
des routes' qu’il a prifes pour la découvrir ï
écoit fouvent entre Tes mains une grande décou.
verte : c’eft ce. caractère qui fignalera aux yeux de
lajpofiérité le génie chimique qui animoit Schèele.
Deux genres d’ouvrages ont été le fruitées veilles
de Schèele ; les uns font d s mémoires particuliers
, des analyfes de différéns corps 5 ils
forment vraiment le dépôt de Tes découvertes ;
il les .a publiés depuis -l’année 1771 jufqu’en
17S4. L’autre genre ns comprend'qu’un-feul
traite plus confidérable qu’aucun des précédens
mémoires en particulier , plus important, peut-
être , par fes vues 8c (on objet, rempli d’expériences
neuves & bien faites * déftinë par fon
auteur à éclairer la nature de l’air & du f .u ,
& à fervir a’introdu&ion 8c d’explication générale
à tous fes autres travaux. C ’eft dans ce
dernier ouvrage, donné en 1777 , que Schèele
a fait connoîtrè fa théorie fur la chaleur & les
principaux fluides élaftiques , dont il a effayé
de concilier la produdion & les propriétés avec
la dodrine du phlogiftique , théorie que Bergman
adopta comme nous l’avons vu. Ainfi
nous devons, corifidérer Schèele dans fa carrière
chimique fous le double point de vue d’obfer-
vateur & de théoricien 5 nous fu vrons pour
l’examen des pre’mièrs l ’ordre chronologique,
parce que leur nombre n’eft pas affez grand
pour exiger comme ceux de Bergman une divi-
fion méthodique & un clalfement régulier,
Il avoit découvert dès 1770 la nature du fpath
vitreux ou fluor fpathique ; fon analyfe de cexte
fubftance naturelle inconnue encore à cette époque,
fut inférée fous le titre d 'e x a m e n d u f p q t h
f iu o r & d e f o n a c id e dans les mémoires de l’académie
de Stockolm , deuxieme trimeftre de 1771.
Margraf.en 1768 , avoit prouvé que ce fpath .ne
contenoit pas d’açide vitriolique , que cet, acide
fembloit fe volatilifer , que pendant la, diftillatien
avec lui la cornue & le récipient, étoient. corrodés
& percés, que le réfidu étoit infôluble.
Scheèle annonça que la calcination qui le rend
phofphorique ne diminue pas fon poids , quoiqu’elle
lui fafle perdre la propriété phofphorefcen-
te , qu’il ne la recouvroit point par le charbon 8c
l’expofition au foleiij quediftilé avec l’acide vitriolique
, il s’en dégageoit une vapeur blanche qui
fe diflolvoit dans l’eau , lui donnoit un caractère
acide * & formoit en même temps, à fa fur-
face une croûte terreufe 'filicée , folide, que le
réfïdu étoit du vitriol de chaux, que. le fpath
fluor étoit un çompofé .de chaux & d’un acide
particulier , nommé depuis acide fluorique ; que
l ’argile 8c le fer qu’on y trouvoit quelquefois ,
lui étoient étrangers ; que les acides nitreux &
marin en dégageoient aufli l’acide , qu’ils diffol-
Yoient tout Je fpath lorfqu’on en employoit
beaucoup , les alcalis eflervefçens en jféparôient
| alors de la craïe 8c les alcalis caufliques du fpàtl
• fluor enti rjque quatre parties d’alcali végétal la-
turé d’air fixe , fondues avec une partie de ce
Jpath le détompofoient, & formoient d’une
j Part de la craie.& de l’autre un fluor cle’potaffe
j dilfoluble; que le vitriol ammoniacal en le clécom-
; pofant également, lormoit du vitriol de chaux
ou de la lelénite 8c du fluor ammoniacal j que l’a-
'■ eide fluorique obtenu par la décompofition de’ ce
: fpath par le vitriolique, avoit une odeur analogue
à celle de l’acide marin, cofrodoit les vaiffeaux de
verre,formoit aveê*lu potaffe un fel gé atineuxdé-
compofable par l’eau de chaux, le nitre 8c le
, muriate calcaire 'ainfi que le vitriol de magnéfie}
avec l’alcali volatil, un précipité gélatineux de
; terre filicée 8c un fel en petits cryftaux préci-
■ pitant les diflolutions d’argent 8c de mercure j
avec la magnéfie 8c l’ârgile des fels gélatineux
non cr'iftallifables > que feul ou uni à l’acide
muriatique, il n’attaquoit pas l'or ni l’argent5
qu’ il attaquoit fa chaux ainfi que celle de mercure
j qu’il diflolvoit auili la chaux de plomb
q,ue les acides vitriolique 8c muriatique lui'en-
levoient > quil attaquoit le'cuivre 8c diflolvoit fa
chaux j qu’il diflolvoit aufli Je fer avec effer-
vefcence 8c dégagement de gaz inflammable } que
le fluor de fer étoit ftiptique gélatineux 8c non
criftaili table, laiffoit aller fon acide par le feu
8c l’acide vitriolique, donnoit dans ce cas une
chaux rouge j que le zinc fe comportoit de même
avecjl’acidefluorique , 8c parofffoitrnême plus dif-
pofé à fe cryftallifer avec lui (.enfin que cet acide
diflol/oit la chaux d’étain 8c de bifmuth ,
formoit avec elles <tos fels gélatineux. , 8c
n’attaquoit ni l'antimoine, ni fon^verre. Voilà
aflez en détail la fubftance'du. travail de Schèele!
