
& remploi de Ti voire , de l'écaille, de la corne,
deftines par les chinois à un grand nombre d’u-
fages.
Les romains n’ont reçu la chimie que très-tard
des égyptiens & des grecs , après les avoir fubjligués.
Ce peuple guerrier , en faifant le plus grand
cas; du courage , de l’audace & de rôtit ce qui
tient à la guerre, =a méprisé les arts 8c les
fciences jufqu’à Tepoqiie où Marcellus , Scipion,
Paul-Emile| eurent tranfpbrté à Rome l’élégance
& le goût des peuples qu’ils àvoient vaincus.
La beauté dé leurs flatues , de leurs peintures &
de leurs monume ns d’architeètnre étoit due à des
artiftes grecs. Ariftote parlé d un Tel retiré des
cendres' de rofeaux de joncs chez, les um-
brietis. Vitruve decir*> a fiez clairement'l’art
d’extraire l'or des étoffes par l’incinération &
par le traitement des cendres à l’aide du mercure.
Pline l’indique également ainfi que l’argenture
, 8c l ’art de déterminer la pureté de l'argent -
par la pierre-de-touche. Pétrone rapporte l’hiftoire.
du_ prétendu verre flexible préfenté à Gefar, &
qui ayant été boft.èiépar la chute fut redreffé a
l ’aide du marteau j il ajoute que Tempe rein- fit-
mourir l’inventeur , de peur que fa découverte
ne’ rendit l’or trop vil y mais Pline, en racontant .
ce trait, qu’il place fous Tibère, annonce qu’il
eft plus célèbre que certain. On croit trouver
dans Sénèque une phrafe qui annonce la découverte
du pyrophore, lorsqu’il parle de recueillir le feu
par l’alun. Les ornemens, les habits élégans & /
précieux furent recherches des romains à l’époque
où leurs a‘mes devinrent moins glorieufes. ôn
apprit a fé couvrir la peau dé pâte & de fard,
les cheveux de poudre d’or. Le verre remplaça
pour fermer les ouvertures des maifons & laifler
paflfer la lumière la pierre fpéculaire qui étoit
alors une efpècé de <gypfe. Les perles, les pierres
précieufes etoient tres-eftirhées|polies 8c (culptëes
ou gravées’ en creux ou en faillie. Le fénareur
Nonius, en fuyant, emporta une opale du prix de
vingt mille felierces. Ce fut fous Néron que l’art
de faire le verre, trouvé-depuis long-temps dans
rEfpagnë & la Gaule , fut établi à Rome.
Les peuples du nord : ont. aùTi cultivé quelques
arts chimiques à oètte époque reculée ;
ils', fa voient travailler les métaux j les appliquer
en feuilles , forger des inftrumens-de guerre &-
d'agriculture, préparer des liqueurs vineufes .
avec le miel & les grains , extraire le fel dés
eaux, &c.
6: Réfumé fur Us conncijfances chimiques des -premiers >
âges.
Après la création on doit placer l’invention
des premiers arts utiles qui appartiennent à la
fkimic. Ces ait§, après le déluge, ont paffé en
E g yptej onyreconnoît même quelques traits
de théorie , tirée des phénomènes obfervés &
rapprochés. Chez les chinois ces arts avoient
fait depuis long-temps d’étonnans progrès. À in fi
l’origine de la chimie fe trouve naturellement
précéder celle des autres fciences. Pendant cinq
mille'ans la chimie ajouta au polythëifine les myf-
tères de les lèCrets Hz de (es procédés. La per-
fécution des premiers chrétiens, fit qu’ils s’occupèrent
plus à échapper & à fuir qu'à cultiver
les aïts & les fciences.
Ce ne fut qu’àprès Conftantin qu’ ils s’adonnèrent
à l'alchimie. On ne connoiifoit encore
que le vinaigre parmi les mènfrues acides. L'alcali
minéral étoit nommé nitre , l’alcali végétal,
très -imparfaitement connu, Si le Volatil entièrement
ignoré. Parmi les fels. neutres, on connoif-
foit le fel de cuifine & le fel ammoniac j parmi
les fels moyens terreux , l’alun étoit le feul
dont oh fe fer voit y le Vert-de-gris 8c le vitriol
verd , les feuls défignés parmi les fels
métalliques.
