
Ce dernier article nous donne à connoître que
la fubftance défigriée n'eft pas celle que nous
connoiflons fous le nom de plombagine} car]:
cette dernière traitée avec l'antimoine ne change*
en rien fa nature , & lui laiffe fes propriétés’par-]
ticuîières. Le même auteur dit que la fubftance!
qu'il a décrite , peut auffi, comme les autres*
' mines de* plomb' , fe convertir an feu en iitharge ; j
ce qui lait voir que C&falpin parle du bifmutk j!
mais d’ailleurs tous'les autres caractères qu'il a!
donnés à la molybdène j font très - bien ceux^
que nous reconnoiffons aujour^hui dans laplom-j
bâgine.
C&falpin eftdonc le premier qui nous ait donné:
une defcription où on reconnoiffe la plombagine } ■
mais il paroît, & Cæfalpin lui-même nous le fait
entrevoir , .qu'on Ja connoiffoit long-temps avant'
lui : je crois que c'eft d'elle dont Diofcoride parle,;- 1-orfqu il die, ( Diofcoride 3 livre 5 , chapMioo. ) , .
lu molybdène qui ejl de couleur bleue ou plombée eft\
de mauvaife qualité. Ce pafiage de Diofcoride>
convient très-bien à notre fubftance , puifqu'elle;
ne contient point de plomb, & le nom de molybdène
ou de plombagine lui fera refté pour la
. diftinguer de,s>vraies mines-de plomb.
Pott a auffi donné un mémoire fur la plombagine
; mais cet. auteur ne s'eft occupé que de;
Thiftorique de cette fubftance, & de prouver
feulement que la plombagine ne contenoit point
du tout de plomb y comme on le croyoitfavant
lui 5. il a auiïi dirigé fes expériences à prouver
qu'elle contenoit un peu-de fer.
Enfin, on trouve a l'article molybdène du dictionnaire
de Macquier des expériences extraites du
mémoire de L . . . , lëfqueîles femblent prouver",
que la plombagine contient beaucoup cie phlo-
giftique 1 & une très-grande quantité d'air fixe.
I.’analyfe de la plombagine a été depuis publiée
par Schéele dans les a êtes de Stockholm , troifième
tiimeitre de 1779. 11 réfulte de Son travail, que
la plombagine eft compoféed'air fixe &-de phlo-
giftique } nous devons cependant à ce dernier
d'avoir bien diftinguéla molybdène de la plombagine
} car avant lui l'on confondoit ces fub-
ftances ; & de-là vient qu'on les émployoit indifféremment
} de-là auiïi les différences dans
cè que les uns & les autres en ont dit. "C'eft '
ainfi que Pott travailloit fur la plombagine, &
plumbi & eodem modo lavatur. Rie profeëto alius ■
ejl a rend plumbi quam arenam plumariam vocal,
grdcc molyBditiam, ex quâ fit- qu&dam fpecies iitkar-
gyri. P ut o autem molyadoidem çjfe Japidem quetridam
in nigro fplendentem, colore plumbeo, tùclu adeo lu-
irico , ut pertaçlus videatur , m.anufque ungentium.
infecit colore cinereo, non fine, aiiquo fplendore plumbeo.
Vtuntur eo piBores corticuiis in eufpidem excifis3 adfguras defignanaas 3 appellent,autem lapidem flan- ]
n y trouvait pas ce que.Quift avoit annoncé.
Il paroîr que Quift avoir employé h molybdène.
-Les expériences Schéele fur la molybdène font
coiifignées dans la collection ci-deflus cité e ,
-année 1778. J'aurai foin de rappeler les expériences
de cet auteur dans le cours de cëlles que
;e donnerai fur ces deux fubftarices, qui font
très-differentes entr’elles , & je commencerai
par l'aiialyfe de la plovr'bagine ; mais avant d'en
faire 1 hiftoire , je dois obferver qu'elles font
auflï connues indiflinCtement fous les noms de
mine de plomb noire, crayon d'Angleterre , potelnt3
■ mine de plomb favoneufe , plomb de mer9 plomb de
mine, cenife noire , mica des peintres , crayon de
plomb , faujfe galène , talc-blende ; il paroît que
cè^dernief nom leur a été donné d'après l'idée
qu ont eu certains auteurs qu'elles contenaient
:du zinc , & qui d'après cela les ont affimiîées à
la blende : je fépareral, d'après Schéele, ces fub-
■ fiances en deux claîfes , confervant à l'une le
nom de plombagine , & à l'autre-celui de molybdène;
nous verrons que quoiqu'elles foient ftif-
ceptibles de varier l'une & l'autre dans leurs
-principes, elles font cependant très-différentes
■ entr'elles , & il fera très-aifé de les reconnoître:
les différences qui fe trouveront dans chacune
■ de ces efpèces , produiront des. variétés ou des
fubuivifions dans chacune des claffes.
