
par plufîôurs procédés de la nature & de l'art,
& qu’elle^ fournit dans fon analyfe' une grande
quantité d’acide carbonique , unie à la fubftance
lalino-terreufe , que nous connoiffons fous le
nom de chaux. Poye^ l’article C haux. Comme
le fpath calcaire eft la dernière modification d’une
matière très-variée dans fa forme , & qui paffe
>ar beaucoup d’états différens avant d’être régu-
ierement cryftallifée il eft néceflàire de jetter
un coup-docil général fur toutes les fubftances
calcaires ou crétacées.
J’obferverai d’abord qu’on devoit appeller,
crétacées toutes les fubftances que l’on defîgne
ordinairement en hiftoire naturelle par le nom
de calcaires ; en effet , le premier mot indique
la combinaifon faline neutre formée par la chaux
& l’acide carbonique , c’eft-à-dire la craie 3
creta ; le fécond appartient en propre à la chaux ,
cçlx , qui fait la bafe de ce fel. L’expreffion matière
ou terre calcaire devroit donc être réfervée
pour la chaux-vive , & celle de matière crayeufe
ou crétacée diftingueroit la combinaifon de la
chaux avec l’acide de la craie j mais on ne peut
p.as fe flatter de faire adopter de fi-tôt.ces deux
expreffionsqüi ont toujours été fynonymes, quoi- i
qu’elles dufiènt être appliquées à des fubftances
vraiment différentes j & quoiqu’elles fuffent fuf-
ceptibles d’enrichir notre langue.
Aucune partie de l’hiftoire naturelle n’offre un
champ plus vafte à parcourir , un enfemble plus
complet de connoiftances pofîtives, que celle
des matières calcaires. Une longue obfervation
qui ne s’eft jamais démentie , & fur-tout la pof-
fibilité de fuivre pas à pas la marche de la nature
dans la formation de ces matières, ont
appris que le fein des mers eft le laboratoire où
elles font fans ceffe travaillées. Parmi le grand
nombre d’animaux que ces immenfes amas d’eaux
nourrififent, il en eft de plufîeurs claffes dont
les individus, multipliés jufqu’à l’infini, fem-
blent deftinés à ajouter à la maffe de notre
globe. Tels font les vers à coquille , les madrépores
, les lithophites , dont les parties folides,
examinées par l’art du chimifte , quelque temps
après qu’ils ont ceffé de vivre , -préfentent tous
les cara&ères des fubftances calcaires. Le carbonate
de chaux eft la bâfe de prefque■ toutes les
efpèces de fquéletes marins qui produifent par
leur entaffement fucceflif, les montagnes entièrement
formées de ces fubftances. Quoiqu’il y
ait bien loin de l’état naturel de ces êtres animés,
jufqu’ à la cryftallifation du fpath calcaire ou du
çarbonate de chaux pur & tranfparent ; quoiqu’il
foit difficile d’appercevoir au premier coup-
cl’oeil la différence étonnante qui exifte entre la
fubftance molle & pulpeufe de ces animaux vi-
vans & la dureté de ces maffes pierreufes qu’ils
forment avec le temps, & qui font deftinées à l
donner de la folidité à nos édifices les plus durables
j il eft cependant poffibie de fe former
une idée des nuances d’altération par lefquelles
ils paffent poux, fe confondre avec les corps
minéraux : voici comment on peut concevoir ces
dégradations depuis i’organifation animale agif-
fante , julqu’ au dépôt régulier-qui foi me peu-
à-peu le carbonate de chaux tranfparent & ciyf-
tallifé , c’eft-à-dire le fpath calcaire.
