
<* Les expériences _ importantes, d it - i l, pir
» lïfquclles on^venoit de déterminer la nature
“ de l’eau, & l'a; plication curieufe qu’en avoit
« -^ite M. de la Place , à la production du gaz
« inflammable par là diilblution des métaux,
« répandoient un grand jour fur toute la chimie ;
— ce principe que Stahl avoit ingér.ieulement
" imaginé pour rendre raifon d'une grande par-
•• tie des phénomènes , & par le moyen duquel
“ on établiffoit réellement entre eux, une liai-
« fon qui a pu guider long-temps les chimiftes
dans leurs recherches, le phlogiftique me pa-
" roifloit enfinêtre devenu unehypothèfeinutile,
" lorfque je^ crus devoir foumettre à de nou-
« veiles expériences l’acide marin déphlogifliqué,
“ <Jdnt Iss propriétés pouvoient détruire ou con-
« firmer l'opinion que j’adoptois ■ >. Et ce furent
en «frît ces expériences qui le convainquirent de
la réalité delà théorie de Lavoifier , qu’il adopta
dès lors fans reftriâion, & dont il eft bientôt
devenu un des plus ardens'défenfeurs. 11 trouva
que la chaux de manganèfe privée d’air vital par
raâiendu fed,donnoitenfuitebeaucoupmoinsd'a- J
eide marin déphlogifliqué quand il la trairoit avec
1 acide marin, il vie que l’acide marin prétendu dé-
phlogiftiqué , expqfé dans un flacon aux rayons
du foleil > donnoit de .l’air vita l, & repaffoit 3 P d'acide marin ordinaire 3 il remarqua
qu'il diffolvoit le. fer 8c le zinc fans effervef- i
cence, 8c comme l’eau diffout un Tel, parce;
que l'air vital quitte immédiatement l’acide pour
s'unir aux métaux. Ces expériences lui fervirent
même à réfuter les objections que Cuyton fai-
foit contre cette manière de confidérer h nature
de l'acide marin déphlogifliqué , dans la formation
duquel cet habile chimifte admettoit
toujours l'abforpcion du phlogiftique par la chaax
de manganèfe.
Les phyficiens q-i foutenoient avec plus ou
moins d'opiniâtreté , & plus ou moins de fuceès
encore la caulè du phlogiftique y- fembloient
avoir repris une nouvelle vigueur depuis qu'ils
avoient^ trouvé le moyen de fubftituer à l'être
imaginaire , déigné fous ce nom par Stahl , une
fubftance découverte par les chimiftes modernes,
& qui paroiffoit aux phlogifticiens , très-propre
â en remplir le^ rôle C etoitle gaz inflammable.
Lamétherie à rédacteur du journal de bhyfique *
ivoit foutenu depuis 1781, dans diflerens mémoires,
& à l'aide de quelques.expériences,
propres à Faire illufion , que les métaux conte- '
noient 8c donnoient du gaz inflammable par
î aâion du feu ; il le regardoit non - feulement
comme le véritable phlogiftique , mais en le
confidérant comme un des principes des fu!>(-,
tances métalliques , il lui attribue it leur coin-T
buftibilité, 8c alîoit jufqu’à i’appelLr l ’huile des ,
métaux. À 1 époque de la décompofition de 1
i eau, & de fa recompoition , entrevues d’abord
j Paf Cavehdish, prouvées quelques années ?.prij
J par les belles expériences de Lavoifier , de MeJ
n!e.r^ de Monge, & fi ingénietifement appliquées]
en lui te à-une fer ie importante de phénomènes
naturels par la Place , ''Lamétherie la For-
mation artificielle de ce liquide, fuppofa ql!e
1 eau obtenue étoit. diffqute auparavant dans le
gdz , fur-tout dans l’air inflammable, & ne fai-
foit que s'en précipiter. C'étoit dans un fens
j Pareü 3 & ayec dés idées fort analogues à
celles la , que Guy ton, dans la première partie'
du dictionnaire Encyclopédique avoit combattu I
la première opinion déclarée de Berth.ollet J
en faveur de la doCtrine pneumatique , al'occa-i
fion de fes découvertes fur l'acide marin eé-
phlogiftiqué.
