
& n’en trouvant point affez dans l’acide nitrique
qu’ils • décompofent complettement , enlevent
auflî ce principe à l’eau , & mettent à nud l’hy-
drogène de cette derniere , en même tems que
l’azote de l’acide laiffe ces deux corps dans la
difpofition la plus favo.able à leur union. Aufli
cette formation d’ammoniaque a t-elle furtout
lieu dans les diffolutions des métaux qui exigent
le plus d’oxigène pour leur faturation , & qui
ont avec lui la plus forte affinité poffible *
comme l’étain , le manganèfe , le zinc & le fer.
D ’après cette explication fi fimple , fi heureufe
dans la théorie pneumatique , & qui devient fi
compliquée & fi obfcure dans toute autre théorie
, où l’on s’obftine à admettre la préfence
d’un principe inflammable général , on conçoit
facilement, i®. la découverte du chimifte Hauff-
man de Colmar 3 qui a retiré beaucoup d’ammoniaque
de la réaction de l’oxide de fer noir
humeélé & de gaz nitreux ; x°. la formation
de l’ammoniaque par l’union des gaz nitreux &
hydrogène fulfuré 3 obfervée par M. Kirwan ;
j° . la formation de l’ammoniaque dans les matières
animales par le feu & par la putréfaction
; 40. celle plus rapide encore 3 qui a lieu
lorfqu’on traite ces matières par les alcalis fixes
cauftiques , qui en féparent fur le champ de
l’ammoniaque 3 dont la formation fubite accona-
agne le dégagement, ainfi qu’on l’obferve dans
application de la pierre à cautère 3 &c. , phénomène
bien conftaté 8c bien décrit par Ber-
thollet, Fourcroy & Vauquelin ; y®, réciproquement
la formation de l’acide nitrique dans plu-
fieurs cas de décompofitîon de l’ammoniaque ,
comme on le dira plus en détail au titre des
acides ; 6°. enfin tous les phénomènes relatifs à
la formation de l’ammoniaque 3 obfervés par
M. Prieftley dans une foule de circonflances,
recueillies & examinées avec foin par M. Auftin ,
qui en a tiré l’induétion générale qu’elle n’avoit
lieu que dans le cas où les deux corps3 l’azote
&: l’hydrogène | fe dégagent avant d’être dans
l ’état de fluide élaftique j ou au moins dans celui
gù l’hydrogène, au moment où il fe dégage
furtout de l’eau décompofée par le fer 3 trouve
le gaz azote qu’il tend à fixer 3 & qu’il con-
denfe réellement. Une des conclufîons les plus
importantes du travail de M. Auftin inféré dans
les T r a n ja ë l io n s p h i io fo p k iq u e s 3 & dont on préfente
ici le réfultat général , c’ eft qu’ après avoir
examiné & apprécié toutes les circonftances de
la formation de l’ammoniaque 3 fpécialement
celles qui avoient déjà été obfervées par les
phimiftes , & dont il vient d’être rendu compte ,
jl fait remarquer que lesfulfures alcalins employés
par Schèele pour anaîyfer l’air atmof-
phérique & faire reconnoître les divers degrés
de pureté , ne peut pas remplir convenablement
cet objet 3 puifque l’hydrogène fulfuré qui
jçjîd à s’en dégager continuellement * abforjjg ‘
du gaz azote pour fe convertir en ammoniaque «
& diminue conféquemment la proportion de ce
principe de l’air. Ainfi le dernier procédé eu*
diométrique propofé par Guyton 3 quoique moins
fujet à cet inconvénient , puifqu’il emploie le
fulfuré de potaffe Tec , n’en eft pas cependant
entièrement exempt 3 puifqûe le fulfuré enlève
de l’eau à la portion d’air avec laquelle on le
met en contaét ; & fous tous les rapports ,
là combuftion lente du phofphore adoptée depuis
le mémoire de Guyton par Berthollet ( au
commencement de l’année 1796 ) , lui eft entièrement
préférable. M. Auftin a encore configné
dans fes recherches une autre obfervation' pré-
cieufe pour èçlairer la théorie des gaz $ c’tft
l’explication très-naturelle & très-fimple qu’il a
donnée de la natUie tz de la formation d’une
efpèce de gaz découverte par M. Prieftley, &
nommée par lui air nitreux déphlogifiiquê. Suivant
M. Auftin , cette efpèce de gaz le forme par
l’expofition d’un fulrure alcalin liquide au contact
du gaz nitreux ; comme dans ce cas l’hydrogène
abforbe une portion de l’azote .qu’il
convertit en ammoniaque 3 la proportion de
l’oxigène augmentant dans le gaz nitreux 3 celui-
ci devient fufceptible d’augmenter la lumière
qu’on y plonge.
