
fur la théorie de la fcience, il eft indifpenfable
<1 en faire ^’application. 11 y a quatre objets dans
ces expériences qui méritent quelques considérations
particulières 5 i° . La couleur quJacquiert
le carbonate de baryte natif par la chaleur 5 2®.
l ’aétion des acides en général fur ce fel terreux ;
30. laétioH particulière de l'acide muriatique 5
4°*. ^ formation & les propriétés d’un fel triple
qui n’a été qu’indiqué dans le paragraphe V.
i ° . Aucun chimifte n’a encore effayé de déterminer
la caufe de la couleur verte que prend
le baryte par la chaleur ; il eft vrai que les
expériences n'ont point encore été , je ne dirai
pas allez multipliées 3 mais même commencées
fur cet objet. J’ai déjà réuni quelques faits qui
peuvent conduire à la découverte de cette caufe,
& dont je crois devoir offrir le précis. J’ai
remarqué ailleurs ( 1 ) que 1 azote & fon gaz
ont la propriété de verdir quelques couleurs
végétales bleues ; j’ai annonce dans le même endroit
que certaines matières dont l’azote eft un des
principes connus , l’acide nitreux & les chairs
des animaux prenoient une couleur verte dans
le moment où ce principe s’en dégage.
On peut voir dans plufieurs endroits de mes
élémens de chimie * d’après quels faits , j’ai
pu entrevoir que l’azote étoit le principe général
des matières alcalines , le principe alcaligêne.
11 eft certain que dans un allez grand nombre
de cas , les matières animales prennent une couleur
verte plus ou moins brillante. Les alcalis
fixes cauftiques offrent fouvent cette couleur
lorfqu’on les obtient fous forme fèche , & lorf-
qu’ on les chauffe forcement. J’ai vu de la chaux
vive 3 enfouie pendant plufieurs années dans des
folles avec des matièrés animales , teinte d’un
bd au vert lorfqu’on la retira de la terre 3 cette
couleur s’ affoiblit peu-à-peu & fe diffipa entièrement
à l’airenquelques lemaines : le contaét
des rayons du foleil l’a fait volatilifer beaucoup
plus promptement. Je fuis donc porté à croire
que la couleur verte dont le carbonate de baryte
fe trouve uniformément teint par fa&ion d’une
forte chaleur 3 dépend de ,1a féparation ou de
l’ifolement commençant de i’azote qui tend à
s’en dégager , dont le lien eft un peu relâché 3
& qui me paroît affeéler cette couleur & la
donner généralement à toutes les fubftances d’où
il fe fépare. Au refte , j’avoue que je n’ai pas
de preuve immédiate de cette théorie, & que
je ne la regarde moi-même que comme une opinion
vraifemblable 3 & point du tout comme
un fait- Il faudra beaucoup plus d’expériences
pour prouver cette affertion.
i ° . On a vu qu’en général les acides concentres
3 n’ont point d’aétion fenfible à froid
fur le carbonate de baryte natif > tandis qu’une
certaine quantité d’eau & l’addition de la chaleur
favorifent & font naître cette aérien. Pour bien
concevoir la raifon de ces phénomènes , il faut
confidérer l ’état folide de l’acide carbonique dans
|ce fel natif, l ’adhérence forte des molécules de
; baryte pour elles-mêmes & pour celles de l’ acide
carbonique 3 la différence extrême de denfité
entre ce fel pierreux très-pefant & les acides
qu’on emploie pour le decouipofer ; on recon-
noîtra bientôt qu’une fubftance dont la plus forte
chaleur connue ne peut féparer aucun des principes
3 doit réfifter en effet avec beaucoup de
force à l’attra&ion que les acides exercent fur
la bâfe3 & fur-tout que le nombre des affinités
fimultanées qui agiffent dans le moment où la
décompofition de ce fel s’opère, eft très-mul-
tipljée. Voici , à ce qu’il me femble , les di-
verfes attractions qui réagiffent & opèrent la
décompofition du carbonate de baryte par les
acides ; i°. L’attraCtion des molécules de baryte
entre elles 5 20. L’attraClion des mêmes molécules
pour celles de l’acide carbonique 5 30.
