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mens guerriers eh général , 'ain.fi que la méthode
de traiter l’or & l’argent J de travailler les pierres.
& de couvrir le vifage de fard. Ces afiërtions
font appuyées, d’après d'antiques, monumens ,
par Clément d'Alexandrie, Tertullien & Eufèbe..
Eupolème , fuivant Eufèbe , affine qu’Enoch,
infiruit par les anges, a tranfmis Faftroiogie par
Mathuialêm & fes defcendans jufqu’à Abraham.
Zozime le panopolite , raconte que les démons ,
amoureux des filles des hommes , leur ont révélé
pour prix de leurs faveurs, les fecrets de
la nature j il ajoute que la première tradition
de çes^ connoiffances a été inférée dans un livre
nommé , d’où e-ft venu le mot chimie.
Il faut favoir que la plupart des. auteurs dé
lignent,par le nom d'anges, de démons ou de*
gregores ies defcendans •d^aSeth & de :Tubaî-
cain que des moeurs .; déjà corrompues ont
porté , fuivant ces écrivains, à dévoiler à des
femmes diftolues les fecrets les plus cachés de
la nature qu’ils tenpient de leurs pères. Les érrn
dits ajoutent^, que c’ell ainfi qu’ils s’attirèrent ‘la
colère céleite. Oui *ççoiroit que des philofophes
graves & auftères , renfermes prelque toute
leur vie dans leurs laboratoires , au milieu de
la furpée & du charbon , ont placéj’origine de
leur fcience. dans l'amour ? leur langage retracé
mille fois les mêmes idées ; ils parlent des noces
de leur roi des,philofophes, du réfeaude Vul-
cain. Lorfque Homère raconte les amours de
Vénus & de Mars, c’eft , fuivant, eux , un
arcane.çhimique} c’eft l'alliage du cuivre & du fer
qu'il a voulu déligner. S’ils annoncent la confection
de For , qu’ils nomment le grand-oeuvre,
ils peignent l’infidélité conjugale , tandis que la
foi des époux devrait être regardée comme le
véritable grand-oeuvre.
Ce qu’on peut dire de mieux fur^ces temps
obfcurs , c’eit que quelques arts chimiques ont
line très-antique; origine. L’Ecriture fainte nomme
Tubalcain le . huitième homme après Adam ,
fondeur & forgeron > on croit que .c’eft, le
Vulcain de la fable. On le regarde comme le
premier chinnfte , parce qu’on penfe que pour
- forger ies métaux , il a fallu d’abord découvrir
l ’art de les/extraire de la terre , de les féparer
de leurs minéralifateurs & de les purifier. Mais
on peut préfumer qu’on a d’abord employé les
métaux natifs ; l’or & l’argent étoient connus &
déjà en ufage comme valeur repréfentative ,
comme efpèce de monnoie du temps d Abraham.
Tubalcain a donc pu trouver leur fufibilité &
leur duétilité ; il a pu tranfporter cette decouverte
fur le fer & fur le cuivre. Il exifte d’ailleurs
daris la nature du fer natif & duéiile,, comme
celui que Pallas a trouvé en Sibérie, ; l’art de
faire du feu & de le conferver a du précéder
celui du traitement dçs métaux. L’ Ecriture fainte
cite encore Noë ( le.Bacchus de la fable ),
comme ayant appris aux hommes l’art de faire
fermenter le jus de raifin , <k celui de cuire des
briques pour la conftruétion de la fameufe tour
de Babel. Voilà les traces légères ; non de l’exif-
tence de, la chimie., mais de quelques arts chimiques
avant le déluge & quelque temps après
cet antique événement.
3. Traces de ta chimie dans l'Egypte.
Bergman commence par examiner ici ce qu’il
faut penfer des anciens hommes nommés Kermès
ou Mercures , que les hiftoriens' placent
du temps d’Ofiris , que plufieurs confondent avec
Enoch , Moife , Abraham, &c. Il paroît que.
le premier, homme conmi fous ce nom étoit un
homme de génie , qui inventa l’écriture 8c qui
repréfenta fur des colonne^ durables les premiers
élémens des, connoiffances humaines. Mais lui attribuer
F-origine,- : de la ;. ’chimie , c’eft fe livrer: à
une c-pnjeéhire fans fondement. Tout ge qu’on
peut favoir , ç’eft qu’en Egypte les prç-tres ca-
choient foigpeufement les diverfes.fcienees -, Se
les communiquoient feulement entr’eux , après
une initiation : préalable , les indiquoient qùe-lr
quefois fous la forme d’énigmes & d’allégories,,
& qu’on ne peut voir, dans ,les anciens monumens
les traces de l’ alchimie qüren forçant le
fens & entaflànt les Rippoficions. Pline parie
d’obélifques égyptiens places dans le cirque &
le champ-de-Marsqui offroient la philofophie naturelle.
