
cette expérience né réuffit pas auflî bien que la
première î il n'y a qû’une petite portion de l'acide
fiiKurique qui foit decompofée 5 il faut que le
charbon foie rouge pour en opérer la décom-
pofition complette. Cela dépend de 'Fattraction
relative.du foufre & du carbone pour l’oxigène;
le carbone paffe pour être le corps qui ait le plus
d'affinité pour l'oxigène, 8c qui Fenleve à tous les
autres, même à l'hydrogène, ouifqu'il décompofe
1 eau 5 cela n'eft vrai & n'a lieu réellement que
lorfque la température du carbone eft très élevée ;
aufli faut-il faire plus ou moins chauffer 8c ordinairement
même rougir le charbon pour décomposer
i'açide fulfurique. Ainfi l’on peut dire que
îe foufre a.lpJïis ^affinité à froid avec F ©xi gène
que n’èn a le carbone , 8c qu'au contraire ce
dernier corps a plus d’affinité pour l'oxigène que
n'en a le foufre à une haute température. Ici
l'élévation de la température jufqu’ à l'ébullirion
ou la volatililation dei'acide fulfurique ne fuffit
pas , i! faut qu’elle aille iufqu'à la rubéfaéfion on
1 incandt fcence du carbone3)\\tepi & la chaleur roüge
où le charbon s'enflamme & brûle dans l'air. C'eft
fans dou te pour cela que leschimiftes depufs Stahl
fe réunifiant tous à dire que le charbon ne dé-
compofoit que l'acide vitriolicue fec : voilà pourquoi
ils prenoient pour operer cette décom-
pofltion un feldont l'acide fulfurique faifoit partie
fous forme fèche Sr folide -, 8c après l'avoir mêlé
avec du charbon en poudre, ils fsifoient chauffer,
le tout jufqu'à une forte incandefcence ; il eft
ai fs de concevoir que ce phénomène doit avoir
lieu avec tous les fulfates quelle que foit leurs
bâfes tfrreufes, alcalines ou métalliques. Plufieurs
de ces feis préfentent dans cette décompo^tion
dès circonftances 8c des produits plus ou moins
différens 8c remarquables. Il refaite de tous des
fiilfures à diverfes bâfes ; les uns ont une très
belle couleur verte 8cc. d'autres font pyropho-
riques. Foyer les articles Soufre,Sulfure 8c Py »
iVOPKORE. Ôn peuf dire que par la chaleur qui
porte l’acide fulfurique à l'ébullition 1é carbone
ne le décompofe qu'en acide fulfureux, & par
celle qui Fait rougir le charbon l'acide fulfurique
eft entièrement 8c completternent décompofe de
manière que Je foufre eft mis à nu.
L’aride nitrique 8c l'acide nitreux font également
decompofés par le carbone , mais avec des
phénomènes bien plus remarquables , 8c oue la
théorie moderne a feule fait connoître. A froid
l'acide nitrique concentré 8c le charbon en maffe
n'ont prefques pas (faélion réciproque l'un fur
l'autre 5 mais il en exifte une plus fenfible entre
le charbon 8c l’acide nitreux. Celui-ci plus
décompofable que le premier laiffe dégager du
gaz nitreux ; il s'excite un mouvement plus ou
moins fort & une efftrvefcenfe vive lorfque. le
charbon eft en poudre. Si le charbon eft bien fec
& chaud, s’il eft en poudre, 8e fi l’pn jette deffus
de 1 acide nitrique mêlé d'acide nitreux., la dé-
compofition de ces corps va fi rapidement que
le charbon s’enflamme comme une gerbe d'ar-
tince 3 il fe dégage beaucoup du gaz nitreux mêlé
cl acide carbonique 8c rien he refte dans, le vafe
lorfque la proportion des matières eft convenable :
on reconnoit dans cette expérience Fc ï. t de
1 attradfion du carbone pour l'oxigène plus forte
que celle de l'azote pour le même principe.; aufli
quand le charbon s'enflamme par le contadl de
i acide nirreux fe dégage-t’il du gaz azote au lieu
de gaz-nitreux-, parceaue l'oxigène eft tout-à-fait
8c tout entiér enlevé'par le carbone. Kn faifant
cette expérience dans des appareils fermés on
obtient pour produit du gaz pci Je carbonique |
du' gaz azote 8c un peu de gaz nitreux. Cette
propriété qii'a l’acide nitreux du brûle r le carbone
e.n .fe laiflanc^décottipofer par c$ corps CQinbuf’
tiblc fait qu’on petit à l'aide, de. cet;,;acide
décolorer b.-aucoup dé. fubftances végétales
fluides,~8c blanchir toutes les liqueurs qui ne
font plus ou moins brunes & noires, que par la
préfence du carbone fufpendu ou diflbiis dans,ces
liquides. C'eft encore ainfi qu'on blanchit l'acide
fulfurique noir par l'acide nitreux qu'on
y ajoute j c ’eft par la même raifon qu’en traitant
des' fubftances végétales par l'acide nitrique, ou
nitreux qui les convertit en plufi-ursacides végé-;
taux le carbone excédent à la çompefition de ces
acides étant brûlé 8c changée« acide carbonique,
les produits de ces opérations par l’aeide nitrique
font blancs 8c fans couleur , ' tandis que les mêmes
fubftances traitées par l'acide fulfurique
fent dépofer une grande quantité de carbone
oui trouble, noircit, 8c épaiffit les liqueurs. Ces
différences d'effet entre les deux acides fur les
mêmes fubftances tiennent à la foibleffe del’at-
traélion de l’azote pour l'oxigène ert comparai-
fon de celle du foufre pour le même principe acidifiant.
