
Cette caucalide par fa beauté peut fervir à la
décoration des parterres.
L on attribue les mêmes propriétés à la cauca-
lide à petites fleurs ou hériffone frêle. ( Caucàlîs
leptophylla. )
( W illem et. )
CAUSTICITÉ. Un des phénom ènes les plus
importans que l’orr connoiffe en chimie , eft certainement
la caufiidté. Le plus grand nombre des
corps qui joinffent de cette propriété , font des
produits de l’ art' chimique. Il dépend vérftable-
meni de cet art de faire naître les caufiiques 3 de .
diminuer j d'augmenter * d’affoiblir , d’annuler ou
de modifier leur énergie. En même-temps que
l’art èn dirige la production , la théorie de cette
fcience en recherche lacaufë'& en déterminé lès
effets. Elle fonde même par fes confidérations gêner
îles fur cette efpèce de force chimique, une
des grandes bafes de la doCcnne qui feule peut
expliquer la plus grande partie des phénomènes
que l'on obferve dans les expériences. Il fuit de
ces affertions que l’examen de la caufiidté eft iuîé
des parties de 1a chimie théorique, qu’on doit
étudier avec le plus de foin, & traiter avec le
plus de détails dans un ouvrage deftiné à en offrir
tûütJ’enfemble.
Aucun auteur n’a donné des vues plus étendues
& pius utiles fur cet objet, que l’ilIuftre.Mac-
quer. Son article caufiidté ( Diélionnaire de chimie
) eft regardé avec raifon comme un véritable
chef-d’oeuvre dans fon genre. Nous croyons donc
indifpenfable de le cor.ligner ici tout entier; nous
y ajouterons ce que l’étar de la chimie moderne
èxige de modifications à cet article.
On appelle caufiidté , dit Macquer , la qualité
plus ou moins âcre & rongeante , qu’offt un grand
nombre de fubftances , telles que les acides minéraux
, fur-tout lorfqu ils font concentrés , les
alcalis fixes & volatils , la chaux vive y l’arfenic ,
le fui)limé corrofif, les cryjlaux de lime , \q beurre
d'antimoine , & même la plupart des autres fels à
bâfé métallique.
- Toutes ces fubftances introduites dans l’efto-
mac & les înteffins des animaux , en quantité fuf- ;
fifante & proportionnée au degré de force de -
chacune , rendent malades les animaux qui les
ont prifes , les font beaucoup fouffrir , J f enfin
mourir. I.orfqu’on ne les confédéré que par .ces
effets malfaifans , on les nomme poifons ou poi-
fons corrofif s 3 pour les diftinguer-des. autres matières
très-meurtrières auffi, mais dans lefquelles
Taélion corrofive eft reftée douteufe, fans être
allez fènfible.
Les mêmes fubftances appliquées extérieure- ,
ment fur la peau & la chair des animaux, y excitent
une inflammation , une douleur poignante
& brûlante, tenant de celle qu’occafionne l’a&ion
du feu ; elles produifent ce qu’on nomme des
efcares , des luppürations , des érofions, des excavations
& coniomptions de chair. Comme de
temps immémorial, on s’eft fervi de ces matières
en médecine & en chirurgie , pour attirer les humeurs
à l'extérieur du corps,y exciter des fuppu-
rations falutaires, pour ouvrir certains abfcès ou
confumer des excroifiances & niauvaifes chairs ,
& qu’ indépendaniment .de l’elpèce de fenfation
de brûlure qu’elles occaftonnent , elles produifent
a certains ''égards l'effet de l’application d’un
corps brûlant, on leur a donné, en les envifa-
gea.-t par ces effets , le nom de caufiiques 3 d’où
leur eft venu celui de caufiidté.
