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ment ii perdoit fa forme élaftique, comment il
le ctiflo voit dans l'eau, il a cru qu'il fuffifoit
pour cela de le préfenter à ce liquide dans un
grand état de drvilion , de difgrégation ; c’eft
ce qu il a trouvé en excitant, dans l'eau même
oü il vouloit introduire & diiïoudre l'air, une
eftervefcence entre un acide & un alcali. L'effer-
veicence étant, fuivant lui, une véritable précipitation
d air, qui n'a lieu que parce que les
-H* corps qu'on unit, ont entr'eux plus d'affinité
qu ils n en ont avec l'air, il a penfé qu'en la
tailant naître dans une grande quantité d'eau,
celle - ci dilToudroit l’air précipité ou féparé
comme elle clifîbm les autres précipités dans des
circonnances analogues.. Dans cette idée, il a
nus dans une pinte d'eau, contenue dans une
bouteille a col étroit, deux gros de fel de foude
oc deux gros d’acide muriatique , quantité nécef-
lane-? “ une-part, à la faturation réciproque de
ces deux feis, de l’autre, correfpondante à la
noie du. fel marin contenue dans l'eau de Seltz
D expérience lui a donné le réfultat qu'il cher-
chon ; il a obtenu une eau aérée & falée comme
celle qu il vouloir imiter ; elle étoit même plus
aeree que. 1 eau de Seltz, puifque celle-ci ne
lui avoit donne qu'environ le quart de fon
volume de fluide élaftique, tandis qu’il a chargé
Ion eau raétice de près de la moitié. Vénel donne
dans les mémoires de longs détails, de longues
difcuffions pour détruire l'idée de l'efprit minéral
dans les eaux fpiritueufes, efpric minéral que
beaucoup de chimiftes, & fur - tout Frédéric
Hoitman, y admettoiént, pour combattre égale-
ment 1 opinion de ceux qui penfoient que cet
efprit etoit de 1 acide lulfareux, pour prouver que
1 air fétu diffous dans les eaux , leur donne h
qualité deapx fpiritueufes ou acidulés ; & fuiront
pour faire concevoir la diffolubilité de l'aie
dans! eau,la pertede fonélafticité. Tous leseffoi;ts
qui emploie pour arriver à ce. but, prouvent'
qu il a entièrement méconnu , qu’il n’a pas même
foupçonne fexiftence de l'air fixe, fa différent,
d avec 1 air atmofphérique. 11 s’applique parti
culierement à .rapporter à la ptéfence de celui-c
tout cefoui caruétérife les eaux acidulés ; il ni
veut lailier à.cet égard aucun doute ; il n’admè
bien pofitivcment dans l'eau de Seltz que de l’air
fembhble en tout à celui qu'on retire de là plu
pant^açs corps, & à celui qui nous environne
Amfi il eft bien confiant , bien évident , qU’i
etoit dans la plus parfaire ignorance de l'acids
carbonique ou du vrai minéralifateur de ,1'eau d<
Seltz ; il. nie même la préfence d'aucun acide
ni d aucune propriété qui tienne à cetre naturt
de fel. Et-cependant-quel chimifte, que! phyfi.
cten, avant lui , a été plus près;de ce,tte découverte,
capitale ? A quel chimifte s'eft-il préfenté
ulie plus belle occafion de la faire•-?; II a ifolé
le gaz de d'eau de Seltz; il l'a en bien des fois
rêiiiermÊ dans des vèfliès. Comment même a-t-il
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: Pu ne Pas oblerver fa diflolubilité dans l’eau ?
I (i'omment a-t-il pu voir ce fluide élaftique refter
eî r C<!n' J • avec l eau Pen^ant un mois Dns être
amortie, & conferver fon état aériforme & permanent,
comme il l'obferve lui-même? Comment
enfin , en expofant, comme il l'a fait, des
linges trempés dans une leffive de fel de foude,
au-deflus des jets & des bulles que cette eau
f.°™e a <a fource, & au-deflus d'une cuve où
5 S . °?)j évaporer, dans l'intention d’arrêter
e prit acide fulfureux qu'on difoit avant lui s’en
dégager, n'a-1-il pas reconnu que l'alcali augmentât
de poids , & qu'il cryltaffifoit fur le tifl'u
meme qui en étoit imprégné ? Comment en un
mot n a-t-il vu que de l'air dans un fluide, qui,
s U en avoit fait le moindre examen chimique,
lui eut préfenté très-promptement de grandes &
linguberes différences ? Loin de-là , il a repouflë
meme 1 idée d'une découverte dans l'eau qu'il
examinoit ; il voulait manifeftement s'arrêter à
1 air qu il y avojt fOUpçonné fans doute avant
d avoir cru le démontrer par fa préfence. 11 s'eft
oppoie de toute fa force à toute innovation
JJ1,6!?16 1 fia1'' paroît qu’on avoit propofée pour
dengner par un nom la vapeur des eaux minérales.
