
l'influence que fes travaux *aur<*ient fut* cette
théorie qu'il n'a jamais ni bien connue , ni
adoptée , parce qu'il en avoit imaginé une
autre dont nous aurons bientôt occafion de
parler.
En .1776, Schèele fit connoître dans deux
mémoires fes expériences fur le quartz, l'argile
& l'alun, & fon analyfe du bézoard,ou pierre de la
vefiie. Dans les premières , il prouve contre l’af-
fertion de Baume , que la terre fîlicèufe né fe
change pas en argile, que lorfqu'on fond du
quartz avec dp l'alcali, n l’on “retire enfuite un-
peu d'alun de ce mélange par l'acide vitriolique,
c’eff qu’on diiiout à la fufïon une portion d'argile
ducreuzet, & que lorfqu'on fait la fonte
dans un creuzet de fe r , on n'obtient rien de
femblable. Il ajoute que' l'argile ne contient
oint d'acide vitriolique comme le prétendoit
aumé. Son examen de la pierre de la veffie
préfente une découverte capitale pour la chimie
animale, c’eft celle d'un acide particulier qui
conftitue cette concrétion , acide le plus foible, ,
le plus indifloluble , qui. cède les bâfes alcalines
& terreufes même à l'air fixe , qui eft diflbluble
dans l'acide du nitre , & lui donne une belle couleur
rouge, que le feu décompofe & char-
bonne , qui ne contient ni acide vitriolique, ni
chaux , qui fe laifle attaquer par les alcalis fixes
caufliques. Bergman qui a trouvé les mêmes
réfultats-, ajoute , comme nous Pavons vu
plus haut j quelques remarques a celles de ,
Schèele,
Pour .1778 y on trouve dans les abfce^de l’académie
de Stockholm quatre mémoires de Schèele.
Le premier expofe un procédé pour obtenir le
mercure doux par la voie humide, qui coniîfte'
à précipiter une diflolution de mercure peu calciné
dans l ’acide nitrique par une diflolution de
fel marin bouillante, a bien édulcorer le précipité
avec de l'eau chaude, afin-de lui enlever
tout ce qu'il peut contenir de fapide & diflbluble
5 ce procédé , quoique très-connu de tous
les chimiftes , n’étoit pas employé en pharmacie.
Le^ fécond, fournit une méthode facile & peu
eoûteufe de préparer la poudre d’Agaroth par
la détonation d'une livre d’antimoine crud avec
une livre & demie de nitre , par le mélange d'une
livre de cet k e p a r avec trois livres d'eau , quinze
onces d'acide vitriolique & quinze onces de fel
marin, que l'on fait digérer fur un bain de fable
pendant douze heures en le remuant continuellement
3 la chau* blanche qui en réfulte par l'addition
de l’eau, édulcorée &. féçhée,., eft de la
poudre d'Algareth très-propre à. la préparation
au tartre antimonié. * '
Le troifième memoire*donne Une manière de-
préparer uns nouvelle couleur verte très-folide,
propre à être employée à l’eau & à l’huile. Pour
l’avoir , on fait fondre d’une part deux livres
de vitriol de cuivre dans environ quinze pintes
d’eau , & de l’autre deux livres de potafle & onze
onces d arfenic blanc pulvérifé dans cinq pintes
d’eau » on vërfe^cette dernière lefîive fur la dif-
folutioh de vitriol chaude j on laifle dépofer le
précipité vert qu’on lave. deux fois avec de
l’eau chaude , qu’on moule en troch’fques, &
qu’on fait fécher. Cette couleur eft fuivant
l’état de la chimie.abtuelle & de fa théorie de
l’arfénite de cuivre , c’eft-à-dire, une combi-
naifon de l’acide arfénieux ou oxide d’arfenfe
avec l’oxide de cuivre.
Le quatrième mémoire de 1778 , offre un des
travaux les'plus intérefians de Schèele', fous le
^ re. d ’ e jfa i f u r la m o ly b d èn e II commence pa»
décrire cette matière, & par la diftinguer de
la plombagine. Pour la pulvérifer, il la rnêloit
avec.du tartre vitriolé qu’il enlevoit par le lavage.
