les Grecs les appeloient Hermopolite, Cynopolite, Osyrhynchite, Héracléopolite, Croco-
dilopolite, Aphroditopolite et Memphite ; à quoi il faut ajouter ï'Antino'ite, qui fut
établi sous A drien , mais dont on n’a jamais connu la circonscription (i).
Strabon rapporte qu’il y avoit vingt-sept cours dans le labyrinthe, et qu’on I
assembloit toutes les préfectures pour délibérer sur les affaires importantes de
l’Etat (2 ). Sur ces vingt-sept, il y en avoit dix pour la Thébaïde , autant pour
l'Egypte inférieure, et sept pour celle du milieu. Qu oi qu’on veuille inférer d’un
passage du même auteur, contradictoire avecfeprécédent, on ne peut augmenter
l’Heptanomide d’un seul nome sans se jeter dans toute sorte d’embarras. 11 est
tellement vrai que cette' région a toujours été divisée en sept préfectures, que
les géographes se-sérvoient aussi du nom d’Hcptapolis. Denys le Periégète , dans
son poëme géographique, et Eustathe, qui l’a commenté, confirment cette division
( 3 1 Donner sçize norfies à l’H eptanomide , au lieu de _sept, c’est non-
seulement un contre-sens, mais c’est réduire les divisions à un espace trop petit ;
c’est enfin multiplier sans nécessité, dans un pays’ déjà si é tro it, les ressorts et
les juridictions.
Il existe de plus une preuve péremptoirêyque la contrée moyerine de l’Egypte
n’avoit que sept nomes ; c’est qu’on trouve des médailles frappées pour les nomes
de cette région, sous Trajan, A d r ien ’et Antonin, précisément au nombre de sept,
et portant les noms mêmes que je viens de citer : voici ces noms , tels qu’ils
sont gravés sur les médailles : 6 PMOIIOAITHC, KTNOII..., OSTPTNXI..., HPA....,
APClNOeiTHC, A<I>POAITOnoA€.lTHC, et NOMOC M&M<MTHC. Dans le dernier,
on a ajouté le mot lui-même de nome (4 ).
O n ne peut donc pas même admettre que s i, dans la haute antiquité, le
nombre des préfectures de cette province étoit de sept, il augmenta dans la suite
des temps. En effet, sous Adrien, nous n’en voyons encore que sept inscrites sur
les médailles, et nous ne trouvons même pas dans le nombre le nome Anti-
noïte , fait d’ailleurs assez remarquable.
(1) Le seul Ptolémée’ fait mention de I’Antinoïte ;
mais, comme il est question aussi de ce nome dans les
manuscrits Qobtes, son existence ne peut être révoquée
en doute. Ce district se bornoit-il au territoire d’Anti-
noé, ou bien comprenoit-ii toute la rive droite, depuis
le nome Lycopolite jusqu’à celui de Cynopolis ! C ’est
ce qu’on ne peut absolument connoître; quoi qu’il en
soit) il paraît avoir existé concurremment avec le nome
Hermopolite.
(2) Voye^ la Description du nome Arsinoïte, ch. X VU ,
sect. n i , 2/ part. /. m .
(3) Ooni d[ EalaasA/i' yn.tm.Tm tixt/gpr tyoumv.
Et qui Heptapolim rnediam commentent tenent.
Dionys. Perieg. v. 251.
Le commentaire d’Eustathe porte * que i’Meptapolis,
» appelée aussi Arcadia, du roiArcadius, se nommoit
» auparavant Heptanome et Heptanomie, de ce qu’elle
» renfermoit sept nomes, et que,'des sept villes, six étoient
» situées à la gauche du Ni l , et une à la droite.» ( Ceogr.
veter. script. Greec. min. tom. IV, Oxon. 1698. ) Mais
il y fait entrer, par erreur, des villes de la Thébaïde.
Dans Agatharchide ( de Rubro mari), on lit que «de
» Memphis à la Thébaïde il y avoit cinq nomes : I , Herci-
33 cleopolitarutn; I l , Lycopolitarum; III, Oxyrliynchitarum;
» IV , Hermopolitarum } v , alii Phylacam, alii Schediam
» nominant. »Me pense qu’il faut lire Cynopolitarum, au
lieu de Lycopolitarum ; à moins que par kvkoç on n’entendît
le chien-loup. L’Arsinoïte est omis, comme étant
très-reculé, et le nom de Y Aphroditopolite est remplacé
nial-à-propos par celui de Schedia ou Phylaca, qui n’étoit
qu’un poste intermédiaire entre la Thébaïde et l’Hep-
tanome.
J’observerai ici qu’un passage de S. Epiphane [Advers.
hceres. lib. I , tom. I I , pag. 69 ) nous apprend que les
Egyptiens appliquoient le nom de nome au territoire de
toute grande ville, t>/Y me*tnùJk ti-ra/ ' il cite le
prophète Isaïe.
(4) VoytÇ. la planche des nomes d’Egypte, n.°58, A-
vol. V , et les mémoires numismatiques de M. Tôchon,
au sujet de ces nomes.
Ce qui est encore une preuve non moins démonstrative, c’est que l’ancienne
division s’est perpétuée jusqu’à nos jours, et dans son nom, et dans ses arron-
dissemens. On appelle cette région moyenne el-Ouestâny ou le pays du milieu ; elle
■ s’étend du Kaire à Syout, comme autrefois l’Heptanomide alloit de Babylone
aux environs de Lycopolis ; elle renferme cinq provinces, qui portent le nom
d'Achmouneyn, de Belmcseh, de Fayoum, d'Atfyh et de Gyzeh : mais on a réuni
dans la province d’Achmouneyn le Cynopolite à l’Hermopolite ; et dans celle
de Behneseh , l’Héracléopolite et l’Oxyrhynchite. Ajoutons que les limites sont
les mêmes qu’autrefois.
Il restera sans doute à trouver,' s’il est possible, une explication du passage
où Strabon donne dix préfectures à l’Egypte supérieure, dix à l’inférieure, et seize
à la moyenne ; passage qui est évidemment vicieux, puisque cette dernière étoit
de beaucoup la plus petite des trois : mais je ne dois pas prolonger ici cette discussion,
qui m’écarteroit de mon sujet, et qui trouvera mieux sa place dans les
mémoires de géographie comparée.
Sous l’empereur Arcadius, l’Heptanomide prit le nom d'Arcadia; déjà; sous
Théodose-le-Çrand son père, unq,‘ville dont on a cru que le nom actuel est
Taliâ cl-A’moudeyn, mais qui me pafoît avoir été située ailleurs, avoit pris celui
de Tleodo-sioupolis. Les noms ont changé ainsi dans différentes parties de l’Egypte
sous l’administration Romaine ,. et c’est sans doute une des causes qui rendent
difficiles à découvrir dans l’H eptanomide certains lieux qu'on lit inscrits dans
la Notice d’Hiéroclès et dans la Notice de l’Empire, indépendamment de ce
qu’ils sont corrompus : tels sont, dans la première, ceux de Nixo'toAiç, peut-être
pour Nilopolis; nép.<pn, pour Memphis ; liaum, pour Cusæ, &c. ; et dans la seconde,
Precteos, Theraco, Peamu, à~c. 1
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