forbe'e par le favon plutôt que du favori diflous dans
l'eau, Ainfi le gras refte prefque tout entier fur
le filtre , même après avoir été étendu dans
près de mille fois fon poids d'eau qui neluienlève
que quelques fels. L'eau en bouillant n'a fait
que l’étendre , le fondre , le rendre comme un
mucilage épais de graine, de lin, filant ,. écu-
meux, formant à fa furface une pellicule comme
une emplâtre ; mais elle ne tenoit pas plus de gras
en difiolutiori après la filtration , que l'eau
froide. Les portions de gras long-tems féchées
à 1 air 3 & qui avoient perdu leur ammoniaque,
fe font fondues comme une huile dans l’eau
bouillante , & fe font raffemblées à la furface,
comme auroit fait de la cire.
La chaux & les alcalis cauftiques dont I’a&ion
fur le gras eft décrite dans l’article quatrième,
décompofent le favon ammoniacal qui le forme,
dégagent l’ammoniaque , & forment avec l’huile
concrète qui en fait la bâfe des favons calcaire
& alcalin. La chaux vive s'éteint avec chaleur
& gonflement dans le gras, elle y prend de la
dureté, l'ammoniaque ne fe dégage que très>
difficilement de cette maffe épaiffe. Les alcalis
cauftiques n'ont pas mieux fervi à faire con-
noîrre la proportion de fes principes > ils' ont
rendu, tranfparente & entièrement diffolubie la
maffe entière du. gras, qui l’eft devenue .également
par l’addition d’une fuffifante quantité
d’ammoniaque liquide.
L'article cinquième expofe I’aéiîon des acides
fulfurique , nitrique & muriatique fur le gras.
Le premier , , concentré ,..en a dégagé une odeur
d'unè. fétidité, infupportabl'e , & l’a- bruni ;
étendu d’eau, il l'a aécompofé en lui enlevant
de la chaux & de l’ammoniaque p il en a fépaïé
un fixième environ de fon poids de matière hui-
ïeufe pure, caftante , feche, lamelleufe , blanche
quand elle retenoit de l’eau , & dont le ■
poids, relativement à la. quantité.totale du gras
employé , annonce que .ce corps eft chargé d’une
affez grande quantité d’eau dans fon état naturel.
L’acide nitrique foible a mieux fervi pour
apprécier exactement, les divers principes- contenus
dans le gras des corps enfouis il y . a- fait j
trouver du phpfphate de. chaux , du phofphate
d’ammoniaque ,. & un favon formé d’une huile .
febaçée & d’ammoniaque. Différentes- an a Iv fes
ont prouvé que. les deux fels . y varient ainfi, que
l’ammoniaque , que ce gras n.’eft .jamais une matière
parfaitement- homogène ou identique , que
la proportion de l’ammoniaque & par confequent
celle de l’huile.,ainfi que celle de l’eau , y va- .
tient par mille caufes difféÿentqs.. Le gaz azote,. ■
que cet acide en dégageait quelquefois-, ne
ptovenoit que de, quelques portions de fibres
charnues encore contenues dans ce corps & non
entièrement décompofées j le gras Bien pur &
complettement formé n’a point donné de ce
gaz.
L acide muriatique , en décompofant le gras
comme les deux premiers acides, n’a rienappris
de. plus fur fa nature ; comme eux il. a fait con-
noître la variabilité des proportions de l’huile
concrète & de l’ ammoniaque qui le condiment
ainfi que celle des phofphat;s de chaux & d'ammoniaque
qui l’accompagnent conftamment.
Dans l’article fix , l'auteur décrit l’effet de
1 alcool fur le gras ; il ne l’attaque point à froid ;
il en diffout près du tiers de fon poids à chaud;
il le laiffe prefque - tout entier précipiter par le
refroidiffement, il ne touche point,aux phof-
(fliates contenus dans cette matière , & il retient
affez fortement la portion d’huile concref-
cible non ammoniacale qui s’y rencontre ; en
forte que feul il pourroit prefque fuffire pour
faire une analyfe exaéte du gras.