Les eaux de la mer, en fe balançant fuivant
les loix d’un mouvement qui nous eft encore
inconnu , fe déplacentinfènfibiement & changent
de lit. Elles quittent un rivage qui s’agrandit
peu-à-peu pour-s’avancer fur une terre dont l’étendue
diminue en proportion. Ce fait eft démontré
dans la favante théorie de la terre de
Buffon. A mefure que les eaux abandonnent une
partie de leur lit , elles lai fient à découvert des
fonds fur lefquels leurs mouvemens variés ont
formé des couches par le dépôt fucceflif des
parties folides, ou des fquélettes des animaux
marins. Ces couches font prefqu’entièrement remplies
de coquilles , dont la putréfaction détruit
bientôt le gluten animal, & qui alors ayant
perdu leurs couleurs, le poli de leur ftirface
interne , & fur-tout leur confiftarice , font devenues
friables, terreufes, & ontpaffé à Fétat
de foffiles ; de-là la production des terres coquil-
lières 8c des pierres de la même nature.
Ces pierres , ufées par les eaux , perdent
peu-à-peu la forme organique, deviennent de
plus en plus friables , 8c forment bientôt une
^matière d’un grain peu cohérent , 8c que' l’on
: appelle craie. Lorfqu’une pierre coquillière a ac-
| q Liis afiet de dureté pour être fufeeptibie de 1 poli, 8c que les coquilles qui la Compofent ont
pris diverfes couleurs, en confervant leur or-
ganifation, elle conliitue alors les lumaehelles.
Si les traces de l’organifation ‘ font to'ut-à-fàit
: détruites , fi la pierre eft dure, fufeeptibie de'
.poli, 8c mêlée de plus ou moins d’une autre
terre ou de fragmens de diverfes pierres , on la
• conndit fous le nom de marbre. L’eau chargée
de craie la dépofe fur tous les corps fur lefquels
elle coule , 8c forme des inenfit tions, Lorf-
qa’elle fe filtie à travers les voûte s des cavités
fouterraines, elle produit des dépôts blancs,
opaques , formés de couches concentriques dont
Tenfemble eft conique , 8c femblable à dés culs
de lampes j -ce font les ftalaftites. Si ces dernières
, réunies en grande mafle , ’ ■ & rempliffant
des cavernes ,' féjournent pendant long-temps
dans la terre, elles acquièrent une dureté bien
confidérable , 8c donnent naiffance à Xalbâtre.
Enfin, lorfqueFeau, qui tient une craie très-
-fine 8c très-atténuée en diffolution , à l’aide de
l’acide carbonique , pénètre lentement des cavités
pierreufes, elle dépofera cette fubftance y
pour ainfî dire molécule à molécule, 8c ces
petits corps fe rapprochant par les furfaces qui
fe conviendront le mieux, prendront un arrangement
fymmé trique 8c régulier , 8c formeront
des cryftaux durs , tianfparents , femblables à
ceux des matières falines ; on les défigne fous
Je nom de fpaths calcaires. C ’eft-là le dernier
degré d’atténuation 8c d’affinage en quelque
forte du carbonate de chaux, l’état où il eft le
plus éloigné de fon origine animale, 8c dans lequel
il reflfemble le plus à un véritable fel. .
Ces pafiages. fi variés 8c fi . nombreux de la
fubftance crétacée, dont laconfiderationfournit
de fi grandes vues aux naturaliftes , fur l’an tir
qui té du globe, fur fes altérations, fur l’empire
du règne.-animal, qui conftitue une grande
partie de fa fur face .8c de fes couches externes,,
ne préfentent cependant aux yeux deschimiftes
qu’une feule matière toujours 8c par-tout fem-
biable'à elle-même , un feul 8c unique fel neutre-
formé de chaux, 8c d’acide carbonique. A la vérité
dans les différentes terres ou pierres qu’il
forme aux yeux des ■ naturaliftes , il eft plus ou
moins mêlé d’alumine, de fisice, demagnéfie,
d’oxide de manganéfe, d’oxide , de fer j on le
trouve afïbçié , mélangé, à d’autres pierres formant
différentes efpècês ou variétés de brèches ;
telle eft F origine 8c la nature des marbres ôc
des albâtres ; mais Je fond de toutes les préten->
dues pierres que les minéralogiftes diftinguent
par.les propriétés de faire effervefcence avec les
acides , 8c de donner de la chaux par la calcination
, eft.toujours ‘le: fel qui nous; occupe j
enforte que le plus grand nombre des naturaliftes
penfent que l’origine, de ce fel eft. entièi
rement due .au fquélette.des .animaux marins.
