4°. enfin les rôles divers qu’ il joue dans l ’économie'animale'
5 & ce qui peut lui appartenir
dans les phénomènes de la vie des animaux.
Quant au premier point* l’origine du carbone
dans les animaux, il n’y a pas de doute que ce
principe ne foit apporté dans leur corps par les
rentières végétales ou animales qui leur fervent
de nourriture. 11 eft bien reconnu que fans la
préfence des végétaux les animaux ne pourroient
pas foutenir Jeur exiftence. Leurs foibles organes
ne leur permettant pas d’altérer lafolide contexture
des .minéraux , & d’afiimiler la matière
brute qui les compofe à la délicateffe de leur
tiffu* ils ont befoin que les végétaux commencent
par combiner l’hydrogène * le carbone & l’oxi-
gène qu’ils puifent dans la terre* dans l ’eau &
l’air, que ces efpèces de machines ou d’inftju-
mens cnimiques naturels opèrent dans leurs filières
à l’aide du calorique & de la lumière ces
compofés ternaires ou quaternaires fort diffe-
rens des matières minérales * & que l’on conçoit
fous le nom de principes immédiats des végétaux,
tels que le muqueux ou mucilage* la
gomme, le fucte* l’amidon &c.* 8c leur préparent
ainfi des matériaux mous, très-decompofables,
txès-diiîolubles* qui fe fondent dans leurs
fluides, qui les renouvellent, qui en augmentent
la maffe & qui donnent fans c,effe aux fo-
lides des animaux la ftibftance qui leur eft fans
ceffe enlevée par le mouvement de la vie. Ainfi
le .carbone ne parvient chez les animaux que dans
un état de combinaison plus ou moins compliquée*
au moins ternaire , jamais ifolé * mais fondu
avec l’hydrogène & l’oxigene, de forte à former
les mucilages. Jamais les animaux ne prennent
le carbone pur, ni même dans l’état de charbon*
c’eft-à-dire uni avec quelques matières fixes;
caron fait que dans cet état, ou bien il eft rejette
par le vomiffement .après avoir lurchargé quel-
ue temps l’eftomac,* ou bien il paffè comme
ebout à travers le canal inteftinal, fans être
ni dilTous dans les fucs gaftrique , inteftinal ou
biliaire * ni entraîné dans les vaifieaux lymphatiques
ou abforbans. Si quelquefois un goût dépravé
fait rechercher le charbon par quelques
malades * cet appétit irrégulier n’eft pas dû a la
fiécefliré d’une nourriture plus abondante ou d’une
reparution plus prompte, mais au befoin de la
préfence d’une efpèce d’abforbant ou de matière
antrte qui enveloppe les fluides vifqueux fades
ou acides qui féjournent dans Keft mach Voilà
pourquoi dans ces cas de maladie, la craye, les
terres infipides font elles défiréès en même-temps
que les charbons.
Le carbone qui fait partie des fubftances animales
y eft dans un état de combinaifon intime;
caché * enveloppé en quelque forte par d’autres
principes comme dans les fubftances végétales*
on n’y reconnoit ni fa couleur noire ^ ni fes
propriétés diftin&ives* ni aucun des caraÆère»
qui le décèlent; on ne l’en retire que par de»
analyfes plus ou moins compliquées ; il y eft même
encore plus profondément combiné en quelque
forte que dans les végétaux , puifqu’outre le
carbone & l’oxigène* il eft: de plus uni à l’azote 5
mais fa proportion devant, refter toujours à-peu*
près la même * pour entretenir l’intégrité des
fon&ions dans les animaux * il y a dans ces êtres
une puiffance dçftinée à maintenir l’équilibre
dans cette proportion. Les alimens végétaux
paroiffent contenir plus de carbone qu’il ne doit
y en avoir dans les liquides 8c les folides des'
animaux * qu’ils font deftinés à réparer. 11 pa-
roît qu’outre les organes de la digeftion dans l’intérieur
defquels il fe peut faire, que les matières
végétalès perdent déjà une portion de leur
carbone, fur-tout lorfqu’on confiaèré la longueur
des inteftins dans les animaux qui fe nourriffent
