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comme lui l’idée d’un corps d’une autre nature
que 1 air avec fes apparences & fes propriétés
phySques , il n a pas eu une idée du gaz 8c
fous ce point-de-vile il étoit beaucoup moins
avance que le chimiüe d'Edimbourg On reauànies
n h T U''S d“ que les phylieiens onSt eCuÊet peoxuPr° féa dhop tedri fflic’iudlétée
dune efoece d’air, qui nétoit point air , &
cette idee de Amplification dans les premiers
principes , 8c de îeduâion, ainfi que d’indé-
compoiiuon des élémens qui ont oppofé toute
& 7 o l r i f£ t<>UCei '"A"?6 df s Préiugés entafies
fe fortifies par les fiècles à l’introduélion des
opinions nouvelles , 8c même , comme on le
verra bientôt au refultat (Inexpériences , aafîi
neuves a la vérité qu'elles étoient exaétes.
Quelques années après la publication des
[mémoires de Black fur Pair fixe , David
Macbnde , chirurgien habile de Dublin ,
en ht une application nouvelle & heuréufe aux
pnenomenes de l'économie animale. Halier
etoit juiques-là le feul phyficieu qui eût
adopte les idées de Haies , & regardé l'air
comme le ciment des corps. Macbride fit à
Dublin une - fuite d’expériences très-nombreufés
lur cette partie nouvelle de la phvfique. 11 fit
voir,que ce-n’éroit pas feulement des effervef-
cences Sc de la fermentation végétale que l'air
fixe fe dégageoit, Sc que les fubltances animales
en teimentation en fournifîbient abondamment.
Il le lervit d un appareil nouveau pour recueillir
le gaz & le mettre en contact avec beau de
çhaux & les alcalis. Deux bouteilles liées l'une
a 1 autre par un tube communiquant , conlli-
tuoient cet appareil : dans l'une il metroit le
mélangé efiervefcent , fermentant ou putréfiant,
j e-Da-dire donnant l’air fixe par l’un ou l'autre
i ?es procédés.; dans l’autre il plaçoit les
alcalis liquides ou l’eau de chaux , ou les di-
verles matières fur Jefquelies il vouloit eftimer 1 action; de l'air fixe. Ainfi ce guide élaltique
troubloit.&precipitcit l’eau de chaux, rendoit
les alcalis effervefcens, les faifoit même cryltal-
liler à mefure qu’il étoit abforbé par les liqueurs
On volt déjà que Macbride ajouta un peu plus
d exactitude dans le procédé & l’appareil aux
expériences de Black. Par cet appareil, il prouva
que les chairs & les matières animales lailîbient
exhaler de l’air fixe à mefure quelles fe pour-
niloient , 8c que leur tiffu saltéroit, quelles
devenoient molles , déforganifées à mefure que
1 air fixe s’en dégagëôit ; il attribua leur d'é-
compofition 8c leur organifation à ce dégagement
dair fixe,8c fit bientôt une découverte qu’on
a crue long temps depuis capitale 8c décifi- e.
Ayant expofé de la chair à demi-ponrrie & ramollie
a 1 air fixe dégagé des effervefcènces 8c
même des matières animales, il la vit fe raffermir,
reprendre un air de fraîcheur, perdre
leur odeur mfcfle, & rëpaffer prefque à l’état
de chair fraîche à mefure qu’elle abforboit de
r l a e ’ .lcr,ut pouvoir en conclure que les
fubltances animales ne fe putrefioient qu’en per-
dant leur air fixe , Sc qu’on pouvoit arrêter la
putréfaction, 8c rétablir celles qui étoient putré-
> en leur rendant le principe quelles avoient
E" appliquant enfuite cette idée à la digeffion,
Macbride obferva que les matières alimentaires
ont en général ûifceptibles de fermenter en
peu de temps, que le mélange dès fubltances
animale^ avec les végétalesJ a même plus de
tendance & de facilité à fermenter, que les
unes ou les autres ifolées, les mélanges alimentaires
ordinaires lui fournirent beaucoup d'air
fixe pat leur fermentation. Il crut que ce mou-
veulent avoir lieu de la même manière dans
1 eltomach des animaux , que l'air fixe dégagé
etoit abforbé par le chile, porté dans le fang
parla circulation, ou abforbé dans les inteftins
par des vaiffeaux particuliers, puis évacué en-
r é^ hors du corps, foit par les urines foit
Mr.ia tranlpiration. De-là fauteur fut conduit
a taire des expériences furies fécrétions animales,
i ‘ur quantité d’air fixe contenu dans les
Loueurs portées hors du corps par ces lécrêtions.
