
interruption dans les vaiffeaux qu’il parcourt &
par toutes les fécrétions. 11 eft à fouhaiter que
les phyfi.cieRs dirigent leurs oblervations pour
la réfolution de ce problème , qu’ils imaginent
des expériences appropriées à cet objet, & je
fuis affuré que le point fondamental fera bientôt
éclairci. En attendant, puifque tous les corps
organifés ont befoin de bon air pour vivre , je
l’appellerai air falubre 3 ou , li on l’aime mieux ,
air pur, jufqu’à ce que fa nature dëphlogiftiquéé
foit bien prouvée, & j’appellerai de même air
ÿicb.ê:3 celui qu’on nomme ordinairement ohlo-
giftiqué 5 car il y a plutôt défaut qu’abonciance
de phlogiftique ».
*« J’expoferai encore ici en peu de mots la
théorie des»fubflances aêriformes 3 dont j’ai déjà
touché quelque chofê dans un difcours prononcé
à l’académie royale des fciences en 1777,
dont uns partie me paroït aujourd’hui plus clairement
démontréej une autre partie feulement probable
3 mais qui fe concilient fi parfaitement
l’une & l’autre , qu’elles font dignes du moins
d’êtfe férieufement examinées. Après tout cela 3
foit quelles fe confirment, foit quelles fe detrui-
fent j la philofophie naturelle ne pourra qii’y
gagner. Je ferai le -premier'à en dénoncer l’erreur
fi je la découvre par quelques nouvelles
o b fer varions 5 en attendant, j’efpère que cette
efqüiffe pourra donner occafion à quelques expériences
décifives ». g
« Le célèbre PrîefUey a fait voir , par un
grand nombre d'expériences , que l’on pouvoir
tirer de l’air vital de prefque tous les corps,
par le moyen de l’acide nitreux; que, fuivant
les circonftances , cet air étoic au moins mêlé-,
tantôt d’acide méphitique , tantôt de gaz nitreux
, quelquefois d’air nuifible ou phlogïfti
que j & fou vent de tous en même temps , qui
fe fuccédoient fans ordre .confiant ; de fo^te ,
que le même mélauge, expofé au même feu
en différens vaiffeaux, donnoit ici tel fluide le
premier, là le fécond, & ailleurs le dernier.
Il réfulte encore de ces obfervations que l’ acide
nitreux eft très-avide de phlogiftique , & qu’il
peut , fuivant les proportions & la force des
'combinaifons', lui faire fubir de grands change-
mens ; enfin , que la préfence d’une certaine
quantité de phlogiftique dans un corps , le rend
prefque toujours immifcib'e à l’eau. Je fuppofe
au furpius que l’on connoîr les autres faits qu’il
a établis».
« U acide nitreux ne peut-il donc pas être converti
en acide méphitique par une certaine dofe de phlo- .
gijlrque ? Le principe, inflammable lui donne;
l’elafticité & la légèreté , affoiblit fon acidité , j
augmente fon a&ion fur les terres folubles^,
change fes propriétés , ou lui en communique de I
nouvelles ».
« Une d.ofe un peu plus forte de phlogiftique
ne peutr-elle pas tempérer cette acidité au point
quelle échappe a nos recherches ? que l’acide ainfi
modifié foit immifcib'.e à l’eau, qu’il nepuiffe
ni perdre , ni acquérir plus de phiogiftique ? j_a
première de ces qualités le rend peu propre à
la refpiration, la dernière , peu propre à entretenir
le feu , & il a les .caractères de l’air
qu’on appelle phlogiitiqué , & que je nomme
nuifible ou gâté ».
« Une quantité encore plus considérable de
phlogiftique peut £ adoucir complettement, 6* U
rendre propre a la refpiration & a la combustion*
Après cela, prend - il une nouvelle augmentation
du principe inflammable , il fe fubtilife
affez pour traverfer les vaiffeaux ; il produit fa
chaleur , & par cette propriété , fournit le feu
& la flamme. -Y a-t-il, au contraire , diminution
de ce principe & /pour ainfi dire, une
certaine calcination, il rétrogradé & forme,
fuivant lès circ.onfta.Rces, ou l’air nuifible, ou
l’acide méphitique ».