L’attraCtion des unes & des autres pour le calorique
5 40. L’attraCtio.n des mêmes pour l’eau »
j° . L’attraction de l’acide ajouté pour l’eau 3 pour
le- calorique & pour la baryte ; 6°.. Celle du
fel que forme l’acide ajouté avec la baryte pour
l’eau , pour le calorique, pour une portion de
l’acide lui-même qu’il faut toujours mettre en
excès. Il y a donc alors douze attractions fimultanées
qui réagiffent, pour ainfi dire , les unes
fur les autres , de forte qu’on peut bien affurer
que la décompofition du carbonate de baryte n’a
lieu qu’ en raifon d’une attraction double au
moins.
30. Les effets de réaCtion entre les affinités
complexes de ces corps divers font très-remarquables
dans l’aCtion de l’acide muriatique. Gn
voit d’abord que l’acide muriatique concentré
n’opère aucun changement fur le carbonate de
baryte, parce que les molécules de l’acide carbonique
& de la baryte adhèrent entre elles
avec trop de force, lorfque celles de l’acide
muriatique ne font point écartées les. unes des
autres-: le calorique ajouté, en diminuant cette
dernière attraction, & en relâchant le lien qui
unit l’acide carbonique à la baryte, opère la
décompofition. Il faut aufli faire entrer dans cette
a dion le calcul de l ’attradion de la baryte pour
le calorique 3 car cette terre étoit très-folide ,
très-denfe 3 & pour qu’elle paffe à l’état de
fluidité en fe combinant avec l’acide muriatique,
elle doit abfarber une grande quantité de ce
principe raréfiant. Aufli lorfque l’eau peu abondante
n’entretient pas cet écartement des molécules
, produit parle (1) Ann. de elii.nie , tome 7 , page 45. calorique en excès, la
baryte cherche, pour ainfi dire , à reformer un
folide , à rapprocher fortement fes molécules 5
la divifion de celles de l’acide muriatique ne les
en empêche qu’en partie, & le muriate de baryte
fe réprend en raaffe. L’eau ajoutée dans
de grandes proportions , fait varier finguliere-
ment les réfultats de cette expérience. Le calorique
qu’elle contient, fuffit pour écarter les molécules
de la baryte, fondre en gaz celles de
l ’acide carbonique , difî'oudre le muriate de baryte
formé, &. tenir la nouvelle1 combinaifon
fous une forme fluide. Cette influence de l’eau
eft telle, que fi on l ’abforbe par un corps qui
ait pour elle une grande attraction , l’aéfion commencée
entre l’ acide muriatique & le carbonate
de baryte ceffe tout-a-coup. Jamais les chimiftes
n’ont mieux fenti & apprécié l’influence de ce
liquide dans leurs expériences, & conféquem-
ment dans lés phénomènes de la nature dont
ces expériences ne font qu’une imitation-'en petit
, que depuis qu’ils connoiffent la quantité de
calorique que l’eau récèle , & depuis qu’ils font
attention aux attra&ions qu’elle exerce. Les chimiftes
anciens auroient-ils pu croire que l’action
des acides les plus concentrés, & qu’ils
regardoient comme les plus violens, eft nulle
fur une foule de corps ? Auroient-ils penfé qu’on
peut plonger de l’argent, du fer dans de l’acide
nitrique d’une grande concentration, fans qu’ils
éprouvent aucune altération, tandis que i’aêtion eft
aufli rapide qu’énergique lorfqu’on ajoute une
certaine quantité d’eau ? Mais cette puiffance
de l’eau, pour augmenter l’aélion de l’acide
muriatique fur le carbonate de baryte, a des
bornes. Lorfque fa proportion eft tellement
grande, que cet acide ne pèfe' plus que fix
grains par once plus que l ’eau diftillée, il n’a
plus d’aêtion fur le carbonate de baryte 3 alors il
paroît que l’attraélion de l’eau pour les molécules
de l’acide muriatique en fi petite quantité affoi-
blit finguMérement fa tendance pour s’unir à la
baryte, & l ’empêche d’étre attiré & folidifié
par cette terre.
