
épreuves la chimie & les. découvertes qu’on
,a fuites.dans ces derniers temps, comme on le
dira dans le paragraphe fuivaàt. I:.es chimiftes
anglois iront point été très-multipüés a la fin
du fiècle dernier & au commencement du
dix-huitième 5 mais ii faut remarquer que la
plupart occupés d'applications utiles de la chimie
aux arts & aux manufactures , ont en général
moins écrit que travaillé & moins publié
que rrouvé 3 enforte que c’eft dans les procédés
très - variés de- leurs arts qu'il faut puifer leurs
.découvertes.
En Allemagne Stahl illuftra le nom de Eeccher
par les commentaires qu’il ajouta à fes ouvrages;
il fit beaucoup d'expériences .fur les Tels , fur
les acides ,. fur le fotifre ; il appuya l'exiftence
de la terre inflammable de Beceher de tous les
phénomènes conftans qui pouvoient lui être favorables
; il mit fur-tout* dans la colleéïion & l'en-
iemble des faits qu'il préfenta,une clarté, une ■
méthode , une liaifon propres à faire regarder
la chimie tout autrement qu'elle ne l'avoit été
jufques-là ; il en fit véritablement une fcience ;
nouvelle par la précifion de fes idées lumineufes , :
& cette heureute révolution lui attira plus dama- :
teurs Se de parti fans, que toutes les efperances vagues
& incertaines qu’elle avoit offertes jufques-là :
ne lui en avoient pu faire. C'eft ainfi, plus, encore ;
que par le grand nombre de découvertes, que ■
Stahl éleva un monument qui n'a fait ques’ac- ;
croître & s’embellir penaant plus dam demi
fiècle. Ses principes Amples & faciles ont fervi
pendant long-temps de bouffole à tous les chi* |
miftes, & fi quelques-uns s'en font un peu écartés,
pour fe jetter dans les hypothèfes ou les explications
mécaniques y comme font fait les
deux Hoffmans en Pruffe & en Allemagne &
Lémery en France, cela n'a pas empêché les _
bons eforits de revenir bientôt aux princ pes
de Stahl. ,
Depuis cette époque, qu'on peut regarder
comme une des plus importantes de l'hiftoire de
la icknce., les chimiftes ont fuivi la même;
marche dans, toutes les parties de l'Europe 5 ils
ont avancé d'un .même pas dans la route des
expériences ; ils fe font entendus en parlant la
même langue ôc en rai Tonnant d' après les mêmes
bâfes ; alors les découvertes fe font multipliées
ce toutes parts; la chimie s'eft fuccefiîvement
enrichie , & l'on a vu , à l'envi les uns des •
autres , les françois, -les allemands| les anglois ,
les fuédois élever rapidement l’édifice d'une
fcience, devenue par leurs feins une des branches
•les plus avives & ks plus utiles de la phyfique.
En France , les deux Lemery, les trois Geoffroy,
’Lcfcvre , Glazer, Homberg, Réaumur » Duhamel
, Baron, Greffe, Hellot, les deux Rouelle
& Macquer , ont accumulé les expériences &:
les découvertes fur les métaux, l'antimoine,
!e mercure , Ie~fer Ôc leurs diverfes combi-
naffons , fur la préparation de l'acier , les
acides , les fels neutres , la nature & la dé-
compofition du Nfel ammoniac , de l'alun , du
borax , la diffolution , la cryftallifation , la
précipitation de fels moyens , fur l’analyfe des
matières àn?males , fur une foule d'ar.s dépendons
de la chimie, & fpécialsment fur la porcelaine
, la teinture, l'effai des métaux précieux,
la pharmacie, dre. La. minéralogie a fait de rapides
progrès en Allemagne , é:r Pruffe & en
Suede paries travaux fucceflifs de Henckel, de
Schlutter , de Pott, de Cronftedt, de Walle ri us,
de Lehman , de Gellert, de Margraf, de Neumann
; en Angleterre, après Starfcey, Morley ,
Wijfon, Slare , qui ont travaillé dansle fiècle dernier
, on a vu fucceffivement cultiver & avancer
la c/wnie par Freind 3 Shsw, Lewis ; en Hollande,
après Glauber, Lemort, Sylvius , Boer-
haave , Gaubius, ont rendu de très-grands fer-
vices à la fcience.
