
neufe , une légère opacité , la propriété de verdir
le fyrop de violettes , & de prendre plus
de fétidité fans fe précipiter par l’eau de chaux.
La portion non diffoute par Peau, s’eft fondue
parla chaleur, & s’eft criftallifée, en refroidi f—
fant ; elle s’eft enflammée en exhalant une odeur
gratte.
La potaffe cauftique en liqueur, triturée avec
un gros de foie, en a dégagé une odeur fenfible
d’ammoniaque , eft devenue mouffeufe , a pris
par la chaleur une couleur brune , une odeur
forte de favon3 filtrée, cette leffive étoit rouffe;
en refroidiffant, elle eft devenue concrète &
brune ; c’étoit un véritable favon dtffoluble dans
Peau & la rendant mouffeure , décompofable
par Peau de chaux & les Tels neutres Lterreux. Il
étoit prouvé par-là que le foie humain ; def-
féché à Pair , étoit devenu une fubftance hui-
leufe, concrète , très-diffoluble dans Palcali.
Pour mieux connoître encore fa naturé hui*
leufe , & déterminer fi elle n’étoit pas mêlée
d’une autre fubftance animale , on en a traité un
gros trituré dans un mortier avec deux onces
d’alcool a une chaleur douce. Après deux jours
de contadl , l’alcool avoir pris une couleur
rouffe , une légère odeur fétide j filtrée , cette
diffolution fut précipitée abondamment , & en
blanc, par l’eau ; la portion non diffoute dans
l'alcool, & qui faifoit la moitié du poids, retraitée
unfe fécondé fois par ce diffolvant , a .
perdu encore la moitié , & s’eft réduite aux
membranes & aux vaifleaux qu’on avoir obfer-
vés dans le morceau de foie ; la matière diffoute
dans l’alcool, & que l’eau en avoit réparée
en la précipitant en flocons blancs , pefant
r 37 grains, apres avoir été leflivée par Peau
chaude, étoit jaunâtre , douce & gratte au toucher
comme une huile concrète j elle s’eft fondue
par la chaleur du bain-marie,' avant même
que l’eau de celui-ci fût bouillante , dans fon
état de fufion, elle avoir uné couleur brune &
une légère odeur de ciré fondue fans fa première
fétidité ; coulée fur itnë foucoupe de porcelaine,
elle s’eft figée en une plaque folide ,
caffante, liffè par la face qui toucnoit la fou-
coupe ; en la çaffant, elle faifoit un petit bruit
fec comme la cire j on voyoit dans fa caffure un
tiffu lamelleux & criftallin j elle étoi.t entièrement
diffoluble dans l’alcool chaud ; elle préfen-
toit la plupart des propriétés du blanc de baleine,
fans être cependant aufli feche , auffi blanche
, auffi tranfparente, & paroiffant un peu plus
diffoluble dans l ’alcool, & un peu plus fufible
que cette efpece d’huile concrète.
Deux gros du même foie chauffés ail bain-
marie fe font ramollis, Sc on en a féparé par la j
preflion une huile qui s’eft figée , & qui a offert |
tous les caraéleres de celle diffoute d’abord danj
l’alcool , & précipitée enfuite ; cependant elle
avoit fa fétidité première , & elle contenoit de
plus une pôrtion favonneufe préexiftante dans le
foie defféché , & que reau avoir retenue en
précipitant l’huile diffoute dans l’alcool.
C ’eft fur cette matière favonneufe du foie def-
féchée, diffoluble dans l’eau comme dans l’alcool
, que portent les derniers détails- de cette
analyfe fingulière. La petite quantité de foie fec
qui reftoit après les efiais dont on vient de
rendre compté , n’a pas permis d’en faire un
examen très-étendu; mais elle a fuffipour prouver
que cette forte de favon étoit formé par l ’union
de l’huile concrefcible , déjà décrite , avec la
foude , 8z furtout avec l’ammoniaque ; & que
ce n’étoit vraifemblablement que par la décom-
pofition fpontanée & opérée par le contaét 'de
l’air de ce favon ammoniacal, que la plus grande
partie du foie féché avoit été réduite à l’état
d’une huile concrète prefque pure'» comme d’autres
analyfes femblàbles ou au moins analogues
l’ont appris , quelque tems après ^ à l’auteur de
ce travail.