f eau dp chaux, comme enlevant l’air fixe , 8c
,précipitant en terre calcaire avec lui par-tout
ou elle fe trouve , lui parut une très - bonne liqueur
d’épreuve pour remplir cet objet. 11 la
mêla avec le fang quelle précipita; il trouva
que la partie rouge contenoit beaucoup d’air
fixe , & que la blanche ou le férum en étoit
dépourvue. Il reconnut auflî que la Tueur &
1 urine renfermoient une grande quantité de ce
principe, & qu’au contraire la bile & la falive
qui en étoient privées , avoient une très-grandt
tendance pour en abforber. Ici l’on doit remarquer
que Macbride commit involontairemene
plufteurs erreurs. L eau de chaux, quoique pouvant
précipiter les liqueurs animales en railon
de l’air fixe qu’elles contiennent, fe"trouble 8c
' fe précipité encore par d’autres catifes , dès
qu'on la mêle avec les liqueurs. L’urine fur-toui.
contient des fels phofphoriques qui Ont tous
la propriété d’être décompofes par la chaux, &
de former avec elle un fel infoluble de la même
nature que la partie folide des os. Le même
.effet fe paffe par les mêmes caufes dans d’autres
liquides animaux ; ainfi c’eft ï tort que Macbride
s'efi fervi de-ce moyen pour apprécier la
quantité d’air fixe contenu dans les liquides
animaux; s il avoit examiné le précipité qu’il
ohtenoit , il auroit facilement reconnu qu’il
n’étoit point de la craie , & fa théorie'alors lui
auroit^ paru peu prouvée., ou il auroit efflàyé de
1 afleoir fur des bâfes & des expériences plus
folides.
Macbride
Macbride , d'après fes tentatives fur les mélanges
alimentaires & fur leur production "d'air
fixe â ainfi que fur le dégagement de ce principe
des matières animales pendant leur putre-
faction & la propriété qu'il y découvrit d'arrêter
ce mouvement, fut conduit à une théorie nou
velle Tur les maladies putrides , & fur le feorbut
de mer. Il leur àfligna pour caufe la privation
d'une portion d’air fixe néceffaire à l'état de
fin té j il remarqua que les matières animales
qui lui fourniffoient beaucoup moins d’air fixe;
que lès> végétales- pendant leur décompofition
putride , étoient. nûifibles dans ces maladies 3 ;
. & que .c’étoit au contraire les fubftances vé-j
gétales, très-riches en air fixe , qui en proçu-
roient promptement & lïïrement la guérifon.
Fondé; fùr cette théorie , Macbride recommanda ■
Tulàge de la dréche , c’eft-à-dire de l'extrait«
d'orge fermenté & délayé dans l'eau , pour le]
feorhut de mer ; l ’eau fucrée , & quelques autres
fubftances également fufceptibîés de1 produire
de l'air fixe par1 leur fermentation, furent aufïi
confeiilées par ce phyficien, & le fuccès répondit
en effet à fon attente , comme on l'a
vu par les obfervatîons de Pringlé , & par les
heureux effets de l'ufage des végétaux fermentés
dans les voyages de Cook, qui a cohlervé les équipages
fai ns, malgré tous lés périls d’une iongtie navigation.
Macbride pouffa cette -théorie jufqu'à
dire que les acides ne fâifpfent dans les maladies
citées qu'abforber l’alcali développé 3 & h'âgif-
foient que comme palliatifs , tandis que l’air
fixe 3 leur véritable remède les guérilfeit com-
plettemerit, en rétabli fiant lesmatiètes animales
dans leur état naturel.
