
Cette réparation demande beaucoup de foin 8c
d'attention , 8c l’on u’y parvient que par un véritable
apprentiflage, & en- acquérant l’habitude
de reco nome au premier alpeCt chaque
clpèce de fel neutre qui .fe prêtante fuccefti-
vement dans les progrès de l'évaporation.- Souvent
une évaporation fpontanée & abandonnée
à l’air libre, fur-tout dans les chaleurs de
l’cti eft lé meilleur, moyen 8c le plus sur pour
obtenir tous les tais répares 5 mais alors il faut
avoir beaucoup de temps à fa difpofition. Dans
cette manière de procéder, foit par l’évapo-
i.uion artificielle , foit par l’évaporation naturelle
, on obtient d’abord les tais fulcep-
t.bles de cryflaiiitar le plus facilement, tels que
les muriates de potaffe & de fouie , Zc le ful-
late de petafte. Quant au carbonate de po-
tafle, on ne l’extrait ordinairement que le dernier
8c par une évaporation totale. O17 pour-
roit Cependant' l’obtenir fous line forme cyrf-
talline ëc régulière , fi on ajoutoit à la diffo-
lution aqueufe, privée d’abord dé tous les fels
facilement crÿfialiifables , une fufiifantè quantité-
d’acide carbonique pour faturer completcement
la potaffe. Telle eft la iïiitë des procédés qu’ il
faut pratiquer pour déterminer avec exactitude
la nature & la proportion des différentes fubf-
tances falinés que l’eau froide enlève aux céndres
végétales.
Les cendres traitées par ces deux diffolvàns
(l'alcool & l’eau froide, ) n’ont plus défaveur
ni d’altérabilité à l’air j elles - ne contiennent
plus que des tais terreux, infipides 8c indiffo-
lubles dans l'eau froide , quelques terres 8c un
ou plulieurs oxides métalliques, c eft ordinairement
un mélange de fullate de chaux , de
carbonate de chaux 3 de phofphate de chaux 3
d’un peu de filicè 8c d’bxide de fer 8c de man-
ganèfe. ,11 paroît que quelquefois aufli la filice
s’y trouve combinée avec l’alcali dans l’état
vitreux. Cela a lieu lorfque les cendres ont été
tenues long-temps rouges de feu. L’oxide de
fer y eft aufli quelquefois combiné avec l’acide
phofphorique 5 cette combinaison fe trouve fur-
tout dans les cendrés de végétaux des marais
qui en général donnent plus de phofphore qu’aucune
autre planté. Pour connoître 8c analyfer
ces différens matériaux qui reftent après le lavage
dans l’alcool 8c dans l’eau froide , il faut
traiter les cendres par deux ou trois cent fois
leur poids d’eau bouillante , on enlève ainfi
le fulfate de chaux qu’il eft très-facile de re-
connoître à toutes tas propriétés & dont on détermine
aufli la proportion. On enlève le carbonate
de chaux , le phofphate de chaux &
les oxides métalliques en traitant fucceflivement
les cendres par l’acide acéteux, l’acide nitrique
&r l’acide muriatique. Ici encore, comme dans
la première partie de cette analyfe la reflemblance^
eft frappante entr’ elle 8c celle des réfidus
d’eaux minérales j c’eft qu’en effet les;
cendres végétales font dans les mêmes condi-1
tions, & tout ce qui fera dit des réfidus d’eaux
minérales à l'article de ces eaux avec beaucoup
plus de détails qu’on ne doit en trouver ic i,
ut être appliqué à l’analyfe des cendres. Aufli
réflexion qu on trouvera à l’article des eaux
minérales eft elle également applicable à celui-ci.
Il n’y a pas de travaux chimiques qui exigent
pour une réuflite complette une réunion plus
grande de qualités dans ceux qui s’y livrent.
Il faut avoir une connoiflance très - étendue
de toutes les propriétés des corps fa-
lins 8c terreux , pour reconnectée ceux de ces
corps qui font partie des cendres végétales ; il
faut une égale étendue de lumières fur tous les
moyens 8c les procédés propres à faire récon-
noître la nature 8c déterminer la quantité de
chacun de et s corps j il faut même cette ref-
fource du génie chimique pofledé à .un fi haut
point par Schéele , pour imaginer des expériences
capables de .faire trouver oc, diftinguer fans erreur
toutes les matières filines 8c terreufes
unies enfemble , falées ou même combinées
avec des fubftances métalliques ou combuftiblesj
enfin il faut réunir à ces premiers talens déjà
rares une patiente 8c un courage au-defius des
difficultés & des obftacl.es qu’on rencontre à
^chaque pas de ce travail. C’eft en rai fou de ces
difficultés mêmes que i’analyfe bien faite d’une
cendre .végétale eft une des parties de la chimie
qu’on trouvera encore la moins avancée ,
8c que les exemples de chefs - d'oeuvre en ce
genre font peu nombreux. C’eft encore à caufe
des phénomènes multipliés, que cette analyfe
préfente 8c des reffources quelle, offre à l’invention
, que je recommande particulièrement ce
genre de travail à ceux qui, après avoir étudié
avec foin la théorie de la chimie , veulent fe
livrer avec ardeur à l’art des expériences. La
matière la plus commune , une de celles qu’ on
peut dire même les plus viles , qu’on trouve
dans tous les lieux 8c dans tous les temps, s’offre
à leur zèle 8c appelle leurs efforts. Un des
modèles de ce genre d’ana|yfe-que je puis leur
préfenter eft celle des cendres de Paris deftinées
au travail des falpêtriers, analyfe faite avec
beaucoup de foin par Lavoifier.
