
chaleur , parce que c’eft par le feu que font
réparées prefque toutes ces fubftances. 11 fem-
loit ainfi qu'en attachant cette première idée
originelle en quelque forte au mot chaux on eût
voulu exprimer que toutes les matières nommées
chaux par les analogies qu’on trouvoit
entre ellqs , tiroient leurs propriétés communes
Se fur-tout leur âcreté , leur caufticité , leur
qualité brûlante de la chaleur qui leur donnoit
naiffance. On remarque la même intention dans
les mots C alcination & C alcaire , & dans
les latins Calx 3 Calcareus , Calinatio. Cette
idée a un fondement réel , fi la production
des propriétés de la chaux proprement
dite eft attribuée feulement à l ’aétion , -& non
pas à la combinaifon intime du calorique, mais
elle n’eft pas exa&e pour toutes les matières
qu'on nommoit autrefois chaux, & particuliérement
pour les oxides métalliques qu’on prépare
par beaucoup d’autres moyens que l’aétion
du calorique , & qui d’ailleurs quand ils font
faits par cet agent ne lui doivent qu’en très-
petite partie leurs propriétés , que comme à un
auxiliaire qui favorife i’efpèce de combinaifon à
laquelle ces propriétés font véritablement dues.
Cette' raifon fuffiroit feule pour faire fentir
que le nom de chaux ne convient qu’à i’efpèce
de terre qui le porte 3 & qui eft préparée par
le feu dont l’a&ion ne fait què dégager des
matières volatiles qui lui font unies par la nature.
Son origine commune ou la matière naturelle
dont on (l’obtient eft le carbonate de chaux 3 ou
toutes les matières crétacées depuis le fpa h* calcaire
& le marbre blanc jufqu’aux pierres à chaux
les plus gro{Hères & les plus communes. Voye% le
motCÂRLONATE de C haux. Voy<^ aufli l’ art du
C haufournier dans le, diélionnâire des arts &
rnéi.rr.
• Les chimiftes pour fe procurer de la chaux
très-pure chauffent ou calcinent dans des creufets,
des*con.ues.de terre^ ou dans des canons de
fufii 3 du'fpath calcaire ou du marbre blanc 3
qui paffent à cet état , lorfqu’üs ont perdu toute
l’eau & tout l’acide carbonique qu’ils conte--
noient : c’eft de la chaux ainfi préparée qu’on
va préfenter ici l’hiftoire, en faifant connoïtre
comment la chaux ordinaire , la chaux des
chaufourniers diffère de celle-là.
La chaux , nommée chaux vive dans les arts »
eft une fubftan.ee blanche qui £ plus ou moins
de cohérence, fuîvant la fblidité des matières
calcaires d’où elle provient ; celle qu’on emploie
dans les arts eft ordinairement fous la
forme de .pierre ou de corps folide & comme
terreux , d’un blanc gris ; celle qu’on prépare
dans- les laboratoires- eft fonvent en poudre ou
en fr.igmens peu folides, d’un blanc pur.
3a faveur eft chaude, âcre & urineufe \ elle
eft affez forte pour enflammer le tiffu de la
peau, lorfqu’elle y refte appliquée quelque temps.
Sa péfanteur fpécifique eft d’environ 2 , 3 , fa
folidité ou fa cohérence la laide toujours fragile
& même friable. Quoiqu’elle foit prefque
toujours un produit de l ’art , plufîeurs narura-
liftes l’ont trouvée dans la nature. Selon iWal-
lerius on a retiré de la mer de la chaux vive par
la fonde fur les côtes de Maroc ; on a dure que
quelques eaux minérales en contiennent. Monnet
dit en avoir rencontré dans les volcans de la
haute Auvergne. L’origine de celle-ci 11’eft pas
douteufe. .
La chaux verdit le firop de violettes, & la
couleur qu’elle lui donne eft bien plus intenfe
que celle qu’il reçoit de la baryte & de la magnélie,
terres analogues à la chaux ; cette couleur eft
même en grande partie détruite par la chaux s
& paffe promptement au jaune. Ces propriétés ,
ainfi que fa diffolubilité dans l’eau, rapprochent
la chaux des fubftances falines, & c’eft pour cela
qu’on i’a regardée quelquefois comme un fe l, &
qu’on l’a nommée fel terreux, terre faline.
