
de leur caufiicité : mais le leu lié jufqu’à un certain
point avec une matière particulière de, nature
acide , îk formant avec cet acide une efpècé de
principe compofé, dans lequel la matière au feu ,
fans avoir l'activité du feu pur & entièrement
libre , en conferve cependant âffez pour être de
la plus grande caufiicité y & pour pouvoir communiquer
cette qualité aux difrérens corps avec lesquels
il ell fufceptible de fe combiner. Cela cônf-
titue ce qu'il nomme ion ccidum pingue gu caiifli-
cum ; 8ç ce qu'il y a de plus -féduifant. dans le
travail de Meyer , c’eft que dans fes expériences
il a fuivi avec beaucoup de fagaciré la marche de
ce prétendu caufiicum d'une combinâifon dans
une autre , obfervant les changemens qui arri-
voienc dans les propriétés du corps . qui lé
tranfipetioit, & dans celles du corps qui le
recevoit } comme Stahl Ta fait à l’égard du
phlogiilique ou de la matière du feu entière-
-ment combinée.
Un fyftème fondé d'une part fur des effets naturels
auifi fenfibles aux ignorans qu’aux fa vans,
8c appuyé d’une autre part fur un travail chimique
s profond & bien entendu , tel que celui
dé Meyer , ne pouvoit manquer d’avoir un très-
grand nombre de partifans ; e'ell auîli ce qui eft
arrivé. La plupart des chimiftes d'Allemagne ,
l’ont adopté ;/& le défendent avec.chaleur. Piu-
fieurs bons artiiles françois s'en font déclarés auffi
les partifans : il a tellement -plu en particuliër
à Baume , que *cet habile chimifté en a fait k
bâfe dé toutes les explications qui fe trouvent
dans fa chimie expérimentale 8c raifonnée. Mais -
pour étendre.Fufage autant qu'il étoit pofiible ,
Baumé ne s’ell pas relit eint comme Meyer , à
ne regarder comme- le feul caufiiquè , 8c le prin*
çipe de roate caufiicité que la matière' du feu
liée jufqu’à un -certain point avec un acide particulier
5 & après avoir rejette ' Ydcidum pingue
de ce çhimille; Baume déclare par-tout que c’eft
le feu lui-même en- tant que feu, qui eft le feul
caufiiquè & le principe de toute caufiicité y que
cet élément peut erre ,•& fe trouve en effet dans
toute forte d états de combinaifon, depuis la plus
groffière qui eft celle des huiles, des charbons ,
des métaux' & autres, jufqu'a l’état de feu pur
ou prefque pur qu'il fuppofe être celui où il efi
d’ans les caufiiaues les plus violens, tels que les •
acides minéraux , la chaux-vivë, les alcalis cantiques
& autres. Comme eu effet le feu eft répandu
par-tout, en lui fuppofant ainfi différens
dégrés de combinaiJ'ons , ©n peut rendre, raifon
avec pne extrême facilité d'une bonne partie des
phénomènes de la chimie ; ainfipar exemple ,
fi les pierres à chaux , de douces ik 'non ça uniques
qu’elles font dans leur état naturel, deviennent
acres, caujliques SCaêlives quand elles ont
éprouvé pendant un certain temps Tcfèfon du
feu * Ba'umé yoit çlaireqienr avec Léme.ry ,
la caufe de ce changement fi étonnant dansl’in-
troduêlion des parties de feu entre celles de la.