« Les animaux à poumons paroiffent avoir
moins de vertu pour déphlogiftiquèr cet air,,
que les animaux à trachées & les -végétaux.
En effet , les premiers'le convertiffent en air
nuifible ; & les féconds *en„ acide méphitique.
Les autres expériences que l’on a faites jufqu’à
préfent fur la végétation, ont donné des réful-
tats très-différens ; ce qui Vient , fi je ne me
trompe , principalement des cifconftançes différentes
dans Içfqtielles on a opéré:. On fait que
les végétaux languiffent dans Vobfcurité ; qu’ils
y deviennent tranfparens & fans couleur , ( ce
qu’ on appelle étiolés ) , & qu’ainfî altérés, ils
font bientôt rétablis fi on les expofe. aux
rayons du fole.il. En effet , la lumière eft
compofée de la matière de la chaleur, avec
excès de phlogiftique. Cet excès eft d’abord
abforbé ; enfuite , rmis plus difficilement, la portion
de ce principe, qti conftitue la matière
même de la chaleur> car il n’y a point de végétation
fans chaleur; &: de cette manière l’autre
principe, c’eft-à-dire , l’air vital, devient
libre. On doit donc obferver des effets différens
fuivant le dégré*de-chaleur, la différente
pofition des végétaux par rapport à la lumière
& leur énergie particulière pour décompofer
la lumière & la chaleur. L’eau même qui paroït
la plus pure récèle, fouvent des corps organifés
très-fubtils qui échappent à la vue , &
qui , placés au foleil, décompofent la lumière
en végétant & produifant de l’air vital
« S’il eft vrai , ce que j’avoue n’avoir pas
encore vérifié avec affez d’exàélitude , que les
airs nuifîbles, agités dans l’eau , deviennent
falubres, tous , dans cette hypothèfe , à l’exception
du gaz inflammable , fe chargero'ent^de
phlogifti que. L’eau contient fouvent un peu d*a«r
vital 3 &* nous éprouvons tous les jours que l’on
recueille de nouveau de l’air diûèminé dans
l’eau, à l'aide d’une longue agitation , & fur-
tout la chaleur augmentant un peu. Ne fer ai t-
ce pas B la caufe de ce qu’on appelle air corrigé
? L’eau privée d’air .par l’ébullition, en
reprend fpontanément dans l’atmofphere. Au fur-
pliis, feau n’eft fluide que par la chaleur; elle
en tient une quantité qui répond à 72. degrés
du thermomètre de Suède ( J7 , 6 de Réaumur).
J'ai peine- à croire que la matière de la chaleur
fedécornpofe par l’agitation ; mais ficela étoit
poffible , avec le concours d’un air appauvri
de phlogiftique , il y auroit à la fois deux caufes
de production d’air »vital; d’une part, l’air
nuifible feroit corrigé par le phlogiftique abondant
; d’autre part , la matière de la chaleur
perdant fon phlogiftique, il y auroit une certaine
quantité d’air pur, mife en liberté ».
<e Cependant!, on ne peut encore décider
quelle fera ici la- place du ga%. nitreux. Il tient
fans doute une plus grande quantité de phlogiftique
que l’acide méphitiqne, mais plus foi-
olement combiné ,, à caufe de l’humidité qui
entre en même temps dans fa compofition, ainfi
que le célèbre Fon.tana l’a prouvé. On ignore
encore la raifôn pour laquelle l’air vital., chargé
d’avance de phlogiftique, a néanmoins le pouvoir
de dépouiller le .gaz nitreux ».