de végétaux* ilparoît* dis-je* que c’eft fur-tout
dans les poumons que le chyle trop végétai encore
éprouve un changement qui en fépare la trop
grande quantité de carbone. C’eft fans aloute un
des principaux ufages de la refpiration que celui
qui a pour objet de diminuer la proportion de
carbone trop abondante dans le fang renouvelle
par le chile. f/exiftence de ce phénomène eft
fondée fur l’acide carbonique qui fe dégage ou
ui fe forme dans les poumons 8c que I on trouve
ans l’air expiré.' A mefure que ce dégagement
d’acide carbonique 8c cette féparation du carbone
ont lieu dans l’organe pulmonaire, l? fang
qui étoit arrivé dans l’état veineux , épuifé t-n
uelqae forte par les organes qu’il a parcourus
ans tout le corps, repafte à la nature de fang
artériel ; il reprend avec-une couleur rouge brillante*
un degré de chaleur p us elevé, 8c il perd
fur-tout une gratu’e partie >dèi Cou carbone , ce qui
lui enlève fi couleur noire. Quant à la perte du
carbone qu’il éprouve 8c fur laquelle il n’y a «n
général nul doute parmi les chimiftf-s modernes;
les uns croient aue ce dégagement s'opère dans
les poumons même 8c par une efpèce de com-
buftion qui le combine avec l’air vital atmofphé-
rique pénétrant les orgams pendant i infpiratjon;
les autres penfent que le fang abforbe »l’air vital
pendant la rtfj iration , & qu’eti circulant dans
tout le corps , i' le combin p u à-p*: u avec le
carbone * de maniéré à former de l ucide carbonique
dont le dégagement s'opère dans les poumons*
à rhefiire que le fang y retourne des ca-,
vités droites du coeur.
Le ctfrAo»* confédéré comme élément des matières
animales ne paroît pas y être comme dans U s végétaux,
la caufe de la folidité de ces mat*èr s; outre
qu’il y eft certainement moins abondant , il ne
conftitue pas par fa préfence les organes cohérens*
comme il forme le Corps ligneux dans les plantes;
ici U folidité dépend d’un tel terreux* c’eft te
phofphate de chaux qui la donne. Ainfi le car- 1
ione ne joue pas à beaucoup près le même rôle
dans les fubftances animales que dans les végétales
; ce u’eft pas lui qui eft la fource de la dureté
des parties; il y eu plus divifé, plus fondu
dans les liquides * & moins condenfé dans les
folides ; il s’en échappe fans ceffe par l’organev
refpiratoire , taudis qu’il s’amoncèie toujours
dans les fubftances végétales* 8c qu’il y forme peu-
à-peu le corps ligneux.
C ’eft pour cela que dans les analyfes des matières
animales * on le trouve moins abondamment
* plus denfe après les décompofitions par
le feu* mêlé avec des.Tels phofphoriques * du
fer & du manganèfe * plus difficile à incinérer.
Il y eft même prefque toujours dans l’état dè
carbure de fer* brillant 8c liffe comme une matière
métallique* attaché au verre ou aux terres
dans lefquels on l’a obtenu, fouvent attirablé
à l’aimant après un léger grillage, & donnant
aux acides les caractères d’une diffolution de fer,
lorfqu’il y a féjourné quelque temps. Il eft donc
évident qu’il n e1 remplit pas à beaucoup près
les mêmes ufages dans l'économie' animale que
dans l’économie végétale* qu’il n’y eft en quel-
ue forte que pafiager, qu’il n’y forme pas un
es élémens primitifs 8c néceffaires * comme il
le fait-dans les végétaux & qü’il n’y fert pas à
beaucoup près aux mêmes ufages. Aufii la digeftion
confifte-t-elle en grande partie dans les^ animaux
qui fe nourriffent de végétaux à débair-
raffer les alimens ainfi que le chyle 8c le fang qui
en proviennent de la furabondance de carbone
que ces alimens y apportent & à le faire en quelque
forte écouler foit par les inteftins * foit par
les poumons.
C ’eft _ à ces données générales que doit être
rapportée toute l’hiftoire théorique du carbone.
