
portfie fur elle par la dcSrine. de l’air fixé &
la lolidité que celle-ci acquit après ce combat
remarquable; Poutroit-on croire que c'étoit en
travaillant comme Black fur les înbferices ter-
reufes & alcalines ; en s’occupant comme lui
de la caulticité & de l’adouciflement des alcalis
j 8c prefqu’en failant les mêmes expériences
que Meyer en tlroit des réfiiltats . diamétralement
oppofés , des conféquences abfolument
contradictoires ?
Meyer examine d'abord dans fon ouvrage
la nature des pierres calcaires, du fpath-.& en
général des matières propres à faire de la chaux;
après avoir dit qu’elles font rarement pures &
toujours mélangées de fable & de corps étran-
gers, “ fait voir que la portion véritablement
propre a le convertir en chaux eft une efpèce
d alcali terreux, indiffoluble dans £eati infi-
pide , diffolüble dans les acides avec effervéf-
cence, qu expofée au feu cette matière après
avoir laine échapper une grande quantité d’eau,
en fort après avoir acquis une forte faveur, de
la diflolubilité dans 1 eau , 8c dans les «rides
lans effervefcence; Il cotlclud de-Ià que la matière
calcaire a abforbé. par l’ariion du feu un
acide particulier qui lui donne de la diflolu-
bilite 8c lui enlève la propriété de faire effer-
vefcence. Il confirme cette théorie en verfant
quelques gouttes d'alcali fixe en liqueur dans
1 eau de chaux; ce lle -c i le trouble, il s'en
précipité de la craie , tandis que l'alcali a pris
la caufticité de la chaux. Il en condud que
1 aode uni a la chaux & qui lui donnoit fa la-
Veur & fa diffolubilité l'a quitté pour s'unir à
1 alcali avec lequel il a plus d'affinité, & pour
lui communiquer fa caufticité ainfi que toutes
les propriétés qui cara&érifent les alcalis cauf-
tiques. Le même, phénomène fe paffe en précipitant
l’eau de chaux par l’alcali volatil concret
& en décompofant le f-1 ammoniac par
la chaux vive ; ici de même la chaux cède l'acide
ca jjtique a 1 alcali volatil, qui devient incryf-
tadifable & non effervefcent. Meyer défignê par
le nom de c a u f ii c um , ou d ’ a c i d u m p i 'n g ù e , l’acide
que la craie prend fuivant lui dans le feu,
tandis qu on la calcine ; il Drétend que cette
fnatiere très-voiime de la nature du feu, de la
lumière & de la matière éleétrique, donne à
la chaux en même temps que la faveur forte
la.diffolubilité & la non-effervefcibilité, la propriété
de s’unir aux huiles, au foufre & en
general aux corps combufiibles : il. admet cet
acide gras, a c i d u m p i n g u e , qu'il regarde comme
1 acide primitif & univerfel, dans les matières ,
végétales & animales; c'eft lui qui dans fo
fyfteme forme la flamme, la lumière, le fluidi
éleélrique, les odeurs, qui fe dégagent du chai
bon quand il brille , du bois quand il fe con
fume en ùnmot ,i l lui fait jouer un aufii grnai
rôle au moins
I phlogiftique ;
qu’outre l’anali
que Stahl feifoit ’jouer à fon' 8c l’on verra bientôt en effet
agis. dans la généralité .d’aûions
que ces deux hommes célèbres ont fait jouer-
■ chacun a leur principe, ils en ont une autre
bien frappante pour i’hifîoire des opinions &
des erreurs humaines, celle d’être uniquement
le produit d’un beau génie, celle de n’avoir
que le caraéière d'êtres fiâi-fs & imaginaires
Pourfmvons l’efquiffe 'de la doéfcrine de Meyer.
Cs chimifte fuit avec beaucoup. de fineffe
Cf d imagination, toujours précédé par les expériences
déjà connues, & fouvent même éclairé
par des expériences nouvelles, là marche &- les
combmaifons de fort a c id um p in g u e . Il le voit,
il le touche prefque dans les chaux métalliques
faites toutes par la violence du feu qui le verfe
abondamment dans les métaux ; il l’examine
fur-tout dans la chaux de plomb ou le" m in ium ;
de-Ià il Je fait paflèr dans les alcalis fixes o u
volatils qu’il rend cauftiquës, & Ion ■ fait'en
■ e.“ et :clue le minium dégage l’alcali volatil cauf-
tique du fel ammoniac ; c'eft lui qui fournit aux
métaux pendant leur calcination- par le. feu, qui
le répand en torrens,. augmente le poids,’&* fait
les chaux, métalliques plus pelantes que les métaux
dWi ils proviennent. On voit ici que le
fyllême de Meyer embraffoit plus d’objets &
etoit plus général que celui de Black qui n’ex-
pliquoit que la nature des alcalis & de la chaux.