Lecarbone décompofe donc bien plus facilement:
& bien plus promptement l'acide nitrique
que l’acide fulfurique. On trouve dans la même
theo>4;2 la rajfon de la vive détonation que lé
charbon produit avec les nitrates , 8c fur-cout le
nitratede potaffe, tandis que rien de femblable ne
fe pré fente avec les fufrates. La détonation du
nitre ou nitrate de potaffe avec le charbon fit une
des opérations les plus anciennes de la chimie,.
Sc il y a longtemps que cette opération, faite dans
des cormjes de terre ou de verre auxquels on
adapte déux ballons enfiles, eft connue dans les
laboratoires fous îe nom de clyjfus de nitre. La
même-expérience faite dans desvaifièaux ouverts,
tels que des creufets', a lieu aufli fréquemment
fous la dénomination de nitre fixé par le charbon ;
mais la théorie de fes effets eft abfolument nouvelle
; elle’ étbit inconnue aux anciens. On voit
ici le carbone décompofant l’acide nitrique , lui
enlevant fon oxigèné avec lequel il forme de
l'acide carbonique , 8c laifiant après la volatilifation
de l'azote en gaz , la potaffe bâfe du nitre
plus ou moins près d'être faturée par l’acide carbonique
: mais il paroît qu'il arrive encore
d'autres phénomènes dans cette décômpofition ;
il paroit qu'il y a de l'ea-u decompofée 8c que-
ton hydrogène fe portant fur l'azote dégagé de
l'acide nitrique forme de l’ammoniaque ; aufli
parmi les produits volatihfés pendant l’opération ,
les chimiftes ont ils compté l’ammoniaque : quelques
uns .ont penfé à la vérité que lé produit
alcalin qu'on troüve parmi ceux de clyffus n'étoit
; dû qu'à un peu d’alcali fixe enlevé avec l'eau
pendant la détonation. Mais rien, né s’oppofe
a croire à l'exiftepce de l'ammoniaque parmi les
produits, puifqu’on en connoit biefe la formation,
depuis qu'on conçoit même qu'elle doit avoir
lieu. Il eft également aifé d’entendre la nature du
produit qu'on obtient par la détonation du nitre
avec le charbon dans- des vaiffeaux ouverts 8c
qu'on connoît fous le nom de nitre fixé. Ce réfidu
qu’on n'obtient , quoiqu'en agiflant dans des vaiffeaux
ouverts, que parla précaution de boucher
le creufet au moment où la détonation a lieu, afin
d'empêcher la fortie de là plus grande partie de
la matière pouffée au dehors cfè ce^vaiffeau par
la violence même- de la combuftion , eft un
compofé de la potafle bâfe du nitre 8c de l’acide
carbonique formé par l’inflammation du charbon:
Quelquefois il contient en même temps un peu
de charbon 8c de. nitre qui ont échappe à là
détonation j on y trouve aufli les fels terreux qui
faifoient partie du charbon employé. Cè n'eft
donc pas là un grand moyen d'avoir de l'alcaii
pur ; la potafle même y ëft dans deux états ,
portion à celui de carbonate , portion à celui de
potaffe cauftique, en raifon de la volatilisation
de l ’acide carbonique opérée par la température
très élevée que prend-le. mélange.