Le feptième paragraphe, & le dernier du mémoire
que nous analyfons., préfente l'examen
de la fubftance huileufe concrète , réparée du
gras. L’auteur , après avoir rappelé les divers
moyens de 1 obtenir, foit en gardant long-tems-
le gras, en plaques, minces , expofees à l’air qui
lui enlève peu à peu l'ammoniaque ,. & confé-
quemment fa nature favonueufe , fo it, ce qui
eft plus expeditif, en féparant l’ammoniaque par
I aélion des acides foibles , confidère cette matière
huileufe comme un corps nouveau , encore
inconnu jufque - là des chimiftes , produit
de la décompofition fpontanée & leyte des
fubftances animales, & il fe propofe d’en faire
connoî.re avec foin, les- propriétés diftihétiyes &
caraéleriftiques. Il obferve d’abord qu elle retient
avec avidité,l’eau, foit celle avec laquelle elle
étoit primitivement unie,foit celle que lui four-
niffent les arides en lui enlevant l’ammoniaque;
que cetteeau lui donne beaucoup de volume &
une couleur blanche , qu'elle rouffit ou brunit
■ lorfqu’on la lui enlève, par la chaleur, qu'elle
perd ainfi fa blancheur & fon tiffu grenu quand
on la fait fondre. L’acide fulfurique concentré
la brunit, en mettant un peu de fen carbone à
nud ; l’acide nitrique la colore en un jaune indélébile
; les acides muriatique & aeéteux font
ceux qui , en la féparant de l’ammoniaque ,
après lavoir, étendue; dans douze fois fon poids
d’ eau , la donnent la plus blanche & la plus
pure. Les flocons blancs qu’elle forme après fa
réparation par ces acides,; deviennent gris-jaunâtre
ou rou-x quand on les feche à l’air ou quand on
les fond une longue expofition à .'air , ni l’acide
muriatique oxigéné ne font pas capables de la
blanchir complettement.
Elle diffère par l’afpeéfc & les propriétés de î
toutes les huiles concrètes connues } elle eft gre- J
nue, douce au toucher , s ecrafe 8c se brife *
par la prefîîon 3 fe ramollit un peu par la chaleur
de la main 5 plus feche , elle eft lamelleufe,
cjiftaldine , un peu tranfparente , brillante 3 argentée
, lorfqu'après l'avoir fondue 3 on la lailfe
refroidir lentement j elle eft au contraire compare
3 opaque 8c grenue fï on la fait refroidir
brufquement 5 dans le premier cas 3 elle ref-
femble beaucoup au blanc de baleine 3 dans le
fécond 3 à la cire 3 elle ; fe caffe net 8c avec
bruit. Mais eJle reffemble bien plus au blanc
de baleine qu'à la cire* par le plus grand nombre
de fes propriétés : comme lui, elle eft douce
& on&ueufe au contàd: 3 elle eft brillante , crif-
talline & feuilletée 5 elle eft demi-tranfparente 3
elle n’eft pas duélile , mais friable 3 elle eft plus
fulîble encore-que lui : à 42 degrés du thermomètre
de Réaumur , elle eft liquide , tandis que
le vrai blanc de baleine ne fe fond qu'à 45 degrés
3 elle fe fige plus tôt.3 elle eft un peu plus
feche 8c caftante que lui 3 elle n'a point l'odeur
fade particulière qui le caraétérife 3 elle eft bien
plus diffolubie dans l'alcool chaud que le blanc
de baleine. Une once de ce liquide à 39 degrés
diffout3 à 60 degrés de température, 12
gros d,e la matière grade , 8c ne prend que 3 6
grains de blanc de baleine. La diffolution fe concrète
en refroidiffant, ou 3 plus étendue 3 dé-
pofe des flocons & des grains criftallins 3 celle
du blanc de baleine donné x en refroidiffant , des
criftaux plus prononcés. L'ammoniaque diffout à
froid l'huile concrète du gras, & le. blanc de
baleine n'eft pas diffoluble à froid dans cet al-*
cali 3 à chaud j la première forme avec l'ammoniaque
une liqueur favonneufe 3 claire 8c tranfparente
, ce que ne fait point le blanc de baleine.
L'auteur propofe de la défigner par l’ex-
preflipn de matière adipo-cireufe ou d‘ adipo-cire.
