbonate, de potaffe, lorfqu’il eft bien
cryftailifé, n’éprouve aucune altération de la
part de Pair j fes cryftaux reftenf tranfparens ,
fans Te fondre ni’ s’effieurir. Comme il eft très-
important & 'tv-ès-néceffaire pour beaucoup d^ex-
périences d'avoir ce fel affez pur pour jouir
de cetts propriété, êc pour >:Tfter ainfi à l ’é-! I
preuve de l’air humide eu fec, Pelletier remarque
avec raifon que les çhimiftes ne doivent cm- :
ployer dans leurs expériences e-xaètes que ce Tel 1
bien faruré bien cryftailifé. J’ai moi-méme fait
cette obferyation importante il y a long-temps y.
& je ne manque jamais d’y infifter avec beaucoup
de détails dans mes cours , lorfque défais
l ’hiftoire des propriétés-de-‘ ce.Tel j on verra |
plus bas dans l’article deftiné à la pharmacie ,
avec quel foin j ’ai/appliqué'cette remarque aux
ufages médicamenteux de l’alcali fixe.
Le carbonate de potaffe fe diffout très-bien
dans quatre parties d’eau froide , & il exige beaucoup
moins d’eau chaude pour être tenu en dif-
folution 5 il produit du froid en s’uniffant à ce
fluide. Cette propriété qui diftingue les fels
neutres d’avec les,fels fitnples , caraâerife affez
la différence du carbonate de potaffe pure ou
cauftique. 11 cryftallife par l’évaporation jointe
au rétroidiffement ; fi la diffolution eft trop rapprochée
, il fe prend en maffe irrégulière , ce
qui arrive très-fouvent dans les laboratoires.
Pelletier a conftaté dans fes recherches furies
propriétés du carbonate, de potaffe} i° . Que
2400 grains d’eau diflilleé dilfolvent à la température
de 8 degrés du thermomètre de Réau-
mùr 640 grains de ce fel , ce qui eft un peu
plus du quart de fon poids ; 2e*. Qu’en mettant
une once de,ca-hoiate de potafie en poudre dans
trois onces d’eau diftillée à huit degrés , le thermomètre
de!cénd à . o j 30. Que 2400 grains
d’eau diftillée , élevée à la température de y y
degrés , diffolvent 2600’ grains de carbonate de
potaffe , & qu’il fe dégage un peu d’acide carbonique
pendant cette diffolution à chaud.
j Quant à la manière de faire cryftallifer la
diffolution de carbonate de potaffe , j’y ai fouvent
réufli eh. l’évaporant à la chaleur douce
d’une étuve ; j’ai eu auffi de beaux cryftaux en
lâiflant cette diffolution s’évaporer fpontanement
à l’air dans un lieu fec & pendant l’été.
Le carbonate de potaffe peut fervir de fondant
aux terres vitrifiables, comme la potafie,
parce qu’il s’alcalife, par l’aètion du feu , en perdant
1 acide carbonique } d’ailleurs lorfqu’on
chauffe fortement ce fel mêlé avec du fable dans
des creufets, on obferve que dans le moment
de la vitrification, il fe produit une vive effer-
vefcenc,e occafionnée parle dégagement de l’acide
aériforme. Ce phénomène prouve que la terre
filicée, ne peut point fe combiner avec l’alcali
faturé de cet acide , & que celui-ci s’en dégage
dans i ’inftant de la combinaifon vitreufe. Ce
cara&ère d’effervefcence eft fi conftant qu’il a
. été propofé par Bergman , pour reconnoître en
petit & par l’aélion du chalumeau, une terre
•filiçéé qui Te fond avec 1 e carbonate de potaffe ,
.en produifant ,un bouillonement ou une effer-
vefcence très-remarquable , tandis que les autres
terres ne préfentent point le même phénomène.
Cet effet eft fi Tenfible , même fur de très-
petites maffes, qu’il fait toujours" & fans aucun
doute reconnaître la filice , & qu’ il eft employé
avec avantage dans les analyfes des terres , des
pierres, des rendus d’eaux minérales, &c.