
tèrent à Ton mémoire des notés, où ils voulurent
révoquer en cloute plufîeurs des faits qu'il contenait
, prouver qu’ils étoient. obfcurs, tandis
que les defcriptions données par ce chimifte, trop
concifes & trop ferrées peut être, mais profondes
& réellement nouvelles , dévoient faire
éclore des vues & conduire à des réfultats diffe-
rens de ce qu'on cônnoiifoit. Berthollet publia
quelques mois après, 8c toujours dans la même
année 1776 , une differtation féparée de 58 pag.
/.3-12, imprimée chez Didot-jeune , fous le titre
d' Observations fiir l'air. Haies ayant retiré beaucoup
d'air du tartre brut , comme nous l’avons
vu plus haut, notre chimifte fe propofe de déterminer
fi cet air appartient à l'acide tartareux.
Pour cela il diftille cet acide obtenu du tartre
par celui du nitre., en adaptant à la cornue un
ballon à deux tubulures dont la verticale étoit^ter-
minée par une veffie vide. L'air raffemblé dans
la veflie fut abforbé par l'eau, La rendit aérée/
précipitant l'eau de chaux, & a volt toutesl.es
propiiétés de l'air fixe. Tl eftima à 12 gros la
quantité d'air fixe que lui a voient donné deux onces
d'acide tartareux ; & il conclut de fon analyfe
que J'acide tartareux étoit formé d'air fixe uni
à une petite portion d'huile. Dans le récit de
fes expériences fur ce point, il a bien foin défaire
0 b. fer ver que le réfidu de cet air fixe n'appartient
point à l'acide tartareux, mais bien à l'air de
1 appareil, puifqu’il eh a les propriétés 8c qu'il
n’eft pas inflammable. Il prouve que l'air fixe
efl acide par lui-même , qu'il rougit la teinture
de tournefolN, que les acides dont on feMert
pour le dégager ne lui communiquent point
cette propriété"-, ' puifqu'il 1/préfente après avoir
été retiré par l'action du feu, 8c qu'on ne fau-
roit plus être de l'avis de MM. Land ianj &
Fbntana qui nient, comme nous l'avons dit plus
haut, cetté acidité ; c’elt à fa condenfation , à
fa concentration , à un volume 700 fois moindre
que fon état d'air fixe* dans l’acide tartareux ,
qu’il attribue la force de celui-ci, & à fon union
avec de l’huile qu’il afligne encore fon- peu de
puiffance dans ce. dernier état. Pour compofer
d’autres acides, végétaux ou tartareux , Bèrrhol-
let examine celui du vinaigre comme il a fait
le premier. Il prend le vinaigre dans la terre
f-liée ou il efl uni à l ’alcali privé d’air, il dif-
îiîle ce fel avec fon appareil à la veflie ; il en
obtient beaucoup moins d’air que de l’acide tarta-
reux & avec beaucoup moins de rapidité ; en examinant
cet air il trouve qu’un dixième eft abforbé
par l ’eau de chaux 8e la trouble, que l’autre
portion eft inflammable ; fes calculs d’après l’ana-
îyfe des produits & des réfidus lui donnent 147
grains d’alcali & 429. grains d’acide par once
de terre foliée j ces 429 grains d’acide aeéteux ï
font compofés, fuivant fon analyfe, de 131 grains :
d'ait fixe , 130 grains d’air inflammable , 8e 168 j
grains d’huile & de phlegme. Il explique Ja
foibleiïe de l’acide aeéteux plus grande que celle
de l’ acide tartareux par l’air inflammable quiadou-
cit l’air fixe. C ’eft à la prefence de cet air inflammable
qu’ il attribue l'inflammation du vinaigre,
radical, de l’efprit de Saturne. L’efprit-
de-vin lui paroît co-mpofé de cet air de phlegme
& d’air fixe qui unit les deux premiers principes.
Lacombuftion de cette liqueur qui ne
donne que de l’eau, la vapeur inflammable
qu’elle forme avec l’acide nitreux , l’acidité même
queTefpnt-de-vin préfente font, fuivant lui, des
preuves de fa compoiition. ' Un mélange d’ef-
prit-de-vin & d’eau étant enflammé1 & éteint,
fon rendu précipite l’eau de chaux ; la formation
de î’étner, les phénomènes même de la
fermentation conduifent l’auteur aux idées qu’il a
expofées fur l’efprit-de-vin. Il conçoit*, la formation
de l’ air inflammable par l’air fur chargé
de phlogiftique ; il penfe que l’air -fixe eft plus
compofé j il entrevoit fon rapport avec le charbon
dans lequel il le croit toujours exiftant.