On ne diftinguoit que la terre calcaire 8c la
terre argiléufe 5 un grand nombre de. pierres
étoient cependant connues & employées.
Le foufre, les huiles exprimées .ou obtenues
par la diftillation defeendante étoient les feules
matières inflammables en ufage; l ’alcool 8c l’éther
étoient parfaitement inconnus. ■
On connoiffoit fept métauxparfaits ; le platine
feul étoit ignoré. Mais à peine avoit-on quelques
légères notions des métaux imparfaits quelques
auteurs ancien-s paroiflent avoir établi une diftinc-
tion entre l’étain 8c le plomb blancj ce dernier
doit être le zinc, le bifmuth ou l ’antimoine ;
mais ii y a une grande incertitude à: cet égard,
puifque, Pline lui. même , qui paroit cependant
avoir connu ces trois dernières fubftances métalliques
, diftingue le mercure , hydrargyrum , du
vif - argent.
Si l’on en excepte les expreffions, les digef-
tions & les décodions, on f-ifoit.peu d’autres
opérations chimiques. Cependant on trouve
quelques traces de l’élixation, de l’évaporation,
de l’épâiffiflement des liqueurs par le feu, &,
peut-être même de la cryilallifation> de la fubli-1
matiorf, de la calcination, de la diftillation defcen-i
dante, de la tufion , de la liquation, de la vitrifi-
cation & de la fermentation.
On doit conclure des monumens dont Pefaiiilfe
vient d’être préferitée , que les 'temps anciens
n’offrent que l’enfance de Vart , quelques vérités!
rares, éparfes , recueillies d’après l’obfervatioii'
& la contemplation, & non déterminées par-
des expériences fuivies 8c variées. Les anciens^
-manquoient des inftrùmens 8c des méthodes né-
celfaires pour féparer, recueillir 8c reconnoïtre
les principes des corps' naturels. On y cherche-
roit envain aucun des fecours 8c des moyens
néçeftaires pour lier les vérités, 8c pour élever
un fyftême de connoiifances exaêles.
§. IV. Du moyen, âge de la chimie,0« dés temps obfours
de ihifioire de cette fcience ,' compris entre le milieu
du feptiéme fi'ecle & le milieu du dix-feptiéme.
I. Efquijfc générale de cette période.
Cet âge de la chimie commença 'à la dtftruc-
tiori.de'la bibliothèque d’ Alexandrie par lès ‘arabes
vers lé milieu du feptiéme fièclc, & s’étend un
peu au-delà du milieu du dix-feptième, jufqu’à la
création des premières fociétés favantes de l’Europe.
Cette époque comprend environ mille ans.
L’académie Del Cimento fut fondée à Florence
en , ré}' 1 ; la Société Royale de Londres le fut
par Charles II en lééo j celle des curieux de la
nature, en 1664, & enfin l’académie des fciencer
dé Paris en iééé par Louis XIV. Les ténèbres
qui couvrent cette partie de l’hiftoire de la fcience
permettent qu’en la comparant à l ’hiftoire civile
de ces temps, oft la défigne par le nom de moyen
âge j on verra d’ailleurs en en parcourant les
principaux traits, qu’elle mérite bien véritablement
le nom d’art hermétique ou alchimique
qu’ on lui a donné pendant cette époque.
Au premier afpèci, la conftitution politique des
peuples où cette fcience fut cultivéè alors ,
annonce allez la barbarie où elle étoit plongée.
Les habitans de l’Arabie heureufe, que Ptolémée
nomme farrafins, attachés pendant plufieürs fiècles
à l’empire des romainsfervoient dans leurs
armées.- Vers le commencement du feptiéme
lîèdé, fous lé commandement d’Héracîius, ils
occupèrent l’Egypte , qu iis àvoient tenté d’envahir
depuis trofs ans. 'Un peu auparavant ils
avoient fembrafte le mahométifine , & fous la
conduite de Mahomet ils avoient ravagé la Syrie.
