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par digeftîon à la chafeur du foleil ou au bain
ont confervé leurs noms & prefque leur même
préparation jufqu’à nous. On ignore , il eft
vrai, ce que c’elt que le l i t h a r g y r i u m 'd o n d i t u m j
le foufre blanc, la terre de mercure, Je Khafès.
Ce médecin arabe vante beaucoup un H lx it
martial v m e i t x ï j qu’il nomme c o n j e i ï i v n k e f e o n e
k f e r a v e c l e v i n *, une eau de.rofe qu/il préparoit
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fublimé corrofif; prenez , dit-il, une livre de
j mercure coulant, deux livres de vitriol calciné
•au rouge, une liVre d'alun de roche calciné,
; une demi-livre de lél' commun 8c un quart de
] livre de Tel de pierre; mêlez bien le tout &
foit p ’.r la firr.,t
>*<- ! ifufion , foit par I
il failoit préparer les fyrops ou avec le miel,
ou avec le miel 8c le lucre, ou même avec la
mauve. Les fucs épaiffis des plantes ont été nommés
rohs par les arabes ; ils rangèrent parmi les
fyrops les liqueurs aromatiques lucrées ; ils ont
employé prefque indifféremment les noms
d’oximet & d’oxifucre, ce qui prouvé que
l’ufage du fucre étoit chez eux prefque aufls
fréquent que celui du miel Rhafès a imaginé
differens mélanges du corps fucré, fous les noms
de fucre de nénufar, fucre violât, fucre rofat;
on croit qu’il ale premier retiré Thuile d’oeufs,
8c Freind lui attribue la diftülation de l’huile
fur les briques. Albuçafis , qui paroi c avoir vécu
après Rhafès , furpaffa tous les arabes par fes con-
»oiifances chimiques. D’un irrmenfe ouvrage fur
toute la matière médicale qu’on lui attribue,
il ne nous relie que lé' vingt-feptiëme livre ,
intitulé du Serviteur, jervitoris, qui contient
des préceptes' courts, mais clairs 8c utiles de
pharmacie. On y trouve décrites la préparation
du fel ammoniac', la diflillation du vin 8ç du
vins:gre, les trois genres de diftillation. Il ÿ
èft parlé de quatre genres d’alèmbics & de cii-
curbites, de verre, de terre verriiftee , de plomb
& de cuivre. On y remarque une déco&ion
d‘ hicra , qui étoit une teinture préparée par l’in-
folation ; il décrit divers extraits formés de'fûts
de plantes épaiflis par l’ébullition ou parla chaleur
foiaire > il indiqué la diflolution des, gommeux
par l’eau ou par'lé; v ina igré& prëfcrit deiJIés
pafler à travers iiri; tilfû de lin 5 la préparation
au fel alcali y elî décrite comme dans DiofcOfïde,
ainfi que l’extraction du fel de Joude & .de celui
des cendres. Rhafès avoirde premier fait mention
d’un argent vif bhnchi, qui ne différé vraifem-
blablemerit pas beaucoup de l’argent vif fublimé
d’Avicenne, il veut qu’on broie jufqu’à fon
extinction le mercure avec le vinaigre & le
vitriol j que la: matièré deflechée foit diftilléë
ou fublimée entre deux terrines, 8c. qu’on répète
cette operation fept fois , en' ajoutant un
peu de vinaigre à chaque. Il faifoit aufli une
ëfpeçe: de mercure fublimé, en mêlant 8c fubli-
Thant enfemble de la chaux vive, du fel ammoniac
d^deTarfenic jauné avec du mercure coulant.,
Céber a décrit un procède pour faire lé j
fiiblimez ; ramaflez avec foin ce qui eft blanc,
dur, tranfparent 8c pefant. On recônnçit ici
& la préparation 8c ks propriétés fdu mùriate
exigéné de mercure. Le même chimifte arabe
paroît avoir eu quelque coiinoifTimce de l’eau
régale , & de fa propriété, de'diffoudre l’or.
On préparoit de fon temps un fafraA de mars
par la calcination Sc par la" corrofion avec le
vinaigre. On préféroit la chaux vive faite avec
les coquilles d'oeufs calcinés , à celle qu’on ob-
tenoit des pierres calcaires 8c des coquilles.
