» ceux qui les montoient en descendent et célèbrent la fête par de nombreux
» sacrifices, où il se fait une plus grande consommation de vin de raisin que
ë pendant tout le reste de l’année. On a vu dans cette solennité, suivant ce que
» disent les habitans, jusqu’à sept cent mille individus réunis, hommes et femmes,
& sans compter les enfans des deux sexes' (ï)...... »
' « De toutes les villes où le sol a subi ces divers accroissemens, celle où , suivant
» mon opinion, une plus grande quantité de terre a été rappdrtée, est Bubaste,
» qui renferme un temple célèbre consacré à la déesse de ce nom. Beaucoup oie
» temples peuvent être plus vastes, et avoir plus coûté à fconstruire: mais aucun
» n’est aussi agréable à voir: Bubaste est l’Artemis des Grecs (2). »
« Le terrain où ce temple est bâti, à l’exception du chemin qui y conduit, est
une île. Cette île est formée par deux canaux tirés du Nil, qui, sans se confondre,
arrivent séparément jusqu’à l’entrée de l’enceinte, et de là coulent
chacun d’un côté opposé. La largeur de l’un et de l’autre est dé cent pieds, et
leurs bords sont ombragés par des arbres. Les propylées, dont 1 élévation est
de dix orgyies, sont ornés de figures sculptées de six coudées de haut et d’un
travail remarquable. Comme ce temple est situé au centre de la ville, il est
aperçu de tous les points, parce que, le sol environnant s’étant exhaussé,
tandis que celui où le temple repose est resté tel qu’il étôit anciennement, la
vue plonge de tous côtés sur cet édifice. Il est entièrement ceint par une muraille
décorée de figures sculptées En dehors est un vaste bocage d’arbres
très-élevés, plantés autour de la grande chapelle, où la statue de la déesse est
placée. La longueur et la largeur de l’enceinte sont, en tout sens, d’un stade
entier. A partir de l’entrée, est une rue pavée en pierre dans l’espace de trois
stades au moins, se dirigeant par la place publique vers l’orient. La largeur de
cette rue est de quatre plèthres ; elle est bordée des deux côtés d’arbres magnifiques
qui semblent toucher au ciel, et vient aboutir au temple de Mercure :
tel est ce lieu célèbre (3). »
Tout le monde s’accorde à regarder Tell-Bastah comme l’emplacement de
Bubaste. De grands amas de ruines sont placés en effet à Chobra et Heryeh, à
un quart de lieue ouest de Tell-Bastah. Aujourd’hui on ne trouve plus aucun
édifice debout, tout est renversé. C’est, comme à Héliopolis, une grande étendue
de décombres, où l’on ne voit plus çà et là que de foibles vestiges de l’antique
splendeur de Bubaste. Mais la position même de ses ruines ne laisse point de
doute, et elles correspondent à cette ville incontestablement. En premier lieu,
elles sont sur la branche Pélusiaque ou Bubastique; secondement, le nom dont
les Grecs ont fait Bou'&kt'Ios étoit en qobte m& tcT, Pi-bast; or le nom actuel
Tell-Bastah signifie colline de Bast. On y rencontre des restes de constructions
Égyptiennes, des fragmens de plafonds tout couverts d’étoiles à cinq rayons, des
corniches en granit et d’une grande dimension, avec doubles couronnemens (4)>
enfin beaucoup de sculptures hiéroglyphiques. Selon Ptolémée, Bubaste étoit a
(1) Hérod. liv. 11, ch. 60, Traduction deM. Miot.
(2) Ibid. ch. 137.
(3) Hérod. liv. I l , ch. 138.
(4) Voyez A nt. vol. V, pl. 29, fi g. y.
201 d’Heliu (pris pour Héliopolis); Tell-Bastah en est à 26' ou Enfin le
même géographe assigne 10' de différence de latitude entre Bubaste et Phatbætus,
à la vérité en sens inverse. Cette distance convient à celle qui sépare les paràllèlfes
d’Horbeyt et de Tell-Bastah.
