
de ce qui doit s'en former avec la quantité que
M. Kirwan y admet, eft comme io à i. Berthollet
fait voir i c i , d'après les calculs de M.
Kirwan lui-même , qu'un millième de pouce
cubique d'air fixe pouvant être rendu fenfible par
l'eau de . chaux , il fuffit qu’une molécule d'un
fix -millième de grain de charbon s'attache à une
fubftance,pour qu'on en obtienne enfuite par le
' feu une quantité d'air fixe fufceptible d’être reconnue
8c appréciée. Dans les expériences de Ber-
thollet, que M. Kirwan invoque pour prouver
l'air fixe dans l’acide nitreux , il dit qu'il a employé
du fer duCtile , 8c Berthollet aflure que
c'efi de l’acier , conféquemment du fer contenant
du charbon , 8c capable; de fournir beaucoup
d’air fixe , à l'aide de l'air vital du ni-
tre ; d'ailleurs l'antimoine détoné avec le nitre,
ne donne pas d'air fixe, comme l'avoit déjà dit
Scheèle. Lorfque le gaz nitreux diminue par
l'étincelle éiectrique , cela eft dû à la fixation de
fon air vital dans le mercure.
Dans la fe&ion cinquième , M. Kirwan traite
de l’acide marin. Il eft difficile , fans lire cette
feCtion toute entière , de fe former une idée
des explications embarraffées auxquelles l'auteur
eft obligé d’avoir recours pour accorder les propriétés
de cet acide dans fes deux états indiqués
jufque-là par les noms d'acide marin phlo-
giftiqué & acide marin déphlogiftiqué, avec fon
opinion, fur la nature 8c les combinaifons du
phlogiftique qu'il réduit toujours à l'état d'air
fixe , comme on l'a vu. La réponfe que Berthollet
a faite à M.- Kirv/an dans les obfervations
cu'il a jointes à cet article , détruit toutes les
difficultés qus le chimifte anglois avoit oppofées,
& n'entraine aucune de celles qu’il s'étoit créées
dans fa propre explication,
M, Kirwan, d it-il, fuppofe que l'acide muriatique
eft compole d'une bâfe particulière , unie
avec le phlogiftiqué & avec une certaine portion
d'air fixe, lequel dans fon hypothèfe eft
lai-même compofé a© phlogiftique & d'air vital j !
lorfque la manganèfe déphlogiftiqué l'acide ma- j
rin , elle prend de fon phlogiftique , & lui donne
de l’air fixe. Cet acide, dans fon état naturel,
■ eft donc compofé d’une bâfe , de phlogiftique
& d’air pur } & lorfqu'il eft déphlogiftiqué, il
eft encore compofé d’une bâfe , de phlogiftique
& d'air pur dans d’autres proportions. Mais lorfi
que l’acide marin a été déphlogiftiqué , l'aCtion
de la -lumière le rétablit dans fon premier état, ,
en' dégageant l'air vital qui y étoit fixé. M.
Kirwan convient que la lumière n'a fait que rendre
l'étafticité à la bâfe de l’air vital, dont,
fui vau t lu i, l'acide marin avoit confervé tout
le phlogiftique qui lui appartenoit , & la manganèfe
ne lui en avoit point ôté. Si l'on vou-
loit dire que la lumière lui a rendu du phlogif- j
tique , il faudroit fuppofer qu'elle lui a rendu la
bâfe du gaz inflammaole } ce qui né peut fe fou-
tenir, puifque M. Kirvan avoue que l’aCtion de
la lumière rétablit l'acide marin déphlogiftiqué
dans fon premier état, en rendant l’état élafti-
que à fon air vital, né faut - il pas qu’il convienne
que la préfence de ce dernier principe
eft la feule & la réelle différence qui exifte entre
l’acide marin ordinaire & l'acide marin déphlogiftiqué.
Le phlogiftique qu’il y fuppofe,
n’eft-il donc pas un êrre inutile, & qui n’a aucune
influence fur tous les phénomènes que préfente
l'acide marin dans fes dèux états ? Admettre
la préfence de la bâfe du gaz inflammable
dans cet acide , fans en dorifter aucune véritable
preuve , n'eft-ce pas la deviner ? 8c qu’eft-ceque
deviner dans les explications phynques ? M.