40. Un des faits les plus remarquables de l’ana-
lyfe qui fait le fujet de ce mémoire, c’eft la
formation d’un trifule ou fel triple qui a lieu
lorfqu on précipite le muriate de baryte par le
carbonate ammoniacal. On a vu que ce précipité
eft moins abondant que celui qui eft formé par
les carbonates de potaffe & de foude. Lorfque
ceux-ci réforment très-exa<ftement les 100 grains
de carbonate de baryte difious dans l’acide muriatique
, Je carbonate d’ammoniaque n^en donne que
00 grains : il refte iq grains de baryte unis à
l’acide muriatique & à l’ammoniaque fous la
forme d’un véritable fel triple , que je nommerai
muriate ammoniaco-barytique, & dont aucun
chimifte n’a parlé. Ce fel a queiqu’analogie ave'c le
muriate ammoniaco-magnéfien , dont Bergman,
Morveau & Bonjour ont fait mention 3 il fe
forme par le même procédé. Comme le muriate
ammoniaco-magnéfien , il a fa diffblubiiité
& fa cryftallifabilité particulières & différentes
de celles des muriates ammonical & de baryte
i foies. Mais il a aufli des différences remarquables
3 iQ. Le muriate ammoniaco-magnéfien
n’eft point facilement décompofé par la chaleur
3 le muriate ammoniaco-barytique fe fépare
en deux fels neutres par FaCtion du feu quifu-
blime le muriate d’ammoniaque affez promptement
> 20. Le muriate ammoniaco-magnéfien eft
décompofé par tous les alcalis purs , ainfi que
parles carbonates alcalins. Le muriate ammoniaco-
barytique ne l’eft ni par les uns ni par les autres
5 ainfi l’on peut aire en général, que le
muriate ammoniaco-barytique eft plus décompo-
fable par la chaleur, bc. que le muriate amrao-
niaeo-magnéfien eft plus décompofable par les
réaéfcifs.
C arbonate de bismuth. Bergman die
qu’ayant laiffé du bifmuth & de i’oxide de ce
métal, avec de l ’eau aérée dans une bouteille
bouchée , cette eau expofée enfuite à l’air libre
a donné une pellicule mince à fa furface, &
qu’elle a offert un précipité par l’addition de
l’alcali fixe cauftique. Cette expérience eft-elle
une preuve de diffblution de ce métal par l’acide
. carbonique ï Bergman en doute lui-même, parce
qu’il fait remarquer en même temps que l’eau
a produit une teinte violette par l’addition de
la noix de galle, & que les premières épreuves
paroiflent tenir à un peu de fer étranger au
bifmuth. On ne connoit donc pas d’après cela le
carbonate de bifmuth , & on n'a point encore
trouvé ce fel dans la nature.
C arbonate de chaux. Le carbonate de
chaux eft un des fels les plus abondans que la
nature offre aux hommes. Il formé dés ma fie s
énormes dansies montagnes &: dans les plaines;
il fait une grande partie du fol de la terre. Les
naturaliftes , les cultivateurs , les artiftesde pref-
que tous les genres s’en font beaucoup occupés.
Les chimiftes en ont fait feuls une hiftoire exaCte
depuis une vingtaine d’années.
v Le fpath calcaire , le marbre , la craie , les
tufs, les incruftations , les dépôts, lesftalactites,
les concrétions , les albâtres & tout ce qu’on
appelle en général matière calcaire , eft un fel
neutre formé par l’union de l’acide carbonique
avec la chaux : il faut donc appeller ce fel car-
bonate de chaux ou carbonate calcaire. Cette fubf-
tance a été mife au rang des pierres* par les naturaliftes
, parce qu’iis ne lui avoient reconnu
aucune propriété faline 3 cependant nous vèrrons
quelle a une forte de faveur, qu’elle eft diffo-
lubie dans l’eau , qu’elle peut-être décompofée