
l’analyfe de Sckéele : j’ai eu occafion d’en faire
depuis quelques expériences nouvelles , que j’ai
cru devoir joindre aux premières , afin de former
du tout une analyfe cotoplette. Mon travail
fera partagé, comme celui de Sckéele ., en
deux parties, parce que la plombagine donne
des résultats abfolument différens de la molybdène, '
quoique ces deux fubftances paroifiënt aux yeux
du naturalifte.être de même nature. Dans;la première
partie je donnerai l’anal-yfe de la plombagine
, j’y joindrai aufli l’examen de diverfes plombagines
, ainfi que d’une fublhnce qu’on retire
des fontes de mine de fer & de la diiïolution de
certains fers par l’acide vitriolique ou acide marin.
Dans la fécondé partie je préfenterai l’ana- ,
lyfe de la molybdène.
Analyfe de la plombagine et Allemagne,
Première partie.
On trouve la plombagine dans beaucoup d’endroits
; ceile qui fe trouve dans le commerce
nous vient d’Allemagne.
Il nous en vient aufli des échantillons d’Ef-
pagne , d’Amérique , d’Angleterre , &c. en général,
tous les morceaux que j’ai vus font par
rognons , dont les plus gros peuvent pefer ig
a 12 livres. 11 ne faut-point croire que ces morceaux
aient été roulés ; en les examinant avec
attention , on voir bien que c’eft leur état naturel
; d’ailleurs, j’en pofléde un morceau qui
efl dans fa gangue très-dure, & la plombagine
y cft de même par rognons ; c’eft fans, doute ce
caractère qui chez, les anciens l’aura fait défigner
par les mots gleba plumbariA : fa couleur efl d’un
gris bleu allez fémblable à la couleur du fer ; fa
pefanteur fpécifique, d’après M. Brillon, efl
22,456.
I I. Plombagine 6* acide muriatique.
Sckéele a obfervé que la pyrite de ’ fer &
la terre argileufe accompagnoient fouvent la
plombagine j pour faire fur cette fubftahçe des
expériences exadles, il faut la purifier , l’acide
marin étant le moyen le plus Ample pour cet
-effet, j’ai traité deux onces de plombagine d’Allemagne
avec fix onces de cet acide. Pentfantlm
que je viens, de décrire, qu’ils font ufage; peut-
err^ fuppriment-ils le camphre, mais il paroîc que
c’eli toujours un corps gras qui empâté la plombagine,
ayant qu’ils l'étendent fur le fer. En général
on ne fait ufage de ce procédé qu’à l’égard des fon*
tes grofiieres & à gros grains, & particulièrement
pour les pièces qui ont quelque défeétuofîté.
Les poêles & les plaques de cheminées, &c. qui
' I ébullition i! fe formoit. de gcofl'es• bulles qui
venoient crever à l’orifice du matras ; j’ai ‘étendu
le tout de 12 onces d’eau bouillante; j’ai
filtre & j ai verfe . de nouvelle eau bouillante
fur le réfidu qui, étant fèché, s’eft trouvé du
poids d’une once, 6 gros, 52 grains. Il a été
mis alors dans unjè cornue de terre où je lui
ai fait fubir quatre heures de feu, i! en efl forti
quelques gouttes d’une liqueur légèrement acide
qui préçipitoit la diflblution nitreufe 4’argenr j-
la piombag-ine, étant alors retirée de-la cornue,
ne pefoit qu’une once'; 6 gros, 6 grains; cette
fécondé perte réunie à la première produit pref-
’ que un huitième du total : c’eft dans cet état
qu on peut regarder la plombagine comme amenée
a fon point.de pureté, fie je l’air employée
telle .dans toutes mes expériences.
. _ Les fubftances que j’ai féparéés de là plombagine
font le fer en plus- grande, partie & un
peu de. terre argiiéuie ; mais leurs proportions
varient.