Feu Malus trouva, dans les ruines, différentes masses colossales'en granit âvete
des hiéroglyphes (1 ), toutes mutilées et entassées confusément, sans qu’on puisse
deviner quelle puissance les a brisées et accumulées de cette manière. Les'fellâtt
y puisent des matériaux propres à faire des meules. Tous ces débris de monUniens
sont au milieu d’un immense bassin dans l’intérieur des ruines, lesquelles1 ont “rz
à 14 cents mètres [6 à 7 cents toises] en tout sens, .et paraissent assises>sùrun
massif de briques crues; ces briques ont om33 [1 pied] de longueur sur 0*22
[8 pouces] d’épaisseur. Ainsi nulle incertitude sur l’emplacement de BUbafcte-;
et il est à regretter qu’on ne possède point de distances itinéraires partant de cetté
ville, parce qu’on l’aüroit pu regarder comme un point fixe et invariable, propre
à appuyer les positions douteuses.
La médaille du nomé représente, avec la légende B O T B A C , une figure de femme
tenant dans la main un très-petit quadrupède, qu’on est porté à 'regarder 'domine
la musaraigne ; mais comment la concilier avec le passàge d’Hérodütê ci-d'eSsUs et
ayecjes auteurs qui placent à Athribis et àButo le culte rendu à cet animal ('2) !
Bubaste étoit le premier point de concours, entre le Nil et le canal de la mer
Rouge : on a vu dans le passage d’Hérodote que le roi Nécos avoit dérivé de là
un canal de communication. Depuis ces.temps reculés, les canaux ont pris d'è
nouvelles directions; on ne peut plus discerner, celui de Nécos: étoitril tracé
en ligne directe de Bubaste à Thoum (aujourd’hui peut-être A ’bbaçeh ), oil
bien la communication âvoit-elle lieu plus à l’occident! Il est difficile de le
décider ; je me borne à renvoyer aü grand Mémoire de M. Le Père sur lé canal
des deux mers.
Le voisinage de Tell-Bastah présente des villages qui ont succédé à des lieux
anciens. Les Qobtes avoient un endroit du nom de Psensiho [P-sensiho], Situé au
nord : il paraît correspondre à Chanchià. La. Table Théodosienne marque deux
mansions,' Senphu et Sinuati (.ou (3)Smuati), en marchant au sud-ouest de Phacusà :
je crois, malgré la différence du nombre des milles-, qu’elles peuvent cOriespiOndfe
à deux buttes de ruines, Tell-el-ATtmar, Tell-Abrâch, plàcées sur-cette même direction.
Continuant au midi, nous arrivons, à Bdbeys, où je place, non pas
Pharbætus, comme l’ont fait d’Anvillè et d’autres Savans, mais le Phèlb'ès deS
Qobtes i d’après l’analogie évidente du nom et d’autres motifs (if).
L ’Itinéraire d’Antonin donne deux lignes dirigées; l’une de Memphis à Péluse,
l’autre de Babylone à Clysma. Dans la première, on remarque xihi milles d’Heliu
(1) Une de ces masses peut avoir zm6 de large [8ds] (4) Un lieu du nom de Belhib est cité par les auteurs
sur i ro95 [ 6ds] de hauteur. ( Mémoire sur un voyage Arabes dans la basse Egypte. ( Observ. sur quelques points
fait sur la branche Tanitique, Dec. Egypt. 1 .1, p. 13 4- ) de la gêogr . de l ’ Egypte, par M. Et. Quatremère, p. 45*)
(2) Voyez Ant. vol. V , pl. yS, f i g. 28. Je rapporte ce nom à cause de son analogie avec celui
(3) Les cinq jambages qui suivent l*j présentent cette de Belbeys, et comme renfermant plus distinctement le
incertitude. * nom de l’ibis, bel-bib.
jjj
ji*