La chaux n’éprouve aucune altération fehfible
ou connue de la part de la lumière 5 on pour-
roit croire cependant qu’elle l’abforbe & qu’elle
s’en pénètre , piifqu’elle en exhale pendant fon
extin&ion dans l’eau, comme on le verra plus b •
La chaux exppfée à un grand feu , comme
celui d’une verrerie., refte fans altération, 8c
elle n’eft pas fufibie par elle-même. Le verre
ardent de M. Parker a paru cependant y exciter
un commencement de fufion , quoiqu’elle fût
placée fur un charbon j lorfqu’on la chauffe dans
un creufet d’argile, elle fe. fond quelquefois
fur fes bords, mais c’eft en raifon d© la terre
du creufet fur laquelle elle agit. On penfe que
fi la cfraux ne fe fond pas dans nos fourneaux ,
c’eft que nous ne lui donnons point affez de
feu, & qu’ij en eft de cette terre comme des
matière-s- qui nous paroiffent les plus réfractaires
Sc les plus irifufibles, qu’elle couleroit en verre
fi on la chauffoit afiez fortement.
Expoféè à l’air j la chaux fe gonfle , fe fendille
& fe réduit en poudre 5 elle acquiert
beaucoup de volume, plus de pefanteur qu’elle
n’es avoir, une divifion fîngulière & une blancheur
éclatante* On la nomme dans cet état chaux éteinte a
pair. Ces.phénomènes font d’imrant plus prompts
& plus marqués,que l’air eft pta’ffùmide. Il s’excite
de la chaleur, ou il fe dégage du calorique-,
pendant cette exrindtion fèche ; la çhaux fe di-
vife & fe dilate avec affez d’ êfforï pour courber
& écarter les parois des ' va fes de bois , & fpé-
cialement les douves des tonneaux dans lefquels
on la renferme fouvent. J ai vu plusieurs fois
les cercles des tonneaux brifis par le gonflement
qu’elle éprouve & les douves courbées
de manière à changer finguliérement la forsne
des
des tonneaux.- Si l’on obferve cette fubftanc.e
après fon èxtindlion à raiL' , on la trouve fous
laforme d’unèpôufiière ttès-b 1 anche & tres-fine 5
©n y reconnoît uhe augmentation; de poicls très-
rèmarquable., éé une favepr. beaucoup moins
forte qu’auparâvànt. C ’eft pnncipalementù;l’eau
contenlie dans- l’at'mo fphère 3 & a la fopcë avec
laquelle là chàux tend à* .s’y unir, que font dus
ces phénomènes* aufti en chauffant de fà 'thaux
éteinte X l’âîr dans ,une cornue , jufqu.’ à la faire
bien' rougir^- on en retiré de l’eau, & la chaux
eft dansi le meme ' é^t qu’âvàht fon émndlipn,
c’eft-à-dire , d’un faveur très-âcre & fufceptible
d’éprouVer de nouveau les mêmes phénomènès
par fon expofition à l’air.
L’eau a une adlion très-forte fur la chauxyiveA
| Lôrfqu’on verfè ce lïquidëen petite, quantité fur
un -morceau de chaux ou fur cètce terre en poudré-
mais non éteinte à l’air 3 elle l’abforbô .prompte--
ment | elle, pàroît aufli -fèche qu’auparàyaht ;
bientôt , fi .elle, „étoit | elfe' s’éclate, Te
brifè en fragraens 5 la chaleur qui s’excite -alors
eft àffez . forte pouf 'produire un fifEement re-,
marquâble 5 l’eau eft réduite -en.; yapeurs^ &
exhale' une odeur particulière'j ceite vapeur^
y s,refit le papier teint avec la !'maiitre. Il eft
évident, par cé'feul fait dont je me fuis afluré par
aes expéri'ehces exaites , que . des n^qieciiles dè
chaux'- -font 'volati'l^ée?-';-àyé^ l’eau en vapeur,.
& qué c’èft à eës mpléc'ulës qu’eft due rôdeur
grade de Cette vapeur, ainfi que fes' autres pro-;
prières alcalines. On verra le- même phénomène
avoir lieu dafis la difloiution des alcalis fixes.;;
La chaux fe- divife extrêmement par cettè abforb-
tion d’eau , & tombe entièrement en pouflière.
Alors, la chaleur , le mouvement & là fümée
diminuent, peu à peu 8^ çèlïe.nt'tout-à-fait. Si
l’on; fait cette exfinéfion pendant la nuit- & 'dans
î ’obfCurité, s on obfervé ique- la (utface de la
chaux eft lumineufe dans beaucoup de points.