\ En^n * lorfqu’on applique ces mêmes fubftances-
acres & rongeantes à des corps privés d’orcrani-
fation , tels que font tous les corps de la nature , ,
excepté les -animaux & les végétaux -, elles, don-
He,v. P°ur || plupart des preuves très-manifeftes de
l^acrion qui leur eft propre par le. mouvement
1 effervefcence , la chaleur même qui s’excitent
dans ces mélanges ; & ,,comme après que ces lignes
de réaéHon font paffes , on trouve oué
toutes -les parties intégrantes du corps fur lequel
, la fubftance rongeante agit} ont été, féparées les
unes des^ autres, & combinées avec celles de
cette même fubftance, de manière qu’il y a eu
diffolution ■ de la première & union.de fes parties
avec la fécondé en un nouveau co'mpofé ; en
confidérant les fubftances âcres & rongeantes relativement
à cet effet, quelles produifent dans,
les opérations chimiques, on les a nommées dif-
folvans & agens chimiques.
II fuit de-Ià que l’aélion des poifons çorrofifs,
celle des caufiiques & celle des diffolvans chimiques,
eft effentiellement la même ; qu’elle peut
porter en général le. nom commun de caufiidté ;
que cette caufiidté n’eft que l’aélion diffolvante
des . fubftances qui la pofsedent, c’eft-à-dire , la
forte avec laquelle leurs parties intégrantes tendent
à fe condenfer & à .s’unir avec,les parties
des autres corps. -Et en effet,' fi l’on examine
I eftomac & les inteftins des animaux qui ont pris
quelques poifons corrofifs , & les plaies de ceux
auxquels on a applique des caufiiques, on trouve
d’une part ces. matières animales plus ou moins
rongées , confumées & diiToutes j & d’une autre
part, fi l’omexaminoit le poifon ou le caufiique s
après qu’il a produit ces effets, on trouveroit
qu’il s’eft réellement combiné avec les fubftances
huileufes, falines, aqueufes, gélatineufes, ter-
reufes, dés organes fur lefquels il a porté fon
aéfion ; & qu’il a formé de nouveaux-compofés
avec ces parties, préeifément de la même manière
qu après que l’eau-forte a agi fur ifn morçeau
de fer , on trouve que le fer a été rongé ,
creufé, diffous, de que les parties acides de l'eau-
forte fe font unies & combinées en un nouveau
compofé avec les parties qu’ elle a détachées de
ce métal.
La caufiidté & l’a&ion diffolvante de tous les
agens chimiques n’étant donc qu’une feule &
même qualité , & d'un autre côté, cette propriété
admirable étant la caufe prochaine de
toutes'les décortipofitions & combinaifons qui fe
font dans le travail continuel de la nature , foit
par les opérations de la chimie, on fent aifément
combien il eft important d’avoir des idées claires
fur tout ce qui a rapport à la caufiidté ; de favoir ,
autant que. cela eft poflible , en quoi elle con-
fifte ; de connoître ce qui peut l’augmenter, la diminuer
, la faire naître ou difparoître entièrement
dans une lubftance.
Mais c’eft-là la grande difficulté > car tout ce
qui tient , comme- l’objet dont il s’ag it, aux
premiers refforts de l’univers , eft prefqu’inâc-
v ceflible aux efforts de l’efprit humain. On ne peut
en quelque forte dans des matières telles que
celles-ci , que former des conjectures ; mais elles
ne font pas fans utilité, quand elles font propres
à lier un grand nombre de faits , & à faire fentir
beaucoup d’aftalogies & de rapports qu’il peut y
avoir entr’eux.