Audi cette généralité même fut - elle - pendant
quelque temps un des grands avantages de la
dodtrine du c a u f tic um ou a c id um p in g u e . On voit
bien qu’il doit être le principe qui des chaux
métalliques paffe dans l’alcali volatil quelles
d-gagent en effet caüftique du fel ammoniac,
comme le fait & par la même raifon dans cette
theone, la chaux vive.
On juge, bien que l’explication de la précipitation
des fels calcaires en chaux ou en craie,
par les alcalis cauftiques ou elfervefcenccs, qui
paroiffoit dès-lors fi naturelle dans la théorie
de M. Black , n’embarraffe point-du-tout Meyer.
Quand on prend un alcali cauflique pour dé-
cqmpofer les fels.calcaires, il fe fait une double
jiécompofition ; pendant que l’acide abandonne
la terre calcaire pour,s’unir à l’alcali, celui-ci
cede fon a c i ia t n p in g u e qui fe porte fur la terre
calcaire & la convertit en chaux qui fe précipite
; lorfqu’au contraire on verfe un alcali effervefcent
dans la même diiïolution calcaire, il
fe répare de la craie parce qu’il ri’y a pas là
à ’ a c id um p in g u e dans l’alcali. A la vérité cette
explication auroit ’ dû par-ortre forcée, à fon auteur
, car. en admettant que les alcalis & la
terre calcaire s’ unifient aux acides dans leur
état effervefcent qu il regarde comme leur état
naturel, il auroit du expliquer avant tout la
carie de cette efferveicence , dire, ce qui arrive
aux alcalis & à la craie pat l’exiftence. même
de cette effervefçence., rendre' raifon de la; non-
efferyefoeuçe qu'on .obfèrvelorfqu’oh unie un
alcali effervefcent avec une d'iffblution de craie
dans un aride, tandis qu'elle a lie il , entre le
meme acide ,8c le même alcali , lorfqu’il n’y a
pas de matière calcaire en diffolu'ion dans le
premier.Jl a’a jetté qu’un.coup d'oeil trop rapide
far ces phénomènes bien remarquables.;, fa théorie
exigeoit même qu'il les couvrît d’une efpèce
de voile, & c'eft ce qu’il a. fait avec toute l ’a-
dreffe 8c tout le talent imaginables. Mais quel-
qu’ingénieux que fût ce fyftéihe,<l lui-manquoit
une autre bâfe. bien autrement importante, Sc.
qui de voit la laiffer bientôt crouler de fond èn
comble; c'étoit celle des poids comparés,, ou
les quantités relatives de fubitanc.es. qu'il em--
ployoit ou qui fe précipitoient l'une par l'autre.
Meyer n’avoit point fait allez d'attention . au
poids- de la craie dans fa converfîon en chaux,
à celui des précipités différens de chaux ou
; de craie, des alcalis cauftiquës ou efforvef-
cens 8c c. Sa théorie préfentoit prefque partout
la même faute, la même bâfe. erronee que
celle de Stahl ; on: y voyoit perpétuellement
des matières augmenter de poids en perdant un
principe. Attribuant la première fource de l 'a -
c idum p in g u e au feu & au foyer d'où il le fai-
foit palier dans les matières chauffées, cal ri
nées, il falloit qu'une matière pefante, acide,
fe tamifat perpétuellement à travers des vaif-
feaux de verre, .de terre, de métal. Il y a p'ius>
la manière dont il concevoir la formation des
chaux métalliques, fuppofoit la pofllbiiité de
convertir les métaux en chaux dans des vaif-,
féaux fermés, 8c il étoit bien prouvé depuis
long-temps qu'il y a voit une impoffibilité ab-
folue dé les calciner, fans le contact de. l'air.
