
l ’ordinaire , nous éprouvons la fenfation de
froid. »
y. Le mot feu nous repréfente une opération
dans laquelle il y a en même-tems dégagement de
calorique & de lumière , & qui cohféquemment
nous procure deux fenfations différentes., la chaleur
& la clarté.
- »6° .l/intenfité de la chaleur & du froid n’étant
appréciable que par la comparaifon que nous établirons
entre les différens degrés de ces fenfations,
nous difons fouvent que nous avons chaud,
lors même que nous communiquons du calorique
■ aux corps environnans. Il réfulte de cette confédération
, que nous éprouvons la fenfation de chaleur
toutes les fois que le calorique fe combine
avec notre fyftême , ou que nous en communiquons
aux corps environnans une quantité plus
-conlidérable que celle que nous leur comm a niquions
à l’inffant où nous éprouvions une fenfation
différente que nous défigaions,par le mot
froid ,- hulant qui fert pour lors de terme de
comparaifon , & vice verfâ. »
& 70. N’ayant que deux mots pour exprimer
l ’irvtenfité des fenfations que nous procure le ca^
lorique lorfqu’il ne déforganife pas notre fyftême,
le nombre de degrés quelle comprend eff très-
confidérable ; d’où il- réfulte, i°. que les mots
: chaleur & froid ne nous présentent aucun fens , fi
nous ne comparons pas les fenfations qu’ils expriment,
à un point fixe qui. fert d’étalon.5 20. .Que
ces fenfations ont des limites très-étendues,. &
11’ont rien de ftable pour l’époque de leur denorni- :
nation.
» 8®. Le jugement que nous portons fur î’in-
ter.iîte de la chaleur & du froid , dépend prefque i
toujours de la comparaifon que noùs; etabliffcùs ;
entre ‘a fenfation que nous éprouvons lors du jugement
,, & celle que nous éprouvions i’inffant
d’auparavant. »
w 90. Les différences qui exiftent entre.les fen- ;
fations de chaleur & de froid que nous font éprouver
les différens corps de la nature, lorfque bous %
les touchons & qu’ils ont la même tempéra-
ture , dépend, 8c ae leur capacité , 5c de leur
raaffe , £r de leur propriété conduéirice de la'-
chaleur, & de leur contaét plus ou moins re- •
.nouveÜé. •»
» iôQ. Il s’en faut de beaucoup que le thermomètre
loit, a in fi qu’on l’a cru pendant loag-têrris,
une mefure exaéle de la chaleur. *»
35 11°. L’habitude influe coriêdérablement dans
Je même-individu fur l’intenfité. de fes fenfations,
parce ou elle fait varier fans celle le jugement
.eu il établit entre les différens degrés de la même
Lnfat on. » •
>» 12°. L'habitude n’eft pas la feule caufe qui
fait varier l’intenfité des fenfations du même individu
, il en exifte beaucoup d’autres qui peuvent
produire le même effet. »>
. *> i$°. Le rapport qu’on peut établir entre
l’intenfîté des fenfations qu’éprouvent différentes'
perfonnes , lorfqu’eîles font expofées aux mêmes
influences , eff variable par une infinité de
eau fes. »
» 140; On ne juge de la fenfation d’une per-
fonne , que par l’idée qu’on attache au mot dont
elle fe fert pour Fexprimer. Mais ce jugement eff
prefque toujours inexaét. »»
« 15®. Lorfque nous voulons indiquer la fenfation
que nous éprouvons , il nous arrive fouvent
de prefenter une idée contraire à la vérité, a»
Os n’a parlé jufques ici , ni des fenfations
qui dépendent de la déforganifation de notre
îyffême par l’aétion du calorique- ni' de--Finfluence
de l’humidité de Tatmofphère fur les
fenfations de chaleur 8c de froid 5 mais ce mémoire
étant déjà très-long., on ne traitera ces objets
que dans d’autres articles.