En Egypte, ils dévifterent les trèfors dés fciences
comme les monumens des arts. Ptolemée Soter,
fondateur.de 1 école d’ Alexandtie^, avoir commencé
à y former une grande bibliothèque , &
au temps de la mort de fon fils Ptolémée Phi-
ladelphe , elle contenoit déjà cent mille volumes 5
lemombre'en avoit été enfuite.porté à fept cents
mille. Tous les manuferits qu’on pouvoit recueillir
étoient foigneufement copiés, on en remet
toit les copies aux premiers propriétaires, & on
en confervoit les originaux. La première ' colle
61i on, d’environ quarante mille volumes, étoit
placée dans le quartie'r d’Alexandrie nommé
Br.ichion j la fécondé, fituée dans la partie de
la ville nommée S e r a p i u m , en ! contenoit trois
cent y y La première fut brûlée accident
dans le liège. d’Alexandrie spar Juleà-Jefar y ■ la
fécondé, quoique plu fleurs fois dévaftée , étoit
devenue plus confldér«ble que l’autre. Elle avoit
été augmentée de deux cent mille volumes venus
de Pergame & donnés à Cléopâtre par Marc-
Antoine. En 642 les farrafins vainqueurs s’étant
.emparés de cette bibliothèque , le philofophe
jeairPhiloponus en avoir obtenu une partie pour
lui de leur chef Amri-Ebhol-As , auprès duquel
il étoit en faveur. Mais le calife.Omar, fans la
permifljon duquel ce don du général ne pouvoit
s’effcdluér, ordonna de brûler tous les livres qui
fe trouvoient a Alexandrie, d’après ce barbare
argument, que s’ils étoient d’acord avec l’alco-
ran ils étoient inutiles , mais que s’ils en
différoient ils étoient nuifibles. Cet ordre affreux
fut exécuré 5 (uiv.ant Abulpharagus, quatre miile.
bains d’Alexandrie furent chauffés pendant fix
mois avec les. feuls manuferits de cette fameufe
bibliothèque. Cet exemple fait voirie cas que fai-
foient des lettres.& des connoiffances humaines les
guerriers du feptiéme liècle. Les goths 8c les autres
peuples conquérans portoient ainif par-tout la de-
vaftation & la mort ; il luffit d’avoir cité ce qui
fe.paffa en Egypte à cette trop faméufe ép.oquè
de la barbarie, puifquè cette nation étoit la
feule où on eût cultivé jufques-là les arts chimiques.
. Quoique la religion de Maflomet ne promît
rien d'heureux aux fciences, quelques temps
après, ce conquérant fanatique , 8c fous la.dynaftie
des achémides, elles éprouvèrent quelque faveur.
Abu-Ja.ifar-Almahzor , fécond de. cette famille ,
qui dans le huitième liècle tranfporta le fiége
de rempilé de Babylone à Bagdad, s’illuftra
par la protection qu’il donna aux fciences &
fur-tout à l’aftronomié. Cette proteêlion s’ac-.
crut fous les califes; fuivans. Harun ou Aaron
Rafchid qui vivoit en même-temps que' Charlemagne,
rapprocha de lui plufieurs philofophes
& établit des. conférences favantes. Abdalla
Almamun , fon fils , qui gouvèrna depuis 81 y
jufqu’en B31; , fe'difiingua par fa douceur &
fon amour pour les fciences. 11 fit recueillir
avec grand foin les livres de toutes les langues ,
& les fit traduire en 111,arabe. Dans la paix avec
l’empereur Michel il mit pour une des
conditions expreiles, qu’il auroit le pouvoir de
faire venir & de fe procurer les livres grecs.
Depuis ce temps , les fciences ont trouvé un •
riyle. a.ffuré dans l’orient & dans l’Afrique. Les
.arabes les honorèrent & fondèrent beaucoup
d’écoles pour les er.feigner 8c les répandre.
Ils faifoient fur-tout un grand cas de l’astronomie
S: de l’alchimie qui furent liées par des rapports
intimes à cette époque. Cette liaifon des deux
1 <ciënces:n’a point été enfuite étrangère aux fàvans européens. Le célèbre Tycho-Brahé, tout oc-
; upé qu'il étoit à découvrir les mouvemens des
aftres, avoit un laboratoire où il efiayoit tous