
connoître les propriétés de l’hydrogène Si celles
du carbone; il falloit diftinguer les compofés binaires
Si les compofés ternaires. Je reviendrai
plus^ bas fur 1 influence du carbone dans les, compofés
végétaux.
Le carbone eft fufceptible de fe combiner avec
les fubftances métalliques, Si c’eft encore une
des découvertes de la chimie moderne, qui n’é-
toit pas même foupçonnée il y a vingt ans, &
qui a donné des explications fïmples autant
qu’heureufes de plufieurs faits jufques-là inexplicables.
C ’eft fur-tout de la combinai jfon du
fer & du carbone qu’on s’eft d’abord occupé.
Monge, Vandermonde Si Berthollet, travaillant
en commun, ont d’abord trouvé que la fonte
étoit une combinaifon de fer , de carbone &
d’oxigène , que l’acier étoit du fer & du carbone
fans oxigène, que la plupart des fers contenoient
une quantité diverfe de carboné, & que c’étoit
ce corps qui reftoit indiflous 5c fous la forme
d’une pou-lhère noire, après la diflolution du fer
ordinaire dans les acides fulfurfque & muria^.
tique. L’hiftoire du fer préfentera l’enfemble
détaillé des phénomènes relatifs à la combinaifon
dii Fer avec le e irbone : mais il doit être queftion
ici en général deTunion du carbone avec les autres
métaux. Après que celle du fer a été bien
connue, on a penie qu’il pou voit en être de
même des fubftances métalliques en général,
quelles pouveient Te. trouver unies au carbone
Si former des compofés importans à connoître
& jufqu’ici entièrement ignorés. On n’a trouvé
encore que le zinc qui paroifie contenir une
petite quantité de carbone Si c’eft à la prèfence
de ce corps qu’on a attribué la poudre noire
qu’on obtient par la diflolution de ce métal dans
l'acide fülfur-iquè & dans l ’acide muriatique ;
encore n'eft - il pas invraifemblable que cette
pouflière eft'du carbure de fer, car elle en pré-
fente toutes les propriétés phyfiques, la couleur
noire, la légèreté, la douceur, la qualité ré-
fraétaire & peu çombuftible ; on fait encore que
le zinc eft rarement exempt de fe r , Si que ces
deux métaux fe trouvent tpès-fouvent unis en-
femble. Jufqu’à préfent on n’a rencontré aucune
autre combinaifon du carbone avec les métaux ;
quoiqu’ on fâche bien que le plomb & le bifmuth
foient traités ou fondus au milieu des charbons ,
Si que s’ils avoient la propriété de s’unir facilement
au carbone , il pcurrorent s’en faturer
plus ou moins comportement dans les opérations
qu’on leur fait fubir. Au refte il n’y a point
encore eu d’expériences dire&és faites fur la. pof-
flbilité & la nature de ces combinaifons, & la th.ec-
rie feule ne peut donner le réfultat qu’elles fourniront
tôt ou tard à la philofophie & aux arts
chimiques. *
Quoiqu’on fâche encore pei de ehofes fur h
combinaifon du carbone avec les corps combuf-
tiblespurs, indécompofés jufqu’ici, ou fe comportant
comme des corps Amples, on connoît quelques
unions entre plufieurs de ces matières à
l’aide d’une intermede. Par exemple l’alcali fixe
tenant en diflolution du foufre ou du phofphore
diflout facilement le carbonex & entraîne' avec lui
par la voie fèche comme par la voie humide,
en fufion ou à travers les filtres, une quantité
plus ou moins grande de charbon, qui colore les
fulfures & les phofphures, Si qui ne sferr fépare
fous la forme de poudre noire, qu’à l’aide du
temps & d’une décompofition lente. On peut
donc dire que le carbone eft diffoluble dans les
fulfures & les phofphures, Si plus fufceptible
de s’unir au phofphore Si au foufre par une com*>
binaifon médiate que par une attra&ion immédiate.
On peut encore voir un effet fenfible des
attrapions médiates ou compliquées auxquelles
le carbone obéit dans les compofés végétaux qui
ne fixent & ne retiennent long-temps fixée une
quantité confidérable de carbone, qu’à l’aide de
combinaifons ternaires ou même quelquefois quaternaires.