« 11 eft très-certain que le ga^ inflammable
abonde auffi en phlogiftique'; mais fa compofition
eft d’ailleurs fort peu connue. D’un autre
côté il ne peut exifter parfait dans les corps
avant fa réparation, pUifqu’alors l’acide nitreux
devroit aufli le dégager ; d’autre part, il paroït
n’avoir befoin du mélange d’aucun acide , puif-
qu’on le tire- du fer auffi bien par l'acide muriatique
que par l’acide vitrioliquê , & même
par tous les acides, à l’exception des acides
nitreux & arfénical > & ce qui eft plus important
, fans le fecofirs d’aucun acide, par la feule
aétion du feu à un degré convenable. Il eft
changé , par la refpiration, en air nuifible ; dès*-
lors, fi la théorie que je viens d’expofer'eft
fondée, il faut en chercher le principe dans
l’acide nitreux mais comme l’air vital , en
prenant plus de phlogiftique , devient matière
de la chaleur, & que le gaz inflammable paroït
tenir plus de phlogiftique que l’air vital , &
cependant ne fe trouve pas affez fubtÿ pour
pénétrer les vaiffeaux, il faut', p eu t-ê tre ,
magiaer une combinaison particulière ; car il
neft pas facile de concevoir que la feule addition
d’un principe auffi fubtil que le phlogiftique,
change le tiffu de la chaleur au point dé la rendre
imperméable par les pores du verre. Je ne diffi-
«uilèarài pas néanmoins- que le foufre, qui eft
plus ''fiche en phiogiftique , eft plus dénié q ?■
J'acide vitriohque. Au fut'plus , quoique ly
gaz inflammable tienne en diffolution un peu
de métal, qu’il l’enlève avec lui & le depofe
enfin dans l’eau ; je ne crois pas que l'on doive
en conclure que.cette partie métallique entre
néeeffairement dans fa compofition. Tous les
autres fluides aêriformes peuvent de meme fe
charger de matières hétérogènes, & les abandonner
enfuite fans perdre les caractères qui leur
font propres ».
|j: La nature marche par dé grés infenfib es ;
mais nous ne pouvons la fuivre pas-à-pas ; a Peme
^pouvons nous diftinguer les gros anneaux de la
chaîne , on ne peut douter que les^ autres fiuu.es
élastiques ne (oient des fubftances intermediaire^
de ceux qui nous f^nt déjà connus , pui.-
qu’il eft certain que l’air vital, le gaz nitreux
& le gaz inflammable , ne font pas eux- memes
toujours an même degré de vertu & defficacite.
« A fuppofer que la théorie que je viens
d’expofer foit fondée , il ne fera pas difficile
d’expliquer la génération du nitre à la furlace
extérieure du globe ; les qualités fi nuifîbles de
l’acide méphitique , qui introduit dans les poumons
, détruit lés premiers fondemens de I e-
conomie animale , & J grand nombre d’autres
phénomènes , dont jufqu’ici la ^ caufe a été
enfevelie dans les-plus epaiffes tenebres «<.
cc La chaleur , produite pendant la cfiffo!u-\
tion des métaux, ne peut être attribuée qu'a
la matière calorique qui y étoit auparavant
fixée, 8cqui eft rendue libre par fes difîol-
vans. Tous les métaux fe fondent au feu y ce
n’eft donc que par les métaux natifs que 1 on
peut juger u cette matière leur vient du^ feu
de fufion , ou s’ils l ’ont reçue de la nature meme.
Il y a plufiéurs fubftances qui tiennent une quantité
confidérable de matière de la chaleur,
quoiqu’ils n’aiènt jamais été expofés au feu ;
la pierre ‘ calàminaire en fournit un exemple ».
« tes chaux des métaux font privées de la quantité
de phlogiftique qui conftitue l'état métallique
; quelquefois cependant on en trouve
qui n'en font pas complettement dépouillées.
Leur diffolution ne produit conféquemment
prefque point de fluide élaftique. à moins qu on
ne continue le feu jufqu'a ficcite. Les chaux
qui font chargées d'acide méphitique . le rendent
bientôt tel qu'elles l’ont reçu. M. Pneftlejr
rapporte un fait très - remarquable. c en que la
chaux de plomb donne avec l'acide phofpho-
rique du gaz inflammable. Les chaux métalliques
pouflees à ficcité avec l'acide nitreux ,
donnent de l'air vital. qui eft produit en partie
par la décompofttion de la matière de la chaleur,
en partie par la phlogiftication de l’acide
nitreux. En effet, ces chaux C ainfi que beau