
CHALEUR. On a dit à l'article, calorique qu’pn
repverroit au mot chaleur tout se qui e.tôit.relatif
à la fenfation connueTbirVeè‘n'Gniy R'etoiten ém?t
nature de d. crire au. mot calorique tout ce
qui appartient aux propriétés chimiques de. çe
corps, & de remettre à un autre article ce qui
concernoit Tes effets particuliers fur les corps
animés. Cette marche eft* d’autant plus naturelle
& régulière, qu'il fera plus facile de faifïr exa&e-
merit ce qui regarde la chaleur comme fenfatiop,
après avoir expofé tout cè qui caraélenfé lécàlo'-
rique lui-même. Une prethiefe réflexion qui peut
fervir comme ^TmroduéHonDude^r.éJiminaireaux
confidérations qui doivent nous occuper ic i, c’eft
l'utilité Si la néceffite bien fentie de ceux qui
étudient les fcienees , de diftinguerfoigneufe-
ment la matière qui produit la fenfation nommée'
chaleur, d'avec la fenfation elle -. même,, -St il eft
difficile de concevoir même comment cette nécef-
lîté , comment les avantages qui èn refultent
n’ont pas été plutôt ^appréciés je-ne dis pas
feulement par les. favans phyficiefis qui nous. ont
précédés dans là carrière de l'étude' dé la nature',
mais même par les métaphyficiens qui Fe font
occupés delà -fucceffion de la génération de nos
idées, & de la formation du langage } il .eft Bien
clair que la chaleur,; fenfation étoit un effet: dû
à une caufe quelconqueBè que cètte çaufè
ne devoit pas porter le même nom que fon effet.
C'étoit cependant ce que tous les hommes âvoïéiit
coutume de faire , ce que les plus profondSre/'-
prits faifoient eux-mêmes., en appelant également
chaleur le fentiment qui nait en nous par la prë-
fence du calorique , & la caùfe qui la produit,
ou la matière qui la fait naître. On. doit donc
dire aujourd’hui que la chaleur eft une fenfation
que nos organes éprouvent ou perçoivent, par
1 aétion, par la communication du calorique. '
Il ne doit pas être queftion ici de la chaleuY
particulière aux animaux , de celle qui eft inhéL
rente à leurs organes & produite par le jeu même
de ces organes. Ce mode particulier aux corps
animés eft diftingué dans la phÿfiqüè par lès mots
de chaleur animale] ôe c’eft à.Thiftoire delà
refpiration, confïdérée dans les, rapports;-qû’elfe
peut avoir arec, les forces chimiques V que', cet
objet fera traité avec tous les détails'qu’il exigé,
Pour n’embraffer ici que ce qui êft relatif’à Ta
chaleur, comme fenfation pour faire, voir que
cette fenfation , quoique fouyent énoncé^, daus
des réfultats d’expériences,ne peut ëtrè'comptée
pour rien dans les effets phyfîques, ou au moins
ne pput fervir à' aucune mèfufe, fur-tout par
rapport à Ta, proportion du- calorique, J] femble
d’anord qu’il fuffife d’obferYèr. que la chaleur
eft variable, fuivant une foule: de circonftapces,
que chaque individu a fa manière particvftère
de la léntir Si de' Pe^prîmer ] qlr'ii n*y a entre
différons individus comparés à cët égard aucun
moyen de rapprochement/que l’un fent le chaud
où un autre ..fent la froid, & que ce feniiment
teft entièrement relatif à, l’état,'où chaque fujet
fe'frpuvè.J;Maisr.çette affertion générale' ne fuffit
P^S au phyf.çien qui veut apprécier avec exactitude
la valeur de ce .phénomène dont on s’eft
fervi pendant, fi : long-temps, pour exprimer les
températures qui avoient lieu dans les diverfes
f xPPr^encss; Il fa:ut qu’il conçoive bien en quoi .