chaux: tonte la caufiicité de la chaux v ive , la
chaleur qu’elle excite avec l’eau , fes propriétés
falines, &c.;, font dues à une quantité de feu
pur ou prefque pur qui s’eft combiné avec la pierre
pendant fa calcination. Si les alcalis fixes & volatils
deviennent plus caujliques 8c plus dëliquef-
cents, après qu’ il ont été mêlés avec la chaux
vive , 8c fi celle-ci perd fa caufiicité à mefure
qu’elle augmente celle des alcalis , Bautrié comprend
aufli-tôt avec Meyer que cela vient dé ce
que les alcalis fe chargent de tout lecaufticumow dé
tout le feu prefque pur qui étoit contenu dans la
chaux. Si les acides minéraux font très-caufiiqu.esy
c’eft qu’ils contiennent beaucoup du caufiicum
de Meyer ou du feu prefque pur de Baume. Si l'on
demande à Meyer 8c à Baumé pourquoi les' acides
qui font trbs^caujliques à caufe de leur caufiicum
oude leur feu prefque pur, en fe combinant avec
de la chaux ou des alcalis , qui de leur côté ,
doivent leur caufiicité au même principe igné ,
forment un compofé qui n’ a plus ou prefque plus
de caufiicité après que la combinaifon eft faite,
ils répondent atiffi-tôt que cela vient de ce que
le caufiicum ou le feu prejquç pur'fë fépare de ces
cauftiqu.es dans cette cômbinaifon ; 8c ils citent
en preuve la chaleur qu’on obfervé dans le
temps de leur réàéiion. Baumé s’ell même ménagé
une reffourcë de plus que Meyer pour ce
'cas embârraffant ; c’eft que comme il admet
du feu dans toutes fortes d’états décombinaifons,
il peut dire 'auffi que cela arrive , parce qu’alors
le feu prefque pur des acides 8c des alcalis fe met dans
un certain état de combinai’fon différent de Celui
où il eft dans les acides & dans les alcalis
libres,
Comme il n’y a point de caufiiquè qui n’ait
une faveur très-violente , 8c que les.'fubftaüces -
les plus caujliques font, auffi toujours -celles qui
font la plus forte dmpreffion fur l ’organe
du goût, il eft très - probable que la caufiicité
& la faveur , ne font efîentiellement qu’une
feule & même qualité, ainfi que je l’ai dit en
plusieurs endroits : mais, cette qualité étant fuf-
ceptible de plus & de moins, 8c de toutes fortes
de degrés dans fon énergie, elle conferve le nom
de caufiicité quand elle eft a fiez forte pour occa-
fionner de la douleur $ elle prend le nom de
faveur y lorfqu’elje n’a qu’aflez de force pour faire
une.-imprefiion fenfible fur l’organe du goût , ‘
■ fans aucun fenriment de douleur. Si d’un autre
côté le feu,ef| la feule fubftance caufiiquè qu’il y
ait dans la navure-, comme le difent Meyer oc
Baume , il s’enfuit que cet élément eft auffi la
feule efpèce de matière qui puifie avoir de la
faveur ; qu’il eft le principe favourenx par excellence,
Sr celui auqaeMous les autres ^doivent
leL>r faveur aplft ç’eft là une propQfidon que
Baumé n’a' pas manqué d’établir , & dont il fait
un très-grand ufage pour expliquer une infinité
de phénomènes & de propriétés des corps. La
faveur, plus ou moins fenliblé , par exemple ,
'ont en général toutes les fubftances falines ,
qu’on regarde avec râifon comme un de leurs
caraélèresdiltinêfifs , vient, fuivant Baumé , de
ce qu’il n’y a point de matière faline qui ne
contienne du feu pur ou prefque pur pu dans
un certain éta t, & de ce qu’elles ne peuvent
devoir cette qualité qu’au feul principe favou-
reux qui eft le feu. On voit bien qu’avec des
principes fi féconds, il n’eft point difîiciie de
tout expliquer d’une manière très-aifée-
Mais cette théorie de I.émery, renouvellée^
par Meyer, quoique très bien développée, étendue,
appuyée par ce dernier chimifté t 8c. adoptée,
par beaucoup d’àuties ,, fembîoit deftiape à
n’avoir qu’un régne pallager j car dans le temps
même que Meyer lui donneit fon plus grand
luftre, le doêlc-ur Black , médecin écoftois, conf-
tatoit line de ces découvertes capitales qui funt
époque dans l’hiftoire des fciences , & qui s’eft
trouvée contradréloire .fnrièrement avec Ja doctrine
du chimifté d’Ofnabmck ; & ce qu’il .y a
de plus remarquable, c’eft que.ç’ a été en tvavc.iilant
furks mêmes fubftances , fur la chaux & les alcalis,
que ces-deux chimilles ont été conduits
à tirer de leur travail des conféquences tout
oppofées ; tant il eft vrai qu’en phyfïque on ne
fauroit .être trop attentif à examiner toutes les
circonfiancés des expériences que l’ on fait, & fur-
tout trop lent .& trop véfervé-dahs les confé-
quences qu’on en peut tirer:pour établir des pro-
pofitions 'générales.
