
our les alcalis fixes que pour I* aie ali volatil.
Le fécond moyen de priver la terre calcaire
de fon air fixe , examiné par ,M. Black , eft la
diflolution dans les acides. Lorfqu on fait dif-
foudre la terre calcaire ou la craie dans un acide
quelconque , on obferve une effervefcence vive
qui n'eii que le dégagement de l'air fixé fous
fa forme fluide élaftique. La terre ayant plus
d affinité avec les acides qu'avec l'air fixe qui
lui eu uni , lâiffe aller celui-ci qui reprend fon
état élaftique, fe dégage , & fe mêle à l'air
atmoiphérique. Lorfqu'enfulte on fépare la terre
des acides qui la tiennent en dilfolution , on
peut a volonté la précipiter en état de chaux'
ou dans l'état de terre calcaire douce A’ eftêr-
velcente; il fuffit pour cela d'employer un al
cali fixe cauftique ou privé d'air fixe, doux &
effervefeent ou combiné à l'air fixe ; dans k
premier cas , on précipite de la chaux; dans le
fécond , l'air fixe quitte l ’alcali , fe porte fur
la chaux , & la convertit en terre calcaire. Dans
fes expériences , M. Black a vu que la terre
calcaire perd prefqu autant de fon poids pur la
diflolution que par la calcination , & qu'eile
reprend fa première pefanteur , quand on la
précipite en craie par un alcali chargé d'air
fixe.'
La chauxc'eft-à-dire , la terre calcaire privée
de fon air fixe 8c de fon eau , eft très avide,
de reprendre I un & l'autre ; çfe-îà une'partie
de la chaux , quand ou la dilîout dans Peau p
sep précipice en àbfoibant la;portion d'air fixe
qui fe trouve dans cette eau'; voilà pourquoi
il y en a une partie qui pâ’roit infoluble. L'eau
de chaux étant expofée à Pair, fa furfàce fe
couvre d'une pellicule qui n'eft que de la terre
calcaire, parce que la chaux de cette furface
abforbe Pair fixe contenu dans Patmofphère, '&
repaffe à l'état de craie infolublé ; auffi, prévient
on cet'te efpèce de précipitation , cette
décofnpofition de l’eau de chaux en'la privant du
çontaét de Pair , en l'enfermant dans des vâfes
bien bouchés. .
Les alcalis fe trouvent chargés d’une certaine
quantité, d'air fixe, dans,.leur état ordinaire;
M. Black a de même fait voir qu'on pouvoit
les en priver par lé feu & par les acides , mais
que le premier moyen ne-’ iêuffifîblt pas fi bien
que par la chaux , qu'on né pouvoit pas en
chaffer tout Pair fixe parla chaleur, mais qu’on
P en 'dégageoit complettemént par les acides ;
que les alcalis fixes cauftiques étoient diiTolu-
bles dans l'efprit-dé-vin.
En mêlant la magnéfie ordinaire qui fait une
vive effervefcence avec les acides, dans de l’eau
de çhaux.,, le chimiftè d’Edimbourg a yu que À
la chaux lui enlevoit Pair , fixe comme aux alcalis,
qu'elle repaffoit en fe précipitant à l'état
de terre calcaire, & qu’enfuire la magnéfie fe
diflolyoit dans les acides fans faire effervefcence,
d où il a conclu que la chaux avoir plus d'affinité
avec l'air fixe que n'en avoir la bâfe du
: iel d'epfonj,, qu'il a contribué par-là à bien
d'itinguer de la terre calcaire , & à faire regarder
comme une terre particulière très-difféf
rente de celle qui forme de la chaux par la
calcination , laquelle a beaucoup (Pâcretë , &r qui
eil bi:n diffoluble dans Peau, lorfqu'elle eft à
l’état cauftique.
M. Black a remarqué de,plus que, lorfqu’on
précipite des métaux diffous dans les acides par
I tes alcalis eff-rvefeens ou,chargés d'air fixe,
I; à nul!iré que les alcalis s'unifient aux acides,
! Pair fixe qui abandonne les premiers en même-
temps que les métaux quittent les acides , fe
porte fur les fubftnncts métalliques , s’y unit,
le précipite avec elles , & en augmente le
poids ; il a penfé que la préfence de Pair fixe.