Cette nouvelle manière de caractérifer &
de fpécifier en quelque forte le phlogiftique
rallia, §c ranima le plus grand nombre desI
partifans de la doCl ine de Stahl. Un chi-
.mifte anglois aufïi diftingué par les expériences!
qu'il avoit fait connoître , que par l’art avec
lequel il fa voit ; les expofer, entreprit une apo-1
logie^ du phlogiftique , où il eut pour but de
reunir les plus fortes objections contre la doc-1
trine pneumatique, 8c de lui oppofer en,même-
temps les faits qui lui paroiffoier.t militer avec
le plus d'avantages pour la préfencé du phlo-l
giftique.
. Cet ouvrage parut en 1-784 3 comme il ren-l
ferme toutes les difficultés qu’on avoit faites
depuis la première proposition de la doCtrinel
pneumatique jufqu'à lepoque de fon adoption
par le plus grand nombre des chimiftes 3 comme 1
i! les préfente dans toute leur force , 8c di.fpo-.
fées avec une grande méthode, en rendant un
compte éxaCt de ce traité marquant dans 1s
faites de la fcience, en ne difîimulant aucune
des objections qu'il contient, en -expofant les I
• réponfes que les chimiftes pneumariftes ou an*
tiphlogifticiens y ont faites, ce fera avoir ré* 1
pondu à tous les antagonifUs de cette doCtrine,
dont les oppofitions répétées & particulières,
quoique variées 8c repréfentées fous toutes les
faces pendant plufieurs années, font bien loin
d'avoir la même forcé que h maffe 8c l'enfernhle
méthodique' de celles que Kirwan a rafTemblées.
Ainfï fans nous occuper en ’ particulier des
critiques & des difficultés faites fucceffivement par
MM. Lamétherie , Prieftley, Landriani 3 Senne-1
bier , Baume ., Weflrumb , Gron , Ôcc ; leur
folution & leur réponfe fera comprife dans l’examen
.de l’ouvrage plus complet & plus fort de
M. Kirwan. Cet ouvrage porte pour titre iM J fu il
k phlogifîique & fur la conflitution des acides y les
chimiftes pneumat:ftes François en ont publié en
1788-une traduction frdelle, accompagnée d’une
réfutation fuivié article par article , & ce fera
de cette édition françoife que nous nous fc-rvi-
Irons pour en extraire les objections 8c les ré-
Iponfes. Si l’on trouve que celles-ci détruife-nt
Iles premières , on fera perfuadé qu’aucune diffi
iculté plus folide , ne pouvoir enfuite* être op-
Ipofée à cette doCtrine, & c’eft en effet ce qui
Icft arrivé. Non-feulement on n’a plus fait d’ob-
I jeCtion qui eût quelque mérite réel, après la
I publication de cette réfutation , mais l’auteur
même de l’ouvrage réfuté , qui pouvoit être I regardé comme le plus redoutable adverlaire de
I la théorie pneumatique , convaincu par la force I des réponfes faites à fes objections par les anti-
I phlogifticiens ou les pneumatiftes, prouva que
I ce n’etoit ni la domination d’un préjugé , ni
I l'empire de l’ amour propre qui l’avoic attaché
[ à la doCtrine du phlogiftique, qu’il n’aveit che^
I ché que la conviction & des preuves certaines \
[il afliira dans fa correfpondance , que perfuadé
I par les raifons & les faits allégués en réponfe
K à fon opinion , il y renonçoit, & embraftoit la
I théorie pneumatique dans toute fon étendue. I On va voir, par l’expofé de fon ouvrage , 8c de
[ la réfutation qui en fiit faite par les chimift-s
1 françois , comment la- conviCtion entra , pour
ainfi dire , dans l’efprit de M. Kirwan , 8c on
reftera perfuadé qu’après un pareil triomphe, il
ne pouvoit plus y avoir que la rouille invétérée du
préjugé 8c de 1 habitude y ou l’ignorance même
des faits fur lefquels la doCtrine pneumatique
étoit fondée, ou même l’intérêt de l'amour
propre 8c de la inauvaife foi qui ont empêché
uelques hommes , en petit nombre d'ailleurs ,
e l'adopter. Pour mieux concevoir les circonf-
tances de cette dernière lutte , 8c le mérite de
la victoire remportée par la théorie antiphlo-
giftique, je dois .ajouter, que depuis la découverte
de la compofition 8c de la récompofition
de l'eau , Guyton, Berthollet 8c moi-même qui
tout en adoptant les faits découverts par Lavoifier,
8c en y ajoutant nos propres expériences,
avions toujours, dans nos mémoires 8c nos ouvrages.,
préfehté jufques-ià la double influence du
feu 8c de l’air réciproquement 8c inverfement
dégagés 8c fixés dans les corps , pour l'explication
des phénomènes chimiques, nous avions
ceffé de reconnoître la néceffité du phlogiftique,
& que dès-1 rs nous nous étions réunis avec
Lavoifier, à la Place, à Monge, à Meunier,
à Chaptal, foit pour.. traiter en commun de la’
nomenclature , dont nous tracerons bientôt l’hif-
toire, foit pour réfuter le traité de Kirwan , 8c
porter les derniers coups à la théorie du phlogiftique
qui nous paroiffoit depuis les dernières
découvertes , une erreur infoutenable 8c dange-
reufe pour les progrès de la fcience.
