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deux attractions réunies font la feule caufe de
la decompofuion de l’eau à froid par le fer *
tandis que l’acide vitriolique feul ne peut être
décompofé par ce métal qu'à l'aide de la chaleur.
Dans la feCtion onzième où M. Kirwan traite
de la précipitation des métaux les^uns par les
autres * l’auteur fans oppofer de grandes difficultés
à la do&rine pneumatique , & après avoir rendu
un compte très-fuccind: de la manière dont on
conçoit dans cette doCtrine la précipitation
des métaux diffous dans les acides par d'autres
ft bftances métalliques , fe contente de-propofer
queiques queftions qu’il croit être infolubles par
la théorie pneumatique. Lavoifier a répondu
auffi clairement que vi&orieufement au plus
grand nombre de ces queftions dans une note
ajoutée à cette feCtion dans l’édition Françoife.
Il commence par pofer trois principes qui découlent
naturellement de toutes les expériences
faites fur les diflolutions métalliques j le premier
* c’eft que la quantité d’oxigyne que prend
un métal pour fe diffoudre dans un acide n’eft
pas toute celle qui feroit néceflaire pour le
faturer* enforte qu’il lui relie une tendance
pour en abforber davantage: y le fécond principe
, c’eft que la force avec laquelle l’oxigyne
tient à un métal n’ eft'pas la même à tous les
dégrés de calcination 3 & que la première portion
y tient beaucoup plus que les dernières j
pour troifième principe , il avance que l’affinité :
de l’acide foit pour le métal dilfous 3 foit pour
le métal précipitant *- contribue au phénomène
de la précipitation 3 qùoiqu'avec une énergie
moindre que les affinités de l’oxigyne. A l’aide
de ces trois principes * Lavoifier allure avec
raifon qu'on peut réfoudre toutes les queftions
faites par M. Kirwan j & que la théorie antiphlo-'
giftique feulene peut pas de même les réfoudre.
Pour y parvenir* il donne la folution des plus remarquables*
telles que celle de la précipitation de
l'or dilfous dans l'eau régale par une dilfolution
récente de vitriol de, fer * de la non-précipitation
de la platine par la même dilfolution de
fer * de la dilfolution du cuivre dans une dilfo-
lution de vitriol de fer étendue d’eau & expo-
fée à l'air * de la précipitation de l’argent & du
mercure dilfous dans l'acide vitriolique par le
fer. Le premier de ces faits tient manifeftèment
à la tendance qu'a le fer récemment dilfous dans
l'acide vitriolique* pour abforber.plus d’oxigyne
qu’ il n’en contient* fur-tout à l'or * qui n’y tient
que foiblement i le fécond s'explique par l’affinité
plus forte de la platine pour ce principe
que celle de l’or > le troifième appartient à la
furabor.darace d’oxigyne contenue dans le vitriol
de fer expofé à l'a ir, & au peu d’adhérence
que la dernière portion d’oxigyne abforbée par
le fer au-delà de* fon état d’éthiops * a pour
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ce métal j foibie affinité qui fait reporter facilement
la dernière proportion de ce principe fur
le cuivre. Quant à la précipitation de l'argent
& du mercure dilfous dans l’acide vitriolique
concentré par le fer, elle ne tient qu’à . l’affinité
de ce dernier métal * beaucoup plus forte pour
i oxigyne que celle de l'argent & du mercure
pour ce principe * & elle n'exige pas * comme
le croit M. Kir.wau, qu'on explique pourquoi
le fer , | peu diifoluble daDS l'acide vitriolique
concentre * parvient à s’y diffoudre cependant *
puifque ce métal trouve dans le mercure & l’argent
le principe qu'il n’a plusbefoin alors d’en-
lever a l’acide. Laveifier n’a pas cru devoir
répondre auffi en détail aux trois ou quatre
dernières queftions de M. Kirwan * fur la nom
précipitation de l’étain fous la forme métallique
par le zinc , le fer & le mercure * fur la
difficile précipitation du - mercure dilfous dans
1 acide vitriolique pàr le régule d’antimoine *
tandis qu’il fe précipite facilement de l’acide
nitreux * fur la non-pçécipitation du plomb de
1 acide nitreux & de l'acide marin par le fer.
