
moins, n?.t, moins fi-pie que celui de h phy-
fique, ils conviendront enèore moips que la phyfique
aille plus loin que la chijme ; iL le flateront
au contraire que celle-ci pénètre jufqu’à l'intérieur
de certains corps dont la phyfique ne connoït ;
que la l'urfnce fie là figure* extérieure; j qiuwi &
baves 6' afin! &' dificcmunt -, dit peu poliment
Bêcher dans l'a phy/ique fioiuerràitie. Ils ne cr.oiront
pas niên>e h a farder un paradoxe abfolument té-
ryerniré, s'ils avancent que fur la plupart de?
.qiteftiqns, qui font délie
nqe£ par ces mots : elle
remonte jùfiqur.ux premie
es origines : la phyfique
abu:i:;traites avec des vérirès c’crxiflencé, 8c par
cor'féquent qu’elle a manqué 1à nature , nommé-;
me.nt iur' la* conipcfition des corps fenfibles..
fur la nature de la matière , 1ur la divjfibfiité,
fur fa prétendue.homogénéité, fur.la poronti des
corps , (hr l’ eîtence de la iolidi;te, de là fluidité y
de la molîeffe , de l’elafticite , fur la nature du
feu j des couleurs', ties odeurs , fur la théorie
de l’évapof atioh, &c. Les chimiftes qui oferont
méconnoïtre ainfi la fouveraineté de la phyfique,
o'êront prétendre aufli que la chimie' a chez'
f>i de quoi dire beaucoup mieux fur toutes les
quëftions de cette claffe, quoiqu'il faille convenir
qu’ elle ne l’a pas dit affez diftinétement &
qu’elle a néglige d’étaler tous fés avantages ;
& trime ( car" il faut l’avouer ) quoiqu’il y
ait des chimiftes qui foupçqnnent fi peu que-
leur art puiffe s’élever à des connoiffances de
cet ordre , que; quand ils rencontrent par ha fard
quelque chole de fembiabie-foit dans les écrits^
foit dans la bouche de leurs confrères , ils ne
manquent pas- de le proferire avec hauteur par
cettê formule d’improbation, cela efi bien phy-
jùgemekt qui montre feulement qu’ils n’ont
pas une idée affez jufte ni de ta phyfique à laquelle'
ils renvoient ce qui më lui appartiendra jamais,
ni de la xkimïe qu’ils privent de ce qu’ellé feule
a peut-être le droit ae pofféder.
Quoi qu'il en foit de nos prétentions refpec-
tives , ridée qne les phyficiens avoient d’eùx-
ipêmes & des chimiftes en 1669 , .eft précifément
làyjnème qu’en ont aujourd’hui les plus illuftres
d’entr’èux. C’eft cette opinion qui nous prive
des Suffrages dont nous ferions le plus, flattés
& qui fait..» la chimie un mal bien réel»
dommage vraiment irréparable , en éloignant de
l’étude de cette fcience , ou en confirmant dans,
leur éloignement plufieurs de ces génies élèves
yigeufeux , qui ne fauroient fe laifïer traîner
de manoeuvre en manoeuvre» ni fe nourrir d’explications
.maigres -, Lèches., foibles , ifolées ,
mais qui auroient été néçeffaireqjent des chimiftes
zélés, fi un feul trait.de lumière leur eût. fait
entrevoir combien la chimie peut prêter au génie ,,
combien ejle peut en rècè-voir à fou tour.
Jl eft très-difficile fans doute de détruire ces
impreflior.c dêfavovabl s. Il efi.-.clair que la révo-
ipiioh quj placexoit. la chimie dyh&le rang-qu’elle
mérite qui . la mettroit au moins à coté de la*
phyfique calculées que cette révolution, dis-je,
ne peut être, opérée’que pair un chimifte habile',
emhoufiafte & hardi, qui fe trouvant dans une
pôfitiqn favorable & profitant habilement de
quelques eifeonftances heureufe.s, pourvoit r.éveil*
ier l’attention des lavans y d'abord par tïne ôf-
tentation brillante , par un-ton, décidé & affirmatif,
8c enfuite par d s raifôns , fi les premières
armes avoient entamé lé préjugé..