On reconnoît dans tout cet expofé du. phyficien
dé,-Dublin combien il eft facile dé ..s'en, laiffer
inipofer par une idée fëdu i faute : j'" à quelles
cônféquences exagérées on peut être“; .entraîné, i
lorfque la préoccupation vous empêche de vous
arrêter fimplemént aux réfultats des expériences
& jufqu'à quel point on peut créer des erreurs
& prendre l'ilïunon pour la réalité , lorsqu'on
s abandonne trop facilement & troppromptement
a un fyftême qui flatte l'imagination. On verra
par la fuite que par les découvertes fuccèfrivès
fur Je gaz j il a fallu renoncer, à une g^apde
partie de la théorie de Macbride , dont là principale
bafe fut le dégagement de l'air fixe comme
caufe primitive de la putréladiion des marièrçs
animales & de leur dilfolùtion , ainfi que fur I
.J.eur retabliffement dû à fon abforptipn j étoit j
fondée fur des expériences faices^rop peu exâc-1
tement , 8e fur des conclufions trop légèrement 1
tirées. r -j
î l’utilité & l’importance de l’application de la
chimie à la médecine ; fes erreurs même n’out
porté aucun préjudice à l’art de guérir j parce
que fa théorie étoit -accommodée à l’expérience
chimique même > on lui doit d’ailleurs des ob-
fervations nouvelles fur les propriétés de l'air
fixe, dont nous allons offrir encore ici les principaux
réfultats. ' . ' . .
Macbride a trouvé q, par fes expériences, «
rR. que' les mélanges en fermentation donnent
plus vite de l'air fixe. dans le vuide que dans
l’air j ainfi la diminution de prélfion favôrife le
dégagement du fluide élaftique , comme la
théorie la plus fimpie ik la moins deuteufe l’indique
en effet j ?.Q. ;que les terres calcaires accé
lèrent la putréfadion j 3^. que la chaux dé-
compofe les matières animales j en leur enlevant
leur a:r fixe , & produit ainfi un effet analogue
à la putréfa&ion $ 4°. que l’huile ne s’unit à
l’alcali fixe que lorfque ce fel eff privé d’air fixe,
&. que lorfqu’on met une difiblution de favon
en contact avec l’air fixe, l’alcali fe fépare, Sc
l’huile vient peu-à-peu nager à la furface de
l ’eau 3 j ° . que i’efprit ardent ou alcool abforbé
de l ’air fixe > 6Q. que l’alcali volatil 5 qui fe
' dégage "des matièrës animales putréfiées, fe fépare
tantôt pur & caufiique, tantôt uni avec
l’air fixe , & faifant effervefcence avec les acides ;
7°. que l’air fixe eft conteriu dans l’âtmofphere
puifque la 'chaux & les alcalis cauftiques e.x-
pofés à l’air, y deviennent effervefcens.
Les découvertes de Macbride l’ont amené à
conclure que l’air fixe étoit un fluide éiaftique
fort different de l’air’ de l’atmofphère 5 en le
comparant l’un à'l’autre , il a très - habilement
& très-ingénieufement diftingué ces'deux fluides
l’un de l’autre : il les -a oppofes d’une manière
très ex a de par leurs propriétés contraires. Ainfi,
fui van r les expériences, l ’air fixe peut être introduit
dans les inteftins’'des animaux & dans
plufieurs’de leurs parties , fans y produire dé
défordre, tandis que l’air atmofphèrique, introduit
de même, y ferait naître des effets tu-
nefteà ; l’air commun, au contraire , eft nécef-
faire à h'refpiratioh des animaux , & il faut ’
qu’il i’iufpiVenr continuellement pour entretenir
leiir vie-., tandis’ que l’air fixe reçu dans leurs
pourrons, y porte un poifon fubtil qui les tue
promptement 5 celui -ci s’ unit facilement à la
chaux 8c aux alcalis qu’il rend cryftallifables &
efre 1 vefeens„5 l’air atmofphèrique ne produit point
un pareil effet fur ces fubftances qui ne l ’abforbent
point. •
, 1 i^es conciuiions ae MacDrnieîont aum vraies oc
Maigre cela, Macbride a rendu un grand' auflî e x à d s s qu’il foit poflîble. Depuis trente
ryicçf a feiepeè tous les efprits .j ans qu’il lés a préfeniées, le temps & les expé-
a ' il a fait, voir'! rieheés rtentefait qu’y ajouter de la précifîon Sc
A a a
fervicC à la fciencè ; il a porté
vers unè étude1'trop négligée
Chimie. Tome l l l .