de vce peuple. On attribue,, au refte ,
tout ce qu’on veut àces pairages .hiéroglyphiques,
puifque perfonne n’a pu en donner .une véritable
explication. Julius Firmicus Maternus ,
auteur du quatrième fiècle , afllire que la fcienee
facerdotale , nommée ainfi , parce qu’elle n’exif-
•toit que parmi les prêtres, confiftoit en alchimie
& en magie. Celle-ci étoit l’art de -faire
naître' des phénomènes naturels , à l’aide de la
fympathie & de l ’antipathie 5 la médecine de
ces temps éloignés étoit . fondée fur la même
doéirine ; mais la. fuperftition y entrait -pour
beaucoup, puifque,, fuivant le rapport de Galien
, le roi Nechepjus, fix cent, trente ans avant
l’ère chrétienne, erifeignoit le moyen de fortifier
Teftomac, en appliquant fur le pilore un ja.fpe
vert, fculpté. en forme de dragon} déjà fans
doute la fauffe doélrine des amulettes & des ta-
lifmans. Cette^fciencé des égyptiens a réfifté &
s’eft confervée fous les divers rois de l’Egypte,
fous Je joug des perfes-v des babyloniens , des
grecs .& des romains , jufqu’à l’incendie de la
bibliothèque d’Alexandrie, ou vers l’an 642 de
notre ère : fept cents mille volumes, qui coi -
tenoient toutes' lés. connoilfances humaines ac-
quifes jufqqes-ià'ont été la proie;des flammes ,
.& ont fervi à chauffer les bains de cette ville*
qui étoient au nombre de quatre mille.
Il règne ’ au refte une grande obfcuritp dans
l’hiftoire de ces temps reculés, Pluluaus auteurs,
par exemple, ne citent qu’un Mercure} d’autres
en nomment-deux ; Abulpharagus en énonce
trois , Laétance quatre, de Cicéron jufqu’à cinq.
Voyons ce qu’étoient les arts chimiques chez
les égyptiens. Diodo-re de Sicile, qui paveou-
roit ce pays clans un temps où k-s arts étoient
cultivés avec, ardeur à Rome , afiur.e qu’ils
étoient en vigueur en Egypte. La pharmacie y
confiftoit en lues exprimés , infufions, décoctions
& mixtions. Diofeoride & Pline -difent
qu’on s’y fervoit du fonchet-papier réduit en
cendre comme de cauftique..’Oalien-rapporte'■ a-ùx
prêtres égyptiens la compofitioa nommée cyphéos}
de formée de myrrhe, de cane lié, de térébenthine,
de fpic , de fouchet , de ge,nièvre< & de bdeî-
litiiïi. Ils s’en fervoient comme d’un parfum &
comme d’un médicament, fuivant Diofeoride.
Ils avoient divers emplâtres où entroient la Ii-
tharge y le cuivre -brillé , Je mify , le fory &
d’autres fubftances métalliques. Us favoient travailler
les pierres, comme le prouvant leurs py-
rainides encore fubfiftantes , leurs ftatites , leurs
obélifques , leurs temples. Ils creufoient & po-
lilfoient l’albâtre} l’art du briqtietier étoit pratiqué
chez eux > ils ,faifoient des mortiers de
granit & de b a faîte-. Hérodote , Diodore ,
Strabon , Rline & Marcellin arteftent l’exiftence
de tous ces arts. Ils extrayoient le fel des eaux, ;
de la mer &: le'natrum de celle du Nil. Ils dif-*tinguoient. ce natrum en plufièurs états, lecom-
binojent avec l’huile ',; le fou Ire , pour le faire
fervir à divérs ufages } on le fophiftiquoit avec
la chaux, & oh donnoit même dès-lors des moyens
pour reconnoitre cette fophiftication. Pline loue
l’alun d’Egypte, & dans Athénée, Dinon annonce
(|ùe le fel ammoniac eft apporté de l’ Egypte
dans la‘ Perfe. Les égyptiens retiroient l’huile
des olives , du raifort, du féfame:, de l’ortie
& de plufieurs autres graines. Leurs momies
attellent qu’ils connoilfoiént bien l ’art des parfums
& des embatimemén?. Ce qu’on rapporte
des lampes pèrpétuelles annonce qu’ils fe
fervoient de mèche d’amianthe & qu’ils y con-
duifoient des huiles bitumineufes par de? canaux
fouterrains. Diodore parle de vaftés mines d’or,
où plufieurs milliers d’hommes enchaînes, étoient
employés à leur exploitation } ils vantent les
atteliers où l’on travailloit l’or & le cuivré
dans la Thébaïde. Il préfente une defcrfption
très - remarquable des opérations qu’on ‘faifoit
fur une mine découverte fur les confins de l’Arabie.