Il me femble', dit-il, à la fin de fon premier
mémoire , que ce feroit moins une fage
Circpnfpection qu’un pyrvhonifme blâmable, qui
eroit retenir à la place de. ce dernier principe,
de 1 air,J être défigné par le nom vague & indéterminé
de principe fluide ou fubftance élaftique.
Le terme d'eaux aérées lui paroît devoir être
donne definitivement aux eaux de Seltz, & à'
toutes celles qui leur reffemblent.
Afiurément, on peut dire encore ici avec plus
de julLfle que nous ne l'avons dit à l'égard de
Haies , qu'on n'a jamais été plus voifin d'une
decouverte que ne l'a été Vénel. Quand on étudie
avec foin cette; partie de l'biftoire de la chimie
moderne, quand on compare toutes les circonstances
qui ont environné les divers chimiftes qui
ont pris quelque part à la révolution finguiière
qu elle a éprouvée , on doit être bien furpris
que Vénel, d'après la nature même des idées qui
f ont conduit a l’imitation des eaux de Seltz,
n'ait pas fongé à faire quelques eûais fur le fluide
qU1me d?gage ^ s efforvefcences ; qu’il n'ait pas
pieflenti que ce n etc-it pas de 1 air , di3après les
apperçus de Vanhelmont qui l'avoit déjà diftin-
gué dèl'air, d’après les faits rapportés par Séip
dès baflins de î’eau de Pyrmônt, d'où il s‘exhale ,
quand ils font à fec, une vapeur qui éteint les
flambeaux, 8c qui tue les animaux. Comment
encore une fois n'a-t-il pas efifayé de vérifier fon
expérience d'eau artificielle aérée, avec de l'air
ordinaire ? Il avoit beaucoup dé moyens de le
divifen,; de le mettre en contaéf avec l'eau fous
-larorme dé très-petites bulles, de le convaincre
en un mot qu'il ne pouvoir pas fe diffoudre
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par furabondance dans l'eau , ni lui donner les
propriétés de l'eau de Seltz. -On eft convaincu
qu’il ne lui falloit que plonger une bougie allumée
dans fon prétendu air obtenu de l’eau de Seltz
par l'agitation j le mettre en contaét 8c l'agiter
avec de l’eau & de la teinture affaiblie de tour-
nefol, pour trouver fa différence d'avec l’air, &
pour l'introduire dans la carrière des gaz, dont
au contraire il s'eft prodigieufement éloigné pour
foutenir une hypothèfe qu'il s'étoit figurée avant
de faire fes expériences ,. comme on le re-
connoît bientôt en lifant attentivement fes mémoires.
Quoi qu’il en foit, & tout en reprochant à
Vénel d’avoir touché le but fans le reconnoître ,
rendons-lui en même-temps la juftice qu’il mérite
, & ne lui enlevons pas la' gloire qu’il s’eft
acquife. Il a prouvé que le fluide qui fe dégage
pendant l’effervefcence produite par l’union des
alcalis & des acides , que le produit même de
cette effervefcence , fe difiblvoit dans l ’eau , &
lui donnoit les caractères d’eau fpiritueufe , acidulé
, gazeufe ou aérée > car elle poirtoit dès-
lors tous ces noms. On ne peut méconnoître dans
cette découverte capitale la fource de celles qui
furent faites, quelques années après par le célèbre
Black , profeffeur de chimie dans l’univerfité
d’Edimbourg. Les expériences de ce chimifte
furent publiées pour la première fois en 1755 ,
dans les Ejfais & Les observations pkyfiques & Littéraires
de La fociété d'Edimbourg, vol. I I & V f f l 3
fous lè titre fimple & Expériences Sur la magnifie
blanche 3 la chaux vive , & fur d’autres fiibfiances
alcalines. On les tiraduifit en allemand à Alten-
bourg en 1757. Elles ne furent cependant connues
en France & n’y firent naître l’impreffion
qu’elles dévoient produire que plus de douze ans
après leur publication, & lorfque les difcuffions
favantes fur l’air fixe & les alcal is eurent été
le fujet de plusieurs ouvrages très-diftingués &
l’occafion d’un grand nombre d’expériences & de
découvertes en Allemagne , en Angleterre & en