On n’a qu’un reproche à lui faire , c’eft d’avoir
cru que la terre filicée qu’ il obtenoit dans ces
expériences, étoit formée d’eau 8c d’acide flito-
rique 5 on a même de la peine à concevoir comment
ayant vu 8c bien décrit l’adfipn corrofive
de cetacide fur le verre, il n’ a pas reconnu que
la terre filicée n’étoit enfuite quefépareepar l’eau,
qu’elleàvoit été enlevée au verre , & diffoute dans
l’acide fluorique,[comme MM.Wiegl.eb,Buccholz
& Meyer l’ont prouvé depuis, fur-tout le dernier
de ces chimiftes en diftiliant dans des vaiffeaux
d’étain du fpath fluor & de l.’acidè vitriolique.
feuls, enfuite avec du quartz', 8c du verre j
dans le cas où le mélange eft feul, il n’y a aucun
dépôt fur une éponge mouillée fufpendue au haqt
de-l’appareildans les,‘autres cas, c’eft-à-dire ,
avec l’addition du quartz ou du verre , il fe
dépofe de la terre filicée en croûte blanche fur
l’éponge humide.
Les chimiftes ont vu ehfuire d'après Prieftley,
ue la terre filicée pouvoit être en diflolption
uide élaftique 8c invifible dans l’ acide fluori-
qué , qui prend facilemeot &: coafexye à toutes
les températures coanues la forme de g a z , 8c
dont on fépare la plus grande partie de la terre par
le contadt de l’eau. Deux auteurs ont répandu
des doutes fur le travail & les conclufions de
Schèele. L’un fous le nom fuppofé de Boulanger
lui objedh que l’acide fpathique n’étoiqque de
l’acide marin. M. Monnet prétendit au contraire
que cet acide réfultoit de la combinaifon
de l'acide vitriolique devenu volatil avec le
fpath fluor lui-même. Schèele leur répliqua en
1780, dans des remarques inférées parmi les mémoires
de J’académie de Stockholm de cette année
, que le fpath fluor contenoit quelquefois
un peu d’acide marin qu’on pouvoit en ieparer
fans que fon acide perdît les propriétés 8c les
caradfères qu’il y avoit indiqués } - que l’acide
vitriolique employé pour dégager l’acide fluo-
rique, fe retrou Voit tout entier dans le réfidü
fixe en état de félénite, 8c que d’ailleurs on
pouvoit dégager l’acide "fluorique par d’autres
moyens que l’acide vitriolique. Ce fut la première
8c la feule fois qu'on oppofa d’autres réfultats
à fes expériences, 8c qu’on voulut l’arrêter dans fa
courfè.
En 1774, Schèele donna à la même académie
de Stockholm fes- belles recherches-fur la man-
ganëfe. 11 y décrivit, la manière dont elle fe comorte
avec les divers acides, les fubftances com-
uftibles, les alcalis , les fels neutres alcalins
métalliques 8c les‘flux vitreux. .C’eft dans ce
mémoire que Schèele a découvert l ’adtion .de l'acide
marin qu'il expliquoit la déphlogiitication
8c la nature de cet acide devenu déphlogifliqué.