Mézué', que plufieurs auteurs placent avant
Rhafès1 & Albuçafis , s’eft acquis uné! grande
renommée par la découverte aë; beaucoup de
médicaméns j on l’a appellé Yév'angélijfê des pharmaciens
5 plufieurs des compefitions qu’il à le
premier fait connoître font encore aujourd'hui
employées fous le même nom dans nos boutiques y
telles que la confection âlkcrmés. .
m Lés marchands de drogues du "milieu du quinzième
fiècle, où , comme on lès a long-temps
appelles , les pharmacopoles , outre les recettes
de formules particulières n’avoie-nt prefque pour
tous livres qu’un ouvrage d’Avicenne & un autre
de.Serapion fur les plantes, un de Simon’dre là
Porte ou Januenjis fur les ‘Sy nonymes , : un li vré
intitulé^ du Serviteur , Jervitoris , • le feul qui
nous foit parvenu d’Albucafis’/ & qui tt’àite de
là préparation dés plantes & de quelques remèdes,
chimiques ; & deux antidotairés, l’un de Jean
Damafcène ou Méfué , & l’autre de Nicolas de
Salerne. A la fin du même fiècle, Nicolas Pre-
voft , médecin de Tours, écri vit une pharma-r
côpëé générale , ou il recueillit les formule s
de toutes cëîles qui àvoiënt été"publiées jüfquès-
là , & fur tout cëîles des antidotairés: Son ouvrage
parut à Lyon en iyojy Plufieurs autres
ouvrages du même genre parurent bientôt après 5
mais le premier difpenfaire qui fut autorisé par
les loix , fanCtionné par la 'volonté publique ,
fut celui que yalerius’ Çordus fit parôître en
fÿ'42 > 8c qui fut donné par le gbuvernement
de Nuremberg comhaè réglement auix pharmaciens'.
La plupart-des compofitions n’étoièht qüè des
mixtüre'S ou des préparations allez fimp 1 ës, telles
que des extraits des décodions, deséleduaires ,
des fyrops. Cordus y décrit cependant clairèment
la manière' de fairé Îéther , qu’il' nomme Àfiiff
douce de vitriol.
Les médicaméns provenant'. de'' la. çfu-nie'Txl-
blime étéienc rares , quoique hôft-énpléretpën.t
inconàui aû commencement de la période qui nous
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occupe. L’empereur Conftantin IX , furnommé
Porphyrogénète;, qui eft mort en 959 , rapporte
dans la vie de Bafilius fon ayewl, que l'impératrice,
à l’arcicie de la mort, fut rappellée à
la vie-, par un médicament nommé Rhodoji :gma ;
Conrad Gefner croit que c’eft du fyrop de rofes,
dondadefqrip.tiona été donnée par Pauld’Ægine.
Aduarius donne cependant le même nom de
Rhodoftagma à l’eau diftilléë des rofes, & la dif-
tillation étpït en effet connue, puifque Geber
en avoit déjà décrit depuis long-temps les appareils.
On doit aux médecins arabes la connoiflance
de la manne, du féné, de la rhubarbe, des
tamarins, de la cafle, des myrobolans , du
mufe , de la mufeade , du macis v du gérofle ,
de plufieurs autres aromates,, & fur-touc du
fucre qu'ils ont employé au lieu du miel pour
la compofition des Tyrops, des juleps, des con-
i'erves &-de quelques confections.
Rhafès fit mention, comme on l’a dit plus
haut , du fublimé corrofif, vers le neuvième
8c le dixième fiècle. Avicenne, dans le onzième,
parla non-feulement de ce fel, mais encore de
i’arfenic fublimé „ de l’eau diftilléë des rofes,
de la diftülation des os & des poils. Jean Me-
fue , danS le douzième fiècle, fit connoître l’eau
diftilléë de rofes 8c les huiles retirées du fuccini
de l’orge .& des briques, comme déjà anciennement
employés.