En la traitant par l ’acide arfénical, il a obtenu de
l’orpiment, & par l’acide'du nitre du gaz nitreux
& une matière blanche féche acide, avec
une certaine quantité de fer^& d'acide vitriolique.
Par la détonation d’une once de molybdène
avec quatre onces de nitre, il a eu un*
mafle rougeâtre, qui après avoir été lavée, laifîan
grains de terre martiale 5 le lavage donna des
cryftaux de vitriol de potafle & de nitre 5 l’eau
mère ne'pouvant cryftaiifer, fournit par l’acide
vitriolique un précipité blanc , du poids de trois
gros, qui étoit de 4a terre acide molybdique,
fuivant la dénomination de Schèele. Dans cette
opération , le foufre contenu dans la molydbène
! avoit été brûlé & converti en acide vitriolique par
le nitre, le fer calciné, & la terre acid®; mo-
lybdique unie en partie avec l'alcali du nitre,
étoit reftée dans l'eau mère, comme formant
un fel diflbluble. La nouvelle dobtrine fondée
fur le dégagement du gaz nitreux , fit expliquer
autrement cette expérience,} l'air vital du nitre
en brûlant le foufre , brûla aufli la partie métallique
de la molybdène , obtenu en effet par
Schèele , fous forma d'acide 3 & c’eft ainfî que
l’acide molybdique non contenu , ou non formé
dans la molybdène , a été le produit du traite- .
ment, foit de l’acide nitreux , foit du nitre.
Schèelé trouva, que l’acide molybdique diflous
.par l’acide vitriolique concentré & chaud, pre-
noit une couleur bleue, comme par l'acide muriatique
5 la même chofe a lieu lorfqu’on jette
de la limaille de fer ou de cuivre dans une
diflolution de molybdène, de potafle ou de fel
formé d’acide molybdique & de potafle , en
même temps qu’on le décompofe par l’acide
muriatique. Il attribue cet effet au phlogiftique
des métaux , -attiré par l’acide de la molybdène}
la théorie pneumatique n'y voit que 2'enlèvenient
de la bâfe de l'air vital par les métaux 3 effet qui
1
Liû n'a Pas ^eu Par *es C^aux métalliques fatui
t é de cette bâfe , & qui eft détruit par l'acide
[nitreux qui la rend à la terre de la molybdène.
■ Une partie d’acide molybdique, mêlée avec trois
[parties de foufre, une grande partie de, celui-ci, fe
| loblinie 5 il y eut des vapeurs d’acide fulfureux ,
|& l’acide refta fous la forme d'une poudre noire,
[qui tachoit les doigts, ou qui avoit repris les
[propriétés de la molybdène. On reconnoît roani-
| tellement dans cet effet l’enlèvement de la bâfe
[de l’air vital par*ce foufre. La molybdène chaufe,
| fée au chalumeau ou calcinée fortement_ <fens
j un creufet donna un fublitné blanc crÿftallifé en
! aiguilles tranfparemes qui avoient tous les carac-
I tères d'un acide y la flamme bjéue du chalumeau I donnoit à cette terre acide la couleur grife.&
[ bleue , qui atteftoit fon rapprochement de l'état
I métallique.
• Toutes cès découvertes fur la molybdène con- I vainquirent Scheèle qu'elle différoit finguliërement
[ de la plombagine , dont il donna l’anaiyfe com- I parée en 17*9. Cette dernière traitée par le ni- I tre, lui dotma de l'air fixe par la détonation } elle I décompofa le vitriol de potafle, & fe réduifit
I en hépar 3 elle révivifia les chaux de plomb &
i de mercure ainfî que l’acide arfénical, & donna I également de l'air fixe dans, les ré vivifications.
[ En la diftillant avec du fel ammonac, il obtint
I des fleurs martiales , & il en avcit aufli retiré
! par une longue calcination. Il conclud de ces I expériences que la plombagine étoit formée
d'air fixe uni au phlogiftique dans l’état d’une efpèce
de foufre mêle avec un peu de fer. Les don-
I néesexabtes- de la nouvelle théorie & fa forma-
[ tion de l’air fixe, démontrée par Lavoifîer ,
comme une combinaifon de charbon & d’air
vital, firent adopter & publier par les chi-
[ miftes François une autre idée fur la plombagine
; ils la préfentèrent comme une combi-
■ naifon naturelle de charbon & de fer ,. analogue
| à celle du foufre avec le même métal,. & elle
fut défîgnée dans leur nomenclature méthodique:
par le nom de carbure de fer. Mais il n’en
réfultoit pas moins des travaux de Schèele que
cette fubftance différoit eflentielkment de la
: molybdène avec laquelle on l'avoit fi fou vent
confondue jufque-là , & dans laquelle le même
; chimifte avoit trouvé un métal particulier miné-
ralifé par le foufre.