Suivant lu i, le fol noir renfermoit des
veines de marbre blanc ; la mine qu’il receloit
étoit rendue fragile par la calcination on la:
broyoit fous des meules , on la lavoit fur un
plan incliné, on mêloit le minéral avec du
plomb , du fel , de l’étain & du fan ; on la
traitoit pendant cinq jours au feu dans des creufets
bouchés , &■ on obtèmfit'ainfi de 1-or a fie z fin.
’On reconnoît dans cett
des procédés ufités de
la plupart
:e defctipïfofï 1
nos jours. * M
Lés peintures^ fur ci«is vafes d’argtsut , les
ferpens bleus fur des fohds d’or, le verre noir
imf tan t ce! ai q t-F 0 b fi di us ;avoir trouvé en1Ethiopie,
le verre imitant les-érrh:raudes , les émaraudes
artificielles d’une grande 'étendue dont il$ avoient
fait des ftatues coîofi’ale:s de-Sérapis , des obélifques
,- les petites ftatues- - de terre énduites
d’une couverte bleue ; 1es verres rougi;s-bruns ,
: opaques ou tianfparents, dont tous les voyageurs
font mention, que les collections precieufes
• Ipréfentent encore - aujourd’hui" à q.nos yeux ,
, prouvent que l’art de la verrerie , celui’ des
émaux , celui, dfimiter les pierres' gemmes ,
étoient pratiqués .chez les égyptiens ; ils con-
noiftoient la coloration du verre par les métaux
; ils y ajoutoient le cuivre & le fer, ainfi
que le plomb ; car. il eft vraifemblable, comme
Me penfe Gmelin., que le bleu n’étoit pas pro-,
: duit par le cobalt , métal que les romains même
ont ignoré, & auquel II pàroit qu’ils ont fub-
Iftitué le- fer dans différens états. On alTure que-,
les émaux bleus des chinois font faits, avec le
; lapis-îaziili, & que le cobalt eft une découverte
;affez moderne en Italie , en Allemagne & en
France. La peinture fur verre ou plutôt fondue
avec le verre, étoit aufii pratiquée par les égyp-
.
tiens ; ils employoitnt la dorure.& l’argentuie,
comme l’attefîent encore aux voyageurs de- nos
jours les relies de temples fur. les «voûtes defquels
brillent de tout leur , éclat des .étoiles d’or.
Outre le vin de raifin, on préparoit en Egypte
une liqueur fermentée avec Forge; on la nom-
moit Zythus , on en attribuoit la découverte
à: Ofiris. Le vinaigre y étoit connu, iis en
prépar.oient même' un fî fo rt, qiié Cléopâtre-
is’en fervit- avec Tuccès , pour ramollir une.
très-grofi'e perle. Pline rapporte qu’en Egypte-
on fàvoit teindre la foie ; & les détails qu’il
donne ne peuvent appartenir qu’à des mot dans ;
fi l’on en croit Zozime, l’art de la diftiliaricn ,
.‘dont, il décrit même quelques appareils , quoique
’ :greffiers , n’étoit point inconnu en’ Egypte. Sui-
vant Pline , ils retiroient. la poix & le goudron,
cte-s bois refineux , par1 l’aélion du feu. Nous-
■ pafFerons ici fous :filetice ce que Bergman dit
des travaux alchimiques des égyptiens , parce,
que cette partie de fa diftèrtation a été coniignëe:
à Farticle alchimie,. •
4. Traces de la chimie cke% les grecs.
U a déjà été parlé à l’article de Talchinre
«des principauxsjjuteurs grecs auxquels on en attribue
la connoiiTance eu la pratique , & cëft
; Jde cette ptrtioh même cfe la diflerîatîon de