Le carbone eft un des principes des bitumes;
on le trouve en grande quantité dans les réfîdus
dé ces corps après leur diftillation, comme dans
les matières organiques qui leur ont donné tfaif-
fance. C ’eft fon abondance même qui colore en
noir le plus grand nombre des bitumes comme
l’afphalte, le piflufphalte ou poix minérale , Tè
jayet Si le charbon de terre*
L’hiftoire du carbone confidéré par' rapport
aux végétaux , préfente trois différens points
de diiruflîon chimique également importans,. le
premier eft relatif à l’exiftence,, à la proportion
Si à l’état de ce principe dans les. divers
compofés végétaux qu’on a coutume de nommer
principes immédiats, dès plantes. Le fécond a
pour objet la fôurce d’ où provientTe carbone Si
la manière dont il eft fourni ou pafle dans le corps
des végétaux. Le trôiïïème confifte dans l’examen
de l’aPlon du carbone fur les diverfe s matières
végétales, aélion dont piufîeurs rhimiftes fe font
beaucoup occupés depuis quelques années.. Ces
trois genres de conftdérations tiennent à des
faits auflî. neufs que la théorie elle-même qui les
explique convenablement » les anciens chimlires
n’avoient fur chacun que des idées imparfaites
ou des préjugés ; ils ne regardeient pas le carbone
ou plutôt le charbon, comme un. principe, mais
comme le produit de. La décompofition des'végétaux
, comme une efpèce de compofé formé
par toutes lés matières'fixes contenues dans ces.
corps. Aujourd'hui on fait que le ca/bone ell; tout
formé & contenu en entier d^ns îés plantes &
dans leurs produits immédiats. Ces produits bien
diftirrgués W uns des autres* connus au nombre
de douxe ou treize genres, favoîr : l*ex-
trait, *le mucilage s le fel tflentiel, le fucre ,
l’huile fixe,l’huile volatile,l’arôme,la réfine,le can>,
phre, la fécule.amylacée, le gluten,la matière colorante
, & le corps ligneux, contiennent tous du
carbone comme un de leurs compofans. Tous en
donnent une quantité plus ou moins grande ,
fous la forme de réfidu pulvérulent ou concret,
après avoir été-' expofes à l'action du feu dans
des vaiffeaux fermés, Si privés des principes
volatils que le calorique ,en dégagé. Tantôt le
réfidu charboneux conferve plus ou moins exactement
la forme de la fubftance végétale qu’on
a chauffée ou diftiilée ; tantôt cette forme eitab-
folument perdue, & l’on ne trouve dans la cornue
qu'une malfe de charbon irrégulière, bour-
foufflée , légère. Ce dernier phénomène a lieu
dans la diftillation de toutes les matières extraites
des végétaux-& qui font plus ou moins
fil fi blés, comme l’extrait, le mucilage, le fucre,
le fel eflentieî, la gomme-réfine, la fécule,Te
gluten ; les huiles fixes & volatiles ainfi que les
réfines laiflant bien moins de charbon pour ré-
fidu que les fubftances précédentes, les cornues
qui ont fervi à leur diftillation ne contiennent
ordinairement qpé des traces charboneufes.
