
réfultat du carbone déjà contenu dans le rudiment
de la plante , & tranfporté dans toutes S e s
parties , en forte que dans ces expériences l'oxi-
gène & l'hydrogène euffent augmenté feuls dans
les végétaux , & que la quantité de carbone
reliant la même , eût été feulement difféminée
dans les parties allongées ou ajoutées aux plantes
par cet accroiffement. On voit que cette
queftion femble être oppofée aux idées des
autres phyficiens , qui trouvant i’oxigène &
l'hydrogène dans Peau , admettoient la fource
du carbone, troifième principe néceffaire à la
formation des matières végétales , dans l'acide
carbonique qu'ils croyoient être décompofé en
même tems que l ’eau par les plantes , a l'aide
de la lumière folaire. L’auteur difc.ute enliiite
les expériences de M. Tillet dans lefquelles ce
phylïcien a obtenu des grains de blé femés dans
du fable , de l’argile , des retailles de pierre, &c.
Amplement humides , de belles plantes qui ont
fleuri & donné du b-é, lequel femé une fécondé
fois & de la même maniéré, a reproduit
encore de beaux grains j mais les mêmes réful-
tats n'ayant point eu lieu dans des bocaux pleins
de fable ou de verre humetté où le citoyen
Haffenfratz avoit femé du blé , des haricots ,
du creffon , les plantes y ayant prefque toujours
pourri, & les mêmes graines ayant mieux pouffé
feulement à la vérité julqu’à l 'époque de la flo-
raifon , fans jamais avoir été jufqu’à la production
des femences, lorfqù’il les a placées dans des
.entonnoirs de verre garnis de fel ou de verre
pilé dont les tiges plongeoient dans l’eau ; l ’auteur
attribue le fuccès de celles de Tillet à ce
qu’il plaçoit fes pots troués par le bas, & renfermant
les terres dans de U terre végétale.
Déjà Duhamel avoit remarqué que les plantes
périffoient dans des pots non percés. La communication
exiftante entre la terre des pots &
la terre végétale dans les expériences de Tillet ,
faifoit que lorfqu’il pleuvoit , l’eau s'écoulant par
le trou alloit s’unir à la terre végétale fi tuée au
dehors , & que lorsqu'il faifoit fec ,; l'humidité
de la terre végétale paffoit, comme à l'aidée de
tubes capillaires dans celle des pots, & apportait
ainft aux racines qui étoient contenues dans
celle-ci la nourriture & le carbone dont elles
a voient befoin pour croître & donner des graines.
Atyifi l’on ne peur tirer , fuivant l'auteur ,
d'aucune des expériences de Vanhelmont, de
Duhamel & de Tillet 3 la concluficn que l'eau
& l'air feul fuffifent pour fournir aux plantes le
carbone dont elles fe nourriffent, & qui augmente
leur poids comme leur accroiffement lorf-
qu'elles font placées en pleine terre. Pour chercher
une folution dirette à cette queftion , l’eau
§? l’air peuvent-ils feuW contribuer a l ’accroiffement
des végétaux , le citoyen Halfenfratz a fait les
expériences fuivantes. Ayant trouvé que les ja-
cinrjies * les haricots & les graines de creffon [
étoient les plantes qui fe développoient le plus
facilement dans l'eau | il a pefé plulïeurs oignons
de jacinthe féparés, plulïeurs haricots féparés,
plulïeurs graines de crelfon féparées 3 & il 3
cherché par l’andyfe la quantité d’eau , de carboné
& d'hydrogène que contenoit chacune de
ces fubftances. Il a conclu la quantité moyenne
que chaque oignon ou graine de haricot & de
creiïon devoit en contenir relativement à leur
poids ; il a pefë enfuite plulïeurs oignons de jacinthe
3 plulïeurs haricots & plulïeurs graines de
crelfon $ il a mis les oignons pefés dans des ca-
raffes pleines d'eau > il a placé les haricots dans
des tubes de verre en forme d'entonnoirs 3 de
maniéré que le tube de verre étant pofé verticalement
dans un bocal plein d'eau f . le haricot
n'étoit touché par l'eau que dans l'une de
fes extrémités. Pour la graine de crelfon, il a
d'abord rempli le bocal de fil de cuivre argenté ,
il a verfé l’eau par - deffus , & il a placé ces
graines fur les morceaux de fil de cuivre , de
maniéré qu'elles ne touchoient à l’eau que par
une de leurs parties , & que la racine de la plante.,
en fe développant , pouvoit entortiller les fils
de cuivre 3 & prendre dans le bocal une pofi-
tion fixe.