La même année où Scheèle publia cette analyfe
de ia plombagine , fut marquée par deux autres
I travaux du même auteur , inférés comme à l’or-;
| binaire dans les abtes de l'académiè de Stockholm}
lJun contenoit des expériences fur la quantité
d’air pur exiftant dans l’a tmofphère&: l'autre
avoit pour objet la décompoficion du Tel neu-
; îre par la chaux vive & par fle fer. Après avoir
annoncé que fuivant les nouvelles découvertes ,
; * air de l'atmofphère n’eft pas . un fluide , f c 3
C a r m 1 jf . Tome 112+
qu’il confifte en deux efpèces d’air très-diftinbles
l’une de l'autre ; l'une nommée a i r v i c i é , parce
qu’il eft mortel pour les animaux } l’autre a i r
p u r ou a i r d u f e u , parce, qu’il eft falutaire & feul
propre à entretenir le feu & la respiration , que
celui-ci eft en plus petite quantité que l’autre 5
il annonce qu’il s’eft propofe de déterminer pendant
le cours d’une année entière les proportions
de, ces deux principes de l’atmofphère,
Perfuadé que lorfqu’il rencontroit une matière
inflammable libre, l'air pur fe féparoit de l’air
vicié, l’abandonnoit & difparoifloit à vue d’oeil i
opinion fingulière, que Scheèle s’étoit formée
depuis quelques années, & qui étoit la bâfe de
fa théorie fur le feu & fe chaleur dont nous
parlerons plus bas , il fut conduit à déterminer
la quantité d’air pur contenue dans l’atmofphère
par 1a diminution que l’air atmofphérique éprouve
lorfqu’il eft en contabl avec un mélange de limaille
de fer & de foufre. Affuré d’ailleurs
par fes expériences que ce mélange étoit celui
qui faifoit difparoître le plus promptement &
le plus complettemenr l’air pur, il fe fixa fur
ce mélange comme meilleur moyen endiomé-
trique, & il l’employa pendant toute l’année
*778, pour conftater par des expériences fui-
vies & répétées la proportion des fluides élastiques
compofant l’atmofphère. Son procédé con-
fiftoit à mêler deux parties de limaille de fer
fine, è c une partie de foufre en poudre , à
humebter le mélange , à le placer dans un vafe
ouvert femblable à un creufet élevé fur un fupport,
au milieu d’un, vafe cilindrique de verre , plongé
dans une jarre pleine d’eau. Le vafe cilindrique
de la contenance de 33 onces d’eau,, por-
toit fur une bande de papier, marquant le tiers
de fa capacité, une graduation divifée en 11
parties contenant chacune le volume d’une once
d’eau. En quelques heures , l’eau de 1a jarre
montant dans le vafe , indiquoit une diminu-
nution de volurtië de 8 à 10 degrés , & fe tint
conftamment entre ces deux limites pendant l’année
entière } d’ou Scheèle conclud que l ’air atmofphérique
contenojt de fon volume d'air
pur. Ce réfultat étoit d'accord avec les expériences
de Lavoifîer , que cet illuftre. phy-fîcien-
avoir variées de toutes les manières , & qui l’a-
voient toutes conduit à regarder l'air de l’at-
mofphère comme compofé de o , 28 d’air refpi-
rable , & de o , 72 d’air non refpirable. Un pareil
accord entre des favans, travaillant à de
grandes diftances , fans aucune communication ,
& avec des idées & des principes abfolument
différens , étoit bien fait pour imprimer 1a plus-
grande confiance, & convaincre les plus incrédule^.
Toutes les modifications qu’on a depuis-
apportées dans les procédés eudiométriques,
j n’ont fait que confirmer le réfultat trouvé if
v a plus de dix - huit ans par Lavoifîer & Schèele
* Y V -w