; dans les précipités métalliques contribuoit à en
changer les propriétés, &r.que ce pourroit bien
, être là la caufe de l’ effet de l'or fulminant.
Enfin, ce chimiûe célébré a conclu de toutes
fes expériences qu'il étoit indifpenfable de Faire
un changement dans la colonne des acides de
la table des affinités de Geoffroy, & d’y ajouter
une nouvelle -colonne pour exprimer les affinités
de Pair fixe pour les alcalis. Dans la première,
il difpofe la terré calcaire entre les alcalis
fixes & l’alcali volatil > il met fur le même
rang l'alcali volatil & la magnéfie par rapport
à deurs affinités prefque égales pour les acides.
Dans la fécondé, iléplace de fuite les terres 8c
les alcalis par rapport à leur affinité différente
pour l'air fixe., & l'on voit qu'il avoit fait
ainfi une rectification importante & une addition
suffi nouvelle qu'effentielle dans la théorie
des affinités chimiques. Voici les deux colonnes
telles qu’il les a propoféés.
Acides,
Alcali fixe.
Terre calcaire.
Alcali volatil.
Magnéfie.
Air fixe.
Terre calcaire.
Alcali fixe.
Magnéfie.
Alcali volatil.
II réfulte de cet expofé fidèle 8c précis des
obfervations & des expériences faites il y a
actuellement quarante ans par Black , que ce
favant phÿfiçien eft bien.véritablement le premier
auteur de la véritable théorie de Pair fixe comme
on l'a long temps app.eîlée depuis cette époque
fameufe ; qu'ayant une fois bien diftingué Pair
fixe de Pair .commun-, ayant établi > par des
expériences précifes 8c exactes, fa préfence dans
les alcalis, fon paffage des alcalis dans la .chaux ,
fes affinités plus fortes pour /celle-ci que pour
Jes alcalis, fa propriété d’adoucir , de rendre
effervefeentes '& cryftallffables les fubilances al-
câlines , de s'unir aux chaux métalliques , de
fe décagër par PaClion du feu & des acides :
le premier pas , & le plus difficile fans contredit
une fois fait par le chimiftè d'Edimbourg, une
nouvelle carrière a été tout-à-coup ouverte aux
çhimiftes.; une foule d'idées neuves, différentes
de celles qu'on avoit eues jufques-’à , ont du
néceffai.remenc fe ■ pré fon ter a eux. Auffi les a-
t-ou bientôt vu s’élancer dans .cette carrière
& faire en quelques années des progrès tels ,
que ceux des fiècies précédons n'étoieut rien
en comparai ion. , *8c que la chimie a bientôt
changé de face. On peut donc , on doit même
regarder ce premier travail de Black comme une
des plus brillantes époques de la chimie , comme
la fource de toutes les découvertes qui fe font
bientôt fuccédées avec rapidité. Cependant Black
n’avoit point examiné l’air fixe ifolé , feul &
féparé d'avec la craie •& lès alcalis ; il n’avoit.'
fait qu'en fuivre les paffages & les effets dans.