Avant, dit-il * de difcuter les expériences que
rappôrte M. Kirwan* il faudroit examiner juf-
qu'à quel point elles font exaCtes j ce feroit,
fuivant lui * du tems perdu que de s'attacher à
expliquer des faits incertains & équivoques*
& d ailleurs on ne détruit pas dès preuves par
des incertitudes f!& des probabilités > il faut oppofer
l’évidence à l’évidence * & tous lés faits
que rapporté M. Kirwan dans cette feCtion,
même en les avouant * ne pourroient tout au
plus que faire naître des doutes légers qu’un
iuftant de reflexion & un retour aux, preuves
de la doCtrine anti-phlogiftique détruiroient ai-
fément.
La douzième & dernière feCtion de l’ouvrage
que qous examinons, a pour objet l’examen des
propriétés du fer dans différens états* & de fa
converfîon en àcier j l’auteur y compare la théorie
des phyficiens françois Vandermonde, Monge
& Berthollet* qui venoient de lire à l’académie
un mémoire fur les différens états du fer * fur
la fonte le fer doux & l’acier * à la théorie de
Bergman fur le même phénomène. Les chimiftes
françois avoient prouvé que la fonte étoit du
fer * plus de l’oxigyne & du charbon ; que l’acier
étoit une combinaifon de fer bien réduit & de
charbon Ç & que le fer doux ri’étoit que le métal
pur* bien privé- des deux matières étrangères
qui l’altèrent dans l'état de fonte ou d’acier.
Des expériences auffi ingenieufes que multipliées
* ainfi que tous les faits des ufînes & des
manufactures de fer ëtaÿoient.leur opinion. M.
Kirwan trouve plus probable la théorie de .Bergman
* qui admet plus de phlogfltiqué dans b
fer doux que dans l’acier , il prétend que
J cette théorie explique mieux les faits * & réc
h i
pand plus de jour que la théorie françoife fur .
des points que celle-ci lailfe obfeurs ; mais on .
voit dans la réponfe jointe à cette feCtion par
Monge,, que cette opinion de M,. Kirwan n’eft
fondée que fur ce qu'il ne connoiffoit pas alors
tous les détails contenus dans l’ouvrage des
chimiftes françois , lequel ne lui étoit connu que
par un courfextrait inféré dans le Journal depny-
ique. D’ailleurs* l'objeCtion de M Kirwan portant
encôre ici fur la préfence du gaz inflammable
dans. le fer, fur l’air fixe formé par ce gaz
avec l’air" vital , & ces derniers points non-
feulement n’étant pas prouvés * mais même n'étant
pas probables * il n'eft pas néceflaire de
répondre en dérail ici aux obfervations de ce
chimifte * que Monge a d’ailleurs examinées
l’une après l’autre * & qu’il a réfutées par des ::
faits, des réfultats & des expériences inconnues
à M. Kirwan lorfqu'il publia fon ouvrage.
Enfin * on pourvoit dire encore que .cette dernière
feCtion ne comprenant que quelques phénomènes
particuliers à un métal * ne peut pref-
que point être regardée comme relative à la
théorie générale des chimiftes françois , ou au
moins comme influant affez fur fon fort* pour
mériter d'être examinée & difcutée avec autant
de détails que les précédentes. C ’eft, dans les ré-
ponfes même de Monge qu’on pourra trouver
tout ce qui eft relatif à la folution des difficultés
particulières faites fur !es états divers du
fer par M. Kirwan * ainfi que dans le mémoire
complet de Berthollet * Monge & Vandermonde *
inféré parmi ceux de l’académie pour 1786.