§. I I . Ufages de la Plombagine.
L emploi qu'on Lait de la plombagine ne Iaifïe
pas d'être confîdéràble .} on s'en eft Servi de tous
te™s 3 faire des crayons, dont les plus
eftimés font ceux qui viennent d'Angleterre} on
les prépare d'une manière très-ümple avec la
plombagine qu'ils tirent de Refwick dans le duché
de Cumberland, où elle eft nommée Redon.
On commence par feier les rognons de plombagine
par petites tablettes très-minces , &: d'un
autre côté on a eu foin de disposer des cylindres
de bois avec des rainures de l’épaiffeur
des tablettes de plombagine : alors on les joint
( comme font deux menuifters qui veulent joindre
deux planches, ) & avec un infiniment, ils
coupent la tablette de plombagine , ..de manière
que la cavité ou ✓ rainure du petit cylindre fe
trouve bien remplie. .Si la plaque -de la plombagine
n'eft pas. de la grandeur du crayon, on
continue à ajouter .bout à-bout jufqu'à ce que
dr id, quia ex belgia dffertur; eundtm reperiri tradunt
in ger-mania , ■ ubi MJjnutum vocant, quern ajfumunt
cum jlihiq miflura liqucfafta ad fo.r.jnandos charac-
teres, yuibus impreffores librorum utuntur, materia
admodum dura & frangibili. Tejlantur ex eo quando-
que excoqui argenti aljquid & ubi reperitur , fubejfe
argentum fperant. Aiiud, genus ajfertur nigrum ,ut
carbo & crufofum , quam piUlores matitam nigram
vccant. Hi lapides (i urantur $ in -lithargiritm ytr-
tuntur ut yena plumbi, .
le cylindre foit rempli dans fa longueur. Auffi
voit-on dos crayons qui font de dirferens morceaux
j quant à la fciure qui fe fépare en feiant
la plombagine } 011 s’en fert à la,place d'un corps
gras pour grailler les rouages de certains inftrumens}
on l'employeaiilfi pourfaire des crayons d'une qualité
inférieure j&on emploie demêmeïes morceaux
de plombagine dont on ne peut pas retirer des tablettes
} ce font-ordinairement les juifs qui font
ces derniers crayons, foit en fondant cette-fciure
ou poudre de plombagine avec du foufre , ou
bien en l ’empâtant avec un mucilage > c'eft-là
cette efpéce de crayons fi commune à Pans, où
on la vend fous le. nom de vrais crayons d'Angleterre.
Les peintres qui ont fait ulâge des premiers
, les diftinguent ;facilement des derniers
qui ont une rudeffe que n’ont pas les premiers.
Mais'il y a des moyens fûrs pour reconnoître
s'ils font faits avec du foüfre } alors , en les
approchant d'une chandelle allumée , le foufre
brûle } fi c'eft avec un mucilage , il n’y a qu'à
les faire tremper quelque tems dans l’çau & le
crayon perd fa continuité. Ces deux derniers
hénomenes n’ont -pas dieu avec les vrais &. les
ons crayons d’Angleterre , qui ne contiennent
ni foufre jri mucilage } j'ai infifté un peu fur
_cet objet , parGe que je nie fuis trouvé quelque
tems induit en erreur, d'après l'analyfe que je
faifois de la plombagine d'Angleterre , en me
fervant des crayons que j\achetois°trèsTcher ,
comme venant de ce pays, & je- concluois que
la plombagine d'Angleterre contenoit du foufre 5
mais celle que je me fuis procurée dans la fuite,
dü pays même & par des personnes de confiance,
n'en contient pas du tout. On fait auffi descraydns.
avec la plombagine d'Allemagne qui eft aflez
commune à Paris , &: cependant on eft tellement
porté à la fophiftiçation, que .ceux qui:
IJs y préparent y ajotitent encore du charbon ,:
du foufre, &ç. On en prépare auffi aitec la ré-!
fine , ;& ces derniers approchés d'une bougie
allumée , brûlent comme de la cire d'Êfpagne.
La plombagine fert encore pour garantir le;
fer de la rouille , & l'emploi qu'on en fait eft
très-confidérable : tous les uftenfiles , comme
poêles, plaques de cheminée, cheminées pruf-
fiennes , 8çc, qui paroiffent très-brillans , doivent
cette couleur a la plombagine dont ils font
couverts ( 1 ). Ceux qui préparent le -plomb
(1) Homberg a donné dans' les mémoires de l'Académie
, année 1699, un procédé pour garantir le
■ fer de la rouüle , & il fait ufage de la plombagine.
Voici le procédé tel qu’il l’a décrie. Prenez 8 Iiv.
de panne de porc bien féparée des parties étrangères,
/v"è>s l’avoir fondue avec un peu deau, on y ajoute
4 onces de camphre coupé par morceaux, &. quand
la duTplution de ce dernier eft faite, on retire le va fe
du f e u & taut que la cpmpofiçion refte en cote
de chàfTs, s’ en. fervent pour adoucir & brunir
leur grain ; on l'emploie avec avantage pour
couvrir les cuirs à repafler les rafoirs} elle entre
auffi dans la composition de certaines poteries
•plombées qui viennent d’Angleterre , & elle
fert encore pour préparer les creufets qui font
connus fous lè nom de créufets à’ Ypfen ou d’Allemagne.
C ’eft a Pajfaw en Saxe que fe fait cette
préparation } & comme on eft obligé de pul-
vérifer la plombagine pour l’employer, & qu'elle
he reprenaroit point corps feule, on y ajoute une
certaine quantité d'argiile qui donne non-feulé-
ment de la confiftance au creufet, mais encore
garantit la plombagine de la vive aêlion du feu
qui .la détruirait bientôt.
Pott a auffi fait entrer la plombagine dans la
compofitioh dé fon lut pour lutter & brafquer
fes creufets } mais il y joignoit un peu de pierre-
ponce & d’argiile 3 avec une fuffifante quantité
de bierre. J’ai eflayé ce lut qui réuffit très- bien.
J'employé une partie de plombagine, trois de
terre argileufe ordinaire & peu de bouze de
vache coupée très-finement : les cornues de
verre enduites de ce lut peuvent recevoir un
-fe,u beaucoup plus vif fans fe fondre, & lorfque
cet accident leur arrive , on trouve la cornue
fondue fans que le lut ait changé de forme.
La plombagine étant bien pulvérifée, eft fi
douce qu'on ne la fent point entre les doigts :
J’en ai bien enduit les couffinets d'une machine
électrique.pour voir f i, comme i'aurum mufivurn ,
elle ne pourroit point Servir à produire une ‘quantité
plus confidérable de matière , électrique ;
j'ai obfervé qu'on n'en retiroit point un pareil
effet} cependant dans le cas où l’on n'auroit ni
aurum mujiyum ni amalgame, on pourroit l'employer
avec quelqu'avantage 5 la plombagine tranf-
met la commotion éleCtrique , comme les fubf-
tances métalliques.
D'après l’hiftorique fuccinCl que je viens de
donner de la plombagine , il eft aifé de voir
combien les Jentimens varient fur la nature de
c.e.tte fubftance. La -plupart de,s auteurs .de chimie
n'en ont point-fait mention, & il eft rare
d’en entendre parler dans les cours de chimie.
M. Darcet en a cependant parlé dans fon cours
de 1783. Il a fait voir les réfultats qu'il ,eut d'après
chaude, on y ajonte la quantité de plombagine né-
ceffaire pour lui donner une couleur plombée. On
frotte lé fer & l’acier de cette c.ompofidon, & il faut
auparavant faire chauffer les uftenfiles qu'on veut
plomber , au poinc qu’on ait de la peine a les tenir •
lorfqu’ils font froids , on les efluie avec un linge*
Ceux qui donnent la couleur plombée au fer, font
myftère de leur compofîtion, -mais il n’y a point de
douce, que ce ne ioit d’un procédé analogue à ce