A cette occafîon on doit remarquer ici que
dès le printems de l’année 17S6 3 dans une fuite
d’expériences faites à la vérité dans des vues
un peu étrangères à la nature de l’ammoniaque 3
mais qui avoient trait à la formation générale
des alcalis 3 j’ avois mis en contaét du fulfuré
calcaire liquide avec du gaz nitreux , & qu’après
une abforption fenfib'e 3 ayant obfervé que le
gaz nitreux étoit devenu fufceptible d’entretenir
la combuftion & d’amplifier même la flamme
des bougies allumées qu’on y plongeojt 5 j’avois .
attribué cé changement à l’abforption de l’azote.
Je cherchois alors, & ce travail m’occupoit depuis
plufieurs années, à prouver que l’azote entroit
dans la compofition des alcalis, qu’il étoit
pour ces corps ce qu’étoit l’oxigène pour les
acides, qu’on devoit le confidérer comme alca-
ligène; je penfois que la chaux faturée d’ azote
pourroit bien former la potaffe , comme la mag-
néfie -chargée du même principe pourroit bien
conftituer la foude , & je voulois ainfi porter
dans la chimie une lumière nouvelle fur la nature
des fubftances qui en font un des inftru-
mens les plus précieux. Mais je dois convenir que
jufqu’idmes efpérances n’ont pas été remplies, &
qu’aucun léfultat pofitif n’autqrife encore à adopter
le foupçon que j’ai préfenté fur ce point, il
y a plus de dix ans, quoique quelques - uns de
mes contemporains & de mes amis aient regardé
mon affertion comme plus que probable, & presque
comme une vérité démontrée. Plus ils m®
témoignent de confiance en adoptant ici une
dé mes idées , pîüs , en les en remerciant ici
publiqiiëment, je dois rep&uffer cette eonclu-
fion trop prompte , & les mettre eux-mêmes en
gardé contre fa féduétion de l’amitié & les pref-
tiges trompeurs de l’imagination. Je répéterai
donc ici que, quoiqu'un grand nombre d’aperçus
m’aient fait foupçonner depuis long - tems
que l’azote eft l ’aicaligène, il n’y a aucufie expérience
exa&e , pofitive , avéree qui me permette
d’annoncer encore avec certitude cette
aflertion , qu’elle doit être rangée dans la claflè
des hypothèfes qu’elle femble même mériter
d’autant moins de confiance , que depuis que je
l’ai entrevue, moins de faits certains font venus
l’appuyer. Ainfi l’on ne connoît point la nature
des alcalis fixes ; on ignore entièrement la compofition
de la potaffe & de la foude quoiqu’elles
fe'forment perpétuellement fous nés yeux. Il en
eft de même des fept terres que Ton connoît
aujourd’hui, d’après les dernières découvertes
de Klaproth^j la fiSice , la zircone 3 l’alumine ,
la baryte , la ftrontiane, la chaux & la magnéfie
fe comportent dans nos analyfes comme autant
de corps fimples ou indëcompofés. Si quelques
chimiftes modernes les ont regardées comme des
efpècés d’oxides métalliques , fi quelques - uns *
même ont été jufqu’à croire, qu’ils en avoient retiré
des métaux particuliers , comme l’a cru M.
Ruprecht il y a quelques années , leurs affertions
ont été démenties par cjes expériences_exa6tes,
& affez promptement multipliées pour ne biffer
aucun doute à cet égard. Les prétendus métaux
obtenus par M. Ruprecht n’étoient que du
phofphitre de fer provenant de la terre des os
ou poudre de coupelle chauffée fortement avec
du charbon. Ainfi les terres ne font point re-;
connues pour des corps brûlés. & furchargés
d’oxigène.
