
D E S C R I P T I O N D E S A N T I Q U I T E S S I T U E E S
Elles sont très-soigneusement et très-profondément gravées sur un bloc de près
d’un mètre de longueur et d’environ soixante centimètres de hauteur, dont elles
couvrent en totalité une des faces. Elles sont disposées par colonnes ou bandes
parallèles au plus petit côté de la pierre, larges chacune de six centimètres,
longues de soixante, et séparées les unes des autres par des lignes droites, également
tracées en creux. Cessculptures ne sont accompagnées d’aucun hiéroglyphe proprement
dit. Voilà tout ce que je puis dire touchant ces ruines intéressantes
qu’il seroit bien important de visiter de nouveau, et près desquelles il faudrait faire
des fouilles.
A 1 extrémité du golfe de Suez et à dix mille mètres au nord de cette ville,
existent dès ruines qui ont mille mètres environ d’étendue, et qui pourraient être
celles d’Arsinoé. La mer, dans fes plus grandes marées, remonte encore au pied
de ces ruines. Nous avons remarqué sur la plage les traces d’une tranchée qui se
dirige du côté des vestiges de l’ancien canal au nord-ouest ( i ).
Au nord et près de Suez, il existe un monticule de décombres qui paroît être
tout ce qui reste de Qolzoum ( 2).
D e tout temps les navigateurs ont fréquenté le fond du golfe de Suez; et les
lieux voisins de la.mer d’où l’on peut tirer de l’eau potable, ont dû être pourvus
d’établissemens plus ou moins considérables. Les restes de ces établissèmens, que
nous avons retrouvés, peuvent appartenir à des temps fort anciens; c’est pourquoi
nous en ferons mention ici.
Les fontaines de Moïse, situées à trois lieues au sud-est de Suez, ont été l’objet
des observations de M. Monge, publiées dans le tome |Ê de \État moderne,
page 409. Il paroît qu’il a existé aux fontaines de Moïse une grande aiguade,
dont on ne trouve d’autres vestiges que des parties enterrées, mais qui sont encore
considérables. Us consistent principalement en restes de grands réservoirs
construits avec soin, dans lesquels l’eau des sources étoit amenée par des canaux
souterrains, et dou elle étoit conduite par un aqueduc de quinze cents mètres
de longueur, jusqu’au rivage de la mer. Cet aqueduc est construit en maçonnerie
dont le mortier nous a paru mauvais; il est couvert dans toute sa longueur, et
suit la pente de la plage. Il est encombré sur les cent premiers mètres, mais le
reste est en bon état. A cent vingt-huit mètres de la mer, l’aqueduc se termine
entre deux mamelons composés de décombres, qui nous ont paru être les vestiges
de l’aiguade proprement dite. On trouvera plus de détails à ce sujet dans le Mémoire
de M. Monge que nous avons cité, et dans celui de M. Le Père (3 ). A
quatre cents métrés environ au nord de la dernicre source, on trouve un monticule
assez considérable, uniquement formé par des débris de jarres et d’autres
vases de terre mal venus a la cuisson. La nous avons, reconnu des restes incontestables
de fourneaux. Il y a donc eu en cet endroit une grande fabrique de poteries,
particulièrement pour les vases propres à embarquer l’eau sur les vaisseaux.
(2) Voyez l’Atlas,p/l n ;È , M .
( 3 ) Voyez E. M . tont, I " , pag, yz.
Les eaux de la fontaine de Moïse sont d’une température un peu élevée, bouillonnantes
comme par suite d'un dégagement de gaz, et sulfureuses : leur odeur se
fait sentir a quelque distance.
A six mille métrés à l’est de Suez, on voit, en un lieu nommé Èrqedeh les
traces d un aqueduc dirigé vers les bords de la mer.
A quatre mille mètres au nord-ouest de Suez, est Byr-Suez, que M. du Bois-
Aymé croit être Etham, ou la seconde station des Hébreux ( 1 ). On y voit deux
petites enceintes contiguës, en partie détruites, dont la construction est attribuée
au sultan Selym I." Au milieu de chacune de ces enceintes est un puits, dont l’eau
a un goût désagréable et une forte odeur d’hydrogène sulfuré. On aperçoit au-
dehors de I enceinte les vestiges d’un petit aqueduc qui servoit autrefois à conduire
l’eau du puits vers Suez.
A quatre lieues au-nord de cette.ville, est un vieux château fort, où il y a un
puits creusé à deux cent quarante pîeds-de profondeur. On en tire l’eau au moyen
d’une machine à chapelet, qui la verse dans un grand bassin où on la laisse reposer.
Ce lieu se nomme Ageroud ou Hadjerot, et c’est, suivant M. du Bois-Aymé, la
troisième station des Hébreux, Phi-Hahiroth (2).
• A six lieues et demie au sud-ouest de Suez, sont les sources de Touâreq, situées
sur les bords de la mer, au pied de la montagne qui limite au nord la vallée de
l’Egarement; les eaux en sont saumâtres : on en trouve toute l’année ; seulement
elles sont plus ou moins salées suivant la rareté ou la fréquence des pluies. Entre
les fontaines de Touâreq et la mer, on voit quelques monticules de décombres, et
sur.les bords de la mer, des restes de constructions qui paraissent avoir appartenu
à une aiguade. Des conduits multipliés et semblables à l’aqueduc des fontaines de
Moïse partent de différentes petites buttes pareilles à celle sur laquelle est la fontaine
de Touâreq, et se réunissent dans un espace de cent mètres de longueur, distant
de cinq cent vingt mètres de 1 aiguade, laquelle étoit àcent trente mètres de la
mer. Cela porte à croire que la fontaine encore existante n’a pas toujours été la
seule en cet endroit. A vingt pas de la fontaine, en descendant vers la mer, est
un réservoir de vingt mètres sur dix-huit : le mortier de ces construction^ est
excellent. A deux cents mètres au nord-ouest de la fontaine, on remarque une
petite butte sur laquelle on voit des débris d’un fourneau et de poteries de terre
olemi-vitrifiées, qui indiquent, comme aux fontaines de Moïse, une fabrique de
vases à l’usage de la marine.
Au pied de la montagne qui forme l’embouchure de la vallée de l’Égarement,
vers le sud, sont quatre fours où l’on fabriquoit anciennement la chaux que l’on
employoit aux constructions de Suez. Ces fours étoient chauffés au moyen des
joncs dont la végétation est entretenue par une source voisine d’eau saumâtre.
t La vallée de 1 Égarement, qui conduit de Suez au Kaire, et que j’ai parcourue
deux fois dans des sens différens, ne renferme aucune ruine. Il n’y existe d’eau
qu’en un seul point, à Gandely.
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