Dans le treizième fiècle , -la chimie fut plus
utile en médecine; Thaddæus Je florentin, qui
mourut en 1270“, âgé d’environ quatre-vingt
ans vante beaucoup l’efficacité médicamen-
teufe de l’efprit - de;- vin. Bafile Valentin fit
beaucoup de préparations antimonjées, 8c en
éprouva lui-même les bons effets fur les moines
de fon couvent , d’où on prétend que vint le
nom d ’antimoine,. ce qui eft faux, puifque ce
chimifte employa lui .même lé mot antimoine
avant fes expériences. Paracelfe fe fit remarquer
par l’ufage de fes préparations chimiques ; il
fut le premier chargé d’enfeigaer publiquement
la chimie en Europe ; il fit un' cours en 1527 à
Baflc. Furieux contre les fcholaftiques 8c les
arabes , il brûla publiquement les ouvrages d’Avicenne
& de Galien , en aflurant que fon bonnet
étoit plus favant qu’eux. Il diftingüa avec foiu.
fes médicaméns chimiques des galéniques, dif-
tinêlion admife encor? de^ nos jours, L’ufage de
l’opium & du mercure lui acquit une grande
réputation. Sa manière de vivre finguiière lui
attira l’admiration des uns & l’inimitié des
autres. Ses feéfcateurs , 8c fur-tout Jofëph ÎDu-
chefne,ou Quércetan, Théodore deMàÿernej &c.
vantèrent beaucoup l’excellence des rémèdes chimiques.
Ow. Crollius publia en 1609 la méthode
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de préparer le mereure deux. Plufieurs obftacles"
s'opposèrent alors aux progrès de la chimie, le
parlement de Paris proferivit l’antimoine en i ) 6 6
Üc: en i6 y o y en. 1609 Bernier > médecin de
Paris , fut chafle de la faculté pour en avoir
Lit ufage. En 1490 parut pour ia première
fois le codex.de cette compagnie. Dans l’édition
de 1547 :on trouve cependant le vin antîmonié .
il eft vrai que ce livre ne reçut la fandion ou
l’approbation du parlement que le 10 avril 1666.
En 1644, J. Schroder publia fa Pharmacopée ,
dont la troifieme édition parut très-au-gmentée
en 1649. Cet ouvrage , très-bien fait 8c con-'
tenant des deferiptions très-exades. de procédés >
comprenoit tous les médicaméns chimiques connus
à la. fin de l’époque dont nous traçons l’hiftoire.
A peu-pi ès dans le même temps parurent plufieurs
difpenfiiires qui offroient les connoiflance«'
acquifes dans ce genre. Les boutiques 8c les laboratoires
de pharmacie fe multiplièrent fur-tout
depuis le milieu du feixième fiècle jufqu’à la fin
du dix-feptième, & donnèrent peu-à-peu naif-
fance à un grand nombre de recherches , dont
le fruit ne fut cependant fenfibie que vers l’époque
qui fuivit, -8c dont nous nous occuperons
dans le paragraphe fuivant.
3. Chimie économique j arts chimiques.
La chimie économique 8c les arts chimiques, fi
l’on en excepte ceux qui ont rapport aux métaux ,•
n’eurent que des progrès L:lits dont l ’hiftoire
feroit difficile 8c obfcure pendant la période
qui,nous cccupe. La fcience métallique étoit
cultivée avant la naiffance de J. C,. On favdit-
retirer l’or, l’argent, le plomb , le cuivre, le
fer & l’étain do leurs mines, mais fans qu’on
put dire par quels procédés. Les méthodes
employées pour cela ont certainement été fimples
&: même groffières jufqu’au huitième fiècle.
La métallurgie ne forma un fyftême .feientifique
que vers le feizième fiècle , & pour la première
fois elle fut préfentée en fyftême par G. Agricola.
Ses douze livres intitulés D e Re metallica , ont
été imprimés d’abord à Bafle en 1546, mais
répitre dédicatoire qui les précède-annonce qu’ils
étoient rédigés & terminés en décembre de
l’année iycô. Il eft néceflàire d’en offrir ici un
précis, parce qu’ils contiennent toutes l-:s principales
cônnoifîances chimiques acquifes à cette
époque. -Il fe plaint dans fon é-pitre dédicatoire,
de n’avoir rien trouvé chez les anciens , excepté
Pline. Perfonne, fuivant lui, n’a traité convenablement,
non-feulement tout l’art métallique ^
mais même une feule de fes parties. Deux ouvrages
grecs qui ont été perdus traitoient de
cette matière ; l’un dev Strabon de Lampfaque ^
fucceffeur de Théophrafte, auteur d'un livre
1 fur les machines métalliques, l’autre du poète
: philon, auteur d’un poème intitulé le Métallique