double de 1 autre. Nous allons, a partir de l’extrémité occidentale, décrire ces
débris, qui sont tous en granit rouge de Syène.
On trouve d abord un monceau de cinquante-trois blocs rectangulaires des
plus grandes dimensions. Ils sont confusément entassés les uns sur les autres, et
en partie enterrés dans le sable. Plusieurs ont au-delà de deux mètres de longueur
et de largeur, sur environ un mètre d’épaisseur, et portent, sur une de leurs
grandes faces, des tableaux sculptés dont les personnages ont jusqu’à onze décimètres
de hauteur. D autres ont près de trois mètres de longueur, sur un peu
plus clun mètre de largeur et d épaisseur, et la disposition des sculptures semble
indiquer qu’ils formoient des architraves. Tous tes blocs ont au moins une de leur
face travaillée; les personnages, comme les hiéroglyphes, sont d’un ciseau parfait.
Ce monceau remarquable couronne une butte élevée, et assez étendue pour
qu’on puisse supposer qu’elle renferme une bien plus grande quantité de débris
que ceux de la surface. Elle est, en effet, composée d’un sable pur, qui a été
évidemment transporté par le vent, et qui paroît ne s’être amoncelé sur ce point
que parce qu’il y existoit un grand obstacle.
Quoi qu il en soit, il est bien difficile dé se faire une opinion sur le monument
auquel ces matériaux ont appartenu. Leur position près d’une interruption
assez considérable de la face occidentale de l’enceinte •semble annoncer qu’ils
faisoient partie d’une porte triomphale. La forme de la plupart des blocs ne repousse
pas cette conjecture : mais, si l’on veut s’y arrêter, il fàut en même
temps supposer que toutes les corniches et les pierres des angles ont été enlevées
ou_ enterrées, car on n’en trouve aucun vestige ; et l’on est obligé d’avouer que
la présence des pièces qui ressemblent à des architraves reste sans explication.
Nous ajouterons que le terrain sablonneux environnant est jonché de fragmens
de gres ; ce qui annonce quon y a débité des blocs de cette matière : or le grès
na pu être employé à côté du granit que dans une tout autre construction
qu’une porte triomphale.
A une vingtaine de métrés en avant de la butte, se trouvent cinq grandes
dunes irrégulièrement espacées, quoiqu’alignées dans une direction perpendiculaire
à la ligne des débris , et composées de sable pur : tout porte à croire
qu elles ont des masses de pierre pour noyau.
A trente mètres plus loin, on rencontre un beau fût d’obélisque, posé à
plat, enterré par la base, et découvert jusqu’à sa pointe sur une longueur de
onze mètres deux dixièmes (i); il ne porte qu’un seul rang d’hiéroglyphes sur
chaque face. La décomposition commence à ronger assez fortement les parties
qui avoisinent la base : ce n est pas sans regret que l’on s’aperçoit que déjà plusieurs
caractères se trouvent presque entièrement effacés.
A une cinquantaine de métrés au-delà, on voit les restes d’un autre obélisque;
ils consistent en trois pièces qui comprennent le sommet, et qui, réunies,
auroient un peu plus de quinze mètres.
(i) Vayei la représentation de cet obé!i*]ne, qui a été dessiné par M. Févre, À. vol. V , pl. 2?.
1 1 ;4 :<i ! i !.:
On remarque a quelques pas plus loin la partie supérieure d’un troisième obé-
lisque. Ce fragment peut avoir un peu moins de onze mètres.
Bientôt après, on trouve, en s’écartant un peu au midi, la partie intermédiaire
dun quatrième obélisque; elle est en deux pièces juxta-posées, et portant ensemble
un peu plus de dix mètres.
Revenant sur la ligne des débris, on rencontre ensuite une portion de fut
rectangulaire, allant en se rétrécissant foiblement d’un côté, et que nous avons
jugée provenir d’un cinquième obélisque, dont le module étoit beaucoup plus
petit que celui des précédens. Ce fût, qui pourroit, à toute rigueur, avoir fait
partie dun pilastre, na que cinq mètres de longueur.
Peu après, et en s écartant de quelques pas vers le nord, on observe un
segment d un très-gros obélisque, ayant plus de six mètres de longueur ■ il for-
moit la base du monolithe. Ce qui le rend très-remarquable , indépendamment
de la puissance de son module, c’est qu’il présente trois rangs d’hiéroglyphes
sur chaque face , particularité qui suffirait seule pour le distinguer de tous les
autres.
Parvenu aux deux tiers de la longueur de la place, l’observateur est obligé de
franchir un groupe de dunes assez élevées, sur les sommets desquelles treize
blocs d’un très-gros volume se trouvent dispersés et en partie enterrés. Tout
porte a croire que ces débris ont des points d’appui plus solides que le sable
environnant; ils reposent sans doute sur des blocs de même genre, qui, faisant
obstacle au milieu de la place et arrêtant le sable promené par le ven t, ont
déterminé la formation des dunes. Quelques-uns sont de simples parallélipipèdes
rectangulaires de différentes dimensions, et cubant de deux à quatre mètres;
d autres, plus considérables, nous ont semblé avoir appartenu à des architraves.
Il en est deux qui ont particulièrement attiré notre attention : 011 aura une idée
de leur forme, si l’on se représente une énorme plaque rectangulaire de granit,
ayant un mètre d’épaisseur sur deux mètres et demi de longueur et de hauteur,
et dans laquelle deux petites arêtes voisines se montrent remplacées par une
portion de plan cylindrique. La figure ci-jointe en offre le modèle, û .
On ne peut voir qu’une des deux grandes faces de chacune de ces pierres,
parce qu’elles sont posées à plat : ces faces offrent, au milieu d’un bel encadrement
d hiéroglyphes, la représentation dune scene dont les personnages ont environ
onze décimètres de hauteur. La position des personnages démontre que les pierres
devoient être placées de champ, et de manière que les portions arrondies se trou-ï
vassent en haut. Manquant des moyens qui eussent été nécessaires pour dégager ces
monolithes, nous nous sommes contentés de creuser autour de manière à pouvoir
en déterminer la forme, et constater qu il existe aussi des sculptures sur les grandes
faces de revers. Depuis que j ai communiqué ces observations à notre collègue
M. Jomard, je regrette bèaucoup que nous n’ayons pu vérifier si les quatre faces,
qui devoient etre placées de champ et que nous avons regardées comme parallèles,
ne se rapprochoient point un peu vers le sommet. Quoi qu’il en soit, les