Pour en avoir une connoiffance.complette*
il ne s’agit enfuite que de le confidérer dans jes
différens réfîdus qu’on connoît fous le- nom de
charbons , d’en comparer ; les propriétés , &
furtout la combuftibilité par rapport aux dif-
ferens ufages auxquels les charbons font deftinés
dans les arts : cet article fera traité au mot
charbon * auquel celui ci peut être regardé comme
une introduoeionnéceffaire, ( Voye\ le mot C harbon.)
CÀR.BONÉ. Carboné eft un adje&if imaginé"
dans la norfienclature moderne pour indiquer
une combinaifon entre le carbone qui n’a point!
fubi d’altération 8c différentes efpèces de corps. ^
G’eft ainfi qu'on dit métaux carbonés * gaz hydrogène
carboné.. Lorfque les compofés où le carbone
entre fans fubir d’altération feront plus connus *
il y aura beaucoup plus d’occafions d’employer
cette dénomination. Voye-^ le mot C arbone II
faut foigneufement diftinguer l’expreffion de carboni
dont nous parlons ici de celle de charboné
qu’on a voit adoptée il y a long- temps'peur défigner
des fubftances organiques plus où moins chargées
de carbone comme principe * & affez décompofées
ouprivées d’hydrogene pour contenir y l,ûs ou moins
de carbone à nu 8e fe rapprocher de l’état da chai>
bon. Voye.f les articles C a r b o n e &
C A R. B O N A T E.
CARBONIQUE. Le mot carbonique eft employé
dans la nomenclature moderne dé chimie pour
défigner l ’acide qui eft forme par combinaifon
du carbone avec l’oxigène. On s’en fert aufii
quelquefois pour indiquer les fels dont cet acide
fait partie ; on dit fels carboniques comme fels
muriatiques* fels fluoriques* boraciques*phofpho-
riques _&c. Voye^ le premier vol a l’article des
A cides * & ci-deffus les mots C arbonates.
CARBURE. Avant les découvertes faites depuis
une douzaine d’années fur les gaz & les métaux
on ne trouve rien dans les différentes époques
antérieures de la chimie * qui puiffe donner la
moindre idée du genre de combinaifons auquel
nous appliquons aujourd’hui le nom de carbure.
La chofe étant parfaitement ignorée jufque-la * il
n’eft pas étonnant qu’on n’ait point eu de dénomination
propre à l’exprimer ; on ne favoit pas *
on ne foupçonnoit pas même que la matière
propre du charbon * je carbone, fût fufceptible
de fe combiner dire&ement & entièrement aux
métaux* lorfque Berthollet * Monge & Vander-
monde publièrent leur travail fur l’acier , dans
lequel ils firent voir que ce corps étoit com-
pôfé de fer 8c de charbon pur ou de carbone.’
Depuis on apperçut le même phénomène & la
même combinaifon dans le zinc ; on prouva plus
pofitiyemerit que la plombagine * improprement
mine de plomb * n’étoit qu’une combinaifon de
beaucoup de carbone avec très peu de fer ; c’eft
fur-tout cette derniere combinaifon qu’on nomme
carbure de fer. Ainfi le mot de carbure défigne en
général les compofés chimiques dont le carbone
tout entier fait partie , dans lefquels entre le
carbone .avec toutes fes propriétés & furtout fa
' couleur noire & fa combuftibilité. Ce nom
répond à celui de fuîfure & de phofphure , qui
appartient à des combinaifons analogues entre le-
foufre* le phofphore& les différens corps; comme
on diftingue les fulfures alcalins * terreux & métalliques
, il eft vraifemblable qu’il exiffe également
des carbures alcalins * tèrreux & métalliques.
On a déjà remarqué au mot carbone que
ce corps fe diffolvoit facilement dans les alcalis
ours * furtout à l’aide de la fufion. On croit avec’
vraifemblançe que plufieurs métaux, outre le fer*
abforbent le carbone dans leur fufion * tels que
l’étain * le plomb * le bifmuth * lezinc. Yoilà donc
au moins des appejrçus fur plufieur.*- carbures donc
t les .chimiftés s'occuperont fans doute quelque