C’eft d'après les travaux réunis de tous ces
hommes illuftres que les ouvrages plus ou moins
complets fur ht- chimie , fe font multipliés vers
le milieu du fiècle aétuel, & que les élémens
de cette fcience font devenus familiers à une
foule d'hommes qui en ont fait des applications
fi utiles aux arts & aux befoins de la vie.
L'hiftoire de cette époque de la chimie eft une
des plus fertiles en faits 8c en découvertes;
elle contient un nombre immenfe de recherches
ôc d'expériences; il faudroit un travail piefque
au-deifus des forces de l'homme le plus laborieux
pour la préfenter dans tous fes dérails ,
Ôc perfonne ne l’a encore même comrntncéè.
Nous 11'avons donc pu ’donner ici qu'un apperçu
fuccint des pri aci pàux chimif1fs qui ont paru dans
cette époque, & qui ont ifiuftré la fcience par
leurs découvertes. Nous terminerons cette très-
légère efquifte par quelques traits recueillis
fur .les progrès 'généraux de la chimie eu fur
les principales additions qui y ont été faites pendant
cette fameufe époque que nous déûgnohs
par les mots à!époque des travailleurs.
On a commencé par faire attention aux effets
du feu , à la dilatation dès corps, à l'écartement
de leurs molécules ; les thermomètres ont été
trouvés .& appliques aux expériences 3 la théorie
de la rafioti, delà fublimation, de l’évaporation,
a fait quelques progrès. La pefanteur de l’air,
fa preifion fur les corps , fon obftacle à l’évaporation.’
, fa eôndenfatiôn & fa raréfaction ,
fon influence. fur la combuftion, fur'la rêfpi-
tation , ont été ou trouvées, ou mefurées , ou
apperçues. La nature de la lumière, la formai
tion des couleurs , la flamme , ont occupé
quelques, phyficiens Ôc quelques chimiftes. Les
expéxiences dans le vide'ont -fait mettre plus
de précifion aux expériences, en offrant des
phénomènes ô< des- réfuitars inattendus.La'théorie I
des • météores aqueux a tait quelques;.progrès. î
Lés te rres ont é t é • effayées , , trn*réçs . .par Je
feu ; leurs difkfeaçes ont e,téiwe«x appréciées
.qu'on ne i'a voit fait jufqu«,s-ià. Les pierres ,
comparées les unes aux autres ont été un. peu
mieux connues, ôc. pn; en a, etffayé=jdes..d;vifions,
des clarifications a fiez exadtes 3 on a .même commencé
i’aiialyfe dev pluikurs.,& la .lithologie, a
été au .moins purgée des principales erreurs qui
la rendoient ridicule ou inutile. La connoiffance
de la nature des pierres a fait naître l’idée de1
les difpofet méthodiquement d’après leur çôm-
pofition & leurs principes. L'emploi des terres
Ôc des pierres , pour les divers genres de .poteries
a été éclaire par de s expériences exactes. 5 la
fabrication des porcelaines s'éft natiiralifée en
Europe par les foins de s-chimiftes, fur-tout en
Saxe Sé ;en France. La fufion des fables avec
les alcalis, la fabrication du vèrre eft devenue
un art régulier î ua art fondé fur des principes 3
la différence dès verres a été déterminée 3 on
a imité lés pierres dures 3 on a fait des verres
très-blancs fk très tranfparens 3 on a imité les
pierreis. précieufes ou les gemmes 3 la taille 8ç
■ le poli des verres orat-gijgné en même proportion.
' Les qualités multipliéès-dcs terres ont commencé
à répandre., quelque clarté fur leur nature ,"lêuj:
diverficé & leurs ^uiéges.