Les phyficiens ne fe-font guères occupés à
rechercher la caufe de la caufiidté, que depuis
que quelques - uns d’entr’eux ont commencé à
raifonner fur les grands phénomènes q'u’offre la
chimie. L’idée la plus .natiireîle , celle qui devoit
fe préfenter la première , étoit d’attribiier cette
qualité à là préfence de la matière du feu , à
caufe de la reffemblance allez frappante qu’il y a
entre les effets du feu en adion & ceux ‘ des
• caufiiques ou, agens chimiques. Ç’a été auffi celle
qui a été adoptée d’abord , & qui l’eftmême encore
allez généralement aujôurahui par tous ceux
des chimiftes qui veulent avoir un fentiment décidé
fur cet objet. La bellè théorie de Stahl fur
le phlogiftir.ue ou fur les effets du feu eonfidérés
comme un des principes des corps combuftibles,
n’a pas peu co nui bue à, affermir cette idée. En
effet, les propriétés du feu ne permettent point
de douter que cet élément ne pofsède la caùf-
tidté dans le degré le plus éminént, qu’ll- ne foit
l e plus puiffant de tous les caufiiques ; & dès qu’il
eft prouvé que cette matière fi aétive fe fixe plus
ou moins'intimement en qualité de principe
dans un grand nombre de corps compofés, toujours
prête à reprendre avec la plus grande facilité
fon a&ivité effentiellé, en tout ou en partie
, fuivant les circonfîanccs, rién n’eft plus naturel
que d’attribuer à la préfence & à l’aélion
des particules ignées la caufiidté de toutes les
fubftances dans Iefquelies on obferve cette qualité.
Enfin, il eft très,-poftîble & même affez probable
que le feu contribue dire élément & par fi
propre caufiidté à celle de certains corps & dans
certaines circbnftances , comme je l’expliquerai
bientôt plus en.détail. Auffi Lémery n’a-t-il pas
manqué d’attribuer la caufiidté de la chaux , celle
des alcalis , des acides , &c. , aux particules
introduites & nichées entre les parties propres
ignées de ces fubftances. Mais cet homme célèbre
à jufte titre, avoir le défaut, quoiqu’ex-
ceîlent praticien, de vouloir pourtant tout expliquer.
Il expliquoit tout en' effet avec une facilité
extraordinaire , parce que fes explications
n’étoient ni difcûtéës ni approfondies , & qu il le
contentoit des premières idées que lui faifoient
naître les fimples apparences. -
Cëtte explication de la caufiidté par les particules
du feu que Lémery fuppofoir renfermées
dans les fubftances caufiiques 3 feroit reftée au
nombre de ces conje^Ures, qui , n’étant ni appuyées
fur un nombre feffifant de preuves folides ,
ni combattues par des expériences démonftra-
tives, fe foutiénnent par un certain air de vrai-
femblance qui fuffit à beaucoup de phyficiens , fi
feu Meyer, très-bon chîmifte d’Ofnabrnck , qui
n’étoit pas homme a fe contenter fi facilement ,
n’t-ut entrepris delà mettre au rang'de ces grandes
théories, qu’on peut’ avouer & défendre , & en I
font beaircoup d’honneur à ceux qui les premiers
lès appuient de toutes les preuves dont'elles font
fetfeep cibles.
"r Meyer a Eut tout ce: qu’il fallait pour cela.:
un exàmen trës-fexaél des’propriétés des pierre^
à chaux , des phénomènes de la calcination , des
effets de la qaufiidté de la chaux-vive , de celle
qu’ëlîë conmurjiqné aux alcalis tant fixes que, .
volatils , de là manière dont ces différentes fub-
ftanc'es acquièrent & perdène h caufiidté , .un.
grand nombre d’expériences nouvelles-, ou de faits
chimiques confiâtes antérieurement, mais rapprochés
& comparés avec du génie -, des raifon-
nemèns profonds font,devenus dans l’ouvrage de
Meyer la baie d’un fyftême qu i! s’eft rendu propre.
Ce fyftême , qui pqù;r le fond n’eft que l ’explication
de. Lémery dont nous venons'de prrier ,
confifte à établir qu’il n’y a dans la nature qu’une
feule fubftance caufiique par' fon effence ; que
cette fubftance eft la matière du feu ou de la lumière
;* que tous Jes compofés qui ont de la cauf-
tidté , ne-la doivent qu’à ce principe ; qu’ils perdent
cette qualité,à me fur e qu’on la leur enlève ,
& l’acquièrent à proportion qu’on peut leur en
combiner unè plus grande quantité. Ce, que
j Meyer a ajouté à l’explication dont nous parlons
[ c’eft /pTil ne fuppofe pas, comme Lémery, que
ce foie le feu abfolu-ment pur qui puîffe ainfi fe
combiner dans les corps pour devenir le principe