Voilà la première fo is , il faut bièn remarquer
ceci, que dans un examen chimique d’une
matière animale , dans un état à la vérité inconnu
jufque-là , ou au moins négligé , ôn a
reconnu la préfence d’une fubftance huileufe folide
, criftallinè•, femblable au blanc de baleine.
Cette découverte , que le premier hafard de
. l’analyfe d’un foie pourri & féché depuis !ong-
_ tems à l’air à offerte au citoyen Fourcroy, eft
devenue pour lui une fouirce affez féconde d’autres
découvertes qui fe font bientôt multipliées,
comme on le verra plus bas, & qui ont jette
quelque jour fur plufîeurs phénomènes de l’économie
animale. Quoiqu’elle ne fe trouve annoncée
& décrite qu’ à la fin de l'année 1789 *>el!e
avoit été 'faite plus de cinq ans auparavant, au
commencement de l’année 1785 > l'auteur l’avoit
d’abord regardée comme’ un fait ifoé , qui avoit
befoin d’être confirmé par d'autres recherches ,
appuyé par d'autres expériences. En 1786, une
grande occafion s’ offrit pour lui d’examiner des
matières animales enfouies depuis long-tems dans
la terre : il les trouva converties en un favon
ammoniacal homogène, formé d’une huile concrète
, analogue au blanc de baleine & d’ammoniaque.
Alors un trait de lumière éclaira tout-à-
coup ce point très-important de phyfîque animale
î ! il fut trouvé que les progrès d’une décomposition
lente & fucceffive . convertiffoient
les parties molles du corps des animaux en une
matière très femblable à celte du foie defieché
dont on vient de faire l’hiftoire. Le même chi-
mifte découvrit encore que, fans décompofition
& dans leur état naturel ou fai» , plufieurs fubftances
animales contenoient une matière huileufe
concrefcible de la même nature.. & que.
cette matière . féparée & dépofée quelquefois
trop, abondamment , doqnoit naiffance a des
concrétions contre nature, 8c dangite^fes, ainfi
que l'offrira la notice fuivante.
Elle appartient à la troifiêiTe découverte due
au même chimifte, & publiée à la fin de iyp9 v
elle eli relative à la fubftance feuilletée , crif-
talline, brillante, que Poutletier de la Salle,
auteur de deux volumes 111-4° de la Pharmacopée
de Londres , traduite en français & commentée,
amateur diftingué de la chimie, de J'anatomie &
de toutes les fciençes médicinales, avoittrouvee ,
plus de 20 ans auparavant dans Ls calculs biliaires
de la véficule du fiel, & qu’i{avoit comparée au
Ijsl de benjoin, quoiqu’ il lui ed déjà trouve de
grandes différences. Çette découverte étoit con-
fignée en 1 776 dans ladeuxime édition du Dictionnaire
de Chimie de Macquer, article^ f i e l d e s
a n im a u x , comme on l'a dit çi-dçffuS a 1 occafion
d'une analyfe de M. Çcopoli. L auteur de 1 analyfe
de cette fubftance , que-des rapports (le
goût & de connoiffincp qnt mis en liaifon afièz
intime avec le favant Ppuil. ticr de la Salle après
la mort de Macquer, & qui a eu plufieurs occa-
fions de faire une fuite de recherches chimiques,
avec lui fur quelques matières animales , a recueilli
dans lis conversations fur cette fubftance
criftailine , dont il lui a fouvent montré un petit
bocal prefque plein , dans lequel il la recueilloit
à mefure,qu'il pouvoit fe procurer quelques
pierres biliaires, les oblervatio s fuivantes. Elle,
lui avoit paru être beaucoup plus diffoluble à
chaud qu’à froid dans l'alcool i elle s’en fépa-
roit mêmç fi vite par le refreidiffement de la
liqueur filtrée, que ce. célébré amateur croyoit
u’elle ne faifoit que paffer à travers le filtre
e papier en même tems que l'alcool. Elle, va-