Lorfque la plombagine efl ainfi purifiée, l’acide
marin n’a aucune aftion fur elle ; car en ayant
traité plufîeurs fois avec ce menftrue., en reco-
hpbant la liqueur à mefure quelle diflilloit, je
n’ai pu parvenir ni à ia dénaturer, ni à lui enlever
la moindre .chofe de fon poids.
I I I* Plombjginp & acide nitrique.
L’acide nitreux n’a d’attion que fur la plombagine
non purifiée , car lorfqu’elle efl bien
pure elle, n’eit nullement altérée, quelque longues
que foient les digeftions qu’pn lui fait fù-
bir avec cet acide.. J’ai- pris un demi - gros de
plombagine purifiée que j’ai, introduit d'ans „une
cornue tabulée, & j’ai diflille deflus une once
d’acide nitreux fumant; la diftillation finie, j’ai
verfé ef.core une once d’acide nitreux. J’ai dif-
tillA.de nouveau , j’ai continué ainfi jufqti’d ce
que j’aie eu employé huit onces d’acide nitreux
: fumant : après toutes ces opérations, j’ai retiré
la plombagine de .la cornue avec tout fon brillant,
fon onduofité, & c ., & n’ayant rien perdu
de fon poids.
I V . Plombagine & acide muriaûque oxigené.
J’ai déjà obfervé f i l ) que î’acide marin
font recouverts de plombagine ont le défagrement
de fournir une odeur iniupporcable & même dange-
xeufe, quand on commence à les chauffer; & ceux
qui en approchent , reffentent de très-grands maux
de tête ; mais à ‘la longue cet inconvénient cefle ,
& cela par la deftrinftion totale du corps gras «qui
avoir fervi à appliquer la plombagine. L’huile elfentielle
de terçbenthine peut aufli fervir a appliquer la plombagine
fur les uftenfiks de fer..
ifavoit point d’aétion.fur la plombagine, il me
reûoit a la traiter avec l’acide marin déphlogiftiqué,
& pour y procéder., j’ai mis dans une
cornue demi-once de manganèfe fur laquélle j ai
verfé quatre onces d’acide marin fumant; j’y
ai ajouté un récipient dans lequel j’avois mis un
gros de plombagine purifiée , & lorfque la diftillation
a été finie, j’ai repris tout ce qui étoit
dans, le récipient ( l ’acide marin & la plombagine
) ; j’ai introduit le tout dans une cornue
& j ’ai diftillé à ficcité ; j’ai bien leflivé le réfidu
qui, ayant enfuite été féché, s’eft trouvé
pefer un gros moins deux grains. ( 1 )
V. Plombagine £>’ acide filfurique.
J’ai mis dans un matras 100 grains de plombagine
purifiée, & j’ ai verfé defïus quatre onces
d’huile de vitriol , j’ai laifle tout, à froid pendant
plüfieurs mois. Je n’ai rien obfervé de .particulier
, finon que la liqueur avoit verdi légèrement
& qu’à un très léger degré de froid 3
l’acide prenoit une-forme cryftalline , fe cqn-
geloit en totalité j’ai aufli mis à yitriolifer
deux onces de plombagine, ayant l’attention ne
l’arrofer de temps en temps avec de l’huile de
yitriçd étendu d’eau. Voilà deux ans que je fuis
à faire cette vimolifation , & je ne m’apperçois.
pas..que la plombagine’ ait fouff-srt quelqu’ altérât
ion. Cependant fi on diftillé de l'huile de vitriol
bien pure fur la plombagine , il y a de
l’acide fiilfureux" qui paffe dans là diftillation 3
mais cela n’aicère point la plombagine qui refte
dans la cornue,., 8c fa diminution èit en railon.
de l’acide fultureux produit.
Y I. Plombagine & eau régale.