Dans une conclufion de quelques pages qui
termine l’ouvrage* M. Kirwan en fe réfumant
raifonne ainfi : dans la nouvelle doCtrine on convient
qu'à la chaleur rouge le gaz inflammable
& l’air pur produifent de l'eau * que l'efprit-
de-vin produit de l’air fixe & de l’eau pendant fon
inflammation , que les huiles & les réfines q r i ,
contiennent auffi du gaz inflammable* produisent
égalemenc de l’eau & de l’air fixe pendant leur
combuftion * que le gaz inflammable & l’air pur
brûlent avec flamme ; ainfi les effets naturels
femblables devant être attribués aux mêmes4'
caufes * le foufre* le phofphore * le zinc* le
régule d'antimoine * qui s’enflamment dans l'air
commun * comme le (fer dans l'air déphlogif-
§§§§ * doivent cette propriété au gaz inflammable.
Il èn efl de même de l’alcali volatil qui
détonne fouvent avec le nitre * qui donne du
ga7, nitreux avec l’acide du nitre. D'un autre
coté * continue M. Kirwan , on n’a fait aucune
objedion plaufibie aux preuves que j'ai don- ■
nses * que le gaz inflammable & le phlogiftique <
font la même fubftance * précifément comme la |
glace & la vapeur de l’eau font la même fubf- j
tance ; la furabondance de la matière de la cha* 1
kur fait la feule différence qui exifte entre le.
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gaz inflammable & le phlogiftique. Ainfi l’on
voit par le réfumé ou cette conclufion * que M.
Kirwan en admettant toutes les nouvelles découvertes*
ne diffère eflentiellement des chimiftes
françois pneumatiftes que par fon opinion fur le gaz
inflammable* dont il regarde la bâfe comme le
vrai phlogiftique *. & qu'il admet * quoique fans
aucune preuve expérimentale directe ce pofitive,
dans tous les corps combuftibles. 11 eût été pof-
fible de renverfer entièrement cette conclufion *
en niant fimplement la préfence de la bâfe du
gaz inflammable dans le foufre * le phofphore *
les métaux} mais Guyton-Morveau * pour donner
une preuve de fon entière adhëfton à la
dcCtrine pneumatique,* s'eft propofé de répondre
avec quelques détails à cette conclufion
dans une note affez étendue qu'il a jointe à cet
article de l'ouvrage de M. Kirwan. Guy ton *
après avoir placé en forme les principales objections
de M. Kirwan * obferve qu'il n’a pas
démontré & qu’il n'admet que par analogie la
préfence du phlogiftique ou au gaz inflammable
fixé dans le foufre * le phofphore * le charbon *
les métaux * le gaz nitreux * Sçc. & que les termes
même qu'il emploie * a moins qu3il ne foit
prouvé que ces fubfiances ne contiennent point de
g a s inflammable * fuppofent le défaut ahfolu de
preuves de fon exiftence * & doivent confé-
quemment & enbonnelogique empêcher qu’on ne
l'admette. Guyton répond enfuite avec beaucoup
d’étendue aux argumens de M. Kirwan. Il remarque
que de ce que des effets font--du même
genre * il ne s'enfuit pas qu'ils foient produits
par une même matière 5 la vraie analogie ou
l’effet du même genre qui exifte dans toutes les
combuftions * c’eft h décompofition de l'air vital
& le dégagement de la matière du feu de
cet.air par tous les corps combuftibles <Tffé-
rens j le fécond argument tiré de la détonation
du nitre , lui paroît abfolument du même genre j
c'eft encore un feul & unique effet de la part
du nitre * mais qui peut être & qui eft réellement
produit par des corps très - différens *
comme le charbon * le foufre * les métaux * Sec.
qui tous ont plus d'affinité avec la bâfe de l’air
vital, que celle-ci n'en a pour la bâfe delamo-
phette atmofphérique.
Guyton cite ; ici la fameufe expérience de
P ieftley fur la réduction d'une chaux de fer
rouge par le gaz inflammable * qui ne lui a
donné que de l ’eau* & qui prouve, contre l'opinion
de M. Kirwan * que l’on n’obtiei.t pas d’air
fixe de la combinaifon du gaz inflammable avec
l’air pur. Le troifième argument que Guyton
réfute * eft relatif à la production du gaz nitreux,
d’où M. Kirwan inféré la preuve de l’exillence
du phlogiftique. On a déjà répondu * d’après les
réflexions de Berthollet, à cet argument de M.
Kirwan. Guyton fait voir encore ici eue cette