Hollande. 11 paroît que c’eft en s’occupant de la
magnéfïe, en cherchant a la diftinguer de la terre
calcaire -, & à reconnoître fes attractions pour les
acides} 8c fa maniéré de fë comporter au. feu ,
enfin en la comparant aux alcalis que M. Black
fit plufieurs découvertes capitales fur l’air fixe, &
notamment- trouva , i°. que ce fluide élaftique
confondu jufques - là, 8c fur-tout par Haies, avec
1 air ordinaire, n’étoit point du tout femblable à
celui^ de 1-atmofphère i 20. qu’il étoit contenu
dans ses alcalis 8c les terres calcaire 8c magnéfienne
dans leur état naturel, & la caufe de leur effer-
yefçence j 3°. qu’il en étoit chaffé par le feu &
par les acides, & qu’alors la terre calcaire 8c les
alcalis devenoient cauftiques j 40. que fa préfence
dans \a chaux 8c les alcalis les adouciffoit ; 50. que
la chaux l’enlevoic aux alcalis a & que c’étoit
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ainfi qu’elle les xehdoit cauftiques ; 6*. que l’air
fixe étoit contenu dans l’air de l’atmofphère, '6c
qu’il en étoit abforbé par les fubftances alcalines.
Reprenons plus en détail l’expofition de ces
principales découvertes de Black.
Il eft fi vrai d'abord qu'il a bien exactement
diftingué l’air fixe d’avec l’air atmofphérique ,
qu’il a obfervé que le mot d’ air fixe étoit encore
peut-être mal-à-propos employé dans fa differ-
tation , mais qu’il fuivoit à cet égard le premier
ufage reçu , parce qu’il aimoit mieux fe fervir
d’une expreffiGii déjà reçue, que d’inventer un
mot nouveau avant , d’être parfaitement inftruit
de toutes lès propriétés de la fubftance qu’il
défigne. L’air fixe , fuivant M. Black, 8c d’après
fes expériences, peut être chaffé de deux manières
de la terre calcaire qui le contient, ou
par l’action d’un grand feu , ou par celle des
acides. Si, dans fa calcination ou fa cuifion, la terre
calcaire perd plus de la moitié de fon poids, c’eft
que le feu lui enlève l’eau & l’air fixe qu’elle
contient, 8c cette féparatioh la conftitue enaux ;
elle ne doit fa caufticité qu’à, la grande tendance
qu’elle a pour reprendre l’air fixe dont elle a été
privée par la calcination , & c’eft en ie reprenant
qu’elle agit.èôrriffie brûlante ou càütérifante fur les
fubftances organiques.
C’eft aufli par cette propriété d’enlever l’air
fixe aux matières alcalines qui lé contiennent,
que là chaux leur donne de la caufticité. Lorf-
\ qu'on mêle dans une léffive alcaline une certaine
quantité de chaux, elle s’empare de l’air fixe contenu
dans l’alcali , devient êfifervefcente , in-
diffoluble dans l’eau, perd fes propriétés de chaux
j & fur-tout fa caufticité, 8c repaffe à l’état de
terre calcaire j en même-temps l’alcali qui lui
a cede fon air fixe & qui s’en trouve dépouillé,
ne fait plus effervefcence avec les acides, n’eft
plus fufceptible de fe cryftallifér, eft bien plus
diffoluble & déliquefcent, & eft- devenu d'une
âcreté , d’une caufticité qu’il n’avoit point avant
d être privé de fon air fixé ; dans cet état, fi on
| l e fait defsècher au feu , on en fait la pierre a
cautère.
Le même phénomène a lieu , 'dit M. Black,
avec l’alcali volatil. Diftille-t-ton du fel ammoniac
avec de la craie , on obtient de l’alcali volatil
concret, & qui fait effervefcence avec les acides j
mais fait-ori cette opération avec la chaux, on
n’a que de l’alcali volatil , privé d’air par-cette
chaux, qui paffe fous forme fluide , qui ne fait
point d’efférvefcence avec les acides , & qui
n eft pas fufceptible de cryftàlliî'atîon. 'Ces premières
expériences ont prouvé & fait dire-.-a 11
chimifte d’Edimbourg que l’air fixe avoit des
degrés différens d’affinité avec les corps ; qu’il
en avoit plus pour la 'chaux qûê pour les aJcaiis,