Quant aux matières végétales organifées, tiflues
& plus ou moins folides, comme les racines ,
les’ écortes, les bois, les feuilles, les fleurs |
les fruits & les femences, comme elles contiennent
d’autant plus de carbone qu’elles font plus
folidesr, elles retiennent auili d’autant plus exactement
leur forme primitive après leur diftillation
qu’elles ont plus de folidité ; leur charbon
s’éloigne au contraire d’autant plus de leur ftnic-
ture, & préfente d’autant moins la trace de leur
organifation primitive, qu’elles font plus h oiles,
plus chargées d’humidite.* Ainfi la feuille fuccu-
lente de la bourrache , de la laitue, la fleur délicate
de la rofe , du jafmin, les femences hui-
leufes, &c. n’offrent après Ta diftillation à la
cornue que des lames irrégulières ou des frag
mens de charbon , tandis que. les tronçons ou les
coupeaux des bois , des racines ligneufes , les
éclats des écorces , les feuilles fèche s & les fleurs
à calices durs, çonftrvent ou très-exaPement
leur apparence organique primitive reconnoifïà
ble , ou au moins des traces fenfibles de leur
ancienne organifation. ,On doit conclure^de tous
les faits réunis fur ce point, que le corps ligneux
.des végétaux étant de toutes les fubftances
qui compofent ces être,s, celle qui contient
La plus grande quantité de carbone & celle co.nfé-
quemment qui en-laiffe le plus après leur ahalyfe
par le feu , c’eft Ta proportion de ce corps li
gneux qui détermine celle du charbon qui refit-
après les diftillations ; ce n’eft même que lorf-
que.ee corps l’empOvt;: beaucoup par fa quantité
fur les autres principes primitifs compofanr les végétaux^
que le charbon conferve la formé plus
ou moins compîette Sc reconnoiflable ; & au
contraire tous lesv autres matériaux immédiats
des plantes , tels que l’extrait, le mucilage, le f*u-
cre,l’huile fixe ou volatile,le fel ;ffentiel,)a fécule,
le gluten,contenant trop peu de carbone pour con-
ferver leur forme après l'aCtion du leu dans les
vaiffeaux fermés &r la décompofition qu’ils éprouvent
par cette aélion du feu, celles dès matières
végétales folides qui, quoique prifes dans les
racines, bois, écorces, feuilles, fleurs Si fruits,
contiennent plus de ces principes que du ligneux,
doivent auiii perdre leur forme Si ies traces même
de leur organifation après avoir fubi l’aétion
décompofante du calorique.
La queftion relative à l’origine du carbone contenu
fi abondamment dans les plantes & à la
foürce où je's végétaux le puifent, .eft une des
plus importantes Si des plus difficiles que l’on
pui0e agiter, malgré l’état floriflant & les progrès
de la fcience chimiciur. Toutes les découvertes
modernes, tous les faits acquis aujourd’hui
fur le carbone, forcent les chimiftes à pen-
fer que çe corps n’eft pas décompofable,' Si qu’il
ne fe décomppfe point eh effet dans toutes les
diverfes opérations auxquelles on le foumet. Il
eft donc naturel de croire d’après cette première
donnée que le carbone n’eft pas formé par
les végétaux , mais qu’il eft abforbé par ces
corps '-Si puifé dans les matières qui le contiennent
, foit dans la terre & fur-tout dans les débris
des corps organiques qui leur fervent d’engrais
& qui en contiennent beaucoup, foit dans
Beau Si l’air qui font plus ou moins chargés
d’acide carbonique. Suivant la première '■ anière
de voir, le terreau & les engrais délayés détrempés
par l’eau laiftént paffer dans ce liquide le <<zr-
bone dans l’état de pouflière fine & tellement
divifée qu’elle y eft fu(pendue Si prefque dif-
foute. Ce liquide s’ infin'ue avec le carbone par les
filières des racines & va porter dans les vaiffeaux
communs Si dans les utricules , le principe de
la folidité végétale , tandis que la décompofition
de l’eau fournit abondamment l’hydrogène
Sc, l’oxigène dont la combinaifon avec le caibone
forme iuivanr les proportions de ces trois principes
tous les divers matériaux des végétaux.
Suivant la fécondé hypothèfe, les végétaux prennent
le carbone dans l'acide carbonique qui txifte
conftamment dans l’air, ou qui fe trouve fi fou vent
Si fi abondamment dans les eaux qui féjournent fur
ie terreau , Si même dans les couches d’air qui
couvrent la furface des terres cultivées & engraif-
fées ou fumées. On croit que ks végétaux dans
les. organes qui conftkuent l'intérieur des feuilles,
décompofent l’acide carbonique ; Si ce qui a
conduit à cette opinion , c’en que les végétaux
vivans Si bien garnis de fe uilles plongés dans l 'eau
t: argée d’ acide carbonique & expofés aux rayons
du foleil, donnent beaucoup plus d’air vital que
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