importans. C ’est plutôt de la position d’Antinoé qu’il faudra conclure l’enipla'ce-
ment des anciennes villes qui étoient placées dans le voisinage de cette capitale-
ainsi, par exemple, on retrouvera la position de Speos Artemidos, en lisant dans
l’Itinéraire Romain, qu’il y avoit huit milles d’Antinoé à ce point, et en mesurant
sur la carte actuelle, plus de deux lieues et demie entre les ruines d’Antinoé et les
hypogées de Beny-hasan (i), ainsi que nous le verrons dans le chapitré XVI.
Il me reste à parler ici du titre de nome ou préfecture qui fut donné, selon
Ptolémée le géographe, au district d’Antinoopolis. L ’Heptanomide est appelée aussi
Heptapolis; les passages de Denys le géographe, Eustathe et Étienne de Byzance,
prouvent qu’elle a toujours été une partie distincte de l’Égypte, intermédiaire entre
le Delta ou pays inférieur, et la Thébaïde. C’est encore aujourd’hui l’Égypte
moyenne; on l’appelle Ouestâny, mot qui a la même signification. Enfin ses limites
sont encore les mêmes que celles de l’Heptanomide. Sept nomes,-ainsi que l’indique
son nom, en formoient toute l’étendue. Antinoé.jplacéê dans cet espace,
ne pouvoit former un nome de plus, sans troubler toute la division territoriale.
Or Ptolémée est le seul auteur qui^parle d’un nomos Anthwites;aucune médaille
n’a été frappée pour ce nome, tandis qu’on en possède pour quarante-cinq, tant
de la Thébaïde que des régions inférieures, sans en compter d’autres mentionnés
dans les écrivains, et qui appartiennent à différentes époques; du moins on n’a
pas trouvé jusqu’à présent une seule médaille avec ce titre: les géographes, autres
que Ptolémée, n’en font aucune mention.
Je pense donc quon essaya seulement de faire une sorte d’arrondissement distinct
pour Antinoopolis, dont les habitans*e culte, les monumens, tout étoit
nouveau , étranger même au reste de i’Heptanomide , et que le nom de nome
fut donné par extension à cet arrondissement particulier. Au reste, comme on
le verra dans la Description de 1 Heptanomide, il y eut plusieurs fois des chan-
gemens dans les divisions politiques de cette contrée moyenne et dans leurs dénominations.
Si 1 opinion que j’ai avancée dans la Description d’Hermopolis est fondée,
savoir, que cette ville a été le chef-lieu de la haute Egypte, il n’est pas étonnant
qu Antinoe ait également porte, dans le Bas-Empire, Je titre de métropole de lu
Thebiiide, comme on l’apprend dans Palladius et Rufin (2). En effet, Antinoé
avoit succédé à Hermopolis magna, qui commençoit à tomber en ruine.
El-Maqryzy parle, ainsi qu Abou-l-fedâ et el-Edrysy, des magnifiques jardins
d’Antinoé. Ceux-ci disent qu’une des portes de la ville fut transportée au Kaire,
où on la voyoit de leur temps à Bâb Zoueyleh : mais el-Maqryzy va plus loin ; il
ajoute que Salah el-dyn fit enlever toute l’enceinte d’Antinoé pour servir aux cons-
.tructions de la nouvelle capitale ( 3 ). Antinoé avoit deux enceintes ; car il y en a
encore une sur pied, et meme les restes d’une seconde, comme on va le voir
dans le paragraphe suivant.
(1) Ces deux distances sont d’accord. qu’il s'agit d’Antinoé dans la vie de S. Pachome, où
(2) Pallad. H a t. Lauûaca, ap. Bibl. Pairum, pag. 976 ; l’on rapporte qu’il fut conduit à la ville des Thébéens,
Rufin, Vitæ Patruin, pag. 471. sir né,,, © „ £ c’est-à-dire, la ville capitale, la
(3) M. Etienne Quatremère conjecture heureusement métropole.
§. m .
Aspect général d‘Antinoé ; Coup-d’oeïl sur les Monumens ; Topographie de
la Ville et des Environs.
Q uand on remonte dans la haute Êgyptè, les premières ruines un peû
apparentes que l’on rencontre sur la rive droite, sont celles d’Antinoé. A travers
un bois de palmiers très-épais et situé dans un enfoncement du fleuve, on aperçoit
des Colonnes qui surmontent Jgs dattiers, et dont la forme élancée annonce
aussitôt qu’on approche dame ville Grecque ou Romaine. Dès qu’on a mis pied à
terre, on aperçoit une immense quantité de décombres dont le bois de dattiers
forme la lisière, et du sein desquels semblent sortir des colonnes et des constructions
: par leur couleur blanche, elles se détachent fortement sur le fond rembruni
des ruines amoncelées ,et sur un ciel bleu-de-fer. Le rocher nu, élevé, d’un blanc
plus éclatant encore que les monumens, forme un rideau de deux lieues, sur lequel
se dessine ce grand tableau. Pour en jouir complètement, il faut se porter sur les
buttes placées à l’ouest (t). De là on aperçoit à droite le grand portique et les
autres restes du théâtre : on remarque à ses pieds la grande rue longitudinale, qui
n’est qu’une immense colonnade; dans la plaine, au-delà des ruines, l’hippodrome,
le tombeau de Cheykh A ’bâdeh, la montagne Arabique et les excavations percées
dans son sein ; à gauche, la rue transversale, bordée, comme la première, de monumens
et de colonnades terminées au levant par la porte de l’est ; plus au nord, les
grandes colonnes triomphales élevées à Alexândre-Sévère,et la porte septentrionale;
enfin, en se retournant un-peu, l’arc de triomphe et les colonnades en grànit qui
l’accompagnent. Au premier coup-d’oeil, on ne distingue que ces masses principales
; si l’on jette ensuite des regards plus attentifs sur la grande rue,' on v.ôit partout,
au pied des colonnes, des blocs aujourd’hui presque informes, mais qu’on re-
connoît bientôt pour être autant de débris de figures, toutes sculptées d’après un
modèle semblable (a), A droite, on aperçoit une sorte de rue ou vallon d’une
largeur extraordinaire, et qui se dirige vers le Nil ; sa direction n’est pas une ligne
droite, et sa largeur augmente vers là plaine déserte. Les constructions de briques
ruinées qui la bordent, annoncent une ancienne rue au premier coup-d’oeil; mais
sa grande largeur, le sable fin qui est au fond , et les traces d’eaux pluviales dont
elle est sillonnée, repoussent cette supposition. On a supposé que c’étoit un
ancien canal qui traversoit la ville, de l’est à l’ouest ; mais on cherche lé limon
qui devroit en couvrir le lit. Quand on examine à l’est la plaine déserte et la
montagne dans la direction de ce grand vallon sablonneux, on voit manifestement
que l’une et l’autre portent des traces de ravines plus Ou moins profondes,
formées par les eaux de pluie qui se précipitent du haut de la chaîne
Arabique ou entre ses flancs, et que toutes ces traces aboutissent au vallon. Ainsi
( 1 ) C ’est de l ’u n de ces points q u ’ e s t p r is e la V u ê colonnes d’AIexandre-Sévèré, ë t à gauche, e ff se regénérale,
pl. 54, Jig. 2. En se portant de cette butte Sût tournant, une partie de l’arc deiriomphé.
celle de droite, on voit le portique du th é â t r e * les (2) V o y e z pl. 1 et 2.