Il annonce qu’il prépare des expériences fur la
fermentation 8c l’efprit-de-vin. L’air fixe qu’il regarde
comme un des matériaux principaux des
engrais 8c qu’il croit être abforbé par les racines,
tandis que le phlogiftique fuivant lui l’tft
par les feuilles, l’air fixe-lui paroît jouer un
très-grand rôle dans la nature j il' le confîdère
comme faifant une partie des montagnes 5 non-
feulement il abonde dans les v ég é tau xon le
trouve encore fréquemment dans les matières
animales, & il fe préfente toujours dans leur dé-
compofinon combiné avec l’ alcali volatil/ puif-
que celui - ci tiré des fubftances animales eft
te Lijûurs effervèfcênt. Macbride , fuivant lui, n’a
obtenu de la putréfaction de- ces fubftances que
ne l’alcali volatil effervescent, 8c point d’air fixe
fibre. L’air fixe ne lui paroît point être'le ciment
des corps j ce droit peurr-oit être également
attribué à l’eau ; la terre. des os ne fournit
prefque point d’air ; c’eft elle qui ûfiîfieles
cartilages 8c conduit les animaux à la mortfénile;
les urines paroiffent, dans quelques cas lui donner
une ififue j il pourroit être très utile de fa-
Votifer cet écoulement plutôt que celui desfueurs
8c de la tranfpiration , la diminution de celle-
ci pourroit bien être un moyen de prolonger
la vie' ; les on&ions fur la peau que pratiquoient
les anciens athlètes entretenoient leur vigueur ;
lesfauvages qui les pratiquent encore n’ont fans
doute pas d’autre but. La terre animale employée
pour ' décompofer le fel ammoniac donne
un alcali volatil non effervèfcent 5 Berthollet
emploie ici . le jeu des affinités doubles & la
préfence de l’air fixe, pour expliquer, avec Black,
la décompofition des fels calcaires par l’alcali
volatil effervefeent j il a vu ce fel décompofer
le. favon calcaire comme l’alcali fixe effer-
vefeent, tandis que l’ alcali volatil cauftiqùé ne pro-
.duit pas le même phénomène ; en triturant du
fivon calcaire dans l’alcali volatil effsryefcetit
fluide, il fefépare une liqueurhuileufe qui, évaporée
à une douce chaleur, a donné un favon
ammoniacal, d’une faveur piquante g moins conta
n t que le favon ordinaire , plus^ diiioluble j
dans l’efprit-de- vin que dans l’ eau, qu’on ne peut |
confërver que dans des vaiffeaux bien bouches ,
8c qu’il croit bien.préférable au favon déjà employé
dans plufieurs cas. Le favon calcaire qui
le ferme par le 'eontad du favon alcalin, ou
ammoniacal, avec de l’eau féléniteufe, vient .de
la féparation de l’acide qui s’unit aux alcalis 8c
de la chaux qui fe combine à l’huile ; fi l ’on
verfe un acide fur cette eau trouble & remplie
de caillé favoneux , les flocons diparoiffent, 8c
l’huile vient nager à la furface.
La bâfe de l’alun s’unit à l’air fixe dans fa
précipitation ; on l’en prive facilement par l’action
du feu j l’air fixe réfifte à .tous les agens;
ilfubit fans altération l’adion du feu; la chaux
de plomb précipitée d’ un acide par unalcalief-
fervefceni donne en la diftillant avec le fel ammoniac
de l’alcali volatil concret; elle a donc
retenu fans altération l’air fixe de l’alcali précipitant
; quand on précipite une fubftance qui retient
l’air, il y a beaucoup moins d’ èffervef-
cence que lorfqu’on précipite une fubftance qui
ne peut pas s’en emparer; c’eft ainii qu’en précipitant
une' diffolution de terre animale il fe
fait une effervefcence extraordinaire. Le fafran
de mars apéritif donné dé l’ alcali volatil effervefeent
en dëcompofant Je fel ammoniac, ce
que né. fait pas le fofran de mars aftvingent.