çonfifteTa différence desTenfations mêmes entre
divers individus placés dans les mêmes circpnl-
taqces , & ..expofes aux mêmes températures} il
faup.qu il mufle fe rendre un compte exaèj: des
idées que le fèntimenc de la chaleur fait naître
cljez les hommes , & de la valeur, de,s expreffions
qu’ils emploient pour rendre ces idées. Il dçit
réfulter de cet examen une connoiffance rigou-
reufe de la fenfation de la chaleur, des erreurs
qu’elle peut produire quand on la combine pour
ainfi dire aux réfultats & aux phénomènes des
expériences phyfiques. C ’eft ce: qu’a très - bien
fènti M. Seguin dans Tés ■ recherches qu’il à faites
fur le calorique , fur la-refpiration. Il a commencé
avant de, les décrire par expofer une, fuite
de^réflexions fur la chaleur fentie' fur le langage
qu’on emploie.' pour rendre les effets de cette
fenfation , afin d’éviter les équivoques que l’obf-
çurité ou- l’incertitude des expreffons peut jeter
dans les fcienees. Le mémoire qu’il a inféré- fur
ce.1 point de doéfcrine dans le huitième tome des
annales de : chimie renfermant tout ce qu’on peut
dire& penfer de plus exad f le but que cet article
doit atteindre dansTordre adopté, & d’après
toutfee qui a été dit à l’article calorique,fera
rempli en donnant ici ce mémoiregdans fonentier.
Lorfqu on approche d’un brafier, on éprouve une
fenfation qu’on nomme chaleur. Mais d’où dépend
cette fenfation ? Arrêtons-nous d’abord fur cette
première queftion.
Quoiqu’on ait cru pendant long-teins , que la
chaleur étoit le réfultat des mouvemens injenfibles des
molécules de la matière ; prefqùe tous les phyfïciens
font maintenant perfaadés , quelle ejiproduite par
une fubftance particulière.
| Cette dernière opinion étant àpeu-près générale
, nous l’admettrdns d’autant f^u-s Volontiers,
qu’elle conduit immédiatement à l’expKcation de
prefque tous les phénomènes de la narure.,
Une telle diftinétion entre la caufe & 1*effet, di>
aainuoit déjà-confidérablement les difficultés}
mais il falloit encore, pour la clarté du langage ,
les défigner par des expreffions différentes.
Neus devofis. obferver à ce fujet , qu’avant
l’époque bùT’on .publia lâSriouvelle nomenclature,
6n fe fervqit indiftinétement du, mot chqkqr pour
défigner,& h fenfation qu’on éprouve lorfqù’on fe
chauffe, & le’pHncipé-qiri prbduit' cetté'feUftiTioni'
I Mais cette dêiib'Ié acception j'èttant une
grands obfcurité dans'toutes les définitioas, les
phyfïciens modernes fentirent la néceffité de. de- I
ligner la caufe & Veffet par des dénominations dif- |
fére-ntes : ils donnèrent donc le nom de calorique !
à cette fu'oftauce qui produit fur nous des fenfa-
tions particulières, & ils referverent les mots
chaleur & froid pour exprimer ces fenfations.
Àinfi nous difons , que le calorique produit fur
■ nos organes , en vertu de la propriété dont il jouit de
fe mettre en équilibre , plus ou moins promptement , ■
dans tous les corps qui font en contàH , deux fenfations
que nous nommons chaleur & froid.
Lorfqu’il fe combine avec notre fyftême, nous
éprouvons une fenfation que nous nommons cita- <
leur > lorfqu au contraire nous en communiquons
aux corps environnans plus qu’à l’ordinaire, nous
éprouvons une fenfation que nous nommons
froid. , ' .
On s’eft aufli fervi quelquefois du mot feu pour
exprimer , & la caufe & Yeffet, mais on lui donne
maintenant une acception toute différente. Nous
défignons parle mot feu les dégagemens^réunis
du calorique & de la lumière. Dans ce fens , cette
expreflion repréfente un. phénomène particulier
qui agit fur deux de nos organes} i en nous
procurant la fenfation de chaleur.; i Q. en produi-
fant fur nous cette fenfation que nous nommons
clarté3 & qui dépend de la fubftance particulière
que nous connoiffons fous le nom de lumière-.
Ainfi , le moi feu nous repréfente une opération
dans laquelle il y a en même tems dégagement de calorique'&
de lumière. Si nous difions, par exemple,
faites du feu , cet drdre feroit équivalent à celui-
c i , produirez tout-à-la-fois un dégagement dé
calorique & de lumière, ou autrement, procurez-
nous en même-rtemps deux fenfations différentes,
chaleur &Ua cia;té. Il réfulte de cette explication
qu’une bougie allumée & qu’un charbon
rouge produifent du feu , tandis qu’une pierre
médiocrement chauffée, n’en produit jamais lorf-
qu’on la laiffe en repos , à moins qu’elle ne foit
phofphorefçente.
