
fur le prifrçe. C’eft un des procédés que je mets
en ufage pour obtenir ce fel très-pur , & avec
la forme régulière qui lui eft propre.
§ IV. Décompofition du fiulfate de magnifie par
le carbonate d'ammoniaque.
Le carbonate d’ammoniaque eft le premier fel
qui m’ait pré fente il y a quelques années la
propriété de ne pas précipiter du tout le fulfate
de magnéfie. Ce que l’ai expofé dans des détails
précédens explique la caufe de ce phénomène ,
fur-tout fi Ton fe rappelle que le carbonate d’ammoniaque
contient pius d acide carbonique que
T poffible , ont été chauffés lentement jufqu’à éo
! degrés du thermomètre de Réaumur ; le précipite
les deux autres carbonates alcalins. Le mélange
des diffolutions de ces deux tels en quelques
proportions qu’il foit fa it, ne donne point de
précipité ; mais en chauffant ce mélange, il fe
manifefte une très-forte effervefeence , il fe
dégage une grande quantité d’acide carbonique _>
& il le précipite du carbonate de magnéfie qui
affeéte la forme grenue ior Qu’on le fait fée hier
- lentement à l’air. 125 parties de fulfate de, magnéfie
mêlées ayec 100 parties de carbonate
ammonaical, n’ont donné après unelégère ébiiili-
tion s que 32 parties de carbonate de magnelie.
Comme il paroiftoit que la quantité de carbonate
ammoniacal employée n’étoit pas fuffifante pour
obtenir tout le carbonate de magnéfie que doit
donner le fel d’epfom, comme d’ailleurs en
examinant la liqueur elle donnoit encore un précipité
de magnéfie par la potaffe cauftique, on
a recommencé cette expérience en prenant parties
égales de carbonate d’ammoniaque & ^ de
fulfate de magnéfie diffous chacun dans le moins
d’eau froide pofîïbîe. Ces deux diffolutions ne fe
font point troublées à froid ; on les a chauffées
à 30 degrés ; elles fe font troublées en fai fan t
une vive effervefeence ; mais la chaleur étant
parvenue jufqu à l’ébullition , je crus m’apper-
cevoir que la quantité de précipité diminuoit :
on arrêta l’opération, on filtra la liqueur ; la
quantité de carbonate de magnéfie précipité &
féché en pouffière grenue, au lieu d’être plus
abondante que dans la première expérience,
comme il fembloit qu’ on auroït dû s’y attendre,
ne pefoit que 9 grains. Je foupçonnai qu’une
partie du précipité avoit été rediftoute dans la
liqueur ; & en effet la potaffe pure y fo r moi t un
précipité très-abondant. On la fit évaporer aux
trois quarts de fan volume ; elle donna par le
refroidiffement un fel en beaux cryftaux rhom-
boidaux, terminés par une pyramide tétraèdre.
Ce fel étoit triple, ou du fulfate ammoniaco-
magnéfien, l’analyfe y indiqua o,yé de fulfate
de magnéfie , & 0,44 de fulfate d’ammoniaque.
Ce fait exigea pour être déterminé plus pofiti-
vement de nouvelles expériences. 1 2 ƒ grains de
fulfate de magnéfie, & 125 grains de carbonate
d’ammoniaque diffous dans le moins d’eau froide
s’eft formera m.efüre que l ’acide carbonique
s’eft dégagé 5 on a filtré & recueilli 45 grains
foibles de carbonate de magnéfie , comme dans
les premières expériences par les carbonates de
potaffe & de foude ; la liqueur ne contenoit
enfuite que du fulfate d’ammoniaque.
Des diffolutions égales des mêmes fels ont
été mêlées & chauffées lentement jufqu’à 60
dégrës ; le précipité s’eft formé comme à l’ordinaire
; mais au lieu ce laiffer refroidir, de
filtrer & de deffécher le carbonate de magnéfie,
on a continué de chauffer la-liqueur , & on T a
pouffee jufqu’au terme dë l’ébullition. Elle a
très-complettement eu lieu à 81 dégrés ; alors,
on a vu difparoître peu à peu le précipité ; en
moins de 20 minutes la liqueur étoit parfaitement
claire.& ne contenoit plus un atome pulvérulent
de carbonate de magnéfie, en même
temps -il s’eft dégagé une odeur très-piquante
de carbonate ammoniacal.