Berthollet a prouvé depuis 8c tous lès chimiftes
ont vérifié que l’acide enlevoit l'oxigène à la
chaux de mauganèfe. -lien eft de même; de l’action
colorante ou décolorante de la manganéfe
fur les verres 5 Schèele atirîbaoith première à
l’abfence, 8c la fécondé à la préfence du phlo-
giflique } l’une eft due à. plus 8c l’autre à moins
d’oxigène dans cette matière. L’analyfe de Schèele
fur la manganéfe dont la nature ëtoir jufque-là
fort incertaine , que les uns regardoiènt comme
une pierre, les autres comme une m ne de fer ,
& plufîeurs comme une mine de zinc, prouva
qu’elle appartenoic à un métal particulier , 8c
fut enfuite l ’occafion de découvertes importantes
fur les propriétés 8c' les attractions du
Principe de la combuftion, comme nous le ferons,
bientôt voir.
L’année fuivante 1775, Schèele donna des
remarques fur le fel de benjoin : d’une livre
us ce baume, il retira 9 onces de fel ou fleurs
par là voie humide ,* 8c il confeilla de le retirer
par le nouveau procédé pour la pharmacie. L’eau
feule eft fufceptible de n en extraire que très-peu
axaufe du mélange dè la refîne qui fe fond,
# lui <U>nne une confiftance gélatineufe. La craie
bouillie avec le benjoin , donne bien une lefiïve
contenant fon acide qu'on peut en féparer par
l’acide vitriolique , mais on n’en ob.ient airflî
qu’une petite quantité.. C ’eft la chaux qui réuilic
le mieux. Schèele décrivis avec foin le procédé
qu’il luiv.t pour exuaire ce foi qu'il décompola
par l’acide muriatique 5' celui - ci en s’empâtant
de la chaux , précipite en poudre blanche pe»
difloluble l’acide du benjoin , qu’on peut obtenir
fi l’on veut fous la forme de belles lames cryf-
tallnes, en. le rediffolvant dans une petite
quantité d’eau bouillante qu’on laifle enfuit©
refroidir.
Ce fut la même année 1777 qu’il publia fou
travail fur l’ arfenic & Ton acide j découverts
qui, comme la p upart de celles qui font dues
à ce grand ch mifte , ont fervi à l’etablifltment
8c à la confolidation de la théorie pneumatique
, par les importantes applications qu’elles
ont donné occafion de faire aux chimiftes
François, malgré les idées d’ailleurs fort éloignées
de cette théorie que Schèele s’étoit formées
fur les caufes des phénomènes qu’il avoit
aufli bien vus, 8c décrits qu’il les avoit mal
expliqués. La conyerfion de l’arfenic én un
acide qu’on appella d’abord arfénical, eft une
des plus importantes déccuveites de Schèele. il
le prépara foit par l’aétion de l’acide nitreux,
foit par celle de l’acide marin déphlogiftiqué
fur i’arféqic blanc ou- chaux d’ arfénie. Il examina
enfuite fa combinaifon .avec les alcalis 8c
les métaux } il reconnut que cet acide étoit fixe
au feu 8c fufible en verre ,-que les corps com-
buftibles le Faifoi.nt en general repafler à l’état
d arfenic blanc 8c même d’arfénic métallique a
qu’en chauffant fortement fa combinaifon avec
l'alcali volatil, l'acide fe détruifoit ainfi que
l’alcali, & qu’on obtenoit un gaz qui éteignoit
les bougies allumées fans être de l'air fixe Les
trois genres de découvertes capitales de Scheèle ,
ont été reprises 8c bien expliquées enfuite par
Lavoifier 8c Berthollet.. Le premier a fait voir
Ie*. que dans la formation de l’acide arfénical ,
fa chaux blanche non faturée d’oxigèr.e, l’en-
lèvoit, foit à l’ acide du nitre, foit à L'acide
muriatique oxigèné. 20. que dans h décompo-
fition de l’acide arfénical, 8c dans fon paffage,
foit à l’état de chaux blanche, foit à celui
de métal, les corps combuftibles qui l’opé-
roient, lui enlevoient l’oxigène. 30. Berthollet a
prouvé que lors de la décompofition réciproque de
l’alcali volatil & de l’acide de l’arfénic , le gazqiie
Schèele avoit obtenu , étoit du gaz azote, pro**
venànt de l’alcali , dont l’ autre principe , la bâfe
du gaz inflammable, fe porfoit fur l’oxigène d®
l’acide arfénical, 8c formoit de l’eau, à mefure
que celui - ci repaffoit à l’état de chaux. Ainfi
les découvertes de Schèele avançoientla théorie
pneumatique, fans que lui - même e doutât