Ces deux chaux ne contiennent donc pas le même
air, la première tient de l’air fixe qu’elle ab-
forbe à l’aide de l’humidit ; la fécondé n’en contient
pas ; elles „diffèrent donc l’une de'l’autre,
& peuvent avoir en médeçine des propriétés
differentes. Cela explique comment des vernis
préfervent le fer de la rouille, pourquoi il fe
rouille fi facilement dans un lieu humide. Ber-
tholletconclud de tous ces faits & de tous les
détails réunis dans la première partie de fa dif-
fertation que je viens de faire, connoître , que
l’air fixé éxifte abondamment dans les trois règnes ,
u’il entre pour beaucoup dans la compoiition
.es corps, qu’ il paroît être le feul acide des
végétaux, qu’on ne connoît rien qui foit capable
de le détruire, que c’eft' un acide particulier
, un mixte dont, les propriétés font très-
différentes de celles de l’air avec lequel on ne
Peut pas le confondre, & qu’il vaudr.oit mieux
l’appeler acide univerfel qu’air fixe. On voit que
Berthollet avoit , il y .a vingt ans, des idées
déjà plus exactes fur l’air fixe que beaucoup de
chimiftes , 8c cju’il annonçait par-là en quelque
forte les belles découvertes qui dévoient fortir
quelques années après de fon travail.
Dans la focoiid# partie de cette differtation,
l’auteur préfente fes idées fur l’air nitreux, il
fait voir que c eft de l ’acide nitreux privé d’air
avide de le reprendre , 8c redevenant acide lorsqu'il
l’a repris ;J1 inflfte fur l’air contenu dans
le nitre, fur les effets de la poudre à canon dus
à cét air; l’air de l ’acide nitreux s’unit aux métaux
pendant leur diffolution par cet acide, qui,
chargé du phlogiftique- des métaux , s’échappa
en vapeur nitreufe. Le fer defféché après l’action
de l’acide nitreux fur lui augmente beaucoup
de pojds , 8c abforbé de l’air fixé atmof-
phérique outre l’air de l’acide ; voilà pourquoi
il d_oniie enfuite de l’air fixe à la diftillation ; la
même chofe a lieu dans lé mélange de foufre 8c
de fer expofé à l’air. L'auteur réfute iciPneftley
relativement à fon opinion fur la formation de
l’air par de l’acide nitreux uni à une terre, opinion
qui, comme on fait, eft provenue de fa
belle découverte de l’air vital appelé alors air
déphlogiftiqué/Eri le louant de cette grande découverte,
Berthollet remarque que cet air fait
partie.de l’acide nitreux 8/ de la plupart des
chaux, métalliques. Il en tire l 'indudion que celles-
ci font privées de phlogiftique ; il s’élève contre
ceux qui ont révoqué en doute l’exiftence: de
ce principe; il ne croit pas qu’on puifle faire
reparoître les chaux métalliques fous forme de
métaux fans l’addition du phlogiftique, qu’il re-
connoît comme la four ce de la combuftion, de
la chaleur', de la lumière; i l convient cependant
qu’on a abufé de ce principe , qu’il faut distinguer
les chaux 8c les précipités de mercure',
.qui n’en perdent que peu 8c s’uniffent facilement
foit avec l’air fixe, foit avec l’air atmof-
phérique. Il donne , en rappel}ant la théorie de
Sthal à fa fimplicité première , un expofé 8c une
définition précife de ce principe, en combattant
! Buffon qui le regardoit comme un être de. rai-
fon inventé par les chimiftes ; ils ne fe doutoient
point alors que huit ou dix ans après, il de-
viendroit par les progrès de la chimie auxquels
il devoit tant contribuer, un des plus grands
antagoniftes de cette théorie dénuée de preuves
8c fondée fur de Amples apperçus ingénieux. Il
penfoit alors -que l’air fe chargeoit dans fa combuftion
du principe de l’inflammabilité ; qu’il
étoit enfuite rétabli par la végétation ; que plus
il étoit privé de phlogiftique , 8ç plus il etoit
propre à entretenir la refpiration ; que tel étoit
celui des montagnes dont l’influence fur le-bien-
être & la famé eft fi marquée. Berthollet s’étend
enfuite fur la communication de la chaleur ,
fur là propriété condu&rice ; il admet la chaleur
centrale , 8c termine fa differtation par faire
obfervèr que l’air acide vitriolique de Prieftley
n’eft que de l’acide fulfureux volatil en vapeur. Les
acides fulfüreux , marin , aeéteux , fpathique 8c
l’alcali volatil en vapeurs lui paroiffent avoir
befoin de fe faturer d’eau pour reprendre îeur
forme accoutumée « comme la vapeur d’acid#
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