Kirwan reconnoît que l’air inflammable ne devient
pas détonant lorfqu'on le mêle avec le
gaz acide marin déphlogiftiqué ; mais il prétend
qu’il fe fbrme de l’acide aerien ou air fixe, &
par conféquent que l’acide marin déphlogiftiqué
reprend fon premier état.
Berthollet a fait pafler plufieurs fois fuccefli-
vement du gaz acide marin déphlogiftiqué dans
du gaz inflammable , & à chaque fois il agi-
toit le mélatige fur l’eau. Le premier de ces
gaz a été abforbé fans éprouver aucun changement
, fans être ramené à l'état d'acide marin
ordinaire, comme Je prétendoit cependant M.
Kirwan } l'air inflammable n'a éprouvé ni diminution
ni altération. L’air fixe ou-acide méphy-
tique qui fe dégage de la manganèfe, fert, fui-
vant M. Kirwan , à former l'acide marin déphlogiftiqué
j c'eft'furtout des matières calcaires mêlées
a la manganèfe que provient cet acide, il
n'eft point effemiel à cette chaux} bien loin qu'il
contribue à la production de l'acide marin déphlogiftiqué
, la manganèfe dont on a chaffél’ait
fixe par le moyen de f acide vitrioiique , eft
beaucoup plus propre à fervir à la préparation
de l’acide marin déphlogiftiqué , furtout lorf-
qu’om veut faire l'opération en grand , parce
qu'on évite par là l'effervefcence qui fe fait dans
lé commencement8c qui n'eft due qu’au dégagement
de l’air fixe. En attribuant à la bafe de
l'acide marin une plus forte affinité avec le principe
oxygine ou la bâfe de l’air vital, que ce
principe n’en a pour les métaux , Lavoifier n’a
1 voulu parler que de cette partie d’oxygine qu’il
fuppofe, fur de fortes analogies , exifter"dans
l’acide marin ordinaire , & qu’on ne peut en
dégager par aucun moyen connu j M. Kirwan la
confond, .dans les objections qu’il lui oppofe,
avec l’autre gartie de ce. principe , qui en fe
combinant en excès avec l’acide marin , le
change en acide marin déphlogiftiqué , 8c qui
l’abandonne avec beaucoup de facilité. Enfin , ft
l'on a produit l'acide marin déphlogiftiqué a^ec
de la craie ou dé la magnéfie diftilîées avec cet
acide, ce ne peut être qu’à des corps étrangers
& furtout à l'acide du nitre fi fouvent contenu
dans ces terres qu’une pareille production
peut être attribuée. Tous les autres faits contenus
dans la cinquième feCticxn n’ont rien de contraire
à la théorie pneumatique.
Dans la fixième feCtion , qui a pour objet l’eau
régale, M. Kirwan expliqué fa formation , en
difant que l’acide marin enlève l ’air fixe à l’acide
nitreux qu’il defacidifie, tandis que l’acide nitreux
enlève le phlogiftique à l’acide marin qu'il
fait aiiifi pafler à l ’état déphlogiftiqué. .Ce qui
a été dit dans l’examen de. la feCtion précédente,
pouvoit fuffire pour celle-ci, en fuppofant qu'en
effet l'eau régale fût femblable à l'acide marin
déphlogiftiqué } mais , fuivant Berthollet, qui â ,
donné des éclairciffemens à la fuite de cette fec-
tion , il y a ici deux erreurs principales j l’une eft
la fuppofition qu’il refte del’acide maiin déphlogiftiqué
dans l’eau régale, taudis que la portion
qui s’en forme au moment du mélange des deux
acides , fe dégage fur-le-champ en fluide élaf-
tique 5 ce dont on peut fe. convaincre par toutes
les propriétés de la liqueur. , qui entr’autres ne
détruit point les couleurs végétales ; cette liqueur
régaline n’eft que de l’acide marin chargé
de gaz nitreux & de la portion d'acide nitreux
non décompofée. L'autre erreur porte fur la
prétendue décompofition de l ’alcali volatil, lorD
qu’on prépare l’eau régale avec le fel ammoniac
$ cette décompofition n’a pas lieu , & l’on
verra plus bas que l’acide marin déphlogiftiqué
ne touche point a cet alcali loTqu’il eft combiné
à d’autres acides ,& même, à l’acide marin ordinaire,
au moins à une baffe température.