L’intènfté de la chileur & du froid , d’étant appréciable
que par la comparaifon que nous établiffons
fans ceffe entre les differens degrés de chacune de ces
deux fenfations , nous difons fouvent que nous avons
chaud , lors même''qüe nous fourniffons du calorique
aux corps environnons. Cette défignation de fenfation
provient de ce que les quantités de calorique
que nous perdons étant très-variables , nous Tes
comparons fans ceffe : ayant donc nommé froid , :
la fenfation que nous éprouvons lorfque nous
communiquons une quantité de calorique quelconque;
nous nommons chaleur la fenfation que
nous éprouvons .lorfque nous çn perdon'V une
quantité moins confidèrable.
Nous pouvons donc éprouver une fenfation de
chaleur , lors même que nous fourniffons du c a -
tique aux corps environnans 5 ce qui donne ue
bien; plus grande étendue à Tun des énoncés précédais.
D’après cette confédération nous pouvons
dire ’, que nous éprouvons la fenfation de chaleur ,
tùutes les fois que. U çaloriqüe fe combine avec notre
JyJlérne , ou que nous en communiquons aux corps
environnons une quantité moins conjidérable que celle
que nous leur-.communiquions a i infant ou nous
éprouvions une fenfation différente que nous défigurons
par le mot froid } & vice verfâ.
.N’ayant que deux mots pour exprimer les fea-
fations que nous procure le calorique , lorfqu il ne
déforganife pas. notre fyftême , le nombre de degrés
que comprend Tintenfité de ces fenfations, eft
très-confidérable ; d’où il réfulte , i w. qu’on ne
peut attàcher aucun fens aux mots chaleur & froid,
fi l’on ne compare pâs la fenfation qu’ils expriment ,
a un point fixe qui fert 'd’ étaL n. 1Q. Que chacune de
ces fenfations' comprend an très-grand, nombre de degrés
, & n’a rien de fiable pour l ’époque de fa dénomination.
Le jugement que nous portons fur iintenfté de la
' chaleur & du froid , dépend phfqiie toujours , de la
comparaifon que nous établiffons entre la fenfation
que nous éprouvons lors du jugement, & celle que
| nous éprouvions l’inftant âauparavant. C ’eft ainfi
que lorfqu’une de nos mains eft dans l’air environnant
la température eft, par exemple, de trois ou
quatre degrés au deffus du ^ro thermométrique,
| tandis que l’autre eft plongée dans de la glace,
nous difons, & avec raifon, que nous éprouvons
d§ns cette dernière une fenfation de froid, mais
fi nous la retirons & que nous la laiffions pendant
quelque tems dans T air atmofphérique, nous éprouvons
promptement à cette extrémité une fenfation
douîoureuîe, que nous exprimons en difant que
notre main eŸi brûlante.Nos deux mains, quoiqu’ex-
poféés à la même tempérdture , éprouvent donc
dans cette circonstance des fenfations différentes}
, d’où il- réfulte que , Vintenftéplus ou moins grande
de la même fenfation , s’apprécie ordinairement par la
comparaifon que nbus établiffons entre les degrés de -
cette fenfation qui fe fuivent immédiatement.
En étendant ce raifonnement, on peut expliquer
pourquoi la neige nous paroît plus froide que la
pluie. Dans le premier cas , nous fourniffons une
plus grande quantité dé calorique que dans le fécond
, parce que les molécules de neige ne peuvent
fe liquéfier , qu’en fe combinant intimement avec
une; certaine portion de calorique qui eft nécèffaire
à leur liqüéfaàion , & qui n’élève pas leur température.
On conçoit encore pourquoi , lorfqu’on a été
expofé pendant quelque-tems à la neige , & qu’on
rentre dans une chambre dont la température eft
de 7 ou 8 degrés au-deffus du \ero tkermométrique3
I on éprouve une fenlàtion de chaleur très-confidé-
; râblé. Comme dans cette dernière circonftance,
? on communique beaucoup moins de calorique que
dans la première, & qu’on n’a -que deux mots