Le même phénomène eut lieu en fai Tant b oui 11 %
une diff oliirion de fulfate d’ammoniaque avec du
carbonate de magnéfie en poudre; mais ce qui
| a été bien pcfitivement déterminé par nos expé-
\ . riences , c’eft qu’il faut une .chaleur de 80 degrés
pour* opérer la décompofition du tuifâte
d’ammoniaque par le carbonate de magnéfie , &
qu’avant ce dégré les deux fels reftent fans
adtion l’ un fur l’autre.
On pourroit donc conclure de ces expériences,
que le carbonate d’ammoniaque décompofè le
lui fa te de magnéfie', & que le carbonate de
magnéfie décompofè aufïï le fulfate d’ammoniaque.
Les chimiftes qui ont admis les affinités réciproques
çroiroient peut-être trouver ici un nouveau
fondement de leur opinion ; ceux qui nioient
la force des affinités chimiques déterminées par
la nature , auroient auffi un fait de plus en apparence
pour foutenir leur fyftême 5 mais dans
l’état actuel de la fcience, ce fait au lieu de
porter atteinte à la grande doctrine des attractions,
eft au contraire très-propre à la confirmer
, puifqu’ilapprend comme beaucoup d’autres,
que la chaleur fait varier les affinités. A la température
ordinaire de 10 degrés , \q carbonate
d’ammoniaqne décompofè le fulfate de magnéfie 5
il ne Te forme point de dépôt, parce que le
carbonate de magnéfie re-fte en diffolution à l’aide
1 de l’acide carbonique dégagé de l’ammoniaque
& furabondant à fa faturation. A 86 degrés-,
l’ordre dé ces affinités change, la magnéfie fe
porte fur l’acide Tulfurique , l’ammoniaque enlève
l’acide carbonique , & fe dégage avec lui ;
le fulfate de magnéfie eft réformé , & le carbonate
de magnéfie d’abord précipité difparoît.
Lorfqu’ il eft entièrement diff ous, il ne refte plus
du tout d'ammoniaque dans la liqueur.
Un phénomène analogue a lieu Iorfqu’on
chauffe de la craie dans une diffolution de muriate
ammoniacal. Quoique le carbonate ammoniacal
décompofè & précipite à froid le muriate calcaire
, à la chaleur de l’ébullition , les affinités
changent tout-àJcoup , la craie difparoît & fe
difîbut, la chaux s’unit à l’acide muriatique,
& l’ammoniaque eft dégagée avec l’acide carbonique
; telle eft la raifon pour laquelle on obtient
du carbonate ammoniacal en difti liant à fee
du muriate d’ammoniaque avec du carbonate^ de
chaux ou de la craie. Si l’on ne prenoit pas
garde aux attractions du calorique , on ne pourroit
pas concevoir comment d un côté le carbonate
d’ammoniaque décompofè le muriate calcaire
, tandis que le carbonate de chaux décom-
pofe à fon tour le muriate ammoniacal.
Si au lieu de faire chauffer le mélange de
carbonate d’ammoniaque & de fulfate de magnéfie
, foit pour en obtenir le carbonate de magnéfie
pulvérulent par tous les termes avant l'ébullition ,
foit pour opérer une nouvelle décompofition
par la température de 80 degrés , on laiffe les
diffolutions expofées à l’air dans .un vaiffeau un
peu allongé, l’acide carbonique fe dégage peu-
à-peu , & Je carbonate de magnéfie fe dépo-fe
fous une forme trés-régulière & en beaux cryftaux.
C’eft le procédé qui donne ce fel fous la
plus belle forme & fous le plus grand volume.
§ V . Quelques propriétés du carbonate de magnéfie
cryftallifé.
On fait aujourd’hui que pour connoître les
propriétés d’un fe l, il faut l ’examiner dans fon
état de cryftal pur ; feus ce point de vue, on
n’a point encore détermine avec exactitude celles
du carbonate de magnéfie/
La forme la pius fréquente & la plus régulière
de ce.fel eft, comme .je l’ai déjà d it,
celle d’un prifme à fix pans rhomboïdaux, ter-
"miné par un hexagone dont l,e plan coupe obliquement
l’axe du prifme. Cette forme varie quelquefois
; on voit quelques-uns de cès cryftaux
en lames rhomboidales,, &■ d’autres, quoique
plus rarement, en oClaèdres. Tous ces cryftaux
qui ont jufqu’à y lignes de longueur fur deux
de diamètre, font parfaitement tranfparens &
brillans ; leur confiftance eft allez forte, leur faveur
prefque nulle , terreufe &: fade ; elle ref-
femble un peu à celle du fucre de lait.
