
quées dans leur compofition, & dont on n’a
point entrepris encore l’examen j- en un mot, il
annonce des découvertes précieufes , capables
de porter une_vive lumière fur des objets que h
nature fembloit avoir couverts pour nous d’un
voile impénétrable.
Le fécond genre de travail, relatif aux matières
animales que nous rapportons à l’année 1791 -, a
pour objet l’examen chimique des larmes & de
l’humeur des narines. Il eft inféré dans le tome X
des Annales de Chimie , pag. 113 , fe a pour auteurs
les cit. Fourcroy fe Vauquelin -, qui ont
entrepris & continuent encore un grand nombre
de travaux chimiques en commun.
Le premier paragraphe de cette diflertation
fait voir qu’on- n’a encore publié' aucune ana-
lyfe de ces liqueurs , quoiqu’elle foit très-propre
à jeter du jour fur les maladies des yeux &
des folTes nafales.
Dans le fécond , on décrit les moyens employés
pour fe procurer une quantité de larmes
& de mucus nafal fuffîfante à leur examen. L’irritation
artificielle par quelques corps acres,
celle du froid qui excite un larmoiement chez
certaines perfennes, l’obftruftion du fac lacrymal,
& Yépîpkora chez d’autres, la maladie connue i
fous le nom' de rhume de cerveau , l'écoulement
fpontanée des narines dans les tems froids , telles
font les fources où l ’on a puifé ces deux liqueurs.
Le troifième paragraphe traite en particulier
de l’humeur lacrymale. Claire & limpide , inodore
, fenliblement falée 3 légèrement plus pe-
fante que l’eau 3 elle verdit d’une manière permanente
à l’air, la couleur des violettes & des
mauves j ce qui annonce que ce changement eft
du a un alcali fixe.
Chauffée jufqu’à l’ébullition, elle offre des
bulles adhérentes à fa furface comme une matière
muqueufe j elle laifle , par l’évaporation ,
environ 0,04 de réfidu jaunâtre j évaporée fpon-
tanément à l’air , elle offre une liqueur jaune ou
verte, où l’on voit quelques criftaux cubiques,
enveloppés d’une matière épaiffe & mueilagi-
neufe j ces criftaux, féparés du mucilage par
l’alcool qui les diffout, offrent les earaftères du
muriate de foude mêlé d’un peu de carbonate
de foude.
Les larmes font diffolubles dans l’eau ; une
fois épaiflîes par l’air 3 elles ne s’y diffolvent plus,
quoiqu’elles lui donnent une qualité moufleufe
©u fayonneufe.
Les alcalis diflolvent l’humeur lacrymale évaporée
fe eondenfée1 par l’air. L’eau de chaux ne
la trouble pas, elle la précipite après fon épàif-
fiffement par l’air.
Les acides fulfurique fe muriatique n’agiffent
point fur cette humeur 5 lorfqu’elle eft defféchée,
ils font effervefçence avec fon produit fec 5 fa-
cjde fulfurique èn dégage une vapeur fenfible-
d’acide muriatique J. celui-ci n’en dégage que de
1 acide carbonique, & l’effervefcence qu’ il donne,’
eft beaucoup plus foible que celle du premier.
Après leur aétion, on a du fulfate de loude ou
du muriate de foude , fuivant l’acide qu’ on a
employé. Voilà donc le muriate de foude & la
foude pure démontrés dans l’humeur lacrymale^
•
L’aélion de l’acide' muriatique oxigéné fur
cette humeur, eft remarquable. If en fépare tout-
à-coup des flocons blancs , concrets, qui deviennent
bientôt jaunes & indiftolables -, & fe
comportent abfohiment comme l’humeur épaiflie
a l’air. Les auteurs en concluent que l’oxigèue
de ce réaélif, en s’unifiant aux larmes, prouve
que c’eft le même principe de l’air qui les épaif-
n t , qui forme l’humeur denfe fe concrète dont
■ le fac nafal fe remplit dans fes obftru&ions , les
i concrétions blanches et jaunes qu’on ap perçoit
I dans le grand angle de l’oerl lors a’un grand nom-
; bre d’affeétions ophtalmiques. Cette aétion jette
donc du jour fur les fymptômes fe la nature
de plufkurs de ces maladies.