Mais malgré toutes ces obje&ions., malgré les
difficultés dont cette nouvelle do&rinè étoit
preffée , 8c fur-tout malgré la {implicite & la
clarté de celle de Bla ck , Y a c id um p in g u e trouva
des panifans, 8c des défenfeurs, 8c il s'engagea
bientôt dans, ,1e monde fa van t une lutte entré
ces deux théories, qui furent attaquées 8c fou-
tenues de part 8c d'autre, avec plus ou moins
de chaleur 8c de force ; enforte qu'après le
combat fur ce premier point des découvertes
modernesf ( car on verra que cette guerre d o-
pinions s'e'ft renouvr-llée avec plus d'acharnement
8c de fureur littéraire à différentes' époques.
depuis vingt ans ) , l'avantage eft refté â
celle de Black , 8c celle de Meyer a prompt
tement tombé dans un oubli, 8c un abandon
total.
L’ ouvrage de Meyer avoit paru pour la première
fois en 1764 prefqu’en même temps que
celui de Macbride, 8c lts partifans de fa docrine
fe multiplioient peu-â-peu en Allemagne,
fans doute’à caufede fon analogie Lli de fa liai fon
avec, celle, du phlogiftique de Stahl à laquelle
on .ai été long-temps extrêmerà en ri attaché dans
ce pay.sf, lorfque M. Jacquin , Profeffi ur célèbre
de botanique 8c de c h im i e à Vienne en Autriche ,
publia en 1765? , une diilertàtion latine , fous
le titre fuivant : E x a m e n ch em ic um do c i n 'a a M e y c -
■ rïan& de a c ïd o p in g u i 6’ B ln c k ia n A a s a c r e f i x o ,
r e jp e c iu .c a lc i.s . Cette diffcrtatiôn qui fut promptement
traduite en frahçqis, en anglois, 8ç en
allemand, ri ajouta prrique rien aux expériences
de Biack; mais la méthode .qui y regnoit, l’extrême
clarté, la comparaifon parfaixemdnt faite
entre les deux deélrines qui fembloient partager
alors tous ,les phyficiens.,' le choix des expériences
qu’elle contenoit, la force & la fimpli-
cité des raifons mêmes qu’elle bfftoit ; la marché
philofophique ' 8c ' fige- qu’elle préfentoit
dans la mariiërc de l’auteur , l’ont promptement
placée parmi les meilleurs ouvrages qui| ont été
produits, dans çëtte difeuftion. feientifique : &
comme elle’ a fait une des époques les plus remarquables
de l'hiftoire de l'air fixe, 8c un des
appuis les plus, folides de là, do&rine qui s’eft:
élevée avec force fur les débris de celle de
Me ver , il eft iridîfpc. nfibîe d'en offrir ici une
efquiffe fuffifante pour en donner une notion
exacte.
Le premier fait qui attire l’attention de Jacquin,
c’eft la perte d e près de moitié de fon
poids qu'éprouve la pierre - calcaire pendant
au’on la convertit en chaux vive. Ce premier
fait commença à faire fulpeder la théorie de
Meyer par le chimifte de Vienne ,- 8c il fe
propofa de l'examiner-avec foin en calcinant la'
pierre calcaire dans des vaiffeaux bien fermés,
f a diftillation de.cette fubftance dans une, cornue
de grès avec pfl récipient tubuîé , lui donna
d’abord de l'eàu , énfuite un fluide élaftique
très .abondant 1 élle perdit f-| de fon poids; elle
lui parut donner fix ou fept cent fois fon volume
de gaz; l’état de chaux étoit donc dû à
la fépar.àtion de ce corps aéritorme, que Jâçquin
ne diftinguoit point encore affez exactement de
l’air : la préiive de cette dernière âffertion fe
tire de ce qu’il diftingiie la manière d’être de
l’air dans les corps en deux états ; l’air de po-
rofité 8c l'air de compofition.; le premier en
fort par la diminution de preffion. fous la machine
pneumatique ; celui qui eft combiné a
perdu au contraire fon élafticité , 8c ne peut la
reprendre par ce procédé. On voit donc qu’à
l’egard de la nature de l’air fixe, Jacquin étoit
■ moins.avancé que Macbride, Çavendish , Brown-
rigg, 8c Lané. Si l’on arrête la diftillation
de la pierre à chaux , lorfqrielle a perdu fon
eau , 8c avant qu’ elle ait donné fon air, elle
. rieft point convertie en, chaux yi'Yé 5 fi on na