Les propriétés & la nature d.es corps
.combustibles , qüi coniiituent le dixième titre
de la philofophie chimique , ont été le fujet •
de plufieurs travaux remarquables après l^érablif-
fement de la théorie & de la nomenclature
pneumatiques. Ces travaux, loin de rien changer
aux bâfes ‘de- cette théorie, les ont au
contraire rendues plus folides. Tandis qti’au-
cuné expérience , exaéte au moins , des phlo-
gifticiens, ne prouvoit réellement là préfence du
principe inflammable; tandis que , partages en-
tr’eux d’opinions dans leurs théories Ùiverfes,
ils foutenoient l’exiftence d’une foule'de phlo-
giftiq'ùes différens qu’ils avoient créés depifs
Quelques années, 1-s ch<miftes exaéts en continuant
de foumettre ӈ leurs recherches les prin-'
cipaux corps combuftibles connus , ont prouvé
ne plus en plus que tous ceux ' qui 'font partie
«u régne minéral, fe comportoient abfolurnént
comme des corps fimplcS & indécorhoofablès .
qu on ne pou voit en fëparer aucun principe ni
Chimie T o m e I I I .
les former par la combinaifon de quelques autres.
Cependant, quoique l’opinion des chimif-
tes françois n’ait point varié depuis dix ans fur
cet objet, quelques phyficiens étrangers , même
parmi ceux qui ont exactement fuivi &: entièrement
adopté la doctrine pneumatique, ont depuis
quelques années prétendu qu’ il étoit poffible
de decompofer le foufre , le phofphore
le carbone , les métaux,& de les rédurre à des
principes plus fimples qu’eux. M. Girtanner en
Allemagne s’eft fur-tout diftingué parmi' ces chi-
miftes, &z a cru féparer du carbone, de l ’azote &
de l’hydrogène comme fes deux principes conf-
tituans. Mais les expériences qu’on a données
comme preuve de ces affertions, ne font ni a(fez
èxaétes > ni affez nombreufes pour pouvoir les
faire regarder comme des vérités démontrées ;
& c’eft pour cela qu’on eft encore loin 'de les.
adopter|parmi les pneumatiftes françois. '
Les combinaifons de ces corps combuftibles ,
indécompofes deux à deux , ont beaucoup occupé
les chimiftes depuis 1786 & 1787.' Le citoyen
Gengembre, alors élève três-diftingué de
| l’école de Lavoifier , ayant donné le premier dès
notions exactes fur la nature -du hépati-qu'e de
Bergman , 8 z l’ayant, d’après une analyfô exaCte ,
préfenté aux chimiftes comme une véritable
combinaifon de foufre & de gaz hydrogène ;,
comme une diffblution du premier de ces corps
dans le fécond , j’ai continué à multiplier les
'expériences les preuves fur cette théorie dans
un grand travail fur les eaux minérales fulfu-
,reufes , en faifant voir que cette- diiTolution va-
riôit dans fes proportions fuivant différentes circonftances,
& qu’elle avoit des caraCieres' divers
, fuivant la quantité de foufre qu’elle conte-
noir. Quelque tems après fon premier travail fur le
gaz hydrogène fulfuré ou h é p a ù iu e , le citover*
Gèngembre a découvert le gaz phofphcriquë. ou
hydrogène phofphoré, en faifant bouillir, dans un
tube de verre foufflé en boule à fon extrémité ,
une diffolution de potaffe ou de foude cauftiques
avec du phofphore coupé en petits morceaux.
Il a trouvé dans ce gaz la propriété de : bïLilêr
avec déflagration par le contaCt de l’air , de
s’enflammer avec bien p’us de vivacité encore ,
■ &' fur-tout avec une flarrirhe extrêmement brillante,
lorfqu’on le mettoit en contaél avec l’air
vital ; 8 z il;a fait voir que fi ce gaz étoit comme
le1 premier une diffclution d’un corps combuf-
tible dans le gaz hydrogène, fon inflammabilité
bien fupéiieure à celle du gaz hydrogène
fulfuré, dépendoit de la différence du phofphore
d’ avec le foufre; l’un en effet étant beaucoup
•plus combuftible . que l’autre , s’allume tout-à-
~ coup dans l’air , à caufe de fon état de divifion ,
& met le feu au gaz hydrogène qui le diflcut,
tard s que le: foufre, loin de pouvoir commencer
la combuftion , ne fe brûle qù’en partie,
D d d d