L’alcool verfé fur les larmes 3 en fépare des
flocons blancs , muqueux alfez abondans , &
l’on trouve enfuite dans l’alcool le fel marin 8c
la foude qu’il a difibus.
/L’extrait de l ’humeur lacrymale incinéré n’offre
dans les cendres que quelques légers indices du
phofphate de chaux fe de foude , qui n’y exif-
tent que dans une quantité prefque inappréciable.
Ainfî les larmes font formées d’une grande
quantité d’eau, d’un mucilage particulier qui tient
le fécond rang par fa proportion , de muriate
de foude qui occupe le troifième, de foude pure
qui occupe fe quatrième, & d’une très-foible
portion de phofphatès de chaux fe de foude.
Les proportions exaèles de ces matières n’ont
point été indiquées par les auteurs, parce qu’ils
nont point eu. allez. d’humeur lacrymale pour
parvenir à cette détermination ; mais leur rapport
entr’elles- fuffir déjà pour connoitre & dif-
tingüer afiez cette humeur d’avec tous les autres
liquidés animaux.
Le paragraphe quatrième de la diflertation
que nous analyfons , contient l’examen du mueus
des narines. C’eft de l’humeur claire qui coule
au commencement des rhumes de cerveau que
les auteurs fe font fpécialement occupés , parce
que c’eft celle qu’on fe procuré le plus facilement,
& la plus pure. Elle eft claire ; fans odeur,
d’une faveur falée, acre 5 elle leur a préfenté
les mêmes propriétés & les mêmes principes que
la liqueur lacrymale 5 ils n ont cru devoir infif-
ter, d’après cela , que fur les légères différences
qu’elle offre avec celle-ci. C ’eft .furtout de fa
propriété de s’épaifiir fe de fe concréter fous
[a frome de plaques muqueufes , puriformes,
blanches, jaunes ou vertes-, comme on le voit
fpécialement à la fin des rhumes de cerveau,- que
les auteurs fe font occupés. Cette converfion
remarquable, quoique bien connue dans fon ré-
fultat, avoit, jufqu’à eux, échappé dans fa caufe
aux médecins. L’air atmofphérique , en paffant
fans ceffe^dans les narines , où il circule par le
mouvement de la refpiiation , fe après avoir
féjourné dans le poumon, dépofedans l’humeur
nafale , qui eft divifée fur toute la furface de la
membrane de Schneider, une quantité toujours,
croiffante d’oxïgène qui en épaiflït & en oxide le
mucus ; il y verfe aufii une plus grande proportion
d’acide carbonique que ne le feroit l’air
atmofphérique d’après la quantité dont il eft
chargé au fortir de la poitrine 5 de-là vient la
forme épaiffe & concrète , la coloration en jaune
fe l’afpeél puriforme du mucus nafal ; de-là dépend
également la propriété qu’a cette humeur
de précipiter l’eau de chaux fe les fois baryti-
ques , propriété, qui n’exifte point dans la liqueur
lacrymale avant qu’elle ait été épailfie par
un affez long féjour dans l ’air. On voit, aufii par
là pourquoi les larmes qui ne reçoivent point
le contact de l’air comme l’humeur nafale, ne
s’épaifliffent. jamais comme elle. Au refte , pour
éviter qu’on n’attribue les propriétés de l’humeur
des narines à celle des larmes , fe qu’on
ne croie que l’ane provient uniquement de l’autre
, les auteurs avertifient qu’ils ont examiné
le mucus nafal liquide & épais chez un fujet
dont les conduits lacrymaux obftrués'à leur partie
inférieure ne laiffoient point fenfiblement
paffer les larmes dans les cavités du nez , fe
chez lequel exiftoit un la' moiement confiant,
& qu’il leur a préfenté tous les caraèlèrès dont
ils ont expofé le détail.