En général, les cendres dont fé fervent les
falpêtriers de Paris, dit ce célébré chimifte ,
font à-peu-près le rebut de celles qu’on emploie
dans les autres arts. Des femmes, des en-
fans de la clafîe la plus indigente du peuple 8c
qu'on connoît fous le nom de chiffonniers 8c de
chiffonnières de cendriers 8c de cendrières, la ra-
maffent au coin des bornes 8c la portent aux
falpêtriers qui la leur payent 2 fols 6 deniers
le boifleau. ( Cette mefure rafe eft environ de
1 1
$42 p. de foHdité. ) Ces cendres proviennent
communément de bois, flotté * fouvent elles ont
fervi aux blanchiffeufes-qui les ont déjà tafli-
véés î comme d’ailleurs elles fontramaffées dans
-les rues, elles ont éprouvé .les intempéries de
l’air, 8c ont été lavees par l’eau du ciel de par
les égouts des toits. Une preuve de la mauv
a is qualité de ces cendres eft -ta peu de cas
qu’on en fait, 8c ta bas prix auquel on les.vend.
On vient de voir qu’elles ne valent que 2 fols
6 deniers 1e boifleau, tandis que les cendres de
bonne qualité, celles' qui ont été bien recuites-,
8c qui contiennent tout leur alcali font achetées
par tas blanchiffeufes jufqu’a . 10 8c 12 fols la
ipême mefure.
Toutes les faifons ne font pas également propres
pour la récolte de la cendre ; tas falpêtriers
font obligés d’en faire provifiôn pendant
l ’hiver 8c d’amaffer fous des hangards la quantité
dont ils préfument avoir beforn pour 1e
travail de toute l’année. C’eft à un tas de cette
efpèce » dont la hauteur étoit de 10 a n pieds
fur une étendue affez confidérable en tout fens ’
& qui avoit été formé pendant l’hyver précédent
, que j’ai pris la quantité de^ cendres dont
j’àvois befoin pour faire les expériences dont
je vais rendre compte. J’ai obferve de faire
tomber des portions de toutes les couches indif-
tinCtement, 8c pour qu’il y eut plus d uniformité
dans toutes tas parties, 8c que la portion
de cendres que je me propofois d’employer fût
en quelque façon un réfultat moyen entre un
' grand nombre d’efpècès, j’ai fait mêler à la pèle
là quantité qui avoit été abattue.
J’ai mis 25 livres de cette cendre, c*eft-à-dire,
un peu plus d’un boifleau 8c demi, dans un petit
baril défoncé par un bout, auquel j’avois pratiqué
par le bas u» trou de 4 à 5 lignes que j’avois garni de
quelques brins de pailles ; j’y ai fait fucceflivement
paffetvdifférentes portions d'eau bouillante, &
j'ai continué d’en ajouter de nouveiles jufqu a
la concurrence de 40 pintes.
La leflive que j’ai obtenue par ce procédéétoit
fenfiblement infipide, eltaétoit claire 8c limpide»
mais ro'uflâtre ; je l’ai mife en évaporation dans
douze capfules de verre au bain de fable 8c a un
dégré de chaleur un peu inférieure à celui de
l’eau bouillante; j’avois foin de remplir tas cap-
fules à mefure que la liqueur s’evaporoit. Comme
la quantité d’eau étoit confidérable , cette operation
a duré 6 fois 24 heures.
Vers la fin de l’évaporation, j’ ai eu foin de
réunir dans une même cap fuie 'la liqueur qui
fe trouvoit dans plufieurs, 8c en opérant avec
précaution , je fuis parvenu à raflembler tout
mon produit dans deux capfules feulement T
l’une defquelles contenoit des fels afîcz purs 8c
affez blancs, 8c l’autre des matières extraétives
fort épaifles, des efpèces d’eaux mères que j'ai
eu peine à obtenir fous forme concrète. Ces
deux réfidus pelotant enfemble 12 gros 18 grains»
ce qui reyient affez exactement à une demi-
once par livre de cendres.
J’ai enfuite procédé avec l’attention la plus
fcrupuleufe à l’examen de ces deux réfidus »
en tas lavant chacun fucceflivement & féparé-
ment avec de l’eau tiède Sc avec de l’eau bouil-
, lante, 8c en divifant en différentes fractions les
fels que j’obtenois par évaporation de chacun
de ces lavages. Comme il eft intéreffant dans
tas expériences de donner 1e. détail des procédés
qu’on a fuivis , 8c que cette manière eft
la feule qui puiffe infpirer de la confiance au
leCteur , je vais tranforire ici 1e détail de chaque
opération tel qu’il fe trouve inferit fur
mon journal d’expériences je puis répondre
de l ’exaCtitude 8c de la fidélité la plus fcrupuleufe
dans chacun des réfultats.
P r o d u it s o b te n u s p u r é v u p o r a tïo n d u lu v u g e d u p r em ie r r e jid u ,
Premier lavage tiède.
ences. gros. grains.
i re. FraClion..-S N». 1. j
) N°. 2.
fulfate de foude......................... 5 60
2e. FraCtion..,.. Nö. 3...' 3 11
j*. Fraâion.. .. N°. 4 ... 1 66
4e. FraCtion.. . . N°. j . ■
C muriate de foude imprégné de
? matières extraCtives 8c comme
C Rraffes........ ................ « 2 >»
I i 66
Chimie. Tome 111.