
chimiftes allemands, & furtout avec ceux qui
culnvent cette fcience à Berlin , ont bien fait
voir que, fana parler même des erreurs contenues
dans le. travail de MM. Goëttling , Lemps
« Lampadius, la théorie que le premier avoir
propo .e ne pouvait foutenir la moindre com-
paratfon avecla doitxine françoife, enfin quelle
n etoit fondée fur aucun fait pofitif.
En parlant ici des opinions modernes fur la
combuftion , fur l’influence de l’air dans cette
operation , 8f _con(eq,uemment de la bâfe de la
cnimie moderne * nous devons aufli faire men-
'.3 § g $ 9| mixte que Qren , célèbre
chimifte de Halle-.en Saxe, paroît avoir adoptée
en dernier ïgu, & qui fe, rapproche finguliere-
ment de celle .de MM. Richter & Weftrumb.
• oren , apres avoir balancé pendant plusieurs
années apres avoir oppofé quelques expé-
nences qui lui paroiffoient repouffer la théorie
hançoife, & furtout celle fur l’oxidation & la
deloxidation des métaux,. dont il fera qüelïion
plus bas , finit par céder aux expériences contradictoires
que le citoyen Vanmons ne cefla de
lui oppofer Z par reconnoître la vérité & l’évidence
des, refultats donnés par hs chimilfes fran-
«ois, & par adopter la plus grande partie de
leurs conclufions. Mais ne pouvant pas renoncer
entièrement a 1 idée d’un principe général &
identique dans les corps combuftîbles , & fe dé-
cider à regarder,;âyec les. chimilfes. François , la
plupart de çeax-çi Comme des. corps fimples ou
îndecompofes,. il finit, par fe créer une théorie
mixte & particulière, qu’il a expofée briéve-
men t mais d une maniéré très-claire & très-
precife dans une lettre à fon ami Vanmons. Nous
nous fervirôns des afîertions même de cette let
tre ,. après avoir dit que quelques nouvelles ex.
périences , mais principalement les liennes.
avoi|Bt opéré un . entier changement dans Tes:
opinions * qui! était entièrement convaincu de
1 absorption complette du gaz- oxigène pendant la
combuftion du phofphore, & que d’après cela
fa première théorie chimique ne pouvoir plus fe
foutenir; apres avoir affiné qu'il ne balance point
a adopter tous les principes de la nouvelle chi-
mie , il. avance que, pour cela il n’eft pas devenu
anti phlogifticipn , c eft-à dire , qu’il ne nie pas
I exiftence -d un principe inflammable particulier
II regarde ce principe comme là bâfe de la lu-
imere.', & par .ce moyen il explique par une
affinité double ce que , fuivant lui , les ami-
phlogifticiens,expliquent par une. affinité Ample.
L efquifle que je vais vous tracer ( ce font les
propres paroles de M.Oren ) vous fera Êrcile-
aient faifit r’enfemble de ma nouvelle théorie.-.
■ ta matière de la chaleur, dit-il , eft un fluide
diirous & rayonnant qui n’a point de-pefanteur
J'appelle force exganfive h force primitive qui
met Tes molécules en mouvement. Ce fluide eft
lulceptible par fon union avec d’autres matières I
de iubir des modifications dans fa force expan
iive „ & de perdre fon état rayonnant.
Lafufîon des. corps folides & l ’élafiicité des
difterens gaz font des effets de l’influence de h
■ force expanfive fur des corps non expanfifs p>.
eux-mêmes. „ ■„
La lumière elî un fluide compofé de matière
n chaleur & d'une bâfe non expanfive par
elle-meme, mais fufceptible de le devenir pM
fon union avec cette matière. C ’eft cette bafe
que je nomme matière inflammable , phlogiftique.
L abforption de la lumière confifte dans l’ab-
lorption & la réparation de cette bâfe d’avec Jambière
de la chaleur par d'autres corps. Les
differentes couleurs de la lumière reluirent du
rapport proportionnel de cette bâfe avec le calorique.
Le phlogiftique n’a point de pefanteur.
, J-e . f orPs combuftible eft celui qui cède le
i phlogiftique au calorique de l'air viral : ces deux
matières 65 combinent & forment de la lumière
■ en même tems que la bâfe de l’air vital eft absorbe
par le corps combuftible. Quelques applications
éclairciront mieux cette théorie.
a y Combuftion- du p/iojphore dans l'air vital
Aune température fupérieure à j i degrés R ., lé
ptlogiftique du phofphore enleve à l’air pin; fon
calorique, avec lequeül forme du feu, qui fe
dégagé. Em même tems la bâfe acide du. phof-
phore-fe combine avec la bâfe de l’air pur. L’air
vital eft par conféquent décompofé; & comme
le phlogiftique 8ç le calorique font l’un & l'autre
impondérables , il en réfulte qup l’acide qui s’eft.
torme pai la combinaifon, des. bâfes de l’air pur
oc au. phofphore 5 pèfe autant que ces- deux fubf»
tances reunies avant la combuftion..
b ), Combuflion du charbon dans F air vital. Le
phlogiftique du charbon forme avec le calorique
de 1 air pur r de la lumière & du. feu ,. tandis
que la bâfe acide du charbon avec la bâfe xde
1 air pur donnent naiflance à l'acide carbonique?
s'empare d'une partie du-calorique &
pâlie a l’état de gaz,. | 1
c.} Dégagement de F air vital par Fexpofnion
Û F acide muriatique déphlogifliqué à la lumière. La
bafe de la lumière fe combine avec, la bâfe acide
de l'actde muriatique, & forme de-l'acide muriatique
ordinaire , tandis que la bâfe de H it
pur avec le calorique pafle à l'état de cet. air..