La 'famille des fels a fingulièrement. acquis 5;
outre les découvertes de l ’aciie boracique , dé
piufieurs acides végétaux , de la nature du
•borax , de celle de l'alun , de piufieurs fels
■ deliquefcçns , on a en général beaucoup mieux
connu les acides, ks aicalis , les fels neutres.1
C'eft même , dans cttte époque que la différence'
des deux alcalis fixes a été exaêtoipent.déterrai-;
née , car on les avoit jufques-Jà confondus en-
femble. C’eft encore aux travaux de cette époque
que l’on doit la connoiffance de l’ammoniaque ou
aicaii volatil , de fon extraction du fel-jimmo-j
niac par la chaux, de la-préparation de l'alcali-
volatil concret, qu on nom moi t alors fel volatil
/ tel d'Angleterre. L'art d’extraire ôc de
purifier les acides minéraux a beaucoup gagné,;
On a obfervé & décrit les formes cryftallines
des corps naturels & des Jiels neutres préparés:
par l’arc. On a déterminé la à ffclubilité des;
■ fels neutres. On a trouyé .& décrit les divers
• moyens de les./faire crytlaUifer régulièrement.
A la-vérité, la théorie générale de la formation
des fels a donné.lieu à ,de grandes erreurs. On
penfoit que la terre & l’eau, unies étroitement,
formoienc tous les fels ; que la furabondancé de
la première déterminait la formation des alcalis
, & celle de la fécondé donnoit naiffar.ee
aux acides. On croyoit à un. acide univerfel , à
la conveifion recipicque des acides les uns dans
les autres. Mais ces erreurs théoriques n'ont
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que peu influé fur l’art tks expériences, Sc c.elieî-c i
n'ont pas moins conduit à un grandi nombre
:de, decouvertes.
Les obfervations nombreufes que l’on.' a faite«
fur : les formes cryftallines. ont engagé quelques
chimiftes a penfer que la cryftalkfabilke.appar-
tciio-jt en . propre -à ■ la nature faline ,• & que
les pierres ne préTemoient de figures .régulières
que parce qu'elles conte noient dans leur cqjr-
pofitton des matières falines , & on a bientôt
pouffé cette .idée jufqu'à regarder toutes les
pierres comme,- des efpèçes; de . fels neutres .pu
compofes. On verra .dans. l’hiftoire de la dernière
époque que cette, erreur n’a é.te reconnue
que lorsqu'une fcrirpuleufe exaélitude dans les
analyfes a fuccédé aux premières expériences,
aux premières manières d'opérer qui n'étoient
pendant long-temps que des moyens inexa&s
& informes , ou des elfais fivns précifion .& fans
régularité. Les notions que les chimiftes ont
réunies fur ks propriétés des trois principaux
acides minéraux , favôir l'acide du vitriol,
de celui du ufitre & de celui du fel marin ,
air*fi que fur les qualités diftin&ivès des alcalis
Ôc des 4'ubftânces terreufes., ont conduit ..à .la
eonnonfa.ice ,d’un. beaucoup- plus grand nombre
de fels neutres ou cie fejs compolés que ceux
que l'on avoit djftingués jufqu'a cette époque,
il en eft arrivé de même: par rapport au plus
grand nombre des - fels déjà connus de noms
ou par quelques-unes ;de .leurs propriétés ,. mais
dont 011 iguoroit encore la nature ou. l'ordre
de compofition. La fcience a même beaucoup
acquis à cet égard pendant k s trente ou quarante
premières années de notre fiecle. On a
déterminé la nature des. trois, vitriols , de l'alun ,
du borax, du fel marin , du fel ammonisc ,
du fel dê ( dauber 3 on. a découvert & préparé,
ou analyîé une foule. des fels métalliques,
Ôc fur-tout le tartre antimonié , piufieurs fels
mercuriels martiaux , le nitrate & le muriate
d'argent, le fel de faturne , les métaux cornés
Ôc les beurres métalliques 3 on a déterminé la
déco:r.pofi;ion réciproque de piufieurs de ces
fels par. quelques fèls neutres terreux ou alcalins
, .& raéHon, des .métaux fur quelques difto-
lutions métalliques, telle que la précipitation
de l'argent par le mercure , du mercure par .le
cuivré y du cuivre par le - fer..
Mais aucune découverte n’eft plus éclatante
•dans, çètte. époque des grands travaux 3c des recherches
fuivies, aucune n’a plus fait.-d’honneur
à ce fiècle de la chimie rciiouvellée .&
perfectionnée , aucune enfin n’a conduit à dts
r'éfultats plus imporcans que celle qui eft relative
à la détermination des affinités entre les corps ’,
ôc à l’expofition des dégrés de cette force
entre les différentes fubftances naturelles. C ’eft