Tes combinaifons faiinés ; il ne l’avoit point renfermé
dans des vaifieiiix | il. n’avoit^ point imaginé
de: le faire pa.ffer à travers, l’eau, d'en
examiner les propriétés , de le. comparer à l ’air,
quoiqu'il eût -affilié fa différence d’avec l'at-
mofphère ; il en avoit mieux vu les. effets que
Venel , & ne l’avoit point poffédé comme lui
fpus fa forme d'air; il ne l'avoit point contenu
dans des.veffies comme le chimiftè de Montpellier
, 8c il n'avoit étudié que fes principales
combinaifons. C étoit par les yeux du génie
feulement qu'il avoit eftimé fa différence réelle
d'avec l'air, & il n'en avoit jugé qu'à pofieriori par
fon union avec les alcalis & lés terres. Auffi
Black n'a-t-il indiqué ni la pefanteur de l'air fixe
ni la véritable identité de celui qu’on dégage
par l'effervefcence des alcalis 8c des acides avec
celui qui fe développe par la fermentation , ni
fon union avec l’eau , ni fa propriété d'éteindre
fes bougies, 8c de fuffoquer les animaux , annoncée
plus dt cent ans auparavant par Vanhelmont,
ni fa nature acide. Ces propriétés, ainfi que
tout.s celles qu’on y reconnoît aujourd’hui,
font le fruit d’expériences 8c de recherches
faites depuis Black. En un mot, Black laiïïbit
perdre l'air fixe dans l’atmofphère , & on ne
voit nulle part, dans fon ouvrage de 17y5 , qu'il
fe foit occupé de recueillir & d'obtenir à part ce
produit de l'effervefceri’ce. Il n'a pas non plus
cite les mémoires de Venel, qu'il connoiffoic
certainement , & on voit qu'il n'a fuivi ni fa
marche expérimentale ni fes idées fur l’air diffous
; quoiqu'il foit impoffible de ne pasapper-
cevoir un rapport certain , une férié cacheé
entre les expériences de l'un & la découverte de
l'autre.
Tandis que Black publioit en Angleterre les
expériences & la théorie qu'on vient de faire
connoître, M. le comte de Saluces travailloit à
Turin fur. le fluide élaftique , produit & dégagé
par l’inflammation de la poudre à canon. Suivant
Lui, ce fluide occupoit un efpace deux cent fois
plus grand, que la poudre d’où ii émane. Il
trouvait qui! étoit-élaftique 8c compreffible
comme l’air atmofphérique , mais qu'il en dif-
féroit en ce qu’il éteignait la flamme des chandelles
& tuoit les animaux. Il efl'ayoit de le purifier
; comme Haies l’avoit fait pour ce qu’il
croyoit être de l'air impur , en le filtrant à
travers des gazes imbibées d'alcali fixe en de-
Liquium, 8c en effet L'air , après cette épreuve ,
entretenoit la combuftion 8c la vie; il obtenoit
la même amélioration de ce fluide en le tenant
expofé pendant 12 heures au froid de la congélation.
Il affuroit qu'on produifoit le même
effet par le même moyen fur le fluide élaftique
dégage pendant l'effervefcence d’un acide avec
un alcali. On reconnoît ici des découvertes plus
avancées par un point que celles même de
Black fur la propriété du gaz de la poudre,
& eonféquemment fur celles, de. l’air fixe ; mais
on y trouve en même temps des erreurs fingu-
lières qui ne peuvent dépendre que du temps
où ce phyficien écrivoit , & de l ’impoffibilité
de recoBnoître alors & leur exiftence &r leur
origine. Saluces , fans défigner le fluide, élaf- ’
tique ,, dont il a parlé;, par un nom particulier ,
fans rappeler le nom d’air fixe adopté cependant
depuis Haies , a. vu l’analogie de celui qui fort
de la poudre à canon brûlé & de celui qui eft
produit par l'effervefcence. Il obferve que ce
dernier éteignoit la flamme comme l'autre. Il a
enrrevu. encore quelques faits' mtéreffans & vrais
fur la combuftion ; ainfi la poudre à canon lui
paroiffoit détonner dans les airs les plus inféâés
par le charbon les chandelles , le foufre qui
y avoient brûlé; les effets de la poudre fulminante
venoient de la même caufe , étoient dus
au même fluide que ceux de la poudre à canon ,
avec la différence qu'il s'en dégageoit en moindre
quantité ; auffi expiiquoit-ii la diverfité des effets
plutôt par la rapidité & l'inftantanéité du dégagement
du fluide- élaftique , qu’à la quantité
même qui étoit dégagée. Cependant, quoique
Saluces ait bien reconnu quelques unes des propriétés
du gaz qu’il avoit obferve . il n'en eft
pas moins revenu à la fin de fon mémoire à
n'admettre 8c ne reconnoître qu'une feule efpèce
d’air, celui de l’atmofphère , 8c à croire
que c'étoit liy dont l ’altération 8c la modification
produifoit le fluide élaftique qu'il'avoit examiné.
Ainfi, quoique plus- avancé que Black dans une
partie de fes expériences , il n’a pas connu