L’ouvrage de M. Kirwan commence par une
introduélion, dans laquelle après avoir, donné une
idée générale de la théorie de Beccher 8c de Stahl,
fur la propriété combuüible attribuée à la préfence
du phlogiftique , 8c une expofitîon très-
courte de la découverte de Lavoifier, fur l’augmentation
de poids des métaux par la calcination
, 8c fur la décompofition de Pair en deux
fluides élaftiques, dont l’un , l’air pur fe fixe dans
les corps qui brûlent, 8c donne en s'y fixant la
lumière 8c la chaleur ; l’auteur obferve que le
doute répandu. fur la préfence du phlogiftique
par Lavoifi-r, ne peut plus fubfifter depuis qu’on
a conclu des expériences de Prieftley , que l ’air
inflammable , avant fon dégagement des corps ou. il
exifs dans un état concret , avoit tous les caractères
& toutes les propriétés du phlogiftique des an-
ciens chimiftes. On ne peut plus regarder , fui-
vant lui, comme une fubftance hypothétique ,
celle que l'on peut montrer dans l’état aéri-
forme 3 voilà la principale bâfé fur laquelle tout
fon ouvrage eft appuyé. Il fe flattoit alors d’avoir
pour parti À ns , 8c fc-utiens de cette opinion
les favans Prieftley , Bewly , Bergman , Morveau,
Lamétherie, Chaptal, Crell, Wiegleb ,Veftrumb,
Hermbftad, Kaerften, 8cc.
On a vu, quant à Guyton-Morveau 8c Chaptal
, qu’entre l’époque de la première publication
de l’elTai de Kirwan en 1784, 8c fa traduction
françaife en 1788, ces deux chimiftes ont
adopté complètement la théorie pneumatique.
L’auteur s’étonne enfuite que Lavoifier attribue
l’air inflammable dégagé pendant les diffolutiops
métalliques, à l’eau; & il avance que le zinc
8c le fe r , les plus inflammables des, métaux ,
étant ceux qui donnent le plus de ce g 'z , doivent
être cenfés contenir le même principe de
combuftibilicé que les L bilan ces végétales 8c
animales. Il ne donne aucune preuve exaéte de
ce-fait , 8c cependant il prétend que la différence
d’opinions entre les, anti phlogifticiens 8c
lu i, fe réduit à ce petit nombre de points : fa-
voir fi le principe inflammable fe ^trouve dans
ce qu’on appelle les acides phlogîftiqués , les
acides végétaux, l’air fixe , le foutre , le phof-
phore , le fùcre , lé charbon 8c les métaux.
Pour étayer l’eiiftence du phlogiftique, il compare
la nation allemande , où la chimie 8c la minéralogie
font cultivées avec tant d’ardeur 8c de
fuccès, 8c où cette théorie a pris naifl'ance , à
la nation françoife, où la théorie pneumatique
a été propofée. On voit que jufque-là il n’y a aucune
preuve directe de la préfence du phlogiftique;
auflî n’a - 1 -.il pas été difficile à Lavoifier, qui a
donné une note fur cette introdu&ion, de réfuter
Kirwan 5 iL commence par expofer les bâfes- de
fa théorie pneumatique, la forma ion des fluides
élaftiques par la fufion des corps dans le calorique
, la nature générale de ces 'fluides compo-
fés de matière de là chaleur 8c de baies qui y
font diffoutes 3 la fixation de ces bâfes dans les
compofés, 8c particuliérement de celle de l’air
yital dans les métaux qui fe calcinent 3 il expli