Cependant depuis plufieurs années, & fur-tout
depuis l’époque où l’on étudie avec plus de foin
la ftmclure des ■ montagnes , on a trouvé dans
des montagnes antiques ou primitives entre des :
couches de granit, quelquefois mêmeau-déflbus |
de cette pierre 8c loin de toutes les traces de i
dépôts marins., des bancs 8c des liions de
craie qu de pierres calcaires , qu’on ne croît, pas
fournies par les fquélettes des animaux marins ,
8c qu’on a nommées à caufe de cela matières
calcaires primitives. Quoique cette obfervation
mérite toute l ’attention des naturaliftes , on ne
peut pas méconnoître la fource de la plus grande
quantité de fubftances calcairesjdans les fquélettes
des animaux marins, 8c fpécjalement des vers ;
recouverts 8c de toutes les efpèces de madré- !
pores ou de lithophites. D’ailleurs à qüelqu’ori- j
gine qu’on rapporte le carbonate de chaux natif, I
la nature n’en eft pas moins facile à apprécier
par les moyens chimiques , & fes propriétés n’en
font pas moins cara&érifées.
Pour faire connoître ici les propriétés chinaii
qitês du carbonate de chaux , il faut examiner ce
fel,dans l’état le plus pur, dans fa cryftallifation
la plus régulière ; c’eft du fpath calcaire tranfparent
ou du marbre blanc fpathique qu’il faut
s’occuper.
Ce fel fe trouve en différens états plus ou
j moins régulièrement cryftallifé dans la nature.
On en diftingue fur-tout les huit variétés fui-
vantes.
Première variété. Spath calcaire opaque.
11 eft blanc ou coloré de diverfes nuances j
! il eft : .ordinairement formé de lames rhom-
boidàles.
2e. Variété. Spath, cale aire rhomboïdal obtus y
cryftai d’Ifiande.
Il double les objets. C’eft fou vent un frag-
I rnent artificiel d’un autre cryftai. Tout fpath cal-
| caire de quelque forme qu’il foit,donne le rhombe
: par Ja diffection.
3®. Variété. Spath calcaire lenticulaire,
Romé de Liile le, croit une variété du fpath
[ prifmatique hexaèdre , terminé par deux pyra-
■ mides triangulaires c.btufes, placées en fens con-
i traire.; G’elf. réqllemént;, la variété précédente
arpndie dans les angles folides.
4e. Variété. Spath calcaire prifmatique fans
pyramides.
Ce font des ptifmes hexaèdres purs, dont les
pans font égaux ou inégaux , & dont quelquefois
les angles font coupés, de forte qu’ils forment
des prifmes à douze faces j ce qui donne
trois autres variétés.
J e. Variété. Spath calcaire en prifmes terminés
par deux pyramides.
Il, y a un affez grand nombre de variétés de ce
fpath. Quelques-unes font des prifmes à fix pans,
terminés par des pyramides hexaèdres, ou entières
ou incomplettes. D’autres préfentent à
l’extrémité des mêmes prifmes à fix pans, des
pyramides trièdres, entières ou incomplettes,
ou des femmets dièdres. Enfin, il en eft dont
des prifmes quadrangulaires font terminés par
des Commets dièdres. On y compte , lorfqu’il eft
régulier , 18 facettes trapézoïdes.
6e. Variété. Spath calcaire pyramidal, ou à 12
triangles.
Celui-ci eft formé d’ une ou de deux pyramides