Mais en attendant que ce nouveau Payacelfe
viénnë ^avancer ço urageufement que toutes les
erreurs qïii on: défiguré la phyfique foientprévendesde,
cette unique fiource'\ /avoir 'que iiyf-'/iom'nrès ignorant
la eh mie fie /ont donnés les airs de phûqwfih[j?Of
de rendre raifihn des c ho fie s naturelles que /a chimie ,
unique fondement de touter la phyfique y étoit feule
\n droit d’explique? 3 &C, comrâ^ Jean Keill l’a
dit en propres termes de la géométrie , &
comme M. Defaguliers vient de le répéter, dans
lapré/We-de'fon cours~de phyfique expérimentale,*
' en attendant , dis-je , ces utiles déclamations ,
nous allons tacher .de préfenter Ta chimie fous
un point de vue qui puiffe la rendre d'igné des
regards des philofophes^ & leur faire apperçèv.ojr
qu’au moins pourroît-elle devenir quelque chofô
entre leurs mains.
... CVft à leur conquête que nous nous Rattacherons
principalement , quoique nous fichions
.fort bien que ce n’eft pas en montrant la chimie
par fon côté philofophique , qu’on parviendra à
la mettre èn honneur, à lui faire la fortune qu’ont
: méritée à la phyfique les machinés élégantes,
l’optique &. l’éleéfricité-r’nfais comme il eft des
chimiftes. habiles déjà en pofTeffion de l’eftime
générale, 8e très èn état ae prifinter la 'chimie-
au public par le côté qui le' peut attacher,
fous la forme la plus propre à la répandre ,
nous avons cru devoir nous repofer .de ce .foi»
fur leur zèle fur leurs talents.
Mais pour donner de la chimie générale pht-
1 lofophique que je me propofe d’annoncer ( je
dis expreffément annoncer ou indiquer, 8erien
déplus) Lidée que je m’en fuis formée> pour
expofer dans un jour fuffifant fa méthode, fa-
i doéffine, l’étendue de fon objet, & fur tout
fes rapports avec les antres fciençes phyfiques ,
rapports par lefqueîs je mè propofe.de la faire
connoître d’abord , il faut remonter jufqu’aux;
confidératîons les'plus générales fur les objets
dé ces fciences. - t
La phyfique, prife dans la plus grande étendue
qu’on puiffe lui accorder, pour la fçience générale
des corps. & des affections corporelles» peut
être
être divifée d’abord en deux branches primitives
5 effentiellement dîftm&es, l’üne renfermera
la connoiliance des corps par leurs qualités extérieures
ou la contemplation de tous les objets
phyfiques confidérés commeSimplement exiftants
Sr. revêtus de qualités fenfibles. Les fciences com-
prifes fous cette divifioh font les différentes parties
de laCofmographie & de l’Hiftoire Naturelle pure.
Les califes de l’exiftencë des mêmes objets,
celles de chacune de leurs qualités fenfibles,
lès forces ou propriétés internes des corps ,
les changèmens qu'ils fubiffent, les caufes., les
loix ... l’ordre ou la fucceffion d:é ces changemens,
efi un mot la viè de;"là, nature 5. voilà l’objet
de la fécondé branche primitive de la phyfique:
Mais la nature peut être confidéreè Ou comme
îigiffant dans fon cours ordinaire, félon des loix
confiantes ou comme étant contrainte j car lès
hommes favent imiter, diriger, varier, hâter,
retarder ,.fupprimer, fuppléer, &c. plufieurs opé-
fatioTi^ naturelles,& produire aufli certains effets
qui , quoique très-natürels, ne doivent pas être
regardés co^nme dûs à des agens fimpïement ofieif-
faris aux loix generales de l’univers. De-là une
di vilion ttes-bien fondée de notre dernière branche
èn deux parties , dont l’une comprendra l’étudë
des changemens éiitiérement opérés par des agens
non' inrélligens,. & l’autre celle des opérations
& des expériefïcés : des homrfiès, c’éft-à-dire ,
les connoiffances fournies par les fciences pl\y-
fiquès-pratiqués, par la phyfiqùe expérimentale^
proprement ditè , & ,^ar Les différents arts phyfiques.