CHACRIL , f. m. fouvent CHACRILLE,
C f. quelquefois CHACARILLE, mais plus
ordinairement CASCARILLE. ( Pharmacie. )
Cette fubffance que l’on a encore défignée
fous le nom de quinquina aromatique, quinquina
faux eff l’écorce d’un arbre d’Amérique qqe
Linnêe a décrit fous le nom de Crown caf-
, carilla. On la trouve dans le commerce. ,en
morceaux plus ou moins longs , roulés fur eux-
mêmes 8c recouverts d’un'épiderme ou pellicule
mince , blanchâtre , infipide , ridée, fiîlonnée
légèrement 8c en divers fens. Sa fubftançe eff
ligneufe , compaêtej cependant facile à brifer,
à pulvérifër 5 fon épai fleur eff depuis une Jigne
j.ufqu’à une ligne 8c demie, fa couleur approche
beaucoup de celle du quinquina , mais fa faveur
en diffère.; elle eit moins amère , moins
iéfagréable que le quinquina. Si on la mâche
elle lai ffe dans la bouene une impreflion de
chaleur, d’amertume mêlée de quelque chofe d’aromatique.
Si en la brûle elle .répand une fumée
épai.fiè, une odeur forte, aromatique, agréable,
ce que ne fait point le quinquina, 8c il reffe
un charbon, léger, fpongieux , femblablé à celui
des réfines brûlée?. Par la diftiliation on en retire
une allez grande quantité d’huile volatile
d’une couleur verdâtre. Par l’infufîon dans l’eau
ou dans.l’alcool ôn obtient de la cafcarille une
a ffe z grande quanticévd’extrait 5 8c B@ulduc.,
qui a fait des recherches particulières fur ,1a
c'.fcc ri !U , avance qu’elle donne par l’alcool plus
d'extrait iclineux qu’aucun autre végétal conqu
Long-temps la cafcarille a été regardée comme
un remède'uès-efficace dans un grand nombre de
Rr Ali rrmivp. dins les pharmacopées. plu-
' 1?. On diffilloit la cafcarille avec de Peau, 8c
on obtenoit une eauiégérement aromatique qui
étoit employée dans les potions comme excipient.
i Q. On en préparait un extrait en faifant in-
fufer & bouillir deux onces de cafcarille concafl.ee
dans une fuflifante quantité’ d'eau que l’on faifoit
enfuite évaporer jufqu’à coniiffancede miel épais.
Cet extrait p a r l’eau étoit fort recommandé
dans l’atonie, la débilite de l’effomac, des in-
teffins, de l’utérus, dans les diarrhées, les dysenteries
, les flux muqueux de 1’uterus,, des in-
teftins S Boulduc attribue même à. la ca f drille
la propriété de fortifier i’eff omac, que l’ipéc|cuan.a
débilite. On d’employoir auiïi dans les fièvres
catarrhales, hv variole , la rougeole, mais Surtout
dans les fièvres..remittentes 8c intermittentes.
Quelques-uns même la regardoient comme 'plus
efficace que le quinquina.
' La dofe .de cet extrait étoit de quinze grains
a un gros 8c demi, fous forme qe bols, ou
délayée. dans une potion. Le difpenfaire de
Strasbourg préferit de préparer lextraie d e 1
cafcarille. avec )e vin , 8c la pharmacopée ruile
'recommande l’alcool.
3 , ° . On prépateit une t e in t u r e ou e j f e n c e d e
c a f c a r i l l e ,en .faifant'in fil fer- t r o i s o n c e s de c a f c a r i l l e
avec, d o u z e p n j c f s .^ ç i alcool, que 1 6n fi.troit après
quelques, jours de digeftion , lorique 1 alcool
étoit bien chargé des parties folubles de la càj-
c a r i t l e .
Cette préparation qui , d’après les principes
delà nomenclature méthodique, doit.êtrè nommée
infufùm alcoolique d e cafcarille| étok fort recommandée
commet tonique ; Üamachi.que , carmi-
Nnatif, 8c on la prefcrivoit à la dofe de trente
à ■ quatre-vingt gouttes.
