
cerveau , ont éprouvé cette-affeéHon artificiëlle ,
ont trouvé une analogie frappante entre les fen-
fations produites par l'acide m riatique oxigéné &
celles qo’occafionne le contaêt fubit d'un air très
froid & très denfe , lequel eft , comme on fait,
la caufe fréquente de cette maladie , & que dans
le cas de fa production naturelle par 4e refroi-
-diffement rapide & inftantané de l’atmofphère ,
on peut croire que c ’eft l’a<3::on de l ’oxigèpe
condenfé qui donne naiffance au rhume , comme
.dans le cas de l'irritation occasionnée par l'acide
muriatique oxipéné , qui n'en diffère que par
une intenfité & une promptitude plus grandes >
•qu’ainfi l'effet de ce dernier répand quelque lumière
fur la caufe naturelle des rhumes &
qu'en l ’étudiant avec beaucoup de foin on pourra
parvenir , non feri: ment à mieux connoîtreli nature
de ces affections , mais même à les mieux
guérir, & furtout à les prévenir.
Le troisième travail de 1791 eft l'examen chimique
du foie de la raie. Ce foie,, remarque
l'auteur, eft déjà connu par fon grand volume
par rapport aux autres vifcères, & par fon af-
peCt gras & huileux. Jeté dans l’eau bouillante,
il fe durcit légèrement, fe fonce en couleur,
& perd pat l’expreffion & le rapprochement de
fes fibres une huile jaune qui fe raffemble fur
l'eau, & refte liquide à la température de 10
degrés. Broyé dans un mortier de marbre , il
forme aifément une efpèce de bouillie , d'où il
fuinte des gouttes d'huile } en ajoutant de l'eau
& continuant à broyer , il donne une forte d'é-
mulfion très blanche ; paffée à travers un tamis
de foie, cette liqueur ne laiffe que la portion
membraneufe qui recouvroit le foie. Cet te
émulfîon préfente à fa furface , quelques heures
après qu'on l'a expofée à l'air, une efpèce de
crème jaunâtre y 1-s acides la décompofent, & !
en féparent des flocons qui fe raflemblent au
haut de h liqueur. La crème battue ne donne
point de beurre , mais une huile plus épaiffe que
celle qu'on tire du foie de raie par faCtion de
l'eau bouillante. La liqueur qui eft féparée de
cette huile & des flocons bruns, albumineux &
parenchymateux qui fe concrètent en même
tems , verdit les couleurs bleues végétales i mais
cette couleur repaffe à fon premier état par la
volatil i fation de l’ammoniaque , caufe de î’alca-
nilité de cette liqueur. Le foie de raie laiffé fur
le papier, le rend tranfparent & gras , comme
le fait une huile. En chauffant légèrement du
foie de raie écrafé auparavant en pulpe, il fe
prend en grumeaux , d’oû fort une grande quantité
d'huile jaunâtre ; il fe volatilife en même
tems de l'eau & un peu d'ammoniaque. Leîpa-
renchyme de ce fo*e épnifé d'huile & prefque
defféché par la'chaleur, brûlé dans un creufet,
ne laiffe qu’une cendre blanche, à demi*fondue,
adhérente au creufet, qui eft du phofphate de
chaux pur. L'huile qui eft extraite du parenchyme
devient blanche , concrète & comme une
efpèce de graiffe ou cire molle , par l’aCtion de
l’acide muriatique oxigéné j elle devient egalement
opaque & concrète «n l'expofant en couches
minces à l'air dans des vaifleaux de verre.