D’après Sckéele , il paroît que l’eau régale a
une très-grande ■ action fur la plombagine , puisqu’
il rapporte qu’une once, ayant été (ouniife a
ce menftrue . y a perdu cinq gros. Sckéele ne
dit pas comment il a préparé fon eau rég «le ,
ni la quantité qü’il en a employée ; il n’a point
non plus examiné la diAblution ; il fe contente
de dire que les trois gros de plombagine qui
n’avoient point été diflous, étoient décomposés*
beaucoup plus difficilement, & il en a conclu
que le phlogiflique étoit plus intimement
combiné avec l’air fixe. J’ai cru que cette expérience
demahclôit plus de précifion; & voici
comment j’ai prépare l’eàu regale : j’ai fait dif-
foudre une demi-once de fel ammoniac purifié dans
une once d’eau diîtillée, & j’y ai ajouté deux
onces d’acide, nitreux à 26°. ; j’ai mis le tout
avec demi-gros de plombagine purifiée, 8c j’ai
fait bbu llir pendant deux heures. La plombagine
ne parut pas s’y difloudre , & l’en ayant
féparée après cette ébullition, elle pefoit 3 3 grains.
Cette expérience nous prouve donc que la plombagine
de Sckéele étoit moins pure que celle que
j’ ai employée , &-que la perte qu’il a eue , doit
être attribuée aux fubftances étrangères qu’elle
contenoit 8c non à la diflolubilité de la plombagine
dans ce menftrue.
V I I. Plombagine & acide arf nique.
■ J’ai bien mêlé deux grqs d’acide arfenique
concret avec lin gros de plombagine ; j’ai diftillé
ce mélange à l’appareil pneumato-chimique,
8c j’a i e u pour produit , arfehic ^ l’état
d’ oxide 8c de métal fublimé au col de la cornue,
un gros 54 grains. Le réfidu pefoit grains ,
mais il contenoit .encore de l’arfenic , car après
l’avoir tenu à un feu plus continué 8c plus violent
, ( tel que,celui d’une bonne forge ) il n’a
us pefé que 50 grains.: j’ai aufli obtenu dans
courant'de cette opération, de l’air fixe 8c
quelques gouttes d"eau ; quoique ces deux fubftances
expofées féparement au feu , né m’en
aient point donné : ce qui prouve que l’eau obtenue
dans cette expérience tft due néceflaire-
ment à la décovnp’ontion qui a lieu.
V I I I . Plombagine & acides -végétaux.
Les. acides végétaux, tels que le vinaigre,
II
:(i)‘. Si on traite de meme le charbon avec l’acide'
rminatique .oxigené, on n’appeiçoir point que cer
acide aie a f u r lui; mais n l’on fait un mélange
de nr.mganèlè & de poudre de charbon, & qu’oo dif-
tilîc deilos de l'acidc marin concentré, le charbon
diminue fenfiblement, & on obtient beaucoup moins
dé gaz acide marin déphlogiftiqué, que lorfqu’on
diftillé ,1a meme qtiàntîcé d’acide'marin fur la manganèfe
pure. Le même phénomène s’obferve avec
là plombagine. Je crois donc que dans ces deux cas,
il ; p pâlie une déçoinpofition du charbon & de la
plombagine, & que la deftru&ion de ces-deux co^ps
( qui eft duc à l’aétion qu’exerce fur eux l’air, dé-
phlog’.ftiqué féparé de la manganèfe par l’acide marin ,
peut-être comparée aux phénomènes de la combul-'
tion; d’autant encore que dans ccs deux opérations,
on obtient, avec le gaz acide marin déphlogiftiqué ,
de l ’air fixe, qu’il eit ailé de reconnoître avec i’ean
de chaux.
Ceàdeux dernières expériences font poftérieures a
la leéfure de ce mémoire , & elles faiibient partie
d’un travail que j’avois emrepiis fur la manganèfe,
lorfque j’ignoroi- celui que Sckéele avoit fait fur cctre
fubftànéé& donc M. Morveau vient' de nous donner
connoiflahc’e. Je vois avec platfïr que toutes les expériences
qu'on pouvoit tenter fur . cctre matière, fe
trouvent dans l’ouvrage de Sckéele. Cependant, ne
m’étant pas toujours rencontré dans les vues de ce
célèbre chimiftc, j’ai eu occaûon d oDtcnir des réful