La feptième feCtion roule fur l’acide phof-
phorique. L'auteur penfe que%dans l’union de
la bâfe de l’air vital au phofphore , il s'en
fépare du phlogiftique pendant fa converfion
en. , acide phofphorique , 8c il s'appuie fur
trois fortes d'expériences : la première eft
celle de Lavoifier , par laquelle il convertit
le phofphore en acide, en Je jetant dans l’acide
nitreux ; le phlogiftique du, phofphore. paffe,
fuivant M. Kirwan , dans cet acide, puifque
celui-ci ne peut pas devenir du' gaz nitreux fans
cette addition } mais il a déjà été répondu à
cette objeCtion dans la quatrième feCtion ; la
fécondé eft la précipitation des diiVolurions métalliques
en métaux briilans par le phofphore ,
précipitation due à M. Sage | j preuve que le
phofphore contient du phlogiftique , puifque les
métaux en ont befoin pour prendre la forme
métallique y on ré viendra plus bas fur cette
preuve.. La troifième eft une expérience de
Mç»rvenu , par laquelle ce-chimifte , en brûlant
éuphofphore dans un grand vaifleau de verra bien
^enné, en a trouvé l’air en partie changé en air
fixe qui a fortement troublé l’eau de chaux, 8c
en a précipité de la craie bien effervefcente.
Quant à cette dernière , on auroit pu répondre
à M. Kirwan que l’air fixe dont la formation
, eft néceflaire à fa théorie, de voit fe trouver dans
l’acide phofphorique, & non dans l'air j mais il
faut ôbferver que cette prétendue formation ne
peut provenir que de l'air lui-même, où la disparition
de l’air vital a dû le rendre; beaucoup
plus fenfible, ou du phofphore qui pouvoit contenir
un peu de charbon} 8c l'on a remarqué
plus haut qu’il en faut bien peu pour former
une quantité fenfible d’air fixe. Mais Morveau
a répondu lui même à cette difficulté de M.
Kirwan dans une lettre inférée à Jà fuite de cette
feCtion dans l’édition françoife dont nous nous
fervons. Il avoue qu’il a été trompé par l ’effer-
vefcence qu’il a obtenue du précipité de l’eau
de chaux dans fa première expérience , qu’il a
répété inutilement cette expérience deux autres
fois avec toute l'exaCtitude dont il eft capable ,
qu’il s’tft bien convaincu que lé précipité formé
dans ce cas eft du phofphare de chaux & non de
la craie. Ainfî la feule preuve de M. Kirwan, qui*
quand elle auroit même exifté , ne lui eût pas
été vraiment favorable , comme je l’ai fait voir ,
n’eft pas exaCte , 8c l'opinion dé l'auteur ne fau-
roit en recevoir un véritable appui.
L’acide faccharin fait le fujet de la huitième
feCtion. M. Kirwan y combat l’opinion de Lavoifier
fur la formation de cet acide, & il propofe
les mêmes idées pour l’expliquer que celles qui
ont déjà été expofées dans les ferions précédentes.
On trouvera dans" l'extrait des obferva-
tions que j’ai ajoutées à cet article 3 la réponfe
aux objections de M. Kirwan. Les expériences
modernes ont fait voir, difois-je alors., que les
principes des végétaux - font moins nombreux
qu'on ne le croyoit autrefois , piiifqu'en dernière
analyfe on n'en retire que la bâfe du gaz inflammable,
le charbon qui y eft tout formé , l'oxy-
gine ou bâfe acidifiante de 1 air vital, la mofete,
de l'eau & quelques te/fes. Ces cinq ou fix
fubftances primitives employées par lé travail de
la végétation , produifent lés 'extraits , le muqueux
, le fucre, les fels èflèntiels', les huiles
fixes & volatiles , le gluten , la fécule amylacée.
Toutes ces matières végétales paroiffent ne différer
lès unes des autres que par le nombre, la
proportion des compofans qui les conftituent, 8c
la condenfation diverfe qu’ils y éprouvent. L'ana-
lyfe la plus exaCte ne démontre dans le fucre
ue ïa bâfe du gaz inflammable , du charbon ,
e l’eau , un peû de terre 8c d’alcali. Rien ne
prouve qu'il contienne de l'air fixé tout formé}
M. Kirwan avance cette affertion fans en donner
de preuve. Lorfque cet acide gazeux s'en dégage
par l’aCtion du feu ou de la fermentation ,
il fe forme au moment même de fon dégage