L'auteur conclut de ces expériences que le foie
de raie contient plus de la moitié de fon poids
d'huile toute formée, il obferve que cette quantité
d'huile ne fe trouve que dans les animaux
dont la refpiration eft bornée ; que chez
l'homme & les animaux , dans ^certaines maladies
du bas ventre, le foie prend le volume,
la couleur & le caractère huileux ou gras du
foie des poitfons* que les oifeaiix nourris avec
le lait, & expofés à une haute température,
offrent également un foie gras, blanc & très-
volumineux. 1} foupçonne que dans le fyftême
méfentérique & de la veine-porte , le fang, en
circulant très-lentement, fubit un changement
qui le rapproche de la nature huileufe, que le
carbone qu’il contient s’empare feul de l'oxigène
qu’il a abforbé dans le poumon, forme de l’acide
carbonique, Bc que l'hydrogène devenant
plus abondant à mefure de la féparation de ce
carbone, donne à la maffe de ce liquide la propriété
de dépofer abondamment une matière
graiffeufe dans les vifcères abdominaux, & fur-
tout dans le foie y que cet effet, qui a lieu dans
l’homme & les quadrupèdes dont le poumon eft
volumineux, & chez lefquels le fang circule
rapidement, doit être bien plus énergique dans
des animaux, tels que les amphibies nageans,
qui vivent long-tems dans la bourbe au fond des
eaux, fans refpirer , dont le poumon, très-petit
en comparaifon de leur poids & de leur volume
, n'admet que très-peu d’air. C ’eft à cette
ftruêture & à cette manière d’être que ces animaux
, nommés horribles par Linnéus, doiver.t,
fuivant le citoyen Vauquelin, d’être mous & cartilagineux
, pâles & fans couleur dans leurs di-
verfes parties , peu fenfibles, pareifeux & lents ;
c’eft à e lle , ainfi çm’au défaut de refpiration qui
en -eft la fuite, que font dus le volume confidé-
rable & en quelque forte la prééminence de
leur foie fur les autres vifcères , ainfi que la
liquidité & la nature huileufe de leur cerveau.
11 eft évident, d’après cette notice , que des ana-
lyfes femblables à celles-ci, & comparées à la
forme , au tiffu , aux proportions des divers organes
des animaux , peuvent jeter un grand
jour fur la phyfique animale, qui doit recevoir
ainfi de l’applicat on de la chimie un ag-
grandiffement & une amélioration qu’elle attendrait
en vain de la feule obfervation anatomique.
On va voir dans le dernier mémoire , que nous
rapportons à cette année 1791 , quel parti le
citoyen Hallé a déjà tiré des premières connoif-
fances acquifes fur les principaux points defaiu*
lyfe chimique des matières animales.
Ce mémoire a pour titre Ejfai de théorie fur
f ani malifaiion & l ’ajjirnilation des ali mens i. Il eft
inféré dans le tome XI des Annales, novembre
1791. Après avoir défini fanimalifation comme
le changement des fubftances végétales en fubf-
tances animales , l’aflimihtion le paffage des
alimens en notre propre fubftance , l ’auteur ex-
pofe les deux ordres de faits fur lefquels fa doctrine
eft fondée. Le premier ordre comprend les
faits qui prouvent l'analogie & la différence de
nos alimens aVec nos corps , celles des alimens
entr'eux y nos folides & nos fluides nourriciers
font de même nature ; les premiers font d’abord
diffous dans les féconds ; on en trouve aufli l’analogue
dans l:s alimens animaux & mêmè dans les
végétaux ; c'eft ainfi que la gélatine animale eft
repréfentée par lès gelées ou mucilages mous ou
pulvérulens des végétaux j la fibrine par la matière
glutineulè y toutes ces fubftances fe reflT m-
blent, parce qu'elles contiennent toutes la bâfe
de l ’acide oxalique , qu'on y forme par l’acide
nitrique. Cette bâfe que l'auteur, d'après La-
voifiernomme oxide kydro-carboneux eft tantôt
combiné , fans changer de nature , avec le
carbone, ce qui conftitue les matières végétales,
ou avec l’ azote , ce qui forme les fubftances
animales. En raifon de cette compofition,
les premières font acefcentes, les fécondés alca-
lefcentes. D 'après cela, quand les fubftances végétales
s’animaiifent, il faut qu’elles perdent du
carbone & qu’elles abforbent de l'azote. La réparation
de l’un ou de l'autre de ces principes ,
le carbone ou. l'azote , donnant prefque toujours
naiffance à des flùides élaftiques ; la confidera-
tion de ceux-ci dans l'économie animale doit faciliter
l'intelligence desphénomènes de nos fonctions.
Aufli l'auteur en comprend-il l'examen dans
le fécond ordre de faits.