La chaux & les alcalis avant la propriété de
recevoir une augmentation & une diminution
très-confidérabk$ dans leur caufiicité3 de fe tranf-
mettre 51 de s'enlever réciproquement cette qualité.,
étoient les véritables matières fur lefqneîles
il falloit travailler pour acquérir de nouvelles
lumières fur la caufiicité en général. Meyer-&
Black l’ont très-bien fenti l’un & l’autre ; 8c c’eil
fans doute ce qui lés, a déterminés à. préférer ces
matières à toutes le,s autres-, pour en faire l'ob-
•t de leurs recherches. -On a vu quel a été.
réfultat de celles de Meyer. 11 faut pour
le. préfent dire un mot de celles du chimifté
Ecoftbis.
,Les recherches de Black lui ont fait découvrir
que les terres & pierres calcaires dans leur et >t
naturel, étoient faturées d'eau & d’une très-
grande quantité d’une fubftance volatile & élafti-
.que j que l’effet de la calcination de cës pierres
étoit de leur enlever cette eau & cette fr.b'ftarïce
volatile , nommée d’abord air fixe y que -ces pier-,
res calcaires acquéroient d’autant plus la caufiicité,
& les autres qualités de.la chaux v iv e ,
quelles étoient plus exactement dépouillées de
cette matière volatile. Les expériences de Black
prouvent de plus, que les alcalis , foh fixes,
fort volatils , tant qu’ils n’ont point fouffert d'altération
de la part du feu ou de la part de la chaux,
font fa tu rés en grande partie de ce tte matière volatile
gazeufe y que cette (aruration 1rs rend propres
à fe cryftailifer , & amortit confidérabicrntnt la
caufiicité dont iis font fufceptiblrs y que fi on les
mêle en proportion convenable avec de la chaux
vive, cette dernière leur enlève çctte matière
ga.-.eufe 8c qu'elle s’en fature : d’où il arrive
d’une part que la chaux qui ne doit fa ca jiïdté
. &fi?s autres qualités de clnux vive qu'a ia privation
où la calcination la met de cette matière
, reprend avec elle toute la doua ur le les
autres qualités de la pierre calcaire non calcinée ;
8c d’une autre part , que les alcalis fixes & volatils,
dépouillés de. cette matière par la chaux,
acquièrent le plus grand degré ' dé ca. fi'-cité,
la plus grande déliquefcence qu’ils puiftbnt
avoir.
La fubftance fingulière qui joue un rôle fi décidé
dans la caufiicité de la chaux 8z des,alcalis |
fe, rend très-fenlible, non-.f.ukment dans toutes
les,' expériences , dont -nous venons de. parler ;
mais elle devient encore palpable 8c prefque vi~
fiole lorfqii’on la fait palier , comme qn vient
de le dire, d’un compofé,doâis un autre; fi l’on
calcine la pierre à;chnux dans des vailTeauxclos ,
comme font fait rlalés, Black ,..Taquin , k Ro-
chefoucault &: autres, on peut recueillir dans
des recipiens la fubftance- volatile que le/feu luiJ
enlève. Lorfqu’cn diftijut par. un acide quelconque
les- matières qui en coritiennenc beaucoup,,
telles que les pierres calcaires non calcinées ;
& lcS> alcalis non cqufilquep elle d-yient très--
f-nfible par le ,bouillonnement confidérabiè., &
refterveiM.nce tir.miltueu.fe, qu’elle excite en fe
dégageant de ces iîibftançes ; on peut la retenir
toute pu;e & renfermer dans une: bouteille,
pour la foiimettfe . .enfuite à toutes les épreuves-
qu’on veut, ''ainfi que l’a fait Pricftky, Jv-qu’on
le verra plus particulièrement à l ’article gat.'
Voye\\e mot Acide mepî-ütique qui eft l’acide'
carbonique dans la noraeneekturé' moderne.
L’impoffibilité de recueillir une fubftance, &
de l’enfermer ainfi dans u'pë boutüTîë, ne peut'
aftiirément pas fervir, en bonne phyfique , à en
nier i’éxdlëncè ou à la révoquer en'dcute , quand
on en a d’ailleurs nombre de preuves demonf
tratîves; mais enfin on'ne peut pas avoir même
cette reffource contre le gaz dont il s’agit, puif-
qu’on l’enferme taht qu’on veut & tout pur
dans une bouteille.
D’un autre cô té , il n’eft pas moins démon