Après en avoir fait connoître les propriétés
particulières 3 après avoir fait voir qu'on ne l'a;
encore t’ouvée que dans les calculs biliaires &
le parenchyme du foie décompofé 3 il en recherche
la compofition & la formation. Il remarque
d'abord que toutes les parties des animaux, excepté
les ongles 3 les poils & les os, ayant été
trouvées converties en gras, il faut en conclure
que la peau, les membranes' 3 les ligamens 3 les
naufcles 3 les tendons 3 la graiffe 3 la moelle > les
vifcères , les cartilages même éprouvent cette
efpèce de converfion 5 que tous les organes accumulés
dans une terre trop peu abondante 3 qui
ne peut influer fur leur décompofition 5 & à l'abri
de 1' air qui ,ne peut leur enlever aucun principe,
paflent tous^ Je^tement a cet état-de gras 3 il
déduit de cette obfervation conftante & certaine
, que cette matière graffe iîriguliere eft un
etft plus fimple de compofition ,qùi a lieu dans
toutes les fubftances-animales enfouies ; que leurs
divers principes conftituans ne pouvant pas s'exhaler
en vapeurs , comme cela auroit lieu dans
une terre légère ou avec le contaél de l ’air qui
les envelopperoit l'une ou l’autre de toutes
parts j il fe fait un changement de proportion
dans la combinaifon de fes principes. Pour concevoir
la nature de ce changement, quoiqu'on
ne connoiffe pas encore exactement la compofition
des matières animales j 8c furtout la différence
qui caraCt-riiè entr'eux les tiffus des
mufcles 3 de la peau, des membranes, des vifcères.,
&c. On peut cependant , fuivant lu i,
réduire en général leurs principes compofans à
l'oxigène., le carbone , l'hydrogène 8c l'azote 3
le foufre3 le phofphore, la chaux & la foude
n'y étant en effet que beaucoup moins abondans
que les précédens. On peut regarder la peau ,
les mufcles 3 les membranes , 8cc. fous le point
de vue de compofes chimiques , comme des
efpèces d'oxides d’hydrogène & d’azote carbonés
, d’oxides d'hydrogène carboné 8c azotét Ces
oxides 3 plus compliqués que ceux qui confti-
tuent les fubftances végétales y font moins per--
manens 3 8c tendent par cela même à s’altérer
bien davantage 5 leur équilibre de combinaifon
eft bien plus facile à rompre 3 les moindres
changemens1 dans la température fuffifent pour
en opérer dans leur nature intime . 8c pour faire
agir les attractions particulières entre leurs compofans.
,
' D’après cecte manière de confidérer les fubftances
animales-3 voici comment le cit. Four-
croy explique la formation du gras. Le carbone
fe. fépare avec l'oxygène dans l'état d'acide carbonique
5 comme l'un 8c l’autre de ces principes
font en poids une des principales parties conf-
tituantes des corps 3 de là vient qu'ils perdent
beaucoup de leur pefanteur en paffant à l'état de
gras, puifque ce dernier ne fait que le dixième
ou le douzième de leur poids primitif. L’azote,
principe affez abondant de ces matières 3 s'unit
avec une portion de leur hydrogène , 8c produit
l'ammoniaque qu’on trouve- dans le gras fa-
vonneux , 8c plus abondamment fur-tout dans
• celui qui eft nouvellement formé. La matière
animale 3 privée alors de fon azote , de
beaucoup de carbone 3 8c d'une grande portion
de fon oxigène 3 fe trouve contenir une proportion
beaucoup plus forte d’hydrogène 3 8c c’eft
cet hydrogène carboné 8c légèrement oxide qui
conftitue Yadîpo cire ou la fubftan.ce huileufe concrète
dont la bâfe du gras èft formée 3 8c dont
l'union avec l'ammoniaque fous forme favonneufe
eft fi facile , comme on l’a vu plus haut.
Il refte , à la vérité 3 à déterminer la propor-
I tion exa&e des principes qui conftituent cette
j fubftance huileufe .y comparée à celle des prin-
! cipes qui conftituoîent les matières animales avant
p p p p 1