La plus grande partie des caraffes & des bocaux
ont été expofés dehors , une autre portion
a été placée dans une chambre. Les oignons,
les haricots & les graines de crelfon fe font développés,
ont pouffé j & le plus grand nombre
a produit dés fleurs, & rien dé plus* quelques
tentatives qui aient été faites on n'a pas pu
obtenir une végétation plus avancée. .
A mefure que ces plantes celfoient de croître,
l’auteur les retiroit de l'eau & les laiffoit fecher,
avec la précaution de réunir à chaque plante les
feuilles ou autres portions qui s'en étoient détachées
pendant le cours de la végétation. Ces
plantes'féchees ont été de nouveau analyfées;
leur anrdyfe a été fpéeialerru nt dirigée fur la
quantité de carbone contenue dans chaque plante
développée 3 l’auteur a conftamment trouvé que
la quantité de carbone contenue dans toutes les
plantes qu’il' avoir fait croître, dans de l’eau &
de l’air feuls, çtoit un peu moindre que la quantité
moyenne de carbone que les oignons , les
haricots & les graines employés ne dévoient en
contenir.
Il conclud de ces expériences qué le développement
des plantes qui croilfçnt dans l’air &
dans l’eau feuls , eft produit par l’eau qui s’unit
aux parties conftitu/’ites de l ’élément que l’on
a fait développer , & que le carbone contenu
dans toutes les parties développées, feuilles,
branches , racines, &rc. a été fourni par le premier
fujet végétal , oignon ou femence, &
tranfporté par Peaü dans ces diverfes parties
pendant Patte de la végétation*.
t II paroit, dit-il, encore réfulter de ces expériences
, que non - feulement l’addition de carbone
contenu dans ies plantes qui croiffent dans
les terres végétales, n’eft par fournie'par l’eau
#£ l’air feulement, mais encore que pendant
J’atte de la végétation il y aune portion de
carbone dépofé dans les plantes qui leur eft
enlevée.
Enfin, fuivant lui , ces expériences établif-
fent une grande analogie - entre les graines des
plantes & les oeufs des animaux. Toutes les parties
confirmantes des oeufs fervent à développer
l’animai qui y eft contenu l & à l’amener à
un certain degré d’accroiffement, par-delà lequel
il ne peut plus augmenter fans le concours de-
nouvelles matières nutritives qui lui fourniffent
le carboné & les autres fubftances -néceftaires
a fon développement : de même que la graine ,
avec le feul fecours de l ’eau, fe développe* jufqu’à
un certain point, par-delà lequel la plante-
ne peut plus croître fans de nouvelle matière qui
Jui fourmfle le carbone & les autres fubftances
neceffaires à fon accroiffement.
H faut convenir cependant, après la Ietture
& 1 examen de ce mémoire , que , malgré les -
idées & les explications ingénieufes qu’il préfente
, il y manquoit encore ce complément de
preuves que ne pouvoit pas fournir , il y a cinq
ans l’efpèce d’analyfe que l’auteur a pu employer
pour déterminer la proportion réciproque
des trois principes qui entrent dans la compo-
fition végétale, & furtout celle du carbone 3
& c’eft cependant fur cette derniere que repofe
I enfetnble de fon ©pinion comme de fes expériences.