Dans le cinquième fe dernier paragraphe de
cette diflertation , ils s’occupent de la maladie
■ produite dans les narines par l'acide muriatique
oxigéné, fe de fon analogie avec quelques af-
fedions naturelles des fofies nafales. C ’eft un
effet très-remarquable fe très-fingulier que celui
de la vapeur de cet acide fur les membranes do
la gorge fe du nez. Les auteurs décrivent avec
beaucoup de foin cette affeétion artificielle. Le
gaz acide muriatique oxigéné porte d’abord un
refferrement fe une gêne infuppdrtable dans les
fintis f ontaux7, fe furtout dans les arrière-
'folles nafales. L ’éternuement fuit de .près cette
première aéiion j bientôt il s’établit un écoulement
abondant d’une liqueur limpide comme
un criftai * les éternuemens font quelquefois fi
répétés & fi violens , que les perfonnes affectées
par cette terrible vapeur font couvertes
d’une fueur abondante, fe extrêmement fatiguées.
On peut recueillir quelques onces de l’humeur
qui coule du nez pendant la première demi-
heure qui fuit cette impreflion. Lorfque les premiers
fymptômes font calmés, il refte pendant
plufieurs heures une efpëce. de roideur infijp*-
portable dans toutes, les; parties qui ont reflenti
l’aélion de l’acide muriatique oxigéné. Au mor
ment où l’écoulement s’arrête , les folles n affales
s’embarraffent, & ne permettent que difficilement
le paffage de l’air pour la refpi ration ;
l ’humeur s’y ëpailfit tellement, qu’il eft impof-
fible de l’extraire par le moucher $ il faut qu’elle
murifie , fe foit foulevée par li portion d’humeur
naturelle & liquide qui fiiinte arndeflous ;
alors elle fe détache/,1 fe on la rend fous h forme
de plaques larges ou mafi’es épaifles , confi-
dérabies , a une couleur jaune-verdâtre. G.et effet
dure depuis quelques heures jufqu’à z ou 3 jours.
Il eft accompagné de fièvre, de chaleur fe de
fueur. Il a tous les caraélères d’un rhume de cerveau
violent fe rapide.
- Si le gaz aerde muriatique oxigéné a pénétré dans
la trachée artère , ou fi fon effet s’eft propagé de
proche en proche jufqu’à ce canal, on éprouve urr
ferrement violent dans la poitrine 5 une chaleur
âere‘, uns féchereffe , une aridité doukmreule fe
font fentir dans le larynx fe le haut des bronches
j il s’ établit une toux convullïve fe violente
, qui s’appaife peu à peu , à mefure que
des* crachats épais , des eîpèees de lambeaux
muqueux , blancs fe opaques font rejetés. La
voix, pendant ce tems , eft grave & .rauque ;
l’appétit diminue ou difparoît *, les alimens n’ont
aucune faveur i les odeurs font nulles pour l’individu
affeélé ; une fieyrè affez forte fe joint à
ces accidens , fe il exifte en même tems un mal
de tête ou un fentiment de lourdeur fe d’embarras
qui brouille les idées, fe qui laifle pour
quelques jours le malade dans une fituation pénible
fe défagréable.
Diaprés cette defeription , les auteurs concluent
qu’il n’y a point de doute que ce rhume
artificiel ne foit produit pat l’ôxigène de l’acide
muriatique oxigéné, puifque l’acide muriatiqu-e
ordinaire ne produit rien de femblable. Ce principe
condenfé irrite les gkndes de la membrane
pituitaire , en- exprime une plus grande quantité
de liquide qu’il n’en fore ordinairement. Ils ob-
[ fervent que ceux qui, très-fujets aux rhumes de