Expofé au feu , le carbonate de magnéfie décrépite
légèrement, fe réduit en pôulfière fans
fe fondre , & perd 0,75 de fon poids .en eau
& en acide 5 il s’ effleurit à l ’air devient blanc
& opaque en perdant fon eau de cryftallifation.
11 eft très- difloluble dans l’eau en comparai fon
du carbonate de magnéfie pulvérulent & non
cryftallifé. Une once d’eau diftillée à 10 dégrés
en diffbut 12 grains.
1 L ’acide muriatique étendu d’eau diffbut ce
I fel avec effervefeence ; de zoo grains, ü s’ew
î échappe yo etl acide carbonique, & fi l'on y
} ajoute les 2y grain? d’eau que la calcination en
dégagé , on aura pour un quintal de ce fel
6,2y d’feàu, o,2.y de magnéfie , & o,yo d'acide
carbonique.
1 Cette analyfe fait voir la fingulière différence
qui exifte entre le carbonate de magnéfie tranf-
j parent cryftallifé régulièrement, &: le même fel
précipité rapidement en poudre ou en grains
fans forme régulière. Ce dernier contient fur
100 -parties, 0,40 .de magnéfie, 0,48 d’acide
carbonique , & b, 12 „d’eau ; c’eft donc par plus
d’eau •& plus d’acide carbonique que le carbonate
de magnéfie trarifpar.eht & fpathique diffère
du même fel en poudre opaque ; tk cette variation
dans les proportions de fes principes donne
à ce fel la propriété de cryftallifer en prifme
hexaèdre , .de s’effîeurir à l’air , de fe difloudre
dans beaucoup moins d’eau & d’être folide &
tranfparent. Sous cette forme cryftalline , le carbonate
dé magnéfie eft à la magnéfie effervelcente
& en .poudre, ce qu’eft le fpath calcaire à la
craie en poudre, ôn petit même prévoir que ce
fel régulier, tranfparent Sç folide exifte & fera
quelque jour trouvé dans la terre comme ime
efpècê de' fpath , ainfi qu’on a trouvé depuis
quelques ànnéés le carbonate de baryte folide >
cryftallifé, & fous forme fpathique.
C arbonate de magnésie. ( Pharm. ). II
réfulte de ce qui a été expofé dans l’article précédent
qu’il y a deux efpèces de carbonate de
magnéfie,; l’un non faturé d’acide carbonique, fous
1 la forme d’une poudre blanche effervefeente y
i préparé par la précipitation à chaud du fulfate
j de magnefie à l ’aide des alcalis fixes & fur-tout
de la potaffe non fatürée d’acide carbonique ;
l’autre faturé d’acide carbonique, cryfcallifé en
prifmes à fix pans tronqués efflorefcent à l’air ,
dépofe lentement de la diffolution du fulfate de
magnéfie décompofée à froid par celle du carbonate
de potaffe & du carbonate ammoniacal. La
première de ces deux efpèces eft la feulé qu’on
eonnoiffe dans les pharmacies ; c’eft:.Ja feule
qu’on y prépare, parce qu’on fe fert pour cela de po-
tafîe non laturé. On la lelfi ve bien pour emporter les
fels diffqluble-s, foit fulfate de potaffe, foit potaffe
qu’elle peut contenir d’après la nature de la liqueur
ou elle' eft dépofee. Cette préparation mélangée de
carbonate de magnéfie, bz de magnéfie pure , a
été d’abord fuite en grand ,par les anglois qui
la font fécher & la. taillent ious formé de parallé-
lipipèdes , enfôrte qu’elle reffembîe à des mor-
( ceaux d’amidon ; aufli l’a-t-on connue fous le
I nom de ' magnéfie angloife. Aujourd’hui les phar-
Imaciens de tous les pays favent la préparer.
Ce fel terreux eft d’ufage en médecine ; on le
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