4°. On préferi voit encore la cafcarille en poudre
ou fous. torme d’intùfion préparée à 1 eau où au
vin , ià la dofe. de '.deux ou trois eros fur une
pinçë ;d,é A'éhiçüle.
Aujourd'Kui- toutes ces préparations font ra-
rem'ent employées ; 1 experiencëa fairrëconnôitre
que la c a f c a r i lle etoit peu tebrituge 3 moins cjue la
gentiane , & par: confisquent bien inférieure au
quinquina. Cependant, à caufe du principe aromatique
qu'elle contient , elle peut être utile
.dans les f iè v r e s intermittentes , accompagnées
de la dcBilité des premières voies.,-ce que l ’on
vobferve aflèz fouvent;' à la fuite dés fièvres
■ quartes d’automne , dans les climats humides,
dans les- armées froides & pluvieuiés.: Alors on
.peut l’aflocier avantsgeulement au quinquina 5.
comme tonique on l’emploie auffi à la fin des
maladies putrides, quand tes malades font tombes
dans une grande foiblelle. On l'unit encore au
quinquina & on la preferit dans la proportion
d'un gros ou d'un gros & demi fur une demi-
once de quinquina. (M . C hadssier. )
CHALUMEAU. Chimie.
§. I. Le chalumeau eft un inftrUment tres-utile
pour l’examen des fubftances minérales.
André Swabe le fit connoître en 1738. Il fut
enfuite' perfeélionné par plufieurs mineralogiltcs..
Le célèbre Engeftrom publia une dilTertauon en
anglais, fur la manière de s’en fetvir. Mais Bergman
a porté fur cet infttument & fur, la imamere ue
s’en fervir. l’exaâitude. la plus .ngoureufe dans
une dilfertation où il a configné une fuite^
de travaux très-précieux , 8r dans lefquels ] ai
puifé la plupart des faits que je vais rapporter.
( Opàfcules phyfiques .& chimiques , vol. I I . )
On fait des chalumeaux avec des matières de
nature différente s l'argent à caufe de fon inaltérabilité
elt une de celles qui convient le mieux
pour cet objet. Bergman- confeille d'allier la
pointe de cet infiniment avec une petite portion
de platine pour lui donner plus de dureté.^
le rendre moins altérable par la chaleur.
§. I L Le c h a lum e a u de Bergman eft cûmpofé
de trois parties „ comme ’on le- voit fig. 47 „
claife 1, l'une appellée m a n c h e , fe termine en
une pointe conique tronquée (aa ) -, qui s'adapte
par frottement à l'ouverture ( b ) de la fécondé
pièce. La fécondé partie (B), nommée réfervoir,
C -J iiila , eft formée dunê lame elliptique, courbée
au ceircre , de manière que les côtés oppofés,
foudés tout autour à une égale diftaUce du bord -,
"font parallèles ; cettë cavité eft deftinée à retenir
l'humidité qui s’exhale de là poitrine, & que l'air
y dépofe. Bergman préfère la forme, applaiîe de
ce refervoir à celle d’une fphère qu’on lui avoit
dônrte avant lui. L’ouverture conique creufée
dans la protubérenoe ("d d) y ne doit point avoir
de rebord intérieur afin que la liqueur recueillie
dans le refervoir après une longue infufflation,
ptiiffe, en . lorrir facilement . Se au on la puifle
nétoyèr commodément. Le petit rube(C) eft très-
'étroïï.j fa partie conique , la plus courte ( é è )
doit entrer eiaâêièter.èaos l’oùVerture (t) pour
que l’air ne puifle fortir que par i ô'rîfice (g). Il
faut avoir plufieurs de ces petits tubes différens
en .grufTeurs -que des circonftances particulières
nëceflitent fouvent. L’ouverture (g) doit être circulaire
& égale j car fans 'cela le cône de la
flaiuraè i donc nous parlerons plus bas, fediviferoit
en' plufieurs parties , & ne produirait pas l'effet
au’on doit en attendre ; les -cercles .de cuivre
(h h) ", fe (,i i) empêchent que les extréniites coniques
(a a) & (ee) , ii’ entrent trop avant, il eft nécef