. d ); Calcination du mercure, dant F air vital. La
bâfe de l'air pur s'unit à la bâfe du mercure*
I dont fe phlogiftique forme, avec 1e calorique de
l'air pur, du feu. Comme la portion de feu dégagée
à la fois eft trop peu confidérable pour
être vue ou fentie , ce dégagement n'eft point
1 apperçu pendant l'expérience, i
e) ReduHion de la chaux de mercure par Fin-
candefcence. La chaux de mercure reprend, à
une chaleur rouge ou lumineufe | la bafe de la
lumière ouïe phlogiftique, & redevient métal,
tandis que la bâfe de l'air pur , combinée avec le
calorique s redevient air vital.
ƒ ) Décompojttion de F eau pendant fon paffage a
travers un tube de fer rouge. L'eau eft compofée
de la bâfe de l'air pur & d'hydrogène. Le fer
rouge attire le f>reraier de ces principes , & fe
calcine , tandis que fon phlogiftique entre en
combinaifon avec 1 hydrogène , & forme de l’air
inflammable. La bâfe de ce dernier eft par conféquent
une combinaifon' d'hydrogène & de
phlogiftique , tenue à l’état élaftique au moyen
du calorique.
g) Nouvelle formation de F eau par la combuftion
du ga% inflammable dans F air vital. A la'tem-
pérature de l'incandefcence , le phlogiftique de
l'hydrogène fe combine avec le calorique, &
produit du feu, tandis que la bâfe de l’air pur
avec l'hydrogène forme de l’eau.
h ) Décompofltion de F air nitreux par F air vital.
L'air nitreux eft compofé de phlogiftique &
d'azote portés à l’état aériforme par le calorique.
Ces deux corps enlevent à l'air pur fa
bâfe, & forment avec elle de l'acide nitreux
^déphlogifiiqué. Le calorique des deux gaz devient
libre , & comme il ne fe fait point de
combinaifon de calorique avec du phlogiftique, ;
il ne fe dégage que de la chaleur , & point de
lumière.
M. Gren ,. à la fuite de cette expofition de
fa »théorie , , ajoute qu’il ne croit pas pouvoir
encore regarder la bâfe de l’air pur comme le principe
acidifiant,. & que e'eft à caufe de cela qu'il
ne fe fert pas du mot oxigène. Au refte, il
croit avoir contribué d'une maniéré heureufe à
rapprocher les partis diffidens, 8c à mettre fin
à un différend qui n'a que trop éloigné les chi-
miftes.
ïl eft cependant bien évident que fa- théorie
éft fort éloignée de celle.des chimiftes françois,
Parles fuppofitions-qu’elle introduit encore dans
[a chimie , par l'inutile admiflion du principe
toftammable, qui complique les explications ‘èc
Multiplie à l'infini les inconnus , & fur-tout par
des différences frappantes & même des-; erreurs
t&aaifeftes dans la nature du gaz nitreux de
l'acide du nitre, ainfi que par l’hypothétique
composition de la lumière. Une grande différence
exifte encore entre la do&rine pneumatique
& les opinions de M. Gren. Il ne croit
point à l'acidification par la bâfe de l'air vital ,
& c’eft.une vérité de fait très - complettement
prouvée pour Le plus grand nombre des acides
dont on connoît aujourd’hui la nature. Il eft
bien vrai que malgré /cette différence entre la
théorie de l'habile chimifte de Halle & la doctrine
pneumatique, il règne au moins entre M.
Gren & les chimiftes françois, quant à l'adoption
de tous les faits nouveaux, une haimonie
qui doit être du plus heureux augure pour les
progrès de la chimie , & que cet exemple eft
propre à entraîner une grande partie des chimiftes
allemands,. dont les travaux continuels &
dont la fagacité doivent avoir, comme ils l’ont*
eu jufqu'ici , tant d'influence fur 1e perfeétiora-
nement dé cette belle fcience.
Il ne faut point oublier dans cet ëxpofé s
quelque rapide qu’il foit y des additions faites
depuis 1780 à la dodtrine de l'air, le beau travail
de Monge fur les phénomènes météoriques
de l’atmôfphère. C ’eft: aux idées exactes répandues
par la chimie françoife fur la nature générale
des gaz , fur leur propriété difîolvante
par rapport à l’eau , fur la proportion où ce
liquide peut être contenu dans- l’air atmofphé'-
rique , fuivant fa température , fur les differens
états de l’eau relatifs à la quantité de calorique
qu’on y ajoute ou qu’on en fouftrait, &
aufli fur les lois de cohérence & d’attra&ion des>
molécules des corps , foit entre 1 celles d’une -
même fubftance, foit entre celles des matières
différentes , qu’appartiennent en quelque forte
toutes les explications ingênieufes autant que
vraies données par le citoyen Monge fur la-
rofée, lés brouillards , les nuages , leur formation
& leur difparition , la pluie, la neige, la
grêle, &c. L'enfemble de ces explications, en
préfentant, au-lieu des romansv& des erreurs de
nos prédéçeffeurs , un cours de doctrine fur la
phyfique météorologique , ouvre une carrière
nouvelle aux obfervations-, & leur offre une
bâfe aufli folide qu'étoit fragile celle fur laquelle
on avoit élevé les anciens fyftêmes.
Le quatrième phénomène général * qui fait
partie de la philofophie chimique , & qui appartient
tout entier d'une part aux découvertes
des modernes , de l’autre à la théorie pnreuma^
tique dont il forme un de? principaux foutiehs ,
eft relatif à la nature & à l' action de l'eau.
La compofttion de ce liquide, la féparation de
ces deux principes par le carbone, le fer &
par plusieurs autres fubftances- combuft-ibles ,, fa
formation artificielle par la combuftion du gaz
hydrogène & fa combinaifon avec l'ôxigène *