rioit en quantité dans les diverfes pierres biliaires
humaines; quoique confiante dans cés concrétions,
elle y étoit cependant en général peu abondante ;
on ne la trouvoit point dans les pierres biliaires
des boeufs, que les bouchers çonnoiflent bien ,
et ont grand foin de recueillir pour 1 ufage delà
peinture. Mife, fur des. charbons ardens , cette
fubftance s’y fondoit promptement, & fè re-
folvoit prefque auffitôt en fumée; cetoit.là,.le
feul effâi qu’il en eût fait, & celui qui la lui faifoit
comparer à l’acide benzoïque , quoiqu il
eût remarqué qu’elle n’avoit ni fon odeur , ni fa
faveur piquante.. Ce fut d’après ces feuls ren-
feignemens que dès fes premiers cours de chimie
en 1770 le cit. Fourcroy avoit recueilli cette
matière fingulière, & qu’il Lavait montrée à fes
auditeurs. Le travail précédemment indiqué, fur
le parenchyme d’un foie defféçhe lui ayant pré-
fenté une hui e concrète fingulière , il lui vint
en penfée à cette occafion d’examiner la
matière criftailine des pierres biliaires, qui pouvoit
, qui dévoie même avoir quelque rapport
avec la nature du foie. S’étant procuré , à cette
occafion , dans le courant de 178$ , deux véficu-
les du fiel entièrement renplies de concrétions
biliaires, telles quelles fe trouvent affez fréquemment
dans les cadavres des fujets rongés
de chagrin de mifere , qui meurent dans les
hôpitaux, il en t aita deux onces à la fois par
une fuffifante quantité d’alcool. Les pierres uféei
les unes contre les autres , & d’une form£ prefque
cubique, étoient comme recouvertes d'une
croûte grife en-dehors , & d’un beau vert-brun
au-dedans j on voyoit quelques lames dans 1 uc
intérieur, & ces lames, comme cela a lieu dans
prefque tous les calculs biliaires , fembloient
converger vers le centte. Deux livres d’alcool
fuffirent à prine pour diffoudre, à l'aide d’une
chaleur douce , les deux onces de calculs biliaires
réduits en poudre. La diffolution , filtrée
chaude, paffa claire & colorée en jaune verdâtre
; en refroidiffant, elle dépofa promptement
une grande quantité de lames ou paillettes crif-
tallines, blanches, brillantes , qui n’ajVoient certainement
pas paffé parle; filtre, mais qui, dif- ‘
foutes dans l’ alcool chaud , s’en étaient réparées
par Je refroidiffement ; on en recueillit environ
un gros ou le leizième du poids des calculs biliaires.
Chauffée dans une cuillère d'argent fur
un feu doux , cette matière fe fondit allez rapidement,
& offrit un liquide jaune , on&ueux,
filant, très-peu volumineux en raifon des lames
' qui l’avoiént forme. Ce liquide , analogue à une
huile, exhaloit une odeur.affez femblable à celle
de l’huile en fufion ; chauffé plus fortement, il
répandit une vapeur blancfe. comme de l’huile
rôtie. Par le refroidiffement, il fe prit en une
maffe concrète , jouffe , feche & caffante , lame
1 leufe & criftailine. Chauffée très - foi tement
& très-yite , la matière criftailine, au lieu d’o f frir
les phénomènes qu’on vient de décrire , fe
fublima , & ne laiffa qu’une tache brunâtre fur la
; cuillère.
L ’eau n’agit point fur elle j elle fe fondit ,
& vint nager fur l’eau bouillante.
Les alcalis cauftiques liquidés l’ont diffoute à
froid, & la réduifirent tout à coup en favon.
L’acide nitrique l’a diffoute complettement,
& forma une liqueur femblable à l’huile de camphre
, que l’eau décompofa en ,ep féparapt des
flocons blancs & des lames c.iftaffinfes,non altérées.
:
L’alcool chaud l’a diffoute abondamment, &
en laiffa précipiter la plus grande quantité fous
forme criftailine par le reîsoidifiement.