Cette lumière phofphorique eft fur-tout.. fenfible
dans les ''temps très-chauds, ’fous .ces phéflo-
mènes dépendent de l’aétivitë avec laquelle Cette'
fubftançe falino-terreufé” s’unit à l ’eau- j mais
pour qii’ils aient lieu , il ; faut ^'employer que
très-peu de Ce l iq u id e & n’èn vaettre qu’au-'
tant que la -ckaùx peut en abforber enfè féchant
promptement j il paroît que. le. calorique qui fe
dégage^de ces deux corps pendant leur ■ union,
aufli rapide 'qu’intime change, leur éta t, &- que
la chaux éteinte & pulvérulente qui- en. réîulte,
contient l’eau fèche ,' foiide ou glacées cet état
fec de J’eau qui a lieu dans beaucoup ^e com-
biniifôns qui fe font avec chaleur, & qiii pro-
duifent dei' compoféS foüdes dont le calorique
fpéçifiqüe ou combiné vèft |moins confidérable.
qu’auparaVant, n’a pas affez fixé l’attention
des .chimiftes ; o u , pour mieux dire, ils ne
l’ont remarqué que depuis quelque çems. Ce
Cium i î , Tome III,
qui importe rdans la çqnfideratiqp de çç pbq-'
nomène , c’eft d e le regarder cômïr.e un la-c
-géhéral qui a lieu dans toutes lès-^maueres* fa-
lines tfës-âvides d’eau. Ainfi - les alciprs fondes,
les fels fçèsrdiflTôluJyks ^ calcinés; , 'nbforbent
l’eaii liquide avec aétivité, la. fondirent plus
ou moins y & 'éi?déga‘gént unej^r^de^uantite
de calorique. D'd V là ‘vient la 'fididipÈwe. Ci s
matières contraóienf depiusp les mottes
■ rentes" que-'formele fel marin jufqii àux nwfis
.dufés que donne le munate calcaire en abforbanc
l’eau. ■
I ... Loifque id' chaup^a abforbé' dans cette expeV '
rlence toutefl’éau.à laquelle elle peut s unir, pour
refter fèche,, on l’appeüë c^ irf , étemte a feç;
: elle ne fécliaiiffe piu$ -àvec u’êÜu'V^ Sc ®
iiques’ÿ diflouqrc'fahs 'mouvement bien fëniïbir. f
; g] f on mêlé' avec! cette 'fivbftan'cë'-' la - quantité
d’eau rieceftaire pouf la délayer on rorme. un
liquide blàricN dans lequel; il y a beaucoup ce
chaux fufpenclue &. qu’on nomme improprement:
! lait de cftaûx j on. -donne a cette liqueur une
ttaiiïparéheè parfaite^ en ÿ t-aloiitant une afTex'
grande quantité-d’eau pour drfioudrevGqnvplettç- -
ment la-matière falino-'te’n'eûfet 1VL Kilwan dit
qu’il faut. enyiron 680 fois fon; poids .d eau pour,
la tenir • en diffolution y-à la tenrpçfaturp .de^éo
degrés. J’ai trouvé .qu’il faut 700 parties d eau
diftillée pour dilToudre f • ' *
♦ Autrefois on cr-oyôit qu’il h’ÿ àyoitqn’unë'partip
..de la c/z.-2:.a- ûiffoïuble dans,l’eau 5 aujourd'hui oit
fait que la chfaicx eft'toute entlète fuicëptible oe (c;
-■ diffoudre dans ce. liquidé. Autrefois on rejetf'oit
la plus grande partie de la térre'' calcaire pour
ne confervèr que celle qui étoit difloutè. da.ns
|a portion d’ eau avec laquelle on avoir mêlé
cette terre, & on ne s’etoit pas avifé ds penfe r
que tout pourroit fe diffoudre fi l’on 'ajoufoit
une quantité'fuflifahte, dejdiquidé. Aùjonrd’hfii
pour^prépaxef l’eau à&ïfoaUx .dans les laboratoires,
on co.nferye.'de h.jchaux bien vive 3-: bien pure -
' darts • des boinè-üles bien bouchées, & l’on en
prend quelques fngmens-pour les oiiioudre dans
lè-au j le- tout alors paffe -dans ce liquide. Quel- r
que fois & la chaux
commune qui contient ae .l’alLimsne., & d.e la
filiçe;,. il y a une portiôn qui ne, fe . difïout
pas. dans l’eaù. ï,a chaux pure des laboratoires
sty diffqut toute* entière-,^ jufqu’à la dernière
molécule.
i Cette; diffolution: qu’on connoît fous le nci»
dreàïi ' de .chaux eff claire & limpide } fon poids
eft peu' fenfiblement fupérîeur a- celui de l’eau
cbmrnuiie ; elle; a cependant une faveur àcre_&
urineufe pelle verdit fortement Je firop de vio-
lettes, & elle en altère même la couleur. Lorfqu’on
l’évapore dans, dès viéileaux fermés , on
en retire de l’eau très-pure, & il refte au fond
. I i
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