L'acide, muriatique n’éprouve aucune altération
de la part du carbone Sc ne lui en, fait éprouver
aucune. On penfe après cette nullité d'aélion du
A'arbone que l'acide muriatique eft formé par un
radical qui à pour l'oxigène plus d'attraélion que
n ’en a le carbone. C'eft en raifon même de cette
forte attraction qu'on ne connoit pas la nature
de l'acide muriatique , puifqu’on ne peut pas
feparer fon radical de l'oxigène par le corps oui
enlève ce dernier principe à toutes les- autres
fubftances connues. Si l’on trouve quelque jour
au moyen des attrapions doubles un procédé
pour réparer le radical muriatique de l'oxigène
auquel il paroît être uni dans cet acide, on aura
vraitemblabiement dans ce radical une matière
propre à ,décompofer l’acide carbonique & 1 à
mettre fojp carbone à hu. L'acide muriatique ox?-.
gènq paroît être fîifceptible dé céder, au carbone
1 oxigènê fu» abondante à l'état d'acide muriatique ;
cependant le charbon en poudre jette dans
le gaz, acide muriatique oxiglné ne s’enflamme
pas comme le phofphore Sc comme le plus grand
nombre des métaux , ainfi que les fulfures métalliques.
Il faut pour faire brûlerie charbon dans
le gaz ' acide,.muriatique oxigèné, ou que ce
corps combuftible foit déjà rouge , ou qu il foit
très -tiivifé . comme il l’ell: dans ie pyrophore ;
alors il s'enflamme rapidement, décompofe l'acide
muriatique oxigèné . en le faifant palier à l'état
d’itcidè- muriatique- ordinaire, & le convertit en
acide carbonique.
Le carbone n’a aucune a Pi on. fur les muriates
dont il ne peut en aucune manière altérer l'acide 5
mais il en éprouve; une terrible aie la part du
muriate furoxigéiie de-potaffe , ie Lui des fels
muriatiques oxigénés qui foit connu , ce fel qui
femble contenir tn lui un des élémens de la
foudre par l'exrrêrae rapidité avec .laquelle il
met le feu à tous les corps combufiibles , aliume
fi vivement & brûle fi promptement le charbon
qu'on chauffe avec lui ou qu'on touche , après
qu'il y a été mêlé, avec un aurre corps coin-
Btiftible en ignition, tel que du papier , une
allumette &c. qu’à Fin fiant même ëtavec une
flamme très brillante, ainfi qu'avec des torrens
de calorique dégagé , tout le charbon eft réduit
en vapeur ou en gaz acide carbonique. Cette
inflammation qui eft plus forte qpe ceue qui eft
produite par le mitre & J e charbon , promet à
1 art Ja fabrication d'une poudre à canon beaucoup
au défias de celle que Fon prépare avec le
fàlpètre } mais elle; a le grand inconvénient de
s enflammer trop vite & de s'ailumer même par
la preflion ou lev frottement trop vif. Quanale
muriate furoxigéné de potaffe a fait brûler le
charbon , & convertit le carbone en acide carbonique,
il réfte du muriate de potaffe,ordinaire s
cependant la plus grande partie eft enlevée par
la violence de la déflagration qui alieu dans Finftant -
rapide de la combuftion. En faifant cette combuftion
dans des vaiffeaux fermés, elle peut fervir
à l'analyfe des charbons 8c a déterminer la dofe
duoarbone 8c des matières-étrangères qu'ils contiennent.
L'acide fl tiorique n'eft.pas plus altéré par le carbone
que ne l'eft l'acide muriatique & fes principes'jincon-
nus comme dans ce dernier ne font pas ifolés par te
charbon. C'eft uqe desprincipalesraifonsde l'ignorance
oùnous:fommesfurlanaturederac defluori.
q ue.
IJ en eft de même de l'acide boracique ; juf-
qu’ici îe carbone n’a point.fervi à en faire connoître
la compolîtion, & il paroit n'avoir aucune
aéîion fui lui. L acide carbonique n'éprouve'non
pins aucun changement de la part du carbone , &
il n'eft pas fufceptiuîp de fe furcharger de ce
principe ; en , forte qu'on ne connoit qu'une
feule- combinai fon acide du carbone avec l'oxigène
3 tandis qu on en connoit deux du foufre ,
du phoiphore . 8cc. avec ie principe acidiftant.