On voit bien mànifeftement dans fon
travail que l’eau feule & fans engrais , fans matière
organique décompofée qui puifie fournir
du carbone divifé , foit dans ï’état de firnpîe dif-
folution, comme il paroît être dans l’eau de
fumier confommé, foit dans l ’état de combi-
naifon acide avec l’oxigène , d’où il paroit certain
que la puifiance végétative peut l’extraire ,
a 1 aide du calorique & de la lumière ; on v o it,
dis-je,clairement ici que l'eau & l’air feuls affoibliffent
tous les végétaux , les font poufler fans
vigueur & fans folidite^,--diminuent leur éner-
J ^ pe ^eur fourniiï’enc point 5 au moins affez
abondamment, cet aliment qui doit completter
leur tiffu & leur organifatioi» , de manrere à les
conduire au terme & au but de la végétation ,
la formation des graines.
On va voir comment le même chimifte a lou-
tenu fes premières afiertions , & comment il ex-,
plique la fource du carbone fourni ù la végé- |
tation , dans un fécond & un troifième mémoires
inférés avec le précédent dans les Annales de
C h im ie pour l’année 1792. La préfence de l’hydrogène
& de Toxigène dans les plantes n’eft
pas difficile à expliquer , d’après les faits connus ;
mais celle du carbone ne, peut pas l’être auffi
facilement , fuivant lu i, fi Paugmenration du gaz
oxîgène produit par les plimtes à l’aide de Peau
acidulée, & la difficulté de concevoir ce que
devient la grande quantité d’acide carbonique
formé , font les rai (bns qui oqt fait admettre la
décompofition de l’acide carbonique par la végétation
& la fixation du carbone dans les plantes.
L’auteur dit avoir effayé de’faiie développer
ou germer d,es graines ou des 'oignons dans de
Peau acidulée d’ acide carbonique qui y étoit renouvelé
par un appareil d’effervefcence ; ces
plantes analyfées , après leur développement ,
n'ont pas donné plus de carbone qu’il n’y en
avoit dans les graines ou les oignons. Surpris de
ce réfultat , & ayant examiné’la théarie' de la
décompofition de l’acide carbonique par laî v é gétation
de plus près qu’on né l’avbit fait encore,
furtout en y faifant encrer la confidéra-^
tion du caloriqueabforbé ou dégagé, dont l’application
y avoit été négligée’, il a cru qu’on
ne pouvoit pas admettre cette décompofition
d’après les raifons fui vantes. Il eft bien connu
qu’il fe dégage abondamment du calorique pendant
la formation de Peau & :de l’acide carbonique,
ou pendant la combuftïon du gaz hydrogène
& du carbone par Pair vital? toute opération
où aura lieu la décompofition de l’eau &
de l’acide carbonique, dort donc être accompagnée
d’abforption du calorique ou de refroi—
dilfement, d’après la loi de la fixation ou de la
liberté du calorique dans des fyftêmes de combinaisons
inverfes ? d’a'près cela il devroit fe
produire du froid dans Patte de la végétation,
puifqu’qn y admet de Peau & de l’acide carbonique
décompofés. En brûlant des' plantes à l’air
libre, il y a produtt'ion de calorique en même
tems qu’il y a formation d’eau & d’acide carbonique
? & comme cette combuftïon eft l’inverfe
de ce qui a lieu dans la végétation, voici comment
l’auteur raifonne fur ces deux phénomènes
compares & mis en oppofition. Comme eu dernière
analyfe , dit-il, cette décompofition, c’eft-
à-dire la combuftïon des plantes feches, & ces
nouvelles combinaifons ont produit du calorique ,
il s’enfuit que la quantité du calorique, dégagé
par la combinaifon de l’hydrogène , de l’oxigène
& du carbone dans la formation de l’eau & de
l’acide carbonique , eft plus grande que la quantité
de calorique abforbé dans la décompofition
d e la combinaifon de l’hydrogène & du carbone ;
d’où il doit réfulter que dans Patte de la végétation
la quantité du calorique dégagé par la
combinaifon de l’hydrogène & du carbone, eft
moins grande que la quantité de caloriques