II rapporte ces faits, 1®. à l’état des fluides
élaftiques contenus dans le canal alimentaire ,
lefquels, fuivant M. Jurine , font du gaz oxigène
qui va en diminuant de l'eftomac aux gros
inteftins , du gaz azote qui augmente toujours
progreflivement de l’eftomac^aux gros inteftins,
du gaz hydrogène qui augmente de l'ef-
tomac aux inteftins grêles , & diminue de ceux-
ci aux gros inteftins, du gaz acide carbonique
dont la proportion varie le plus, quoiqu'elle ait
paru à M. Jurine très-forte dans 1 efiomac ,. &
plus foible dans le canal inteftinal ; 2°.aux chan-
gemens que l’air fubit dans le poumon. Dans j
l’air expiré, le gaz oxigène eft diminué , le gaz
acide carbonique eft augmenté , -ainfi que la
proportion du gaz azoté. L’air vital paraît y
etre employé à former l’acide carbonique dans le
poumon,. peut être aufli à y former de, l'eau ,
puifque là quantité d'oxigène: abforbé a paru à
^M. Lavoifier &c Séguin fiirpaffe.r celle qui eft
ûeceflaire pour l’acide carbonique qui s’y forme *
M. Jurine ajoute qu'il y a du gaz azote dégagé
du fang i mais ce dégagement a été nié par M.
Séguin dans un mémoire qu’il a lu à la fociété
de médecine fur cet objet i 50. aux altérations
que l ’air éprouve par le contaétde la peau. I c i,
fuivant les expériences de MM. Ingenhouzs &
Jurine , l ’air perd de fon oxigène , &r la proportion
du gaz azote & du gaz' acide carbonique
augmente. Ainfi dans les trois points de
conraéfc de l’air avec nos corps, il éprouve des
altérations notables ,, le gaz oxigène entre dans
de nouvelles combinaifons , de nouvelles fubftances
s’y combinent , & la proportion de fes
principes eft changée..
Le citoyen Halle expofe en.fuite lés confé-
quances qui lui parodient réfulter du rapprochement
de ces faits , il en tire la théorie de l'afli-
milation- des alimens de la manière fuivante^
L’air atmofphérique fert à cette opération ,
.comme dans IV t l'oxigène fert à féparer dit
carbone ou de l'azote l'acide oxalique j le.dégagera
nt du carbone par l’air donne naiffance
à l'acide carbonique. Le dégagement de l’azote-
produit du gaz azote j partout ou c’eft l’eau
qui fournit de l'oxigène, il fe dégage du gaz
hydrogène. Dans le poumon & à la peau , les-,
opérations fe font par le çontaél de l’air j dans
les inteftins , elles fe font' par l'intermède dé
l'eau-, véhicule commun de la maffe alimentaire
& des humeurs qui la pénétrènt. Dans les trois
points il fe forme de 1 acide carbonique y aux
inteftins if fe dégage eu même tems du gaz hydrogène,
i f eft douteux qu'il fe dégage du gaz-
azote , foit dans le poumon, foit dans le tube-
inteftinal.
On peut conjçê&irer d’après ces faits que dans
fe canal alimentai ré l’oxigène provenant , foit
de l’air atmofpherrque, foit de l’eau , fe mêle
aux fecrétions & aux alimens , qu’il en fépare
du carbone , qu’il fe convertit en acide carbonique
, lequel eft abforbé qu’il dégage de
l’azote des fecrétions, & que cet azote.uni aux
matières alimentaires , au lieu du carboné qu’elles
ont perdu , les rapproche de l’animalifà:ion. Le
chyle qui réfulte de cette aélion fe mêle de
nouveau dans le poumon , & , à l’aidé de la ref-
piration avec le fang , abforbé de l’oxigène qui
en dégage encore du carbone fous la forme
d’acide .carbonique.., & qui' par là y augmente
la proportion de ràzote apporté parle fang veineux
j ainfi. la matière alimentaire s’animalife &
s’aflimile. Sans l’addition du-chyle, le fang feul’
s’aniniàlileroit trop , & contraêteroit les altérations
qu’ en obferve après une longue abfti-
nencé.. A’ la furface de la peau , organe que
l’aut e upç onne être au fyftêmé lymphatique
placé fi abondamment au - deffous , ce que le
poumon eft au fyftême ianguin > la. combinaifoo