
corps exercent réciproquement les uns fur les
autres, n'a lieu que dans les mouvemens & les
grands charg;mens d'attra&ion que produisent
i'a&ion dû t'eu qui écarte les molécules, & de
îa fermentation qui les meut toutes, & en toutes
fortes de Cens, les unes fur les autres, l e"carbone
à l'abri de ces deux caufes d'altération peut
r.-fter des fiècles entiers fans' rien perdre de fa
fubftance , & fans changer de nature. C'eft ainfi
que j'ai trouvé du charbon bien confervé dans
dés efpèces de caffolettes de terre cuite Fermées,
qui accompagnaient des corps placés dans des
tombes de plâtre enfouies dans le cimetière des'
Innocens , a Paris , & qu'on croit appartenir-aux
premiers chrétiens > car cette, feéte avoit coutume
d’enterr r ainfi les. morts, 8e de joindre
dans, 1 ur .cercueil, à côté de leurs dépouilles,
du charbon dans des vafes de terre. Ce charbon
étoit en petits monceaux très-mous, mattes,
friables, p remplis d humidité > en le defféchant
il a pris le luiianr les autres propriétés^ du
charbon bien préparé. C’eft encore en raifon
de cette conferyairon qu’on a trouvé dans les
chambres d'Hercuhrmm , dés vafes pleins de
bled noirci & charboné par la chaleur de la
lave, qui a englouti cet e ville, mais confervé
avec toute la pureté de fa. forme. Comme le
charbon abforbe & arrête l'humidité fans perdre
fa nature & fa forme , on a propofé de l'employer
concaffé pour garnir le défions des planchers
& les murs des chambres humides, eh le
plaçant entre deux cloifons de planches bien
clofes, & ce moyen pratiqué, dit - on, par
quelques archite&es, a réufli pour détruire l'humidité.
L'hiftoire de U fixité & de l'inaltérabilité du
carbone par !e calorique tient beaucoup à une
propriété très - remarquable du carbone , c'efl
fon peu de qualité conductrice du calorique. Un
morceau de charbon cylindrique & allonge , eft
fi. mauvais conducteur du calorique , qu’il peut
être allumé & bien embrâfé à l'un de fes bouts
fans avoir aucune élévation de température à
l’autre , quoiqu'il n’y ait que deux ou trois
pouces entre les deux, te qu'on peut le tenir
entre les doigts fans reffentir de chaleur. On fait
que le même phénomène n’a point lieu avec-les
métaux, qui • s’échauffent très-vite dans toutes
leurs parties cohérentes , ou même contiguës,
& c'eft à cette propriété d’être .très peu coq-
duét ur du calorique, que le charbon doit plu-
fieurs des avantages qu’il préfente dans les.arts.
Ainfi l'on emploie avec Tuecès le charbon en ;
poudre pour garnir les parois doubles de quelques
fouvneaux , & poner entièrement i'adtion
du calorique concentré dans l'intérieur de ces
machines. *
C'eft au même phénomène queft due en parti
l'utilité du charbon employé comme brafque au
fond & fur l’intérieur des creufets ou l’on fond
des fubftances métalliques.
Le carbone fe comporte diverfement avec l'eau ,
fuivant les différentes températures > à froid, il
n'y a aucune aCtion fenfible entre ces corps. Le
carbone fe cornerve très-bien & tres-long-temps
fous l'eau, comme on le voit dans les bois &
les matières végétales folides plongées au fond
des fleuves & des'rivières, ou dans des couches
de terres humides. Ces corps s'y eonfer-
vent avec leur couleur noire & leur nature com-
buftible , tandis que tous les autres principes
animaux ou végétaux fe délayent g fe dinblvent,
ou fe aétruifent par la putréfaction. C eft a1 ce
dernier phénomène que font dus les bois noircis
& charbonés que l’on trouve fou vent au fond
des eaux bu dans les couches de terre humides
fituées vers les bords des rivières, des étangs ;
c'eft lui qui donne naiffance aux tourbières, &
qui fait concevoir la formation des tourbes
qu’on ne trouve jamais que fous des terreins
bas , marécageux , & fur les rives des eaux
fituées en général dans les vallées.