Les chimiftes ont coutume de déligner cë
double , théâtre de leurs f^écülations. par les
noms de laboratoire de la nature & de laboratoire
de l ’art.
Tous les ‘ changemertS qui font opérés dans
les corps foit par la nature , foit par l’art, peuvent
le réduire aux trois xlaffes fuivantes. Là
première , comprendra ceux qui. font paffer les
corps dé l’état non organique à; détail orgahiqhe ,
& réciproquement de celui-ci au premier ,
tous ceux qui dépendent de roeconomie organique
ou qui la conftituent. La, fécondé renfermera
ceux qui appartiennent à l’union &: à
la réparation des principes tônftituans ou- des
matériaux de compofition dès corps fenfibles,
hon-organiques', toüs les phènomènes de là com-
binaifon & de la déeompofition des chimiftes
modernes. La troifième enfin embraffèra tous ceux
hui font paffer les maffes ou les corps aggrégés
Hu repos au mouvement, ou du mouvement
au repos , ou qui modifient de différentes façons
les moüvéméns ou lès tendances^
Que les .moléculès organiques & les corps
©rganifés 'fôient fournis à fies loix effesiielle-
Ch im ie . Tome 1JJ»
ment diverfes (au moins quant à nos connoiffances
d’à-préfent) de celles qui règlent les mouyemens
de là matière purement mobile & quiefcible ou
inerte 5 c'eft une affertion fur l’évidence de laquelle
on peut compter d'après les découvertes
de M. Buffon & d’après les erreurs démontrées
des médecins qui o'nt voulu expliquer l’économie
animale par les loix méchaniques. Par conféquent
lés phénomènes de Tèrganifation doivent faire
l ’objet d’une feiencé effentiellement diftinéle de
toutes les autres parties de la phyfique. C’eft
une conféquence qu'on ne fauroit nous contefter.
Mais s’il eft vrai auffi que les affeélions des
principes de la compofition des corps foient
; effentiellement diverfes de celles des corps aggrégés
ou dès maffes ,- l’utilité de notre dernière
divifion fera démontrée dans toutes fes parties.
Or les chimiftes prétendent qu’elles le font en
effet. Nous allons tâcher d’éclaircir & d’étendre
leur doctrine fur ce point j car i l faut avouer
quelle n'eft ni claire , ni précife , ni profonde,
même, dans ceux des auteurs de c h im ie dont
la maniéré ëfi la plus philofophiquë , & qui
paroiffent s’être le plus attachés aux'objets de
ce genre > que'Stahl lui-même qui, plus qu’aucun
autre , a le doublé caractère que nous venons
de défigner, & qui a très.-expreffément énoncé
cette différence, ne l’a ni affez développée ,
ni pouffée affez loin, ni même confidérés fous
fort vrai point de vue. ( V^oye^ fon Prodromus
| de invefiigatione chïmico-phyfhlogicçL & fon obfér-
^ vation de d iffe r çn tiâ m i x t i , te x t i, aggregati, in-
d iv id u i . )
J’appelle majfe OM corpS aggrégé tout affemblage
. uniformément denfe de parties-continues., c’eft-à-
dire, qui ont entr'elles un rapport par lequel
elles réfiftenr à leur difperfion.
lCe rapport, quelle qu en foit la caufe , je
l’appelle rapport ’de majfe.
l a continuité effehtielle à- l’aggrégé ne fup-
pofe pas néceffairement là corrtiguité des parties ,■
t c’eft-a-dire , que le rapport de maffe peut fe
; trouver entre des parties qpi ne fe touchent point
mutùéfièmènt 5 quelle qüe foit la madère qui
i çohftitue leur ncëud., peut-être même fans qu'il
foit néceffaire que ce noeud foit matériel.
Le rapport de maffe fuppofe dans l’aggrégé
l’homogénéité 5 car un affemblage de parties hé-
térogènis ne conftitue point un tout ilont les
parties foient liées par ce rapport : ainfi une
liqueur trouble , un morceau d’argile rempli de
péVits cailloux , chacun de ces corps étant pris
pour un tout unique , ne font pas des aggrégés,
mais de fimples mélanges par confufion , que
Bous oppofons dans ce fens à l’aggrégation.