
connoître avec beaucoup d’exa&itude la nature
& les propriétés du Tel terreux nouveau. Ces
expériences ont été variées , fur-tout dans les
degrés de force ou de concentration de l'acide
muriatique , & par rapport à la température.
i ° . L’acide muriatique pefant deux gros 2 y
grains plus que l'eau diftillée fous le volume
d'une once , n'a abfolument aucune aétion fur le
carbonate de baryte natif en morceaux ; fi on le
réduit en poudre fine , cet acide fait naître d’abord
une légère effervefcence , mais elle ne dure
que très-peu, & i'aâion celle très - promptement.
La plus grande partie du carbonate de
baryte refie en poudre au fond de l'acide muriatique
fans s'unir à l’acide concentré, quoiqu’il
n'y ait qu'une petite quantité de cet acide faturé
de baryte.
2p. De l'acide muriatique pefant 2 gros plus
que l'eau , & de 25 grains feulement moins pefant
que le premier 3 n'a de même nulle aêtion
fur le carbonate de baryte natif en morceaux ,
& fait un peu plus d'efrervefcence que lui avec
ce fel terreux en poudre. .
3°. Cet acide • ne pefant qu'un gros de plus
par once que l ’eau diftillée , agit d'une manière
très-marquée fur le carbonate de baryte natif
entier ou en fragmeos folides. Il fe produit dans
cette action un bruit ou un pétillement femblable
à celui qui fe fait entendre lorfqu'on jette des
cryftaux d'acide oxalique dans l'eau > il s'élève
de ce lel de groffes bulles d’acide carbonique
gazeux qui fe fuccédent lentement & dans des
efpaces de temps inégaux ; il en fort tout-à-coup
cinq à. fixgroffes bulles, quelquefois même une
vingtaine, & cette effervefcence s’arrête tout-à-
coup,& recommence de la même manière quelques
fécondés après. Si l'on comprime les fragmens
de carbonate de baryte avec un tube de verre
lolide, il s’en dégage fubitement une vingtaine
de bulles , & cetre effervefcence continue tant
que la preflïon exifte 5 elle ceffe fi l'on retire
l’inftrument qui la produit. Le carbonate de
baryte n’eft pas complettément diffous par l’acide
muriatique pefant un gros plus que l'eau par
once.
40. De l’acide muriatique affoibli au point
de ne pefer que 20 grains de plus que l ’eau'fous
le volume d'une once diffout avec une effervefcence
continue le carbonate de baryte entier
ou en poudre. La diffolution né s’arrête point,
les bulles du gaz acide carbonique fe dégagent
de fuite > & tout le lel terreux eft completttment
diffous.
y°. L’acide muriatique ne pefant que 9 grains
de plus que l'eau diftillée par once * aiftout auffi
le carbonate de baryte > mais quand il ne furpaffe
le poids de l'eau que de 6 grains par once , il
n’a pas plus d'aètion que l ’eau pure fur ce fel.
6°. En chauffant-l'acide muriatique concentré
qui n’agit point à froid fur le carbonate de baryte
natif, ©11 voit naître une effervefcence confïdé-
rable qui continue jufqu'à ce que tout le fel foit
diffous j cette combination fe prend en ma (Te en
refroidi fiant. Si l'on ajoute de l’eau au mélange
pendant que la diffolution s’opère, le même
phénomène a lieu 5 mais la liqueur ne fe prend
point en maffe par le refroidiffement.
70. Si dans une diffolution de carbonate de baryte
natif par l’acide muriatique , pëfant 50 ou 60
grains plus que l’eau, on verfe pendant que cette
aètion eft bien établie une grande quantité d'acide
muriatique fumant & concentré, tout-à-
coup la diffolution & l'effervefcence s'arrêtent ,
les matières reftent en repos , & la portion
de muriate de baryte déjà formée dans les premiers
momens de la diffolution , fe précipite en
poudre blanche. La même précipitation a lieu ,
& d'une manière encore plus marquée lorfqu’on
verfe de l'acide muriatique concentré dans une
diffolution chargée & faite depuis long-temps
de muriate de baryté. Ces précipités fe rediffoL
vent en augmentant fuffîfamment la quantité d'eau
diftillée ; & dans le premier cas l'effervefcence,
la diffolution recommence & continué fans interruption
jufqu’à la fin.
8°. Du muriate de baryte en poudre, jette
dans la même diffolution , l'arrête tout-à-coup ,
& fait ceffer l'effervefcence i on fait renaître
l'une & l'autre en ajoutant de l'eau.
90. Lorfqu'on n'emploie pour diffoudre le carbonate
de baryte que la quantité ftriétement né-
ceffaire d'acide muriatique , tout ce fel n'eft pas
décômpofé ni diffous à froid , quoiqu'il refte un
excès d’acide dans la liqueur. Cet acide à nud
adhère plus à la portion de muriate de baryte
formée qu'il ne tend à adhérer à la baryte du carbonate
de baryte non décompofé 5 mais fi dans
ce cas on chauffe le mélange , la diffolution s'achève
, & on l'obtient parfaitement neutre ÔC
complettement faturée.
io°. Cent grains de carbonate de baryte natif
diffous dans l'acide muriatique , perdent ty, 10
de leurs poids. La diffolution évaporée à ficcité
a donné 1x2 grains de muriate de baryte. Redif-
fous dans l’eau diftillée , ces 112 grains ont donné
par le carbonate de fonde 100 grains de carbonate
de baryte.
1 La diffolution de 100 grains de ce fel dans
l'acide muriatique a donné également 100 grains
de précipité par le carbonate de potaffe, mais
avec le carbonate d'ammoniaque , & je n'ai pu
en obtenir que 90 grains : pendant cette dernière
précipitation , il y eut une effervefcence
très - fenfible. La diffolution précipitée par le
carbonate d’ammoniaque , ne donne rien par les
carbonates de potaffe & de fonde , quoiqu'elle
contienne maniféftement encor de la baryte que
l’acide fulfurique y démontre. En -évaporant la
diffolution du muriate de baryte précipitée par
l'ammoniaque , & en chauffant dans une cornue,
le réfidu defféché de -cette évaporation , on obtient
du muriate ammoniacal fublimé , & la portion
de muriate de baryte non décompoféé refte
au fond de la cornue.
12°. Si l’on verfe de l'acide nitrique très-concentré
dans la diffolution du carbonate de baryte
natif par l'acide muriatique, il fe fait tout-à-^
coup un précipité très-abondant. On pourroit
croire que ce précipité dépend d’une portion
d'acide fulfurique contenu dans celui du nitre
& de la formation du fulfate de baryte ; mais
on eft bien-tôt détrompé par l’addition de l'eau
diftillée qui redifibut entièrement le précipité ;
on voit donc que ce précipité n’eft du qu’à l’at-
traêlion de l’acide nitrique pour l'eau qui tenoit I
le muriate de baryte en diffolution.
Tous ces faits, en nous inftruifant furies
proportions des principes contenus dans le carbonate
de baryte natif, nous fourniffent des ré- !
fui cars généraux utiles à la théorie générale de la j
fcience 3 & nous les reprendrons dans un des paragraphes
fui vans.
§ V I . A 5llort> de Vacide carbonique.
Quoique le carbonate de baryte natif ne paroiffe
que peu fufceptible de s’unir à l'eau feule & aux
acides feuls ; cette tendance à l’union devient beaucoup
plus fenfible en lu i, pour peu que l’a&ion
difiblvante de. l'eau foit aidée par l’attraêlion
des acides pour l'un & ïKautre de ces corps.
Cette remarque eft très-frappants dans l'adtion
des acides précedens fur le carbonate de baryte
natifs mais cette a&ion tient à la tendance de
ces acides pour la bafe de ce fel terreux ; celle
que nous allons faire connoître dépend d’une
attraction plus Ample. L'acide carbonique a une
certaine tendance pour s'unir au carbonate de
baryte entier, mais lorfqu'il eft diffous dans
l'eau s ainfi l'eau acidulée, gazeufe ou faturée
d'acide carbonique diffous ^ de fon poids de
ce fel terreux. On voit que c'eft près de deux
fois plus que l'eau feule ; mais cette diffolution
par l'acide carbonique n'eft rien moins que durable
j J'expofition_ à l’air , l'a&ion de la chaleur
en dégagent l'acide carbonique, font précipiter
près des deux tiers du carbonate de baryte. La 1
: diffolution de magnéfie pure , celles d’ammonia-
; que , de chaux, -des alcalis fixes cauftiques , en
j s'emparant de l'acide carbonique, opèrent la
même précipitation. Malgré le peu de permanence
Ûc de durabilité de cette diffolution, il
paroît que c'eft par ce procédé que la nature
prépare dans, les eaux , & dépofe par leur évaporation
le carbonate de baryte qu’on a trouvé
er.yftalliféen Angleterre , & qu'on trouvera fure-
ment dans d’autres endroits , Iorfque les recherches
fi utiles des minëralogiftes feront plus multipliées
qu’elles ne l’ont encore é té , & lorsqu'ils,
feront guidés par les progrès de cette
partie des connoiffances humaines.
§ VIL Ré fume fur la compofition du carbonate
de baryte natif d‘AIflon-Moor , 6’ fur fes propriétés
caraUérifiqu.es.
Les expériences précédentes fuffifent pour déterminer
la compofition du carbonate de baryte
natif d’Alfton-Môor, & pour le faire diftinguer
de tous les autres Tels pierreux qu'on trouve dans
la nature. Il refaite de nos recherches que ce
fel fans faveur, prefque fans diffolubilité dans
l'eau pure , paroît être celui qui a le moins d'at-
tp&ion pour ce fluide 5 qu'il eft inaltérable au
feu; qu'il ne perd aucun de fes principes j que
la'chaleur la plus forte n’en dégage ni l’acide
ni l’eau ; qu’il prend feulement par cet agent
une nuance verte remarquable ; que les acides
ne l’attaquent point en maffe & lorfqu’ils fort
concentres ; qu’ils le décompofént facilement
à l’aide d'une certaine quantité d'eau & de chaleur
j que l’acide carbonique le rend deux fois
plus diffoluble dans l’eau qu’il ne l’eft naturellement
j qu'il eft formé de 0,90 de baryte, 5c
de 0,10 d’acide carbonique; que l'eau eft très-
difficile à- apprécier ; que c'eft. après le fu'fate
de baryte le plus pefant & le plus denfè de
tous les felsj qu’il différé beaucoup par ces propriétés
du carbonate de baryte faêtice ou .artificiel
dont l’ acide & l’eau font dégagés par une chaleur
forte 5 qu’il paroît être ci flou s dans quelques
eaux naturelles à la faveur de l’acide carbonique
5 que c’eft par le . repos & l’évaporation
de ces eaux qu’il eft dépofe dans l’intérieur
de la terre fous la forme fpathique & cryftalline ;
qu’il jouit enfin d’une forme polyèdre , régulière
& déterminée.
§ VIII. Réfultats de cette analyfe, applicables a
Van en général & à la théorie de la fcience.
Ce n’eft point allez d'avoir reconnu la nature
& la proportion des principes qui entrent dans
la compofition de ce fel terreux natif. Les expériences
qui ont été faites pour acquérir cette
connoiffance pouvant avoir une influence directe