Mais fi l'eau froide conferve le carbone fans
altération , fi même elle ne fepare quelques
matières falines du charbon que lorfqu elles y
font très - abondantes- & prefque à nud , .■ fans-
toucher à celles qui font intimement combinées
avec 4e carbone, il n’en eft pas de meme a un©
haute température. Alors l’attraélion du carbone
pour Toxigène eft fingulièremcnt augmentée; il
fe porte avec force fur l’oxigène de l'eau, il
l’enlève à l’hydrogène , & tandis que celui-ci
s'échappe fous la forme de gaz en diffolvant
une certaine quantité de carbone,, l’acide car-
boniqùe formé par. la combuftion du- carbone „
fe dégage également en état de gaz , & l ’on
peut en employant des dofes déterminées de
charbon & d'eau , convertir entièrement ces
deux matières en fluides eiaftiques. Voila pourquoi
de l'eau jettéè en petite quantité fur une
malle de charbon bien enflammée , l'allume plutôt
'que de l'éteindre, & donne naiffance à une
flamme bien plus élevée & bien plus forte que
celle qui eft produite par le charbon feul., G eft
auffi à cette caufe qu’il faut attribuer l’aétivité procurée
au feu de charbon de terre par l'eau dont
on l'arrofe Iprfqu'il commence à s'allumer, l'inflammation
qui a lieu dans les huiles. 8c les
graiffes fortement échauffées , lorfqu on- y jette
de l’eau j l'augmentation des incendies, lorfqu une
main imprudente 8e novice dans ce genre de
travail, porte l'eau en jets fur des maffes énormes
de bois enflammés. Dans les expériences de chimie,
on fait paffer de l'eau en filets ou en
■ gouttes-dans.des tubes de porcelaine ou l'on a
mis du charbon, 8c que Ton a placés dans des
fourneaux, au milieu des charbons ardens, de
manière à les faire promptement rougir. Tout-
à-coup la décompofition de l'eau s’opère , le
charbon brûle, & à la place de ces. deux corps
on a dans les cloches placées à l’extrémité de
l’appareil, du gaz hydrogène carboné, £c du
gaz acide carbonique ; il refte dans les tubes
une pouffière blanche ou grife , qui n'eft que
de la cendre. Il n'y a. donc point de doute lur
cette aCtion réciproque de l’eau 8c du carbone,
à une haute température. L'oxigène abandonne
l ’hydrogène i il fe forme de l'acide carbonique,
& le tout fe réduit en gaz ; mais cvtte décom-
pofitien n’a pas lieu à froid. On a prétendu/
d'après des expériences dues à Lowitz , que
le carbone en poudre au travers lequel on filtre
de l'eau gâtée ou. altérée.par la putréfaction des
matières végétales ou animales qui y font dif-
foutes , purifiait ce liquide 8c i’amélioroit au
point de le rendre potable ; mais le peu de
réuffite que l'on a obtenue jtifqu'ici dans ce
genre d'expëriences, à Paris , ne donne pas
encorè de confiance dans ce moyen , qui pré-
fenteroit une des propriétés les plus importantes
8c des plus utiles du carbone. Cependant, on
en a tant -parlé en Ruflie, .en Suède & en
Allemagne, qu'on ne peut pas croire qu’il
n'exifte pas au moins quelque effet , 8c pour
le déterminer avec exactitude , il faudrait faire
fur ce point des recherches fur le traitement,
par le charbon , des eaux corrompues, fétides ,
8c colorées en vert, en brun, 8cc. par les fubftances
végétale« 8c animales qu’elles contiennent.
Il, a’y a nulle aClion connue entre les terres
8c î|; carbone ; l'affinité Tenable être nulle entre
ce corps 8c la filicé, l’alumine, la baryte, la
magnéfie 8c la chaux ; on ne connoît point de
combinaifons entre ces matières.
Les alcalis fixes paffent au contraire pour
exercer une attraction aftez forte fur le carbone ,
comme on le reconnoît en fondant de la potaffe
8c de la fondé avec du charbon en poudre.
Celui-ci fe combine avec l'alcali, il difparoît
au moins comme charbon, il fe dififout dans
l'eau en même temps que le fe l , &c pafïe avec
lui à travers les filtres. Toutes les fois qu’un
alcali fixe cauftique fondu dans un creufet peut
y diffoiidre du carbone & l'entraîner dans la fu-
fion , le compofé qui en réfulte prend une couleur
plus ou moins rouge ou brune ; auffi la
préfence du carbone eft-elle une des caufes les
plus fréquentes de la coloration de la potaffe
bu de la foude. On dirait que dans cette com-
binaifon entre lés alcalis 8c Le carbone , il arrive
quelque chofe de femblable à celle qui fe fait
dans celle du foufre avec ces fubftattces. La corn-
paraifon même pourroit être fuivie plus' loin
entre les carbures $c les fulfures de potaffe 8c de
foude. Les premiers compofés encore trop peu-êon-
nus 8c trop peu examinés font diftolubles dans l’eau
qu'ils colorent comme les féconds ; peut-être
même la décompofent-ils comme eux à toutes
les. températures > 8c exhalent-ils une odeur
'fétide particulière due à du gaz hydrogène carboné
, comme il fe dégagé des fulfures alcalins
un gaz fétide hydrogène fulfuré. Si ces phénomènes
de çombinaifon entre les alcalis fixes &
le carbone fe paffent comme ceux qui ont lieu
entre le foufre & les mêmes fels , il foudroie
Cuivre les aérions de ces compofés ou de ces
carbures fur tous les autres compofés, 8c notamment
fur les fels métalliques. Cet objet ab-
folument neuf peut conduire les chimiftes à des
réfultats utiles, 8c il ne doit pas être négligé
par eux. Quant à l’ammoniaque, fon action lbr
| le carbone paroît être bien moins marquée ; il n’y
a pas de diffolütion connué ; cependant on fair
qu’à une température élevée il y a une union
entre ces matières ; 8c il paroît que l’addition
du carbone modifiant la çombinaifon ammoniacale
de l'hydrogène 8c de l'azoté en change la nature
alcaline 8c la convertit par /addition d’une petite
portion d’oxigène en acide prufiique. Voye£ le
mót Prussiatique.
On n'a connu |f appréçié convenablement que
depuis quelques années l’adlion de plufieurs
acides fur le carbone ou pour parler avec plus
d'exactitude celle du carbone fur quelques 'acides.
C ’eft à la théorie de la cotabuftion 8c des attrac-
tioas de l’oxigène que l'on doit cette connoif-
fanee ; éar les faits qu’on' avoit entrevus^ avant
Tetabliffement de cette théorie ne fe lioient en
aucune manière les uns avec les autres 8c l’on ne
powvoit en apprécier la caufe. Aujournhui rien
n’eft plus clair 8c plus facile à concevoir , comme
on va le prouver.
Le carbone 8c l’acide fulfurique à froid ne
produifent aucun effet ; un charbon entier plongé
dans cet acide concentré, ©u cet acide lui-même
verféfurun charbon froid e» poudre ne préfentent
aucune adtion fenfible ; le charbon entier ou en
poudre abforbe le liquide acide fans lui faire
éprouver aucun changement ; mais il n’en eft pas
de même îorfqu'on élève la température de ces
deux corps. Si l'on plonge un charbon allumé dans
l ’acide fulfurique concentré, il fe dégage tout à
coup Sc avec fiflement une vapeur blanche épaiife
qui répand l'odeur du foufre brûlant ; en continuant
cette expérience©n volatilife entièrement
l’acide fulfurique fous la forme de vapeur fulfu-
reufe. Si l'on chauffe de i’acide fulfurique concentré
fur du charbon en poudre , on obtient
quand l’acide eft bouillant & prefque fec de l'acide
fulfurcux gazeux mêlé d'aciae carbonique. Mais