
par la combîhaifon de cette vapeur de diamant i
avec 1 air ; il. obferve que le diamaut,, chauffe I
dans de 1 air fixe ou gaz de la craie , ne fait que
Sievaporer , fe bourfouffier, bouillonner fans fe
brûler ; qu’il éprouve cet effet plus. lentement
r , ne bruis dans l'air ; que le cnarbon, traité
oe la meme manière ou dans l’air ou dans le gaz
de la craie, préfente abfoiument lès mêmes
phenomenes. Il termine ce mémoire par une
-Comparaifon frappante entre le diamant & le
cnarbon par rapport à leur combufiibilité , à
leur vclatiüfation cians l’air Sc à l’altération iden-
tique qu’ils prpduifént dans celui ci. On , voit
qu il avoit déjà une idée beaucoup plus exacte
& plus etendue de la caufe de la combufiion,'
que tous les pbÿfiçiens qui l’avoient p ré céd é&
qu il commençoit à jeter dès-lors les premiers
fonaemens de la théorie pneumatique.
Ce fut en 1774 qu’il développa , d’une ma- î
mère au® claire que pofitive &' piquante , les
premières bafes de cette belle théorie dans un
mémoire fur la calcination de Vétain dans .les
vaijfcaux fermés. , & fur la caufe de. Vaugmentation
de poids qu acquiert ce. métal pendant cette
opération. Ce mémoire fut lu à la rentrée, publique
de la Saint - Martin- de l'académie des
fciences en 1774.; après avoir rapporté une expérience
de Boyle fur la calcination du plomb
& de l'étain dans des vaiffeaux fermés, & réfuté
la théorie de ce phyficien, qui attr-ibuoit au feu
1 augmentation de poids, laquelle auroit du avoir
lieu dans le total de l’appareil,, candis qu’elle n’a
lieu que dans le métal, réfutation que nous avons
déjà dit avoir été faite près de cent ans auparavant
par le P. Chérubin d’Orléans, Lavoifîer
décrit , avec, fon exaélitudè ordinaire , deux
belles expériences fur cet objet. Du plomb &
de L'étain,purs ont été fondus & coulés dans
des petits,:tubes ou moules de papier roulé &
ficelé qui en ont formé de petits lingots ou
baguettes de trois lignes de diamètre. Huit onces
de ces .lingots ont été introduits dans des cornues.
de verre d’une grande capacité, dont le
bec étoit enfnite tiré à la lampe d’êmaille.ur en
un tube capillaire très-fin ; les cornues, étoient
préfentéesfur un feu de charbon jufqu’à ce que
l'étain commençât à fe fondre, afin de laifièr
fo.rtir une portion de l’air dilaté par l’extrémité
du tube capillaire, & de diminuer le danger de
la fraéture qui pouvoit être produite par cette
dilatation dans levaiffeau tout-à-fait clos! A. cette
époque de la fulion du métal, on fermoit hermétiquement
les cornues en fondant leur extrémité
capillaire à la lampe & fans les enlever du feu
de charbon fur lequel on les tenoit toujours
fufpendues 5 on les repefoit alors , pour lavoir ce
qui s’en étoit échappé d’air ; on continuoit à
les chauffer, afin que l’étain fondu- pût fe calciner
& jufqu’ à ce que cette calcination s’arrê-
I 1c3t.i,.en les repefant:, après les avoir Iaiffè re-
I troidir , on retrouvoir le même poids , S t , lorf-
qu’on les -rouvroit pour y laiffer entrer l’air &
qu une nouvelle pefée indiquoit ce qui y étoit
rentre de ce fluide élaflique , on favoit alors
ce qui s’en étoit combiné avec l’étain , lequel
repefé lui-même , donnoit le même réfultat paî
fon augmentation. Lavoifier avertit que cette
expérience n’efl pas fans danger ; qHe, dans le
plus grand nombre de celles qu’il a répétées, il
y a eu fradtme des cornues; qu’il n’a pu en avoir
que deux qui ont réuffi , St que-, pour éviter le
danger, il faut fe couvrir la figure d'un mafque
de ter blanc garni de verre très-fort vers les yeux.
Il recommande encore, .& avec raifon, de fê
fervir de balances très-exaéles & allez, fenfibles
pour effimer les plus légères,pertes ou augmentations.
de poids : & l'on conçoit, bien que c’efl
un des befoins les plus indifpenfables ides expé-
riences modernes. Dans la première expérience
qu il décrit, la cornue contenoit quarante-trois
pouces cubiques d’air ou vingt-un grains ; il en
fprtit douze pouces ou cinq grains deux tiers
avant la fermeture hermétique j . les huit onces
d'étain fondu fe calcinèrent en préfentant line
pellicule!& une grande quantité de flocons noirs
légers ; la cornue fe ramollit & s’allongea vers
fon, fond ; après la. ceffatisn de la calcination.
& le refroidifféraient de la cornue , il rentra
3,13 grains dair-en l'ouvrant 5 ces 3,13 grains
: fe retrouvèrent en augmentation dans l'étain :
amn un cinquième de l'air avoit difparu. Dans
la fécondé expérience ,. il avoit une cornue beaucoup
pius. grande & de 250 pouces cubiques de
capacité ou contenant 120 grains d'air 3 il en
fortit 34g 87 grains par la dilatation & pendant
; la fulion de letain. Il fe forma ÿ par la calcination
, des flocons noirs trèsabondans qui
pafsèrent fous l'étain. Après la calcination il
rentra 1 0 ,oé grains d air j l'etain fe trouva âug-
menté de 10 grains, ce qui fait entre un huitième
& un neuvième d’abforbé. Lavoifier tira ,
de ces deux expériences , les réfultats fuivans
déjà annnoncés dans les chapitres V & VI de
fes opufcules, mais beaucoup plus exaéiement
prouvés dans ce mémoire. i° . On ne peut cai-
ciner qu'une quantité -déterminée, d'étain dans
une quantité donnée d'air 5 20.- cette quantité eft
proportionnellement pius grande dans un grand
vafe que dans un petit 5 3°; les cornues, fcellées
hermétiquement j ne préfentent aucune différence
de pefanteur avant & après la calcination 3
1 augmentation .du poids, de l'étain ne vient donc
ni du feu 3 ni d'une matière extérieure comme 1 avoit cru Boyle 3 4°. dans la calcination de l'é-
tain 0 l'augmentation de fon poids eft égale à U
quantité d air qu'il abforbe. Lavoifîer annonça,
de plus que .quelques cireonftances de ces premières
expériences lui faifoient- foupçpnner que
la portion d air abforbée par les métaux, étoit un
peu plus lourde que l’air de Tatmofphère , tandis
que celle qui reftoit étoit plus légère > que l'air
de l’atmofphère contenoit deux portions différ
rentes, l’une lufeeptible, de fe combiner avec
les métaux | l'autre ne s'y combinant point ; que
la totalité de l’air n'étoit pas refpirable 5 que
c'étoit la portion faiubre qui le fixoic dans les
métaux ; que i*autre reftant étoit une efpèce
de mofette, ne pouvant fervir ni à la refpira-
tion ni à la calcination 5 que, quand on callci-,
noit les métaux, on failoit une èfpèce d'analyfe
de l'air. Lavoifier joignit à fon premier mémoire
l’extrait d'une lettre que lui écrivit, le
n novembre 1774 > le père Beccaria, & dans
laquélle J'on trouve une:expérience ingénieufe de
ce phyficien qui prouvait' la même chofe que
celles de Lavoifier, & qui faite depuis longtemps,
avoit été coq lignée par le doéteur Cigna
dans Je fécond volume des Miftellanea de Turin.
Je fonds ,- dit le phyficien italien , de la raclure
d'étain dans une bouteille dé verre très - forte
fcellée hermétiquement j il, s'y ..formé une pellicule
de chaux très-mince 3. mais;èlle n'augmente
pas davantage. Si à cette bouteille je foutie hermétiquement
des vaiflèaux de verre, la portion
de chaüx qui fe forme croît en proportion-dé
leur capacité j la fomme totale du poids ( en
ayant la précaution d'enlever de la -Bouteille, le
léger, enduit que forme la flamme de l'efprit
de vin , dont je me fers pour cette opération ■)
refte la même ; -mais:, les flacons ajoutés, qui
avant la calcination fe-trouvaient en équilibre
avec là bouteille fur un certain point, cefient
d'y êtfe après l'opération , les», flacons fe trouvent
légers & la bouteille emporte.
Tout’ en liTant-ce mémoire à l'academie , Lavoifier
continuoit fes expériences , & cherchoit
à pouffer plus loin lés réfultats relatifs à la:calcination
des métaux, qu'il fegardoit avec:-rai*
fon comme un des phénomènes les plus importa
i & les plus propres à éclairer la théorie
générale de la chimie. Ce fut donc une fuite naturelle
de fon travail , qu'il inféra dans1 un mémoire
fur la nature dit principe qui fe combine avec
les *métaux pendant leur calcination & qui en
augmente le poids , lu à la rentrée publique de
Pâques 1775. Après^ avoir rappelé ce qu'il a dit
dans le précédent mémoire , qu'e la portion d'air
uni aux métaux pendant leur calcination eft la
plus falubre * il prouve dans celui-ci que l'air
qui fort des chaux métalliques fortement chauffées
eft auflî le plus refpirable & le plus propre
à la combuftion ; que le charbon qui fert à leur
rédudion fe détruit tout entier, fe. combine
avec le fluide élaftique contenu dans la chaux,
& que l’air fixe qüi en fort alors n'y étoit pas
réellement contenu. Pour prouver ces nouvelles
vérités / il failoit traiter les chaux métalliques
réductibles par elles-mêmes 5 les chaux -de fer
réductibles aux- verres ardens & placés- fous- des
cloches avec de l'air dévoient ajouter à la quam-
tité de celui-ci en fe réduifant ; mais ces expé+*
riences ne donnant que des réfultats incertains ,
Lavoifier a préféré: fe fervir du mercure précipité
per fe rédù&ible fans addition à une chaleur
médiocre j il l'a chauffé feul ou mêlé avec
du charbon dans une petite cornue de verre ,
dont le bec très-long étoit courbé à la lampe
pour pouvoir être placé fous des cloches & y
porter au-deffus de l’eau le fluide élaftique qui
fe dégageoit. Un once de précipité per fe , trairé
ainfi avec quarante - huit grains de charbon en
poudre lui a donné foixante - quatre pouces
d'air fixe tuant les animaux , éteignant les bougies,
précipitant l'eau de chaux : il en a conclu
que ce précipité eft une véritable chaux métalr
lique. Dans une fécondé expérience , une once
de ce précipité, chauffée feule dans une cornue
recourbée de deux pouces de capacité , lui a
donné, dès que ce vafê a été rouge , de l'air
. dont il a recueilli foixante-dix-huit pouces cubiques
> il y a. eu fèpt gros dix-huit grains de mercure
réduit. Cet air, plus pur que l'air commun,
ne s'uniffoit pas à l’eau , aux alcalis, ne préci-
pitoit pas l’eau de chaux , fervoit plus que i'air
commun à la calcination, à la combuftion & à
la respiration î c ’étoit cet air qui , fuivant Lavoifier
, fe fixoit dans les métaux en paffant de
- 1 expanfibilité. à l’état de folidité. Quant à l'air
fixe obtenu dans l'autre expérience , il prove-r
noib manifeftement du charbon employé. Toute
chaux métallique doftneroit de l’air pur | fi elle
étoit réductible par elle-même 3 le même air eft
contenu dans Ië nitre , il y devient de l'air fixe par
le charbon avec lequel on fait détourner le nitre.
Lavoifier termine ce mémoire frappant par
i la netteté des idées & la précifion fingulière
; avec laquelle elles font préfentëes^, par annoncer
qu’il fera connojtre, dans un autre , la formarion
de l’air fixe par le charbon & l'air éminemment
* refpirable.
L'apnée fiiivante 1776 , Lavoifier occupa
l’académie des fciences de la nature & de la
| décompofition de l'acide du nitre. Il y I4.1t , le
20 avril , un mémoire fur f exiflence de l'air dans
Vacide nitreux 3 & fur les moyens de décompofer &
de récompofer cet acide. Il rappelle d'abord qu'il
a d it, dans fes opufcules , que le phofphore ea
brûlant fous une cloche abforboit le cinquième
de l'air j qu'on retrouvoit cet air dans l'acide
provenant Hé cette combuftion, qu'il en étoit
de même du foufre.Ici il s'élève à < des idées plus
générales, à une conception plus vafte 5 les acides‘
contiennent tous dé l'air, & diffèrent les uns
des autres- par là nature du principe qui eft uni
à cet air : ce qui’ jufqué-là n'avoit ete ’de fa part
j qu'unè conjequre